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Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:13
par Revy
La séance de baise tournait au pugilat. Eda pouvait réagir et savait se défendre mais Grayle eut la bonne attitude en tentant de soumettre Revy. Soumettre était à cet instant une idée ridicule car rien au monde n'aurait pu contraindre la sino-américaine à une quelconque capitulation. la vie et la mort, le sexe et la débauche, la poudre et le feu, tout cela guidait son existence sans qu'elle dévie d'un iota de ce que le destin avait prévu pour elle. Enfin, presque d'un iota car les sentiments qui s'étaient emparés d'elle au contact de Grayle n'étaient initialement pas prévus au programme.

L'irlandais paya cher sa témérité car il n'était ni à l'abri des coups de coudes ni des ruades de la flingueuse. Elle était forte et explosive, brutale et sanguinaire et le tribut dont le voyageur dû s'acquitter pour la maitriser resterait graver dans les annales de la violence.

Revy étouffait, grinçait des dents, fulminait et insultait la terre entière et l'Irlande en premier lieu. le vacarme généré attira l'attention d'autres personnes qu'Eda invita d'un hochement de tête vulgaire à dégager. Elle mâchait son chewing-gum et comptait les points. Quand Grayle empala Revy, celle-ci se cambra à se péter la colonne vertébrale, la bouche ouverte sur une inspiration nécessaire si elle ne voulait pas crever. Dans son esprit chaotique, le déblocage de la raison s'opéra et elle cessa de lutter. Le commentaire de la nonne suivit aussitôt.

"Ben voilà, un bon coup de bite et on la perd ... J'me barre, fais en sorte de pas en faire un toutou Grayle. Je préfèrerai l'avoir en mode berserker qu'en loque amoureuse quand ça va chier."

Elle sortit en refermant la porte et l'écho de ses pas s'éloignant dans le couloir dallé résonnèrent un moment.

"S'tu me lâche pas, j'te bute pour de vrai Grayle."

La voix de Revy avait repris son timbre normal. L'éclat de la folie meurtrière avait quitté son regard et elle ne se débattait plus sous lui. D'un geste sec de l'épaule, elle le dégagea de son dos avant de se lever. Elle était trempée et ses mèches lui collaient aux joues. Avec une serviette, elle s'essuya sommairement et passa sa culotte, son short indécent et ses boots délacées. Elle farfouilla dans un tiroir d'une commode et en sortit un paquet de clopes. Elle en alluma deux et en tendit une à l'irlandais avant d'aller s'exposer à la fenêtre. Elle tira de longues taffes avant de parler, le temps de réfléchir.

"T'iras où quand tout ce bordel sera fini?"

La question était multiple bien évidemment. Elle cachait se qu'elle ne demandait pas. Pour Revy, quitter Roanapur et son mode de vie était impossible. Elle n'était pas compatible avec le monde normal et sa violence naturelle lui poserait problème où qu'elle aille. Elle se rendait compte de la faiblesse qui l'envahissait quand elle regardait Grayle sourire ou raconter ses histoires. Si elle ne mourrait pas de son propre chef, c'est lui qui la tuerait un jour, sans le vouloir. Du coin de l'oeil, elle le regarda, soudainement vide de toute envie de vivre. A quoi bon se prendre la tête si tout était condamné à merder ...

"Toi et moi, il faudra qu'on ..."

Une déflagration, toute proche, coupa la chose très personnelle qu'elle s'apprêtait à dire. Un truc explosif s'était écrasé dans la cour qui jouxtait le bâtiment et aussitôt, un concert de staccatos s'éleva de tous les côtés du domaine. Les mitrailleuses lourdes de l'Eglise de la Violence répondaient à une pluie de roquettes tirées depuis l'extérieur.

"PUTAIN CA COMMENCE!!"

Finies l'émotion et les révélations. Revy passa son débardeur et ses holsters et courait déjà vers le QG surveillance où les têtes de la coalition devaient mesurer l'ampleur de l'attaque.

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:13
par Grayle le Marchemonde
La fenêtre. L'air pur. Grayle s'était plus effondré qu'appuyé sur le mur, dans un état probablement pire que celui de la jeune femme. Il garda la clope en main pendant un long moment, ne commençant à fumer -plus par imitation que réelle envie- que bien après Revy.

Il était un peu frustré. Dans ce dernier acte de cette magnifique pièce de baise, il aurait bien voulu se vider une dernière fois en elle. Son inconscient lui suggéra qu'il s'était déjà bien déchainé et n'était pas vraiment en position de se plaindre. Il zieuta le corps puissant de la brune, maculé de sa propre semence, qui était en train de souiller sa culotte et son short. Ce serait un miracle si elle ne tombait pas enceinte.

"T'iras où quand tout se bordel sera fini?"

Avait-il vraiment envie de répondre. Être immortel était un cadeau, une bénédiction, mais elle n'était pas sans prix. Il ne pouvait pas rester ici. Enfin, si. Mais à chaque jour qui passe, son immortalité s'amenuiserait. Sa vitalité, disparaitrait. Au bout de deux semaines, le fringant jeune homme aurait déjà doublé d'âge. Combien de temps pouvait-il rester au même endroit avant de mourir d'une vieillesse accélérée ? Un mois, tout au plus ?

Ainsi était le destin et ceux marchant la Route Éternelle. Errants immortels condamnés -de leur propre chef- à ne jamais avoir d'endroit qu'ils peuvent appeller foyer.

Il ne dit rien de ceci à Revy. Pas le moindre mot ne franchit ses lèvres, mais son regard devint lourd du poids de siècles d'existence, et d'expériences autant magnifiques que terrifiantes.

- Je...

Elle l'interrompit, parlant presque en même temps que lui.

- Toi et moi, il faudra qu'on ...

Et le monde explosa. Dans la cour, une déflagration fit voler en éclat plusieurs fenêtres, avant que le sifflement de roquettes ne s'écrase contre les murs, secouant tout le bâtiment, manquant de renverser un Grayle peu habitué à ce déchaînement de violence.

- PUTAIN CA COMMENCE!!

Grayle ne perçut nulle peur ou alerte dans la voix de Revy, mais de l'excitation. La flingueuse avait hâte de se déchaîner, c'était évident. Il vit ses muscles se bander de manière presque masculine lorsqu'elle se rhabilla, avec une telle vitesse que le jeune homme, pourtant agile, eu bien du mal à la suivre. Passant portes et pièces où des soeurs et mafieux, déjà, courraient dans tous les sens, beuglant des ordres et des insultes, plusieurs manquant de percuter le duo. Revy et Grayle arrivèrent dans le QG devant les yeux médusés de Dutch et Balalaika.

Putain, il avait oublié qu'ils puaient le sexe. Mais ils ne firent aucune remarque, peut-être intimidés par la gueule de Revy, ou parce que Dutch était bien trop occupé à armer un M134 américain.

- Ah, voici nos deux oiseaux commenta Balalaika de sa voix grave.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Grayle avec inquiétude. L'attaque ne devait pas arriver plus tard ?
- Ca, on s'en occupera plus tard, coupa Dutch. Mais ouais, c'est pire que prévu. Ils ont deux hélicos.

Un énorme crash se fit entendre au loin, secouant tout l'immeuble et faisant tomber de la poussière du plafond, puis le crucifix d'un mur,  suivi d'une odeur caractéristique de brûlé.

- Ok, peut-être plus qu'un commenta l'afro-américain après avoir jeté un rapide coup d'oeil par la fenêtre.
- On compte plus d'une cinquantaine de narcos commenta Boris, l'aide de camps de Balalaika. Probablement autant en renforts. Aucune trace de quoi que ce soit d'autre. Quelques jeeps, des roquettes et mortiers.

Une attaque d'envergure, pensa Grayle.

- Ils en sont encore aux préliminaires commenta Eda, rappellant à Grayle qu'il n'avait vraiment aucune idée du niveau de violence de Roanapur. L'américaine jeta un autre revolver à Revy.
- Notre flanc droit est cloué par une quinzaine de narcos près du confessionnal. Ils tiendront pas longtemps. Tu peux nettoyer notre flanc, Revy ?

La question sonnait comme un ordre, un ordre dit avec l'assurance qu'un "oui" en serait la seule réponse.

- Je viens avec toi, Revy.
Dutch et Eda explosèrent de rire.
- Graylou, t'es bien gentil mais tu vas te faire tuer là-bas. Reste gentiment à l'abri ici et attend le retour de Revy affirma l'américaine d'un ton moqueur.
- J'crois pas non. J'vais pas attendre ici comme une princesse en détresse répondit Grayle d'un air agité, fouillant dans son sac.
- J'suis d'accord avec la blonde commenta Dutch, qui s'équipait d'un gilet de combat, avant d'enfoncer son couteau dans son fourreau. Tu vas juste te faire plomber.
- Je pense qu'il s'en sortira très bien commenta Balalaika. Vous ne mourrez pas là-bas, n'est-ce pas Grayle ?

Il n'aimait pas ces yeux bleus. Ils lui donnaient la sensation qu'ils lisaient au fond de son âme.

- Jamais répondit Grayle, alors qu'il enfilait autour de sa nuque et de ses épaules une belle écharpe de lin orangée, qu'il renvoya par dessus ses épaules, la faisant pendre dans son dos. Je te suis, Revy.

Ils sortirent en trombe, alors que Dutch et Eda venaient soutenir les efforts sur le flanc gauche, afin de définitivement gagner la bataille de ce côté. Le couloir devant eux était vide d'ennemis comme d'alliés. Au loin, on entendait des coups de feu. Ils continuèrent leur course, mais, pris d'une inspiration soudaine, Grayle pris la main de Revy.

- Revy, attend !

Il parvint à mettre fin à sa course, la regardant droit dans les yeux.

- Promet moi, Revy. Ne t'occupe pas de moi, d'accord ? Il reprit, sentant son regard devenant de plus en plus courroucé. Ne t'expose pas pour me couvrir. Ne prend pas de risque pour me sauver. Je vais m'en sortir, quoi qu'il arrive, okay ? Concentre toi sur toi-même... et les ennemis. Tue-les.

Un frisson parcouru son corps. Il ne s'attendait pas à adorer prononcer ces deux mois.

- Tue-les. Mais ne meurt pas pour moi. S'il te plaît. Promet le moi.

Pris dans sa contemplation, ni Grayle, ni Revy, ni quiconque ne remarqua que, dans l'air, une étrange odeur d'ozone commençait à s'infiltrer subrepticement.

Petit à petit

Comme si un orage allait s'annoncer...

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:14
par Revy
Les bottes martelaient le carrelage dans les couloirs du couvent, rapidement, indiquant une course effrénée. Il fallait faire vite, et empêcher les narcos de mettre pieds dans les bâtiments. Les clouer à l'extérieur était un impératif vital le temps que les russes et les sœurs s'organisent. Revy faillit déraper quand Grayle la force à s'arrêter.

"Quoi Grayle???"

Il n'avaient pas le temps pour les promesses et les déclarations. Toute sa vie était comme ça, incertaine au jour le jour, toujours à passer au lendemain sur le fil du rasoir.

"Je ... Tu fais chier! Je sais pas! Tu peux pas me demander ça après notre..."

Bien sûr que si, inconsciemment ou volontairement, elle s'exposerait pour le sauver. La Balalaïka du futur savait que Revy mourrait pour la protéger et avait envoyer un message pour éviter cette destinée. Mais comment pouvait-elle prévoir que ce messager serait finalement aussi mortel pour Revy que ce qui pouvait arriver? Un mal pour un mal ...

"On va pas mourir Grayle! On a des choses à se dire ... Mais pas maintenant!"

Elle se dégagea de sa poigne et repris sa course. Après un angle de l'interminable corridor, ils tombèrent sur une véritable scène de guerre. Les nonnes présentes, une dizaine, avaient condamné une entrée avec du mobilier lourd et ripostaient à des tirs nourris de l'extérieur. L'une d'elle gisait sur le dos, sa tête n'était plus qu'un magma explosé de chair et d'os. Son corps était encore secoué de spasmes; elle venait d'être abattue. Cela ne démoralisait pas les autres, elles n'étaient pas membres du clergé de la Violence pour rien. Leurs AR-15 crachaient des centaines de balles et ce déluge répondait à celui des colombiens. Les impacts frappaient leur barricade et quand une balle passait, elle venait s'écraser contre un mur, faisant craquer le plâtre. Plus aucune fenêtres n'étaient intactes et ils marchaient sur du vitrage éclaté qui couvrait le sol.

"ILS SONT A TRENTE MÈTRES! ON LES  A FIXÉ DANS LE JARDIN!"

Une sœur hurlait pour couvrir le son de la fusillade. Inutile de sortir s'exposer de ce c$ôté là alors seulement le bourdonnement assourdissant d'un hélicoptère suivi d'un sifflement caractéristique vint changer la donne. L'impact d'une roquette sur un pan de la façade les ébranla et sonna la défense. Les narcos en profitèrent pour charger, non sans pertes, et vinrent trouver refuge contre le bâtiment.

"Ils avaient une échelle!!!! Ils vont passer par les fenêtres de l'étage!"

"C'est pour nous Grayle!"

Revy virevolta et passant devant son amant, laissa glisser ses doigts sur l'étoffe orange. Il faudrait qu'elle lui demande pourquoi il s'était paré de cette écharpe ... Trouver un escalier, en grimper les marches quatre à quatre, atteindre le premier étage ne pris qu'une minute. Revy avait dégainé ses pistolets et s'apprêtait à ouvrir un angle de tir en se déplaçant en sécurité. Elle pouvait bourriner ... Elle bourrinait toujours mais elle maitrisait le combat urbain et n'était pas tout à fait inconsciente. Elle sentait la présence rassurante de Grayle derrière son épaule et quand elle passa l'angle de mur, la micro seconde d'après, elle plombait un colombien qui faisait la même chose, et surprenant un groupe de narcos qui terminait de passer la fenêtre. Le dernier n'accéda jamais à l'étage, basculant à l'extérieur alors qu'il franchissait l'ouverture, la tête plus lourde de deux balles de 9mm. Les assaillants étaient lourdement équipés: gilets pare balles, fusils d'assauts, vêtus en treillis urbain. Ils se reprirent très vite et se mirent à couvert pour riposter. Une grenade offensive roula aux pieds du couple et Revy la renvoya d'un coup de boots pour qu'elle explose dans les rangs adverses. la marge de manœuvre était limitée car ils se faisaient littéralement arroser de plomb.

Mais Grayle avait dit Tue-les!

Dans le corps de Revy, les drogues circulaient, boostées par l'adrénaline, offrant un mélange mortellement dangereux mais efficace. Les biceps de la flingueuse se contractèrent, elle était sous tension, ses cuisses aussi marquèrent qu'elle était prête à bondir.

"On va taper dedans Grayle! On va les bouffer!"

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:14
par Grayle le Marchemonde
L'adaptation était la première qualité du voyageur. Lorsqu'on rencontre un nouveau peuple ou une nouvelle civilisation, s'adapter à leurs coutumes, leur manière de penser et de vivre devenait vite une seconde nature. Pour Grayle, c'en était devenu un don. L'ambiance de Roanapur, la violence innée de ses habitants, les moeurs débridés, imprégnait Grayle. Il n'avait fallu qu'une poignée de jours pour que le sang du paisible pérégrin ne se mette à bouillonner comme la lave d'un volcan en fusion. S'il influençait Revy, la rendant plus calme et plus sensible, la flingueuse, elle aussi, affectait Grayle, qui était devenu plus assuré, et surtout, plus aggressif.

C'est donc avec une voix rauque et virile qu'il avait quasiment hurlé un " OUAIS ! ". Ses mains tenaient deux dagues, longues comme des avant-bras. Leur lame était d'un noir total, ne reflétant aucune lumière, comme deux traces de feutre sombre sur la réalité. Ils entendirent des ordres balancés en espagnol et des bruits de pas. Grayle avisa une porte à moitié ouverte, juste en face d'eux deux, qui donnait sur une salle parallèle au couloir.

- Merde, Revy, s'ils passent par là on sera entre deux feux ! dit-il en lui désignant la porte. Il posa le revers de sa main contre l'épaule de sa partenaire, qui tremblait tellement d'aldrénaline que le sol semblait vibrer sous leurs pieds.

- Je fonce dans la salle pour les prendre à revers, tu t'occupes du couloir ! Trois. Deux...

Il s'accroupit et se mit à bondir, plus proche de la panthère que de l'homme. A peine avait-il traversé le couloir que les narcos ouvrirent le feu. Les balles fusèrent, pulvérisant les murs, faisant voler des éclats de bois et de pierre partout. Grayle atterrit dans la pièce après une roulade, son écharpe orangée flottant presque magiquement dans l'air, le suivant comme la lumière des phares d'une voiture dans la nuit, ou la longue queue d'un animal. Sitôt arrivé au sol, Grayle fut percuté par un narcos, qui l'écrasa contre le mur. Au milieu d'une bordée d'insultes, Grayle tonna un puissant "JE GERE !" plein d'assurance.

Trois hommes étaient déjà entrés dans la salle. Un quatrième semblait vouloir entrer, mais put l'entrapercevoir tomber au sol, probablement abattu par Revy qui engageait le reste des troupes dans une fusillade dantesque. Il n'eut pas le temps de pondérer le sujet, puisqu'un poing massif s'enfonça dans son sternum, lui coupant le souffle. Le jeune homme fut rabroué, percutant le mur, et le colombien, professionnel, déchargea plusieurs balles dans son torse.

Une mort instantanée, propre, parfaite. Mais aussi entraîné que fut le colombien, il n'était pas préparé à un adversaire littéralement immortel. Il baissa la garde, et qui aurait pu l'en blâmer ? Sur Terre, les immortels n'existaient pas. Grayle cracha du sang et, alors que ses poumons étaient perforés, fut tourner la dague entre les doigts de sa main droite, changeant sa prise sur le manche, et l’enfonça dans le cou du narcos, avant d'enfoncer son autre dague dans son estomac.

Les autres soldats, qui avaient bien vu Grayle se faire plomber à bout portant, poussèrent des cris horrifiés et ouvrirent le feu. Grayle courut vers le plus proche, utilisant le corps de son premier adversaire comme un bouclier humain. "Splorg splorg splorg" disait ce dernier, criblé de balles, faisant exploser sa chair dans tous les sens. Dans un cri de rage et d'effort, Grayle balanca le corps sur le narcos à proximité de lui, qui du l'esquiver en catastrophe.

Une autre balle, passant en plein travers de la boîte cranienne de Grayle. Il tituba, un bref moment, comme un zombie, la moitié de son beau visage décorant le plafond. Puis, son bras droit devint flou et la dague noire fila à toute vitesse, s'enfoncant entre les deux yeux du tireur.

L'autre se mit à hurler. Grayle parvint à capter quelques mots. "démon", "abomination", "antéchrist". Il pivota son visage vers lui, et une vision complète lui revint, alors que son crâne et se reconstituait presque instantanément. Le colombien lui balanca son flingue vide à la figure avant de se précipiter sur lui. Le pistolet percuta le crâne de Grayle, qui n'y prêta aucune attention, concentré sur son adversaire.

Couteau contre couteau. Dans les films, ces combats étaient dépeints comme longs, plein de tension. Dans la réalité, les combats de ce genre sont rares, et parmis les plus mortels du monde. Le perdant meurt sur place, et le gagnant meurt quelques secondes plus tard.

Les lames fusent. Elles se percutent. Grayle est à l'aise, en duel, dans ce genre d'affrontement. Il change sa garde, pivote sur ses appuis, son pied s'écrase contre le genou du colombien, qui jure, balaye l'espace devant lui pour tenir Grayle à distance alors qu'il tombe. La lame frôle la chemise de Grayle, l'ouvrant legèrement, et le pérégrin, serein, en profite pour trancher une partie du bras du narcos.

Un juron, un autre échange. La lame du colombien tranche l'air, celle de Grayle tranche la chair. Il esquive, presque aérien, dansant même, enfonce sa lame dans un quadriceps, tranche jusqu'au genou. Le colombien charge, essaie de le percuter comme au rugby, afin de passer à un combat au sol. Grayle perd son couteau, lâchant la lame. Les deux hommes luttent contre le sol. Le guérilleros tente d'étouffer Grayle, ses mains se débattant avec l'écharpe. Soudainement, cette dernière, comme portée par le vent, s'élève dans l'air, et s'enroule autour du bras de l'homme. Elle grandit, encore et encore, et, en quelques instants, l'homme se retrouve en train de gargouiller, les yeux révulsés alors que le marchemonde tire de toutes les forces sur l'écharpe longue de plus de 6 mètres, qui s'est enroulée autour des bras, de la gorge et même du visage du colombien.

Ils roulent sur le sol, alors qu'a côté, les échanges de tirs se font de plus en plus rare. Un CRAC sinistre retentit, et Grayle se relève, respirant avec force, contemplant le corps de son adversaire, dont le cou est brisé à angle droit. L'écharpe remonte comme un serpent autour de lui, revenant autour de son cou et de ses épaules. La moitié de son visage est recouverte de son propre sang, et son torse est aussi devenu entièrement carmin, bien qu'il n'ait aucune blessure apparente. Bon. Il faudra convaincre Revy qu'il s'agit du sang de ses adversaires... et vu la quantité répandue sur le sol et les murs, elle le croira sûrement.

De l'autre côté, il n'entendait plus un bruit.

- Revy... ?

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:14
par Revy
"Revy... ?"

"Ouais, j'suis là ..."

Appuyée au chambranle de la porte, elle était bien là en effet. Elle avait couvert la progression de Grayle, balayant la zone tenue par les narcos d'un feu nourri. Les hommes avaient sagement attendu que le déluge passe, protégés derrière leur barricade de fortune, meubles renversés taillés en pièces par les balles. L'objectif était là, que Grayle puisse rejoindre  la pièce parallèle vivant. Dès qu'il y était entré, Revy avait entendu qu'il s'y battait et transcendée par le besoin de le savoir safe, elle avait plombé les mecs un par un malgré la riposte des tueurs. Les deux derniers survivants avaient réussi à plonger par la fenêtre, se faisant accueillir et hacher par les sœurs de l'Eglise de la Violence à l'étage du dessous. Revy avait terminé les hommes au sol d'une balle dans la tête avant de ...

Elle regardait ce que peu d'humains normaux pourraient connaitre. Elle ne comprit pas tout de suite ce qu'il en était mais les faits étaient là. le carnage était double, allait dans les deux sens. L'inexplicable se produisait sous ses yeux et elle baissa ses Beretta qui ne seraient en fait d'aucune aide pour Grayle qui avait les capacités de très bien s'en sortir seul. Elle assista à l'impossible tandis qu'un autre groupe de narcos était pris à partie, tout proche, par une équipe du couvent.

"Revy... ?"


"Ouais, j'suis là ..."

Grayle se relevait, intact même si couvert de sang. Celui des autres mais aussi le sien.

"T'approches pas Grayle."

Le ton était celui de la femme dangereuse qu'elle était vraiment. Il avait une intonation d'outre tombe et ne contenait aucune chaleur.

"En fait, j't'ai pas raté la première fois qu'on s'est rencontré. J'me disais bien qu'y avait un truc pas net ..."

Elle l'observa, les canons de ses armes n'étaient ni relevés, ni abaissés, la position idéale pour le plomber s'il esquissait un geste de travers.

"On va dire que j'ai vu pleins de trucs de merde dans ma vie mais là ... Tu es qui Grayle? Ou tu es quoi?"

Les pièces manquantes du puzzle de sa vie se mettaient en place et certains points obscurs trouvaient une explication.

"T'es vivant au moins?"

Il était indéniable qu'il ne lui avait rien fait de mal, bien au contraire, et qu'il allait dans son sens à elle. Il s'était montré doux, passionné, aimant. Elle avait encore en tête les paroles apaisantes de sa chanson bien qu'elle n'en connaisse pas le langage. Mais ... il était ... comme elle l'avait vu, mort puis vivant à nouveau.

"Je dois craindre un truc là? Tout de suite?"

Elle voulait lui faire confiance mais le morceau était trop gros pour être avalé. Et en parlant de confiance, ce n'est pas de cette manière qu'elle aurait aimé découvrir ceci? Et puis un éclair fugace traversa son esprit.

"Je suis la dernière des connes! Balalaïka est au courant hein?"

Sa réflexion s'arrêta là, interrompue par le sifflement d'un missile tiré de l'hélicoptère restant qui pulvérisa l'aile dans laquelle ils se trouvaient. le sol s'effondra, ensevelissant les sœurs au rez-de-chaussée et Revy chuta, se rétablissant par miracle sur un socle en béton d'où sortaient des fers tordus. Encore un peu et elle s'empalait.

C'est par réflexe qu'elle cria.

"GRAYLE ???????"

Et un atroce hurlement inhumain lui répondit, tout droit sorti de la gorge d'une créature encore cachée par le nuage de poussière qui s'élevait du bâtiment. Tout autour d'eux, les combats s'intensifiaient et les rafales ponctuaient le couvent de molécules de mort.




Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:14
par Grayle le Marchemonde
Grayle était immortel. Il ne craignait quasiment rien. La douleur n'était que fugace, le chagrin, temporaire, la mort, un simple contre-temps. Ayant vécu tellement longtemps qu'il avait oublié plus de choses qu'il n'en avait en mémoire, il devait, en théorie, être d'un calme olympien en toute circonstances. Et généralement, il y arrivait.

Mais là, les bras ballants et recouvert de sang -surtout du sien-, son coeur était noué. Revy, une humaine avec deux flingues, qui devrait être tout en bas du top 100 des pires trucs qu'il ait jamais rencontré, lui faisait peur.

"T'approches pas Grayle."

Il respirait rapidement. Le rouge lui était monté aux joues, avant qu'elles ne deviennent pâles sous le stress. Il compris qu'il n'avait pas tant peur que Revy le tue, mais qu'elle le hait. Le désteste. Le regarde avec... ou plutôt continue de le regarder avec ces prunelles vides de toute compassion, de respect ou d'amour.

- Revy, je...

Elle reprit la parole. Elle se méfiait de lui. Évidemment. Pour quelqu'un qui venait de voir le surnaturel et l'horreur faire irruption dans sa vie, il devait avouer qu'elle s'en sortait admirablement bien. Mais c'était aux dépends de l'immortel, qui la voyait s'éloigner de lui seconde après seconde. Par ses mensonges et son manque de discrétion, il était en train de construire un mur entre eux deux dont il doutait pouvoir un jour seulement abattre.

Il voulait la rassurer. Tout lui dire, lui raconter. Lui assurer qu'elle n'avait rien à craindre de lui, que jamais il ne lui ferait de mal. Mais un missile et une explosion le fit taire avant même qu'il ne puisse parler. Le sol devint ciel, alors que le parquet se dérobait sous ses pieds. Il vit Revy tomber, essaya de crier, mais avait la voix coupée. Autour de ses épaules, son écharpe s'agita, et il atterrit sans peine, avec douceur même, à quelques mètres de Revy.

- Je vais bien ! répondit-il d'une voix claire, surprenamment assurée malgré l'explosion. Ses tympans vrillèrent sa tête quelques secondes avant de guérir. Il était en forme. Il avait voyagé. Mais, contrairement à lui, Revy n'avait qu'une seule vie.

- Revy, je dois te dire qu-

Il s'étrangla en entendant le hurlement de mort. De nombreux coups de feu s'arrêtèrent instantanément, suivis d'injures en espagnol, alors que les colombiens se retiraient. D'autres explosions, un mur qui s'effondre, et un autre hurlement surnaturel, suivi de celui d'une femme, hurlement de peur, de douleur, puis d'un gémissement.

- MERDE !

Grayle, les grands yeux bleus exorbités, respirait à toute vitesse, à deux doigts de la crise de panique.  Il reconnaissait ce cri. Comment l'oublier.

- MERDEMERDEMERDEMERDE !

Il connaissait ce cri. Dans l'air, une odeur d'ozone intense envahissaient ses narines, et un craquement hors de ce monde se faisait entendre à des lieux à la ronde, alors qu'une faille dans la réalité se refermait. Il se précipita vers Revy, qui avait déjà réarmé ses pistolets.

- Revy ! Il n'avait pas crié. Il avait chuchoté. Un bras dans son sac, il regardait la jeune femme avec une terreur quasiment sourde dans le regard. En arrière fond, on entendait des coups de feus et des hurlements animaux. D'autres sœurs se faisaient tuer.

Ou pire.

- Revy, s'il y a une fois dans ta vie où il faut me croire et m'écouter, c'est maintenant. Je sais pas comment mais on dirait qu'les colombiens ont ramené un monstre. Il n'est pas d'ici. Pas de ta réalité, tu vois ce que je veux dire ? Ni de la mienne.

Un hurlement brisa instantanément ses paroles, alors que la fumée se dissipait. Et la créature se révéla dans toute son horrible gloire. Elle était énorme, presque trois mètres de haut malgré le fait qu'elle soit courbée vers l'avant. Une gueule garnie de crocs, un visage sans yeux visibles, des griffes énormes et acérées, deux paires de bras, l'une énorme, l'autre plus petite, mais toujours massive, et une pair de jambes plus courtes, donnant une posture similaire à un gorille à la créature. Sa peau était épaisse, son corps recouvert de plaques d'os qui semblaient aussi solides que le blindage d'un tank.

La créature poussa un hurlement terrifiant, vrillant les cerveaux, pulvérisant l'espoir, s'adressant à la partie la plus instinctive des humains : pour les hommes, celle de s'enfuir. Pour les femmes, celle de se soumettre. Autour de la créature, plusieurs cadavres de sœurs gisaient, déchiquetés, mais deux d'entre elles étaient vivantes, les yeux révulsés et recouvertes de fluides. Entre les jambes de la créature, une verge violacée et grotesque pendait. Elle se rétracta lentement, alors que le monstre semblait humer l'air à la recherche de proie.

Ni Grayle, ni Revy n'étaient dans son champs de vision. Et pour cause. Le jeune homme avait littéralement poussé la jeune femme à terre, derrière un pan de mur effondré, la recouvrant d'une longue cape, qui semblait flouter le monde autour d'eux.

Une cape d'invisibilité.

Sa couverture étant exposée, Grayle n'avait plus le loisir d'être prudent. Il allait devoir utiliser les nombreux artefacts dans son sac, quitte à en perdre. La cape d'invisibilité, qu'il avait acquis il y a des décennies en remerciement d'avoir sauvé une princesse elfe, était une de ses possessions les plus chères. Elle rendait le porteur entièrement invisible, et était assez grande pour recouvrir deux personnes. Mais elle ne masquait ni la chaleur, ni les odeurs, ni la présence ou les bruits.

Il avait posé sa main sur la bouche de la tueuse pour faire taire ses protestations. Une explosion recouvrit la créature, alors qu'une soeur lui tirait dessus au lance-grenade.

- Revy, cache toi. Fuis. Toi, Balailaka, et toutes les autres. Cet alien va toutes vous tuer, ou vous violer. Il vise les femmes...

Il n'était pas clair, mais comment l'être dans cette situation ? Des millions de pensées se bousculaient dans son cerveau. Un sifflement, et l'instant d'après, une autre explosion fait voler leur couvert en éclats, et projette Grayle plusieurs mètres en arrière. Il roule, se redresse.

Il expire.

Les yeux bleus de Grayle se dilatent, alors que la bête s'immobilise et le "fixe" malgré sa cécité. Ils se font face, monstre comme homme.

Il gémit, le visage déformé par la peur. Son pantalon devient sombre. Il s'est pissé dessus par réflexe.

La créature ouvre sa gueule garnie de crocs pleins de sangs, et hurle.

Mais il reste là.

Au fond de lui, quelque chose bat. Son coeur s'agite, explose, mais la peur se retrouve chassée par quelque chose. Son champ de vision rétrécit, son visage devient pâle, sa peau brûlante et glaciale, alors qu'une décharge d'adrénaline se répand dans tout son coeur.

Une petite flamme s’allume et donne naissance à un brasier, qu'on trouve dans le cœur de tous les hommes, même les plus lâches. La fierté de faire face être soi, l'insolence devant l'autorité, l’orgueil qui pousse à dire non même au péril de sa vie. Grayle ouvre la bouche, mais au lieu d'un cri de détresse, c'est un cri de guerre qui répond à celui de la bête.

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRGH !

Il hurle à en perdre la voix, les yeux exorbités et les sourcils froncés. Il passe ses mains sur son visage, étalant le sang comme autant de peintures de guerres.

Il y a plusieurs vies humaines, le pérégrin, perdu sur un monde hostile et rétrograde, était devenu un chef barbare. Face à l'inhumain et l'abject, une partie de sa personnalité enfouie depuis des lustres refaisait surface. Il plongea son bras dans son sac, et en ressorti un objet qu'il avait laissé au fond depuis des éons, espérant ne jamais avoir à s'en servir.

Une hache à deux mains à la lame effilée et barbare, striée d'éclairs de foudre qui crépitaient avec fracas. Le bras vers le ciel, il hurla encore et fonça vers la créature massive et cauchemardesque.

Plus que prêt à tuer, prêt à mourir.

Pour Revy.

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:14
par Revy
Non, il était là. Il était toujours là, avec son beau visage qui même s’il était noir de crasse et de sang, reflétait l’homme qui avait ravi son cœur. Ils se tenaient à quelques mètres l’un de l’autre dans les décombres de cette partie du bâtiment, noyées dans un épais nuage de poussière irritante. Revy toussa. Elle plissait les yeux quand encore une fois le hurlement inhumain retentit, encore plus proche à présent. Le voile de particules se leva, révélant une scène d’horreur. Revy avait vu tout ce qui pouvait se faire de pire dans le monde, de la cruauté des hommes aux tristes voies de la destinée. Le meurtre et la torture lui étaient familiers et la Mort arpentait les rues sales de Roanapur, frappant souvent au hasard les innocents, les enfants et ceux qui souvent ne méritaient pas de mourir. Revy avait tué bien des hommes et ses mains étaient couvertes de sang qu’elle ne pourrait jamais effacer. Ses crimes étaient légions au regard de la Loi et elle pouvait avouer qu’elle avait souvent pris plaisir à faire souffrir des monstres. Sa folie accentuait ses méfaits et il était certain qu’une belle place lui était réservée depuis longtemps aux Enfers.

Mais le spectacle qui s’offrit à elle était d’une tout autre dimension. Les tueurs des grands cartels mexicains n’auraient pas fait mieux aux sœurs que ce que la créature horrible s’était permise d’accomplir. Les corps étaient mutilés à un point extrême et même les visages n’étaient plus identifiables. Dévorées en partie, ces filles n’avaient eu aucune chance. Tout était aller très vite et Revy les avaient entendu vider leurs chargeurs jusqu’au bout. Fidèles au dogme de l’Eglise de la Violence, elles s’étaient battues jusqu’au bout. Et pour les deux survivantes … il aurait peut-être mieux valu qu’elles périssent elles aussi. Elles gémissaient pauvrement, ravagées, ruinées, sanguinolentes, violées par le monstre qui exhibait encore un immonde appendice. L’une d’elle tenta de se redresser mais la créature posa vivement l’une de ses énormes pattes sur son dos pour l’immobiliser. Elle grogna sèchement, ouvrit grand la gueule et croqua la tête de la malheureuse qui explosa comme une pastèque trop mure.

Le rythme cardiaque de Revy monta en flèche, sa respiration s’accéléra et elle leva mécaniquement ses armes au moment où Grayle se jetait sur elle en les recouvrant d’un large tissu. Il lui avait parlé. Confiance ? De quoi ? La flingueuse cligna des yeux deux fois avant de reprendre ses esprits.

"JE…"

Grayle est couché sur elle, de tout son long. Elle retrouve sa chaleur, sa proximité réconfortante. Revy lit la peur dans ses yeux. Il a peur pour elle, il ne peut pas mourir. Revy ne connait pas les mécanismes du voyageur mais elle sent son cœur battre contre le sien et ce que diffuse ce battement ne nécessite pas d’explications pour être exprimer. Revy ramène ses jambes de part et d’autre du corps de Grayle pour le garder, rien que pour elle. Et elle l’embrasse, fugacement. C’est un court baiser mais véritable et honnête qui efface les questions, les interrogations et les mystères cachés précédents. C’est le baiser qui estompe les peurs de Grayle à son sujet. C’est le baiser qui la sauve car dans une autre réalité, elle l’a repoussé pour aller affronter la Bête et subir une mort atroce. Et enfin, c’est aussi le baiser qui marque une nouvelle étape de la vie du Pérégrin car Revy est sa balise, son point de repère dans l’éternité de ses voyages. Alors oui, elle va lui faire confiance et elle va exiger le même retour.

"Je ne te perds pas aujourd’hui ! Tu es à moi ! Je suis à toi ! Tu restes dans ma vie. Bats-toi et gagne ! Dis-moi oui et je fuirai sans me retourner."

Quelques secondes après, elle se relevait, vive et agile et enjambait un mur effondré pour fuir à l’opposé de la créature. Revy était explosive et courut vite le long du corridor qu’elle trouva interminable jusqu’à ce qu’elle puisse disparaitre après un angle. L’odeur du monstre disparaissait mais le cri de guerre de Grayle la fit sourire. Non, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle allait le perdre.

Elle se hâta de rejoindre le poste de commandement et quand elle déboula dans la pièce de crise, tous la regardèrent étonnés. Une sœur fit le signe de la croix et Balalaïka s’avança.

"Le monstre est là ! L’aile Ouest est tombée ; Grayle le combat."

"Je sais Revy, la suite ne dépend que de lui. Tu as joué ton rôle."


Qu’importait le rôle, ce n’était pas terminé et les assauts des narcos continuaient. Sur les écrans de surveillance, on voyait la Mère Supérieure Yolanda hacher les effectifs ennemis au minigun. Eda se relevait péniblement d’un enchevêtrement de corps, boitant, visiblement mal en point. Les morts jonchaient les espaces. Les sœurs faisaient honneur au nom de leur Ordre et les Russes prouvaient que les anciens spetznaz étaient toujours aussi redoutables. Les combats à distance avaient laissé place au combat de mêlée et c’était bien le plus sauvage qui survivait. Les narcos avaient fait l’erreur de se croire supérieurs et les renforts venus d’Amérique du Sud n’étaient pas prêts à un affrontement d’une telle intensité. Le deuxième hélicoptère fut mouché par une sœur de 18 ans, avec un missile Stinger, ce qui marqua le début de la déroute ennemie. Les tirs se firent plus rares, sporadiques, mais seule une zone attirait maintenant toutes les attentions …

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:15
par Grayle le Marchemonde
--- Il y a bien longtemps, dans un autre univers ---

- Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, suivez moi et entrez dans la pièce des armes !

Le guide holographique dirigeait une vingtaine d'hommes, de femmes et d'enfants dans le musée, rénové et entièrement neuf. Depuis la grande guerre patriotique qui avait secoué le pays de Skellio, entre 2768 et 2780, la petite contrée avait connu un regain de nationalisme, redécouvrant ses anciens héros et légendes qui étaient auparavant vus comme des épisodes folkloriques au mieux, honteux au pire. Le musée national, reconstruit en quelques années, était l'un des lieux majeurs du nouveau nationalisme Skellite.

Devant les touristes, les grandes portes dorées s'ouvrirent, exposant à la vue des touristes 4 statues, celles des héros de légende Sagaïens. Bjorn poing de foudre, Brunhilde la fière, Tjark main ardente et Lokiam le rusé.

En plus de leurs statues de marbre, grandioses et réalistes, on trouvait une cinquième plus discrète, celle de l'étranger, Grayle le voyageur.

Un cinquième personnage qui avait rejoint les 4 héros de légende, les assistant dans leur quête, sans pour autant être originaire de Skellio. Autrefois ignoré par l'histoire, il avait été ramené sur le "devant" de la scène après que de nombreux pays étrangés aient assistés Skellio durant la guerre patriotique. Plus petit et aux proportions plus humaines que les héros de légende, qui dépassaient tous les deux mètres et brandissaient d'impressionnantes armes, son visage était plus doux et jeune, étrangement familier.

Devant les statues, un présentoir contenait les armes légendaires des héros, nettoyée, entretenue, et aux runes éteintes. La lance de Brunhilde, les dagues de Lokiam, le bouclier de Tjark, l'épée de Bjorn... mais une arme manquait. La plus connue.

- Monsieur le guide, pourquoi y a pas la hache de Bjorn ?
Demanda un adorable gamin blond. Le guide holographique, souriant, désigna un mur sur la droite, sur lequel se trouvait une tapisserie médiévale d'époque, qui représentait Bjorn tendant sa hache à Grayle, qui lui arrivait à peine aux épaules.

- Elle n'a jamais été retrouvée. Certains disent qu'elle a été perdue, volée ou détruite, mais selon la Saga, Bjorn l'aurait cédé au voyageur, afin que sa puissance destructrice ne puisse jamais être utilisée contre Skellio. Qui sait où elle se trouve aujourd'hui...

----

Grayle courait. La hache était lourde, vibrante d'énergie. Plusieurs kilos de métals divers au nom imprononcable. A chaque pas, le ciel s'assombrissait. A une vitesse qui n'avait rien de naturelle, les nuages s'accumulèrent autour de l'église, le ciel devint noir, et une dépression orageuse s'installa en quelques secondes à peine, sombre au point que la journée devint presque aussi sombre que la nuit.

Le monstre n'avait pas peur, et pourquoi aurait-il peur ? Devant lui courait un simple jeune homme, beaucoup moins puissant et dangereux que ce que la créature avait l'habitude d'affronter. Elle rugit, et le balaya d'un coup de griffe, percutant la hache de Grayle. Au moment de l'impact, le ciel se déchira. Un éclair fendit la couche nuageuse et, à la caméra, une gigantesque explosion de lumière apparu, recouvrant l'homme et la bête, envoyant un nuage de poussière et des éclats de roche dans toutes les directions.

Un hurlement démoniaque se fit entendre à des centaines de mètres à la ronde. Alors que le nuage de poussière se dissipait, la créature, au centre de la cour, hurlait, son bras arraché et une partie de sa carapace brulée. Elle gémissait, prostrée au centre de la cour. A quelques mètres d'elle, un corps à moitié calciné, éteint par la pluie diluvienne qui venait de s'abattre.

- Et merde.

Grayle toussa, crachant du sang. Il puait le brulé et la mort. L'éclair, passant par la hache de Bjorn, l'avait frappé de plein fouet. Il n'avait jamais utilisé cette arme. Il pensait que ce serait aussi facile que lorsque Bjorn l'utiliserait, frappant l'adversaire avec la force de la foudre à chaque coup, sans subir de dégat. Mais apparemment, ce n'était pas aussi simple. De quoi manquait-il ? De force ? De conviction ? De sang Skillien ?

Il gémit alors que son corps ravagé se reconstituait peu à peu. Il leva son bras droit, et vit avec fascination que les os étaient à découvert. La chair, les muscles, les tendons, avaient été pulvérisés à l'impact. Son bras n'était plus qu'un bout de viande.

- Qu'est ce qui m'est passé par la tête... je ne suis pas Bjorn poing de foudre...

*Je ne suis que Grayle*


Il se remit sur ses jambes, se relevant lentement. De son bras gauche, encore en état, il ramassa la hache. Il ne put s'empêcher de sourire en voyant la créature revenir vers lui. Elle aussi pouvait se régénérer.

Elle sauta sur lui, masse monstrueuse de muscles et de griffes, plus large qu'une camionnette.

Il expira.

[media]https://youtu.be/NSkb5OtTmgg?si=b3fd2OGVkSdbOO5s&t=161[/media]

Elle n'était pas encore sur lui. Il pouvait frapper.

La tuer.

Se défendre.

Protéger Revy.

Protéger Revy...

Avec fascination, il regarda le monstre, en plein saut, arrivant lentement sur lui. Les gouttes d'eau de la pluie tomber de plus en plus lentement. Le temps ralentit, jusqu'à devenir suspendu. Une sensation désagréable le prit, alors que ses ongles poussaient à l'intérieur de son corps, et que ses cheveux rentraient peu à peu dans son cuir chevelu. Ses yeux se révulsèrent, alors qu'il s'enfoncait de plus en plus profondément dans son subconscient.

Il se voyait de l'intérieur, admirant son propre organisme, machinerie de chair et de sang, ralentir aussi au fur et à mesure. L'électricité crépita dans son cerveau, suralimentant son coeur, pulsant à des centaines de battements par secondes. Ses muscles se gonflèrent à la vitesse de l'éclair, alors que l'élan de sa propre frappe générait un sonic boom.

Le monde vola en morceaux.

L'intégralité des vitres de l'église explosèrent, les tuiles du toit s'envolèrent aux quatre vents, et de la cour ne restait plus qu'un cratère fumant. Un autre hurlement, de douleur et de crainte.

Le monstre était encore en vie. Il était complètement massacré, sa carapace en morceau, la moitié de sa face arrachée, un bras et une jambe ayant disparue. De Grayle, il ne restait qu'un squelette, éclaté contre un mur. Près de son cadavre, la hache toujours vrombissante. Le monstre, dont les cris sonores trahissaient une immense souffrance, ouvrit sa gueule vers le squelette et un souffle bleuté en sorti, vaporisant Grayle et le mur derrière lui, avant de retomber sur le sol, épuisé, mais victorieux.

Un léger tintement résonna dans l'oreille interne des spectateurs et autres êtres vivants dans le bâtiment. Imperceptible, capté par leur instinct, alors que quelque chose de surnaturel et de divin se déroulait à leur insu et que, quelque part, une âme revenait à la vie.

Dans la cour, si ce n'est le monstre roulé en boule, en train de se régénérer, il ne restait rien, si ce n'est un sac vide et ouvert.

Et à côté, un revolver au modèle inconnu, que personne d'autre que Revy ne pourrait reconnaître...

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:15
par Revy
Rien n’aurait pu préparer l’humanité à la venue d’un tel monstre. L’unique caméra ayant résisté au désastre de l’aile Ouest retransmettait au PC de l’Eglise de la Violence la réalité de l’inconcevable combat qui s’y déroulait. Deux êtres qui ne devraient pas exister menaient une lutte sans merci avec pour seul but l’éradication totale de l’autre. Les observateurs ne parlaient pas. Tous avaient le regard rivé sur l’écran principal et tentaient de croire que le petit homme qui se dressait face à la créature avait une chance de vaincre. Plus que quiconque, Revy priait instinctivement pour que Grayle survive. La flingueuse ne croyait en rien d’autre qu’elle jusqu’à présent et sans vraiment savoir à qui s’adresser, elle murmurait tout bas une suite de mots destinés à celui qui pourrait aider son aimé.

Des autres zones du grand couvent, les comptes rendus affluaient par radio pour signaler la déroute des colombiens. Les sœurs avaient gagné cette bataille et nul doute que le temps viendrait où elles se vengeraient, quitte à traquer les chefs de l’opération ennemie jusque dans les jungles profondes de Colombie. Les russes aussi se réarticulaient et sécurisaient les abords immédiats du couvent. Leurs snipers fumaient les fuyards uns par uns et on dénombra des cadavres sud-américains jusqu’au pied de la colline supportant la structure de l’Eglise. C’était terminé, presque terminé … et tous eurent ordre de ne pas revenir vers le bâtiment principal où demeurait la dernière menace. Et pour accompagner cet ordre, le ciel s’obscurcit soudainement et la foudre frappa violemment le couvent, ébranlant les murs, brisant les vitres et vitraux, cramant les végétaux et incinérant les cadavres jonchant le terrain.

Revy frémit quand l’écran s’éteignit. La caméra venait de griller. Heureusement, l’opératrice de l’Eglise aux commandes de la console du PC, dirigea les drones de l’Ordre vers la zone de combat. Une nouvelle image apparut. Revy blêmit, pâle comme la Mort. Et de mort, il en était question. Grayle tentait de se redresser, horriblement mutilé, et même si l’expression de son visage effrayait, nul doute que l’assaut de la Bête serait le dernier. Le voyageur brandissait une énorme hache et le monstre attaqua. Revy s’était approché de l’écran et y avait posé ses deux mains, comme si elle cherchait à protéger Le Pérégrin. Le temps lui parut interminable, déroulant au ralenti les dernières secondes de la vie de Grayle qui a aucun moment ne se détourna.

"Tu as promis …"

L’éclair qui suivit lui brûla les yeux. Le claquement tonitruant qui pourfendit les cieux au moment du choc de la rencontre de ces deux titans dévasta le bâtiment et projeta l’équipe de commandement à terre.

"Non …."

Les drones avaient fondu.

"Non … non … Non, NOOOONNN !"

Revy se détourna et fonça vers la porte. Dutch tenta de s’interposer.

"ARRETE LA !!" hurla Balalaïka.

Le grand Black prit la mandale de sa vie, se plia quand un genou lancé à pleine puissance vint le cueillir au foie et bascula après qu’un coude vienne le percuter au menton. Revy passa le pas de la porte. Elle courrait comme une folle, reprenant en sens inverse le chemin par lequel elle avait promis de fuir. L’endroit était dévasté et elle survola en se faisant mal les ruines de l’aile Ouest. Les arêtes de bétons et les tiges d’acier émergeant des décombres coupaient, piquaient et elle se blessa, perdue dans sa course. Pitié pitié pitié ! Son unique point de focalisation était là, au bout et elle accéléra encore, manquant s’étaler plus d’une fois, dérapant dans des mares de sang.

Et puis elle s’immobilisa aussi soudainement qu’elle s’était mise à courir. Un large cercle calciné et vierge de tout obstacle délimitait la zone de l’affrontement.

"Grayle …"

Sonnée, les bras ballants, figée, elle fixait le squelette de Grayle qui se vaporisa la seconde d’après, sous le souffle fétide de la créature mourante.

"Grayle …"

Il avait promis. Elle l’avait vu revenir d’entre les morts mais là, il n’y avait plus rien ; plus rien d’autre qu’un fin voile de poussière qui disparut, emporté par la bise habituelle qui soufflait sur Roanapur à cette heure-là.

Le regard vide de la flingueuse suivit le courant d’air qui diluait les restes de son homme avant qu’elle ne remarque le sac du Pérégrin, et l’arme, cette arme qui au final leur avait permis de s’unir, d’une certaine manière. Mécaniquement, elle se dirigea vers le sac et saisi le révolver dont le poids était bien supérieur à ce qu’il n’en paraissait. Qu’importe, cela ne comptait pas et elle le souleva sans difficulté pour le braquer sur la créature qui alléchée par sa venue, venait se régaler de sa présence. Avec une proie pareille, le monstre se régénèrerait vite.

Revy appuya sur la détente, six fois. Les six énormes détonations ébranlèrent les environs et le dernier arbre de la cour encore debout s’effondra. La Bête fut projetée, bousculée, impactée, pulvérisée et s’abattit finalement, inerte et boursouflée. Le révolver tomba au sol. Tous les os brisés du bras de la tête-brûlée ne pouvaient plus le tenir, mais encore une fois, qu’en importait-il à présent. Revy était morte.

Balalaïka rejoignit le théâtre de cet ultime affrontement. L’équipe du Black Lagoon, Eda, la Mère Supérieure Yolanda et d’autres encore la suivaient. Ils s’immobilisèrent, horrifiés, intimidés, ne sachant pas vraiment quoi faire. Le corps de Revy, toujours campé sur ses jambes se tenait au centre de l’arène. Ses cheveux balayés par la bise battaient ses épaules. Le silence était insoutenable et même si certains crurent entendre le tintement irréel d’une clochette, rien ne vint perturber le tragique de ce final.

Revy était morte. Son cœur battait toujours mais un vide immense l’avait envahi. Son esprit errait aux abords d’un immense gouffre noir, refusant de revenir à la réalité. Elle voulait rejoindre Grayle, partir comme lui, avec lui. La mercenaire s’anima et fit quelques pas, tendant sa main valide pour saisir l’énorme hache vibrante. En parallèle, elle se rapprochait du gouffre. Une dernière fois, son subconscient réfléchi et lui intima de détruire définitivement le corps de la Bête. Avec la hache, elle le pouvait. Et au moment où elle allait s’emparer du manche, une énorme main se posa sur son épaule. L’âme de la hache, une part de l’esprit de Bjorn, matérialisa le corps du guerrier géant. Immense face à elle, il diffusait une lueur bleue mystique, iridescente, apaisante et solennelle. Gravement, l’apparition observa les combattants présents, prit sa hache et en passa le fil sur le corps de la Bête qui fondit en grésillant, terminant de se désintégrer pour disparaitre définitivement de l’histoire des mondes. Puis le guerrier légendaire revint vers Revy et posa sa grosse main sur sa tête et la tapota comme s’il voulait la réconforter. Et c’est d’une voix gorgée de force et de fierté qu’il déclara :

"Vivez heureux. L’heure est venue pour le Voyageur de ranger son bâton, sa besace et son écharpe. Tu lui diras que Bjorn, son vieil ami, est fier de lui et que des milliards de vie le remercie."

L’éclat de l’apparition s’atténua et la silhouette du guerrier s’estompa jusqu’à disparaitre complètement. La hache se cristallisa et cessa de vibrer.

Poum poum … poum poum … poum poum … TING !

Son cœur battait, Revy était vivante. TING ! Elle tourna la tête. Tous entendirent les tintements alors qu’ils ne se remettaient pas du miracle qui venait d’avoir lieu ; miracle merveilleux en augurant un autre encore plus grandiose …


Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:16
par Grayle le Marchemonde
La mort.

Grayle l'avait connue. Plusieurs fois. Lorsque l'annihilation était telle qu'il ne pouvait pas revenir immédiatement, et que son âme voguait dans le néant primordial. Quand bien même il revenait toujours, malgré l'absence de douleur extrême, la sensation n'était jamais agréable. Il aurait été difficile de la décrire, tant... et bien, tant l'absence de corps physique et de cerveau permet de bien capter les sensations -ou plutot, leur absence- et de les décrire.
Le vide. Le néant. Aveuglant de noirceur, froid au point d'être brûlant, un silence complet et assourdissant.

Et puis, comme à chaque fois, la lumière, puis une myriade de couleurs troubles.

Son univers.

Sa planète.

Son pays.

Sa ville.

Sa ferme.

Devant lui, à perte de vue, des champs de blé doré s'étendent jusqu'à l'horizon, surplombés par un ciel bleu cyan, maculé de nuages blancs au travers desquels filtrent les rayons du soleil. Il est assis sur un banc, son préféré, celui qu'il occupait toujours lorsque son tour était passé. Après avoir passé la journée aux champs, le corps ruisselant de sueur d'un effort satisfaisant, il se posait ici, surveillant ses frères et sœurs prendre la relève. Il peut les apercevoir, au loin. Graïne (ou est-ce Deirdre ?) se retourne et le salue de la main. Il le rend avec le sourire. En plissant les yeux, il peut voir la maison familiale, de la fumée s'échappant de la cheminée. Son père est probablement en train de préparer la soupe. Il réfléchit. A cette heure, sa mère, elle, est probablement en train de pécher avec Aoife et Maeve.

L'éclat des cordes de musique lui parvient aux oreilles. Il reconnait cette mélodie. Celle de la déesse. Sa déesse.

[media]https://www.youtube.com/watch?v=Em-F2WIpXIY&t=54s[/media]

L'inquiétude qui envahissait son coeur se dissipe alors que sur le banc, à côté de lui, se tient la déesse Mahadevi. Grande, et, comme toujours, d'une beauté simple, avec un visage doux, des yeux et des cheveux noisettes, et une robe de paysanne bleue.

- Bonjour Grayle.
- Bonjour Déesse.

Ils restent silencieux, fixant le paysage pastoral devant eux.

- Compte-tu rester cette fois-ci Grayle ?

La même question, toujours. A chaque anéantissement, le choix de continuer. Ou d'y mettre fin, et d'accepter la mort.

Rester. Abandonner son corps, son existence, finalement goûter au repos, une vie éternelle à Arcadia, dans une belle journée sans douleur, sans peine, sans souffrance, sans déception, sans inquiétude, et sans fin.

Ses yeux bleus caressent avec affection les champs, la rivière, les paturages, ses frères et soeurs, et sa maison. Comme à chaque fois, la tentation est grande, toujours plus grande. Un jour, il cédera. C'est évident. Il a déjà eu cette discussion avec elle, restant parfois pendant des journées entières sur ce banc.

Mais cette fois, il n'a pas le temps. Plus que jamais dans sa longue vie, son esprit est clair, ses sens son affûtés. Alors, avec un sourire adolescent et un regard rieur, il répond, d'une voix ferme et claire.

- Non. Quelqu'un m'attend, et je ne veux pas l'abandonner.

Nulle colère, ni déception dans le regard de Mahadevi. Un simple " à la prochaine ".

Et, un clignement d'oeil plus tard, Grayle contemple le ciel de Roanapur.

Beaucoup de croyants étaient assemblés dans la cour de l'Eglise ravagée. Yeux grands ouverts et incapables d'articuler le moindre mot sensé et pertinent, ils avaient vus Revy pulvériser un monstre qui n'était pas de ce monde avec une arme venue d'ailleurs, avant de voir le fantôme d'un demi-géant nordique murmurer des encouragements et des adieux avant de disparaître.

Une des soeurs tomba à genoux sur le sol, ne sachant pas réellement dans quel cauchemar elle se trouvait. A la mention du voyageur, beaucoup se retournèrent vers là où se trouvait il y a quelques minutes celui qui disait venir d'Irlande. De l'habitant d'Albion, il ne restait plus rien, si ce n'est un souvenir. Il faudrait plus qu'un miracle pour le ramener. Et les miracles n'existent pas.

Ils avaient tort.

Le monde est vaste. Et l'histoire humaine, longue.

Les miracles existent.

Avec la perte du pouvoir de la hache de Bjorn, la dépression climatique cessa soudainement, les rayons du soleil baignant la cour, alors que la pluie se tarissait, pour disparaître.

Une douce plainte attirant l'attention, alors que l'écharpe orangée de Grayle glissa dans le vent, puis sur le sol, comme portée par une force mystique. Puis il revint. Comme une statue se reconstruisant progressivement, la brise apportant des cendres venant de nulle part, recréant ses mains, ses jambes, son torse, son visage, nu comme au premier jour, dans la même position qu'il avait juste avant de mourir. Le processus n'avait pris que quelques instants, chassant la mort et recréant la vie en une poignée de secondes.

Grayle, allongé, retomba sur son dos, comme s'il avait le souffle coupé. Ses grands yeux clairs, ouverts, fixaient le ciel. Il poussa un grognement de douleur, se redressant un peu, fixant l'assemblée stupéfaite d'avoir assisté à quelque chose qui relevait du divin.

Seule une chose était différente. La chevelure de Grayle, d'ordinaire d'un beau brun, était grisée, comme si le poids des décennies l'avait rattrapé. Il regarda autour de lui d'un air inquiet, puis soulagé lorsqu'il vit que Revy était vivante, et que le monstre avait disparu. Elle avait vaincu le monstre qui l'avait tué. Une vague de fierté et d'admiration réchauffa son corps.

-... Revy ?

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:18
par Revy
Il n'existait pas de mots humains pour décrire l'intensité des retrouvailles de Grayle et de Revy. Il y eut des larmes, beaucoup, mais pas de questions. Il était inutile de chercher à comprendre les lignes de la destinées. Pour les simples humains qui assistèrent à ces miracles, leur subconscient leur suggéra une intervention du domaine du divin. Pour la maîtresse de la mafia russe, c'était la réussite d'une mission qui avait eu peu de chances d'aboutir. Et pour Revy, c'était l'éclatement d'une vérité dont la force ne se définissait que par un seul mot qu'elle n'avait jamais prononcé : l'amour.

Car elle aimait Grayle et quand elle l'avait serré dans ses bras en pleurant, son cœur tout entier s'était ouvert à lui. Elle lui avait dit des mots dont elle ne connaissait pas l'orthographe qui médusèrent leurs amis autant qu'ils en firent pleurer. A cet instant, ils perdirent la flingueuse caractérielle et découvrirent une femme dont la sauvegarde n'avait tenu qu' à un fil. Revy affrontait le monde depuis sa naissance et sa fin était toute proche. Elle-même ne le savait pas et sans l'arrivée de Grayle dans sa vie, elle aurait fini dans les eaux sombres du port de la ville, finalement abattue par un ennemi plus rapide qu'elle. C'était ce que le destin prévoyait pour cette paria ultra-violente et  irrécupérable. Seulement, la présence d'un homme bon avait tout changé. Quelque part, les rouages et engrenages de la destinée s'affairaient à formuler un futur nouveau pour la miraculée, intégrant dans les possibilités la présence d'un élément déroutant, le Voyageur, fruit d'une décision divine, hors de toute éventualité de mort.

La compatibilité de ces deux êtres restaient improbables mais dans l'équilibre des forces qui régissaient l'univers, il y avait le Bien. Et le Bien était fort, solide, architecte de belles surprises et tisserand de merveilles improbables. Revy et Grayle rejoindrait le firmament des exceptions et longtemps on se souviendrait de l'union de l'écharpe rouge et des deux Berretta 92.


OoOoOoOoO

Un mois après les évènements …

Une douce bise marine balayait ce soir-là la ville asiatique de Roanapur. Curieusement, tout était très calme. Revy se tenait assise à même le plancher d'une avancée sur pilotis qui surplombait la mer. Ses jambes battaient le vide à la manière d'une écolière rêvant sur un banc. Elle observait le ciel qui offrait le spectacle d'un cosmos scintillant.

"J'ai l'impression que les étoiles t'appellent."

Elle tourna la tête vers Grayle, assis à ses côtés.

"Tu ne pourras pas rester n'est-ce pas ?"

Elle le savait déjà. Elle l'avait accepté parce que c'était ainsi. Toutes ses réflexions l'avaient amené à la même conclusion. Grayle ne s'appelait pas Le Voyageur pour rien et Bjorn avait déclaré une vérité incontestable.

"Tu reviendras me voir ? Je t'attendrais tu sais."

Au loin, une explosion sourde suivie d'un staccato d'armes automatiques brisèrent le silence.

"Oh … on dirait qu'il y a du grabuge chez Bao. On va y boire une bière ?"

Sûrement pas. Elle n'en avait pas envie mais c'était au Yellow Flag de Bao qu'ils s'étaient rencontrés, lors d'une nuit comme celle-ci ...

Re: Vendetta - Childrens of Blood [Pv. Grayle]

Posté : 15 févr. 2025 19:18
par Grayle le Marchemonde
Le mois passé ensemble fut l'un des plus marquants de la longue vie de Grayle.

Il ne fut pas paisible, loin de là. Ruanapur n'était pas une ville tranquille, et l'ambiance explosive de la ville avait influencé le caractère de Grayle, même si sa douceur avait quelque peu tempéré celui de Revy. Ils passèrent de longues journées ensemble, que ce soit à flâner, à boire des coups, à se taper contre quelques débiles des environs, à faire de la musique, à faire l'amour et la fête. Comme un chien abandonné, Grayle avait trouvé refuge dans la maison de la Black Lagoon company, devenant indissociable de Revy.

Mais un matin comme les autres, Grayle se réveilla patraque, étourdi et les cheveux devenus gris. C'est en vomissant du sang dans le lavabo qu'ils comprirent que ses jours à Roanapur étaient comptés.

Assis aux côtés de Révy, Grayle avait vieilli. Lui qui semblait être encore un jeune adulte à son arrivée, avait l'air d'être maintenant plus âgé que Revy. Il écarta une mèche de cheveux poivres et sels. Oui, les étoiles l’appelaient. Son heure était venue. A la proposition de Revy, d'aller au bar, il se mit à sourire.

- Si j'avais plus de temps, ce serait avec plaisir.
Sa main vint prendre celle de Revy. Il embrassa son front, continuant de regarder la voute céleste qui se reflétait dans l'eau de l’océan. Mais je préfère que tu en garde le souvenir de notre rencontre. Pas de mon départ.

Il s'écarta, pour s'allonger, sa tête reposant sur les jambes de Revy. Il plongea ses yeux dans les siens. Un vif sourire illumina sa face alors qu'il contemplait celui de Revy, qui mélangeait douceur et inquiétude.

- Tu sais Revy, j'ai vu beaucoup de choses dans ma vie. Des étoiles explosant en supernova, des dragons fendant les cieux. Un arbre-monde en pleine floraison... il resta silencieux quelques instants, alors que ses yeux parcouraient le visage au-dessus de lui. Et pourtant, là, tout de suite, tu es la plus belle vision que j'ai eu, d'aussi loin que je me souvienne...

La nuit était devenue noire. Seule la lumière des étoiles -plus nombreuses que d'habitude- permettait à Grayle et Revy de se voir l'un l'autre. Grayle s'était assoupi pendant un moment. Ils s'étaient allongés l'un contre l'autre sur la jetée, échangeant caresses, mots doux et promesses.

Une odeur.

Similaire à celle que l'on renifle avant l'orage.

L'ozone.

Il se releva, la prenant par la main pour l’aider à se mettre debout. Il désigna un point derrière elle, tout au bout de la jetée.

- Ce sera ici.

Son sac en main, celle de Revy dans l'autre, il avança.

- J'aurais aimé rester plus longtemps, tu sais. Mais...

Je serais mort dans un mois.

Il n'osait pas le dire, mais il savait qu'elle l'avait compris.

Il était mauvais en adieux, et se sentait déjà mal à l'aise.

L'ouverture de la faille le sauva. Brusquement, le monde sembla se déchirer. La réalité fut fendue comme si une épée la tranchait, avant de s'ouvrir, dans un crissement inhumain. Le portait était instable, sonore, résonnant d'une puissance brute et absolument folle. Il grandit, grandit, encore et encore, jusqu'à faire près de 3 mètres de haut pour autant de large.

A travers le portail, Revy pouvait voir l'autre monde. D'immenses immeubles perçait des nuages violacés. Des dizaines de voitures volantes avancaient en ligne droite entre les constructions, alors qu'un vaisseau spatial passait dans un grondement sourd au-dessus, fendant le ciel. Le portail semblait donner sur le toit d'un immeuble, permettant de voir des écrans publicitaires holographiques dans une langue étrange, mélange d'anglais et de japonais. Dans le ciel, la lune avait disparu, remplacée par une demi-douzaine de  fragments colossaux.

- C'est de là que je suis venu. C'est pas mal hein ?

Il semblait moyennement y croire. Grayle se retourna, se trouvant en face de Revy. La lumière vive du portail le faisait apparaître en clair obscur. D'un mouvement fluide, il fit passer son écharpe derrière Revy et tira d'un coup sec, l'attirant vers lui.

Il l'embrassa, une dernière fois. Lèvres contre lèvres, fougueux mais romantique, presque innocent, débordant d'amour. Il la prit longuement dans ses bras, et la serra contre lui. Il commença à sangloter.

Il était mauvais en adieux.

Car même après en avoir fait des milliers, il se sentait toujours aussi triste. L'énergie vrombissante du portail derrière lui, la douce chaleur de Revy contre lui... il ferma les yeux pour s'imprégner de ce souvenir.

Il s'écarta doucement d'elle, avoir que le portail remuait, crissant comme s'il se plaignait. Avec douceur, il enroula l'écharpe orangée autour du cou et des épaules de Revy.

- Elle est à toi.

L'écharpe sembla trembler, puis, lentement, ses couleurs changèrent, abandonnant l'orangé pour se teinter de vert sombre, de violet et de brun, se confortant aux couleurs de sa nouvelle propriétaire.

- Merci pour tout, Revy. Tu es... parfaite. Ne change pas. Un clin d'oeil. Mais sois un peu plus gentille parfois. Ça ouvre des portes.

Il revint la prendre dans ses bras, et sa voix redevint sérieuse.

- Je ne t'oublierais jamais.

Il la serra encore plus fort contre lui.

- Je reviendrais dit-il avec une infaillible détermination. Je reviens toujours.

Soudainement, le portail siffla, comme une cocotte minute, étouffant tous les autres sons, ceux de la ville, de la mer, du bois craquant Seul deux mots restèrent audible.

- Je t'aime.

La lumière les englouti, et l'instant d'après, le portail se referma.

Grayle disparu comme s'il n'avait jamais existé.

Derrière lui ne substitèrent que les souvenirs.

Et son écharpe.


FIN