The Multiversity

La SpiderWitch expliqua venir d’un monde assez différent, un monde où les araignées étaient l’espèce dominante, visiblement avec les humains, puisque cette jeune femme ne ressemblait pas beaucoup à une araignée. Des araignées plus grosses, et plus intelligentes. Sans être spécialement arachnophobe, Daisy frémit tout de même en imaginant à quoi devait ressembler un monde arachnéen. On lui avait toujours dit que la toile d’araignée était, sur le principe, un chef-d’œuvre architectural. Il existait quantité d’études cherchant à expliquer comment une araignée pouvait ainsi concevoir une telle toile. Alors, à grande échelle, existait-il des toiles d’araignée géantes ? La SpiderWitch leur expliqua que sa seule présence perturbait leur monde, entraînant des mutations, et qu’elle se soupçonnait d’être indirectement à l’origine des monstres ayant envahi cette mine.

« Que vous veniez d’une autre dimension, je veux bien le concevoir, nous avons déjà eu affaire à ce genre de choses… Mais je ne vois pas en quoi votre présence induirait par elle-même des mutations, raisonna Coulson. Enfin, si vous êtes un agent pathogène et que vous portez en vous des spores, des embryons, ou tout autre agent susceptible de muter. »

Comme toujours, Coulson restait la voix de la raison. La grotte s’enfonçait plus profondément, mais lui se dirigea vers l’autre sens. Le protocole était clair, et le trio n’était pas assez équipé pour faire face à de tels monstres.

« Je ne peux pas vous empêcher d’aller là-dedans, SpiderWitch, mais je vous répète que c’est risqué. »

Daisy avait elle aussi envie de suivre la SpiderWitch, mais il fallait se montrer raisonnable. Dans une mine, ses pouvoirs sismiques pouvaient assez vite s’avérer dangereux, et elle n’avait pas spécialement envie de risquer inutilement sa vie. Autant appeler des renforts ! Et, ici, dans cette mine, les communications ne passaient pas. Grant avait déjà commencé à remonter le chemin menant en arrière… Quand des sifflements et le cliquetis de mandibules se firent entendre.

« Euh… Les gars ? »

Coulson et Daisy se retournèrent vers Ward, qui se mit soudain à faire feu, puis à revenir vers eux. Derrière eux, il y avait d’énormes araignées géantes qui avançaient le long du plafond et des parois.

« Oh bordel ! »

Impossible de fuir par là !

« Okay, changement de plan : on s’enfonce dans la mine, vite ! »

Les détonations des pistolets retentirent pour les couvrir, mais sans vraiment blesser qui que ce soit. Daisy fila vers le chemin qui descendait, puis utilisa ensuite ses ondes sismiques. Elle fit s’effondrer le bout de la galerie, écrabouillant au passage une araignée géante un peu trop aventureuse.

« Eh bien… Finalement, on va devoir te suivre, SpiderWitch… Jusqu’à trouver une autre sortie, en tout cas. Mais… Ces créatures qu’on combat, elles viennent de ton monde, alors ? »

Alors qu’elle fuit en conservant son sang-froid, la SpiderWitch ressasse les mots de l’agent Coulson. Elle n’est pas la première visiteuse d’un autre monde. Et cet homme, qui semble-t-il a de l’expérience en la matière, ne croit pas qu’elle soit la cause des changements dans ce monde. Alors pourquoi cette omniprésence du gêne arachnéen ? Ce serait aussi remettre en cause les mots de la femme qu’elle a rencontré avant. Le doute commence à étendre son influence dans le système de croyance de la soldate du Destin…

*NON ! C’est ce monde. Il déteindrait plus rapidement que prévu sur moi et ma personnalité ? *

La SpiderWitch avait pris la première place lors de la fuite. Parce qu’elle utilisait ses pouvoirs qui lui permettaient de léviter, et donc de se déplacer avec moins de contrainte. Mais aussi parce que c’était son métier : celui d’être une éclaireuse. Sans compter que ça lui permettait d’être seule avec elle-même. Mais voilà, la dénommée Daisy engageait la conversation avec celle. Ce lien unique qui lui permettrait d’accomplir sa mission en rencontrant cette Magicienne des Ténèbres.

« C’est une question simple. Mais la réponse est compliquée. Si je vous emmenais sur mon monde et que vous y découvriez sa faune, est-ce que vous pourriez me dire si la créature vient d’ici ou de là-bas ? Je ne pense pas. En tout cas, ni vous ni moi ne pourriez donner une réponse avant d’avoir appris à connaître l’autre monde. »

Elle commençait à le comprendre. Sa façon de parler pouvait avoir de quoi ébranler ses interlocuteurs. Mais elle ne le faisait pas exprès. Elle était native d’un autre monde. Et elle était croyante en une autre forme de religion qu’ici. Naturellement, cela créait un fossé entre deux peuples et leur culture. Elle ne faisait pas exprès de parler avec autant d’énigmes et de mystère.

« Qu’est-ce que vous préférez ? Qu’on trouve une sortie pour remonter à l’air libre ? Ou qu’on s’enfonce dans les profondeurs jusqu’à la caverne qui me permettra d’appeler mes Sœurs ? »

Est-ce que c’était une erreur ? Si elle croyait la femme, ramener deux autres habitantes de son monde provoquera un surplus de mutation chez les créatures de celui-ci, non ? A moins que ce soit elle seule qui soit responsable de ça ? Mais dans ce cas, de quelle manière ? L’agent Coulson avait eu des doutes à ce sujet. La SpiderWitch ne savait plus. Elle ne pouvait que croire à sa mission. Et elle se préparait déjà à finir le travail en solitaire, sans ses Sœurs. Après tout, même si leurs liens étaient puissants, ça ne faisait pas d’elles trois les meilleures amies du monde.

Le petit groupe parvint à esquiver les araignées géantes, mais ils se retrouvaient du coup enfoncés plus profondément dans la mine, dans des parties qui n’étaient habituellement pas destinées au public. La SpiderWitch ne put du reste pas répondre à la question de Daisy, car elle ne savait pas si ces araignées venaient de ce monde ou d’un autre. Elle leur demanda alors s’ils préféraient sortir ou poursuivre leur investigation de la mine.

« Je crains que nous ne soyons condamnés à faire les deux, philosopha Coulson. La sortie principale étant bloquée, il va falloir s’enfoncer dans la mine jusqu’à trouver une autre sortie.
-  En espérant ne pas tomber sur un Balrog… » compléta Daisy.

Coulson ne commenta pas ce trait d’humour improvisé. Daisy commençait lentement à paniquer. Cette histoire ressemblait au début d’un film d’horreur, du genre où aucun des protagonistes ne s’en sortait vivant. Elle alluma la lampe-torche de son arme, tout comme Coulson et Ward. Ici, il n’y avait plus d’éclairage automatique, il faisait donc très sombre. Le groupe progressa. Daisy se demandait si la SpiderWitch ne disposait pas, comme Spider-Man et le reste de la clique, de ce fameux « sens d’araignée » qui lui signalait tout danger. Autant dire qu’une telle fonctionnalité serait bien pratique ici ! Dans l’obscurité, difficile de discerner les araignées, ou leurs redoutables soies. Elle se sentait comme Frodon dans l’Antre de Morgul, fuyant la redoutable Arachne, cette araignée géante anthropophage qui finissait par le rattraper à la sortie de la grotte, et lui plantait son redoutable dard dans le corps.

Ils avaient rejoint l’ancienne mine, avec des structures vétustes, et des passages assez étroits.

« On dirait une mine conçue pour des nains… »

Certains passages nécessitaient parfois d’avancer en s’accroupissant, ce qui, au moins, éviterait la venue des araignées géantes. Le rail qu’ils suivaient menait à une sorte de grand cratère central, un profond trou qui semblait s’enfoncer vers les profondeurs de la Terre… Et où les araignées avaient élu domicile. Cela, il n’y avait même pas besoin de sens de l’araignée pour le voir ! De nombreux fils recouvraient les murs, ainsi que de nombreuses araignées qui sommeillaient par ici.

« Je crois qu’on a trouvé leur nid…
-  Nous ne sommes pas assez équipés pour les affronter…
-  L’épicentre vient du cratère… Elles n’ont pas encore complètement entoilé le sol autour de ce puits, alors on devrait pouvoir passer par là en faisant attention. »

L’araignée avait une mauvaise vision, il fallait donc surtout éviter de marcher sur des fils de soie. En tout cas, le groupe n’avait pas le choix : il allait falloir traverser le nid, au centre duquel, dans le profond cratère, sommeillait la Reine araignée… Et Daisy espérait de son côté éviter de faire un remake d’Aliens 2 en traversant ce nid redoutable !

« Les affronter ? »

La SpiderWitch était sidérée par le comportement de l’agent du SHIELD. Elle pensait partager un semblable état d’esprit alors qu’ils avaient tous une mission d’éclaireur. Mais non, son monde et le leur étaient différents. Elle allait devoir intervenir pour éviter un carnage. Et elle ferait attention à ne pas préciser de quel côté le sang coulerait le plus…

« Votre monde doit être bien terrible pour que votre éducation repose en premier lieu sur la violence. Pourquoi voulez-vous les affronter alors que nous pourrions-nous dialoguer si ce n’est les ignorer ? »

Un des deux agents du SHIELD avait utilisé l’expression « d’entoiler le sol ». Ce qui avait tout de suite donné une idée à la SpiderWitch. Mais pour mettre son plan en action, elle devait tout d’abord calmer les velléités des êtres humains. Elle observa la structure des toiles d’araignées à l’aide des lampes torches et de sa vision nocturne. Les araignées étaient d’excellentes tisseuses. Elles avaient su combiner fils de déplacement et fils piégés à la perfection. La SpiderWitch pouvait faire la différence entre les deux types de fil. Quoique, cela importait peu car elle avait la capacité de léviter et donc de ne pas faire attention aux pièges.

« Laissez-moi tendre ma toile. Si vous me donnez assez de temps et que vous ne fassiez rien qui déclenche l’agressivité de ses araignées, je devrais pouvoir tisser un sortilège qui vous permettra à tous les trois de rejoindre ce puits… »

Son visage se tourna vers l’agent du SHIELD.

« …sans devoir les affronter. »

Alors la SpiderWitch se mit en action. Elle invoqua cercle magique après cercle magique. Des ancrages d’où émanaient une lumière rouge entrelacée de symboles. Il y en avait en l’air, au niveau des murs, partout. La SpiderWitch lévitait dans toute la mine pour préparer un sortilège complexe. Quand elle eut fini cette première étape, elle débuta à lancer des « fils » entre chaque ancrage. Petit à petit, ce fut sa propre toile d’araignée qu’elle tissa. Une qui permettait de tisser une sorte de pont de singe entre les agents du SHIELD et le puits.

Elle revint vers eux.

« Voilà qui devrait vous permettre d’atteindre le puits. »

La SpiderWitch exprima sa surprise à l’idée de les affronter. Elle regarda Ward en s’en étonnant. Impassible, celui-ci la laissa parler, tout en regardant ensuite Coulson.

« Vous comprenez pourquoi je déteste bosser avec des métahumains, ils ont toujours des idées absurdes, comme vouloir discuter avec une meute d’araignées anthropophages…
-  Spider-Man ne parle pas aux araignées, si ? »

Coulson resta silencieux.

« Non, pas à ma connaissance… Mais celle-ci est différente.
-  Je ne lui fais pas confiance. Elle est peut-être liée à ces saloperies…
-  Pour l’heure, il faut sortir de là, nous ne sommes pas en mesure de faire face à une telle situation. »

La SpiderWitch utilisa un sortilège, et généra ainsi une sorte de pont rustique, un pont de singe avec des toiles filant d’un bout à l’autre de cette grotte. Coulson se releva lentement, et grimpa sur le pont. De cette manière, ils ne touchaient aucune toile. Cela leur permit d’aller au-dessus du puits. Daisy frissonna en voyant une araignée monstrueuse au fond du puits. Elle était bien plus grosse que les autres, reposant sur d’épais filaments de toile, et donnait naissance à de nombreuses autres araignées. C’était clairement la Reine. Daisy examina le puits avec un appareil de mesure ressemblant à un pistolet, et vit une jauge passer au rouge très rapidement. Une forte concentration de tachyons. Les choses étaient claires : le Portail se trouvait là-dessous. Ces créatures étaient venues par là, et la Reine avait tissé& sa toile en restant ici, déployant ensuite ses troupes à travers les mines. Ces araignées avaient-elles des ambitions spécifiques ? Disposaient-elles d’une forme de conscience collective qui leur permettait de discuter ? Ou s’agissait-il d’animaux sauvages, qui avaient emprunté un Portail sans le vouloir, ou qui étaient envoyés par des envahisseurs ?

Daisy se demanda ce qu’il y avait sous la Reine. Ceci était-il la partie extérieur du nid, comme la partie visible d’un iceberg, ou tout le nid ?

« Tu pourrais communiquer avec… Elle ? Le Portail se trouve en-dessous, tu pourrais les convaincre de repartir là d’où ces bestioles viennent ? » demanda Daisy à la SpiderWitch.

La troupe du SHIELD avait décidé de rejoindre le pont. A aucun moment, elle avait demandé à savoir ce qu’il y avait après. Car, bien entendu qu’en tissant sa toile magique, la SpiderWitch avait découvert l’existence de la Reine. Et puis, la SpiderWitch travaillait avec eux seulement parce qu’ils se trouvaient au même endroit au même moment. Si c’était bien les mains du Destin qui tissaient l’Histoire, il n’y avait aucune accointance.

« La possibilité existe, oui, que je puisse discuter avec la Reine. Seulement, il faudra avant tout qu’elle le désire. »

Lévitant au-dessus du « pont de singe », la SpiderWitch observait l’agitation dans le puit. Depuis qu’elle avait commencé à tisser et qu’elle avait découvert l’existence de la Reine, elle plongeait dans sa mémoire pour essayer de savoir si elle connaissait cette espèce. Ou si elle connaissait cette Reine. Mais rien ne lui revenait. Ce qui semblait prouver qu’elle ne venait pas de son monde. Tout de moins, pas d’une partie de son monde qu’elle connaissait. Car, est-ce qu’un français de ce monde savait ce qui se passait en Australie par exemple ? Non, un français du Nord ne savait pas ce qui se passait dans le Sud de son pays. Donc on ne pouvait pas attendre de la SpiderWitch qu’elle connaisse TOUTES les araignées. Fussent-elles originaires de son propre monde.

« Attendez-moi ici et faites-en sortes qu’aucun de vos gestes ne soient prises pour une forme d’agression. Je vous remercie. »

Du point de vue du SHIELD, la SpiderWitch se mit à claquer bizarrement des dents. La façon qu’avait les oreilles des humains à comprendre un pur langage arachnéen. Il y eut même des variations le temps que la SpiderWitch trouve le bon idiome. Puis il y eut d’autres claquements, plus sauvages. La Reine conversait avec la SpiderWitch. Toutes les araignées qui tournaient autour de la Reine dans le puits ralentirent voire s’arrêtèrent. Le public observait l’audience. Une sorte de cauchemardesque aller-retour de tête observant un match de tennis.

La SpiderWitch quitta la Reine et revient vers le SHIELD.

« C’est une réfugiée. Elle préférerait retourner là d’où elle vient plutôt que de rester dans votre monde inconnu. Seulement, passer le portail signifierait la mort et pour elle et sa famille. Un prédateur l’a poussé à fuir et s’exiler sur votre monde. Donc je ne pourrais pas la convaincre de repartir. Qui plus est, elle est déjà préparée à vous combattre jusqu’à votre mort pour défendre sa nouvelle caverne. »

Suivant la suggestion de Coulson, la SpiderWitch tenta d’entrer en discussion avec la Reine. Parler de discussion était sans doute un terme inadéquat, c’était plutôt une forme de télépathie. Le trio observa la scène, et Daisy commença à frémir en entendant les bruits des araignées s’éveillant.

*Si avec ça, je ne suis pas guérie de mon arachnophobie, moi…*

La SpiderWitch produisait des sons gutturaux, qui résonnaient dans le nid, et elle eut droit à une réponse, qu’elle apporta au trio. Ces araignées s’étaient enfuies par un Portail, mais elles ne venaient pas conquérir ce monde. Elles étaient des réfugiées fuyant un prédateur, et ne voulant pas revenir chez elles, et elles considéraient les humains comme une menace.

« Elle vient de ton monde, non ? Un monde peuplé d’humains et d’araignées géantes… Vous avez des prédateurs naturels ? »

Elle signala qu’elle ignorait l’origine précise de cette reine. Elle pouvait venir d’une partie de son monde qu’elle ne connaissait pas, tout comme venir d’ailleurs. Daisy, quant à elle, savait que l’araignée n’était pas une, espèce apex, elle n’était pas au sommet de sa chaîne alimentaire. Les oiseaux, les rongeurs, les amphibiens, les guêpes… Elle essaya de calmer son sentiment de dégoût en imaginant une guêpe géante qui se trouvait de l’autre côté de ce portail. Quitte à choisir, elle avait toujours préféré l’araignée à la guêpe. Une araignée, on pouvait la chasser facilement, mais, une guêpe… Daisy demanda à la SpiderWitch d’interroger encore la Reine-araignée, pour avoir des informations sur ce prédateur, et surtout pour lui demander si ce prédateur pouvait, lui aussi, traverser le Portail.

La Reine avait une réponse à fournir… Elle lui signala que le prédateur n’était pas naturel. C’était une guêpe, très spéciale, qui pouvait corrompre ses propres araignées, et qu’elle avait utilisé pour retrouver son nid. La « guêpe » était très spéciale, et la Reine araignée avait réussi à s’enfuir grâce à une Chamane… Alors, elle estimait comme improbable que la guêpe la poursuive. La vision de cette Chamane ressemblait à la créature arachnéenne que la SpiderWitch avait croisé plus tôt dans la mine. Un nom avait émergé de la Chamane quand elle avait ordonné à la Reine de fuir, abandonnant la majeure partie de sa colonie. C’était une créature très puissante, qui venait d’un autre plan ? LA « Guêpe-araignée », ou encore…

…Shathra !

La SpiderWitch prit un temps pour réfléchir avant de donner sa vision des choses aux agents du SHIELD. Après tout, il n’y avait pas d’urgence. Alors elle se demanda où elle se positionnait par rapport à cette situation de « guêpe-araignée » en relation avec sa propre mission. Sa tête se tourna vers Daisy et l’observa. Elle était l’élément central. Tout convergeait vers cette femme. Elle était importante. Les deux autres hommes ? La SpiderWitch n’avait aucun remord à penser que ça pouvait devenir de la chair à canon pour le bien de sa mission.

« Les araignées, peut importe leur taille et leur degré d’intelligence, sont toutes importantes pour la Grande Toile. Sans araignées, il est impossible de tisser les destinées de chaque créature vivante. »

Durant cette conversation, elle continuait à léviter. Elle se permit même de faire une petite pause après son introduction.

« Attention, je ne dis pas que toutes les espèces d’araignées sont « bonnes ». Je ne suis pas non plus leur Défenseuse avec un D majuscule. S’il me faut en tuer, j’en tuerais. J’en ai déjà tué lors de précédentes missions là d’où je viens. Mais une créature qui corrompt des araignées ? J’estime que cette créature doit être combattue. Je ne dis pas qu’elle doit être vaincue. Car je ne sais pas de quoi est fait la Grande Toile. Mais je me dois d’aller combattre cette « Guêpe-araignée ». Je pense que c’est une anomalie. Je crois que c’est un poison qui pourrait ronger les fils de la Grande Toile. »

La décision de la SpiderWitch était prise. La zone de floue consistait en celle des agents du Shield. Même si, dans la tête de la SpiderWitch, seule la décision de Daisy lui important. En se rapprochant du groupe via sa lévitation, elle se rapprocha surtout de Daisy.

« Je ne connais pas cette Guêpe-araignée du nom de Shathra. Je ne connais pas sa puissance. Et je ne connais pas mes probabilités à vaincre. Je ne peux rien promettre. Mais je voudrais savoir ce que vous pensez de cette situation. Et plus particulièrement sur votre position dans cette situation. Qu’allez-vous conduire comme action ? »

La Guêpe-Araignée… Si cela ne disait rien à Daisy, ce n’était pas le cas de Coulson. Il était après tout un agent expérimenté, et qui avait accès à des dossiers très confidentiels, du type de ceux que Daisy n’avait pas encore l’autorisation de lire. Il fronça les sourcils, ce qui n’échappa pas à l’agent Ward.

« Ce nom vous dit quelque chose, Coulson ?
-  Oui… Un rapport lié à Spider-Man, mais on en parlera plus tard. »

La SpiderWitch leur avait évoqué cette créature, et demandait maintenant ce qu’ils comptaient faire. Personnellement, Daisy aurait tout fait flamber, mais ce n’était pas le cas de Coulson, qui avait bien compris que ces araignées n’étaient pas des envahisseurs.

« De toute évidence, on ne peut pas les laisser là. Ces araignées verront potentiellement les humains comme des menaces, ou les habitants locaux les attaqueront. Parallèlement, de ce que vous me dites, ce ne sont pas des menaces. Il va falloir les envoyer ailleurs… Sans doute en les revoyant dans leur dimension d’origine, ou dans un endroit plus adapté… Une dimension arachnéenne. Pour ça, il va falloir des renforts, et sans doute que j’utilise mes connaissances personnelles. Ce problème nous dépasse, nous aurons besoin de l’aide du maître des Arts Mystiques… Docteur Strange. »

Coulson dit cela sur un ton mystérieux, comme si le simple fait de prononcer le nom du Docteur allait l’invoquer… Ce qui, bien évidemment, n’arriva pas. Daisy acquiesça.

« Donc, on sort d’ici ?
-  Nous en savons bien assez. On sort d’ici, on fait le point, et on appelle les renforts. Je vous dirai ce que je sais sur cette Shathra en retrouvant le rapport qui en parlait. »

Tant qu’ils sortaient d’ici…

« Alors, quittons ce fichu nid au plus vite ! »

« Je ne connais pas ce Maître des Arts Mystiques. Mais il me semble un allié de poids. Entendu, quittez la mine et regroupez-vous au-dehors. »

La Spiderwitch n’aimait pas trop l’idée de laisser Daisy s’en aller. Mais elle savait aussi qu’elle ne voulait pas rester coincé dans la caverne entouré d’araignées. Tout comme elle savait qu’il n’y avait pas de lien comme entre elle et ses deux Sœurs. Ultimement, la SpiderWitch faisait confiance au Destin et à la façon dont les fils étaient tissés pour que le même nœud soit de nouveau noué plus tard.

Sa main vint glisser sur la joue de Daisy.

« Si seulement je pouvais t’embrasser. Cela me permettrait de te donner une petite araignée. Elle viendrait se loger dans ton cœur. Il y aurait alors un fil toujours tendu entre toi et moi. Et je pourrais te retrouver n’importe quand. Et tu pourrais m’aider à retrouver la Magicienne des Ténèbres. Et alors je pourrais quitter cette dimension qui n’est pas la mienne. »

La Spiderwitch quitta ensuite la proximité des agents du SHIELD via sa magie de lévitation. Elle ferma les yeux et se concentra. Les sons environnants laissaient place à une pulsation. Celle de son cœur. Celle de la vie. La Spiderwitch plongea plus profondément en elle. Elle cherchait le triple battement. Elle cherchait ses deux Sœurs qui n’étaient pas sur ce monde. Trouver leur battement. Remontez le fil de leur magie. Ainsi, elle pourrait s’orienter dans le réseau de couloirs, galeries et cavernes. Retourner à elle. Les faire venir à elle.

« Je les ai trouvé. » dit-elle en rouvrant les yeux.

« Moi aussi je vais aller chercher mes Sœurs. Du renfort, si vous préférez. »

La Spiderwitch retourna au-dessus du puits plus plongea au-dedans. L’étrange dialecte qui avait des sons qui claquait recommença. La sorcière araignée discutait avec l’araignée géante. Puis elle ressortir et se rapprocha de nouveau des agents du SHIELD.

« Je l’ai prévenu de notre départ et de votre plan. Elle sait. Elle est d’accord pour changer à nouveau de plan si l’entièreté de sa famille accompagne la Reine. Pour résumer, peu lui importe le lieu du moment que ce dernier lui permette d’être à l’abri des besoins. Mais surtout, à l’abri de ses prédatrices. »

De son point de vue, il n’y avait plus rien à dire. Elle n’attendait aucune sorte de réponses des agents du SHIELD étant donné qu’elle n’avait posé aucune question. Alors elle s’en alla sans jamais se retourner une seule fois. Pas même pour Daisy.

La SpiderWitch était partie.

*Beurk…*

Daisy réussit à ne pas vomir en imaginant la scène décrite par la SpiderWitch, celle de l’araignée filant par sa bouche pour aller tisser un fil en elle… Elle ne pouvait qu’espérer qu’il s’agissait là d’une image un peu douteuse, mais allez savoir ? Depuis qu’elle avait rejoint le SHIELD, Daisy avait remarqué que les trucs bizarroïdes étaient fréquents. Alors, elle n’avait pas vraiment envie de demander à cette femme si ce qu’elle disait était métaphorique ou non.

« Je… Euh… À bientôt, alors… »

La SpiderWitch les laissa ensuite. Le trio parvint à sortir en suivant la toile tissée par la mystérieuse super-héroïne, qui les conduisit à une galerie, puis à une autre sortie. Retrouver l’air frais, loin des claquements des mandibules, faisait un bien fou ! Daisy huma l’air frais, avant de se retourner vers Coulson.

« Alors, comme ça, Patron, vous connaissez le Docteur Strange ?
-  Je connais beaucoup de monde, Daisy. Maintenant, on a du boulot. »
Plusieurs jours après
Château d’Oberstein

Les autorités locales avaient verrouillé tout accès à la mine et à ses alentours. Motif officiel ? Une importante fuite de méthane dans la mine suite à des travaux de restructuration. Les policiers eux-mêmes ignoraient la vérité. Le SHIELD n’avait pas pu leur fournir plus de ressources pour le moment. Depuis que Norman Osborn s’était emparé du SHIELD, et l’avait refondé en HAMMER, toute l’organisation était en pagaille. Si le HAMMER avait été démantelé, Maria Hill avait encore du mal à faire fonctionner le nouveau SHIELD. Beaucoup d’anciens agents du SHIELD avaient été limogés par Osborn, et n’avaient pas souhaité revenir sous les ordres de Hill, préférant de toute évidence rejoindre Nick Fury. Bref, tout ça pour dire que, pour l’heure, le trio devait agir seul, et devait réunir davantage d’éléments pour que Hill puisse envoyer plus d’hommes.

Coulson avait fait jouer ses relations. Il avait toujours été proche des super-héros, et avait contacté Strange… Par un simple e-mail. Autant dire que cela manquait un peu de charme. Daisy avait entendu parler du docteur Strange, mais sans jamais encore le rencontrer. Pour le SHIELD, il était un consultant externe, et, quand le SHIELD faisait appel à Strange, c’est que la situation était grave. Il était arrivé hier soir, toquant à la porte. Stephen Strange était impressionnant. Il était venu avec une mallette, en prenant l’avion.

Le bourgmestre était le seul au courant de la présence des araignées, il avait fallu son aide pour mobiliser la police. Reinhold Wilkem avait mobilisé ses six frères pour gérer cette histoire, six frères qui avaient la mainmise sur toute l’économie locale.

« Sept frères dans la région où le conte de Blanche-Neige a vu le jour… Voilà qui est bien curieux, ironisa Strange.
-  Une ironie qui ne nous a pas échappé, Docteur Strange.
-  On pourrait croire,  selon le récit des agents du SHIELD, que la venue de ces araignées ici est purement fortuite, mais… Ce n’est pas le cas. »

Ils discutaient dans une grande salle de réunion. Il y avait plusieurs bibliothèques remplies à craquer de livres, de mémoires, de grimoires datant du Moyen-Age, recopiés par d’anciens moines copistes, puis imprimés. Strange déploya une grande carte de la Terre. Des lignes rouges avaient été tracées.

« Ce sont les ley  lines, expliqua-t-il. Des conducteurs magiques. Vous avez entendu parler de la ligne de l’épée de Saint-Michel ? Sept sanctuaires chrétiens dédiés à Saint-Michel ont été institués pendant le Moyen-Age d’un bout à l’autre de l’Europe, et peuvent tous être reliés ensemble par une même ligne. Regardez sur Internet, l’image est connue. Les Chrétiens y voient là le signe de la protection de Saint-Michel contre le Diable. »

Daisy constata qu’il y avait plusieurs lignes qui se recoupaient à New York, d’autres à Stonehenge… Le plus grand re coupement avait sans doute lieu au Japon. Quant à Oberstein… Il y avait là aussi plusieurs lignes.

« Quand les lignes se regroupent…
-  Les points de rencontre entre les lignes sont des sites magiques très intenses. Ces lignes appartiennent à un plus grand ensemble, elles sont les terminaisons de canaux et de conduits, de vecteurs qui se retrouvent au sein de toutes les réalités connues, et qui tirent leur origine même du Big Bang. Donc… Je pense que ces araignées ont emprunté l’un de ces vecteurs, l’une de ces lignes. »

C’était une théorie qui se tenait. Daisy examinait la carte, tout en se demandant si la SpiderWitch ne tarderait pas à revenir…

La SpiderWitch n’était jamais repartie. Elle s’était enfoncée dans les galeries jusqu’à retrouver la caverne qui lui avait permis d’entrer en communication avec son monde. Mais Daisy ne pensait peut-être pas à cette définition quand elle avait pensé au verbe « revenir ». Peut-être qu’elle se demandait quand elle la rejoindrait dans la grande salle de réunion pour s’ajouter à la venue du Docteur Strange ? Si c’était le cas, l’agente du SHIELD ( ? toujours du SHIELD ? ça paraissait un sacré chaos toutes ces appellations d’organisations…) allait attendre longtemps.

Car la SpiderWitch se trouvait devant l’entrée de la mine. Elle attendait le retour de Daisy (et accessoirement des deux autres hommes). Et potentiellement les-dits renforts du SHIELD. Mais c’était surtout Daisy qui importait. Car elle était son unique lien avec la Magicienne des Ténèbres qu’elle devait retrouver. Egalement, elle n’était pas seule. Elle aussi avait emmené du renfort : ses deux Sœurs. Leur unité nommé Moires sur leur monde était ainsi au complet.

Il y avait cette femme aux cheveux blancs dans un grand manteau blanc. Une aura apaisante se dégageait de cette femme qui avait pourtant des traits monstrueux. Si l’on omettait trois autres paires d’yeux en addition de la normalement seule et unique, il fallait déjà se concentrer sur cette première. Car en son sein se trouvait davantage qu’une seule pupille/iris. Plonger dans ses yeux étaient perturbants. Mais baisser le regard pour découvrir une paire de mandibules aux extrémités de ses lèvres était-il mieux ? Et baisser encore le regard pour découvrir de petites araignées noires parcourir librement son grand manteau blanc ? Mieux ?

Cette femme aux cheveux blancs répondait au nom de Béatrice. Mais elle serait Lachésis pour le SHIELD et le Docteur Strange.



Et il y avait cette femme qui ne tenait pas en place. Energique. Mais donnant plutôt une impression de nervosité. Au contraire de l’aura apaisante de Lachésis, l’aura de cette femme aux cheveux couleur sang provoque du malaise. Pourtant, de loin, elle aurait de quoi donner des coups de fouet aux libidos ensommeillés d’agents trop sérieux. Ces formes féminines plus qu’agréable à l’œil dans une tenue qui pourrait être du latex noir. Mais en se rapprochant, c’est le désenchantement. Des yeux rouges sans pupille ni iris. Une chair couturée ici et là tel un monstre de Frankenstein. Ce qui ressemblait à des gants noirs sont en fait une coloration de la peau ténébreuse terminant par des serres aiguisées. Quant à ce « latex » noir ? Une combinaison tissée dans une toile d’araignée noire.

Cette femme aux cheveux roux se nomme Wynona. Mais elle se fera connaître sous le nom d’Atropos.

« Alors, quel est le plan ?
-  Eh bien, si j’en crois vos explications, ces araignées ne sont pas la menace. Il devrait être possible pour moi de les déplacer en générant un Portail vers une autre zone, mais cela ne résout pas le problème de la personne que vous avez évoqué.
-  Shathra… Coulson nous a dit que cette créature n’était pas inconnue du SHIELD… »

Strange acquiesça.

« J’ai croisé la route de Shahtra par l’intermédiaire d’une connaissance commune… Spider-Man. Comme quoi, tout nous lie aux araignées. »

Strange leur expliqua qu’il avait fait équipe avec Spider-Man pour arrêter un criminel qui voyageait à travers les dimensions, Shade. Pour le retrouver, Strange avait projeté Spider-Man dans le Plan Astral, mais en lui disant de ne pas quitter la route sélectionnée par Strange. Peter en avait dévié, et, ce faisant, Shahtra avait perçu sa présence, et l’avait traqué. Elle avait suivi sa signature pour revenir sur New York. Elle avait ensuite pris une forme humaine, « Sharon Keller », se faisant passer pour la petite-amie de Spider-Man, et avait donné une interview à la télévision où elle promettait de divulguer l’identité secrète de Spider-Man…

« Un piège grossier pour le faire sortir de sa tanière. Quand j’ai appris que cette créature avait suivi Spider-Man, je suis intervenu, mais Spider-Man s’en était déjà débarrassé. Il avait été aidé par un certain Ezekiel Sims.
-  Notre enquête sur Shahtra a commencé avec le combat entre Spider-Man et Shahtra, puis autour des révélations de cette Sharon Keller. Shahtra aurait été battue et renvoyée dans sa dimension d’origine dans un temple au Ghana. »

Daisy hocha la tête. Spider-Man, SpiderWitch… Cette affaire tournait beaucoup autour des araignées. Il y avait aussi la Magicienne des Ténèbres… Pour ce que Daisy en savait, elle était en mission secrète, quelque part sur une île au Japon.

« J’irai demain matin à cette mine. Pourriez-vous m’y conduire, Madame Johnson ? La magie est puissante ici, je préfère passer la nuit à m’habituer à cet environnement. Ensuite, si nous en avons l’occasion, je serai curieux d’en savoir davantage sur le passé de cette région. »
Le lendemain matin, Daisy et Strange partirent donc. Coulson et Grant choisirent de rester au château pour coordonner les opérations de sécurité, et pour planifier des renforts en cas de difficulté. De plus, Strange leur assura qu’ils ne feraient que le gêner. Daisy et lui rejoignirent donc au petit matin le village à l’entrée de la mine de Steinkaulenberg. Aucune araignée prédatrice pour les accueillir, mais Daisy aperçut la SpiderWitch…

« Salut ! Je… Voilà le spécialiste dont je te parlais… »

Le docteur Strange retira son chapeau en s’inclinant brièvement.

« Docteur Strange, Mademoiselle. Vous et vos amies, vous surveillez les lieux ? »

Vos amies… Daisy commença à regarder autour d’elle, se demandant de quoi il parlait…

La SpiderWitch observa d’abord le nouvel arrivant sans lui retourner ses politesses. Une foule de questions se bousculait dans sa tête. Comment savait-il pour ses deux Sœurs ? Où était les collègues de Daisy ? Pourquoi tant de temps était passé ? Mais la SpiderWitch conserva ses questions pour elle.

« Je suis la SpiderWitch. Mes Sœurs et moi, nous vous attendions. »

La SpiderWitch n’était pas SpiderMan. Elle n’était pas un gamin insouciant. Elle ressemblait davantage à une soldate en mission. Certes, c’était de grossières étiquettes. Pour l’un comme pour l’autre. Mais pour le Docteur Strange, c’était une première comparaison évidente. Deux « araignées » pour deux profils psychologiques différents.

« Atropos n’en pouvait plus d’attendre à ne rien faire. Il a fallu qu’elle s’éloigne pour se déverser de sa nervosité. Mais prenez garde à tout commentaire. Atropos est ma Sœur. Elle est ce qu’elle. Il n’y a pas de jugement à émettre sur les caractères. Vous apprendrez très vite qu’elle est très redoutable sur un champ de bataille. »

D’ailleurs, la combattante de l’unité des Moires allait tester leurs deux nouveaux alliés. Pas question de croire aveuglément leur éclaireuse ou les plans de la Grande Toile. Ce n’était pas une question de foi. Atropos avait la foi. Mais elle devait jauger par elle-même.

Dissimulé non loin. Et surtout derrière le Docteur Strange et Daisy, elle mit son plan en action. Des araignées relativement petites progressèrent au sol en direction de leurs deux cibles. Si c’était un test, ça n’en était pourtant pas avec des balles à blanc. Les araignées rouges d’Atropos, qui devaient mesurer environ dix centimètres, étaient pourvues d’un foudroyant poison. Quelque chose qui attaquait le système nerveux et paralysait. Selon le dosage de la piqure, ça allait d’une douleur aigue imprévisible à… la mort.

Mais Atropos ne voulait pas tuer.

Et si le Docteur et l’agente se faisaient piquer ? Alors la troisième sœur interviendrait. Celle qui était spécialisé dans le soin. Particulièrement sur le champ de bataille. Elle aussi était dissimulée non loin, observant avec un sourire amusé. Que sa Sœur, l’éclaireuse aka la SpiderWitch, pouvait être froide avec les autres. Lachésis était là pour contrebalancer son trait de caractère. A la SpiderWitch mais aussi à Atropos. Elle était la sociale de leur petit trio.

Daisy se sentait curieusement bien plus en sécurité avec quelqu’un comme Stephen Strange qu’avec Coulson… En tout cas, pour traiter le cas d’araignées géantes venant d’une autre dimension ! Daisy ne sentit pas la présence d’Atropos ni des araignées, elle n’avait pas de sens arachnéen. Strange, en revanche, fronça les sourcils, et remua les doigts, traçant des signes magiques dans l’air. Les araignées rouges d’Atrapos s’arrêtèrent brusquement, et commencèrent à s’agiter nerveusement.

« Est-ce là votre définition de l’hospitalité… Atropos, je présume ? »

Surprise, Daisy se retourna, et vit plusieurs araignées minuscules qui avançaient vers eux. Elle pointa brusquement son pistolet sur les araignées.

« Putain, c’est quoi ce traquenard ?!
-  Un test, je suppose… J’ai immobilisé ces araignées, je m’en voudrais de les faire exploser. »

Daisy soupira encore, et se retourna vers la SpiderWitch.

« Tu peux me dire à quoi vous jouez ?
-  Nos invitées doutent visiblement de nos compétences… Pourriez-vous nous présenter vos Sœurs ? Nous avons beaucoup à faire, et je n’ai pas envie de perdre mon temps à des jeux puérils. »

Atropos sortie de sa cachette. Une femme vêtue d’une sorte de combinaison noire qui rappelait la version de Catwoman de Tim Burton. Ses cheveux et ses yeux rouge. Cette cicatrice digne d’un monstre de Frankenstein sur son visage qui aurait pu être très joli. Atropos avait tout de la « super-méchante » à affronter.

« Ma Sœur, calme-toi, s’il te plaît. »

« Je n’ai rien fait de mal ! »

« Nos mœurs ne sont pas les leurs. Si nous trouvons normal de juger sur les actes, eux le font avec les mots. »

« Mais les mots sont vides de sens ! Les mots mentent. Les actes sont véritables. »

« Je sais, ma Sœur. Laisse-moi gérer la situation, s’il te plaît. »

Atropos était une femme nerveuse. Le genre à réagir au quart de tour et à régler les problèmes via la violence. Elle n’avait pas besoin de parler davantage ou d’agir davantage pour confirmer ce ressenti. Ce qu’elle venait de dire et le coup de l’attaque surprise des araignées permettaient de brosser un premier portrait sur son compte.

« Je suis désolé, Daisy. Je n’avais pas pensé à… et bien, tout ça. Nos mondes divergent sur beaucoup de points et… vraiment, nous ne cherchons pas à vous tromper. »

La SpiderWitch sentait monter en elle des vagues de nervosité. Si Atropos venait de détruire sa relation avec l’agente du SHIELD, alors ça allait sérieusement compromettre sa mission principale. Elle était là pour la Magicienne des Ténèbres. Elles étaient toutes les trois là pour ça. Le cas Shahtra était un obstacle sur le chemin de leur accomplissement.

Alors intervint la troisième et dernière des Sœurs. Celle qui, malgré un physique qu’on pouvait qualifier de monstrueux, possédait une aura de femme de sagesse. De médecin. Voire même de moine avec son grand manteau blanc. Elle avait une voix posée. Un débit plus ralenti qui, assez généralement, permettait de calmer l’environnement général. Imaginez à quel point les gens mitraillant de mots vous font vous sentir mal. Lachésis est tout le contraire.

« Excusez ma Sœur, s’il vous plaît. Et si cela peut vous rassurer, j’étais présente pour vous soigner si vous avez aviez succombé aux araignées d’Atropos. Vous n’aviez rien à craindre. Vous pouvez m’appeler Lachésis. »

Elle s’inclina avec le sourire.

« Vous devez être Daisy. La femme importante dont nous a parlé notre Sœur Clotho. Enchanté de vous rencontrer. Par contre, vous, vous semblez être un total inconnu pour le moment. Mais vous avez su déjouer le stratagème de notre Sœur Atropos. Ce qui prouve que vous n’êtes pas n’importe qui. A qui nous adressons-nous ? »

Daisy était plus nerveuse que Strange. Le Sorcier Suprême en avait vu d’autres au cours de son existence. Sortant de l’ombre, Atropos expliqua que les mots n’avaient aucune valeur, et ce fut là la seule phrase de la femme qui fit tiquer Strange. Daisy, elle, avait bien compris qu’elle était le faire-valoir. Elle n’avait pas l’expertise ni les connaissances de Strange. Il était le Sorcier Suprême, soit le plus puissant magicien officiel de cette planète.

La troisième sœur arachnéenne se manifesta, et indiqua que la SpiderWitch s’appelait Clotho. Daisy fronça les sourcils.

« Donc, toi, tu dois être… Lachésis ? »

Les Moires… Les Fileuses du destin. Daisy pensa à ce qu’elle savait du Multivers. Un ensemble d’univers parallèles différents régis par des règles que les êtres humains ne pouvaient pas encore saisir. Des constantes et des variantes. Sur Terre, les Moires étaient des figures mythologiques, mais, après l’Olympomachie, nul ne pouvait douter de leur existence. Elles tissaient et filaient le destin des individus, chaque fil représentant une vie, une vie qui trépassait quand Atropos coupait le fil.

Daisy regarda Clotho, et sourit alors en abaissant son arme :

« Clotho la Tisseuse, Lachésis la Répartitrice, et Atropos la Coupeuse… Dans notre monde, les Moires existent. Elles tissent le fil du destin de chaque individu. Clotho, toi, tu es celle qui tisse le fil. Lachésis est celle qui le déroule, et Atropos, celle qui le coupe.
-  Une répartition qui semble également être la vôtre. Néanmoins, Madame Atropos, je me permets de vous signaler que je suis en désaccord avec vous. Les mots sont aussi véritables que les actes, a fortiori quand les mots sont manipulés par un magicien. »

Daisy se déplaça lentement.

« Assez de palabres. Clotho, voici le docteur Stephen Strange. C’est… Un spécialiste en occultisme. Il est le Sorcier Suprême de la Terre.
-  Un titre honorifique, minimisa rapidement Strange. Il y a longtemps que je souhaitais visiter cet endroit. La magie est puissante dans cette région… Je ne sais pas ce que le SHIELD a pu vous dire, alors, je compte m’entretenir avec la Reine arachnéenne, et trouver comment la convaincre, elle et sa meute, de partir. La difficulté est que la Reine a fui la présence de Shahtra, et qu’elle n’aura sans doute pas envie de revenir là d’où elle vient. »

Stephen regarda la montagne abritant la mine pendant quelques instants, avant de poursuivre :

« Méfiez-vous de Shahtra. La guêpe est la prédatrice naturelle de l’araignée. Si elle est sortie de sa prison, elle a sûrement envie de se venger… Je ne crois pas que la présence de ce nid ici soit liée au hasard. De manière générale, je ne crois pas au hasard. »

« Je préfère cet homme, Daisy. Au contraire des deux autres qui étaient avec toi. Même s’il me faudra un jour ou l’autre les revoir pour retirer le sort d’hypnose que je leur ai lancé. »

Ce n’était qu’une formalité dans la bouche de la SpiderWitch. Il n’y avait vraiment pas matière à faire un drame. Même si ce ne serait surement pas le point adapté par le SHIELD. Passons, c’était un problème pour demain. Et toutes étaient aujourd’hui. Désolé Strange, mais ce texte sera « conjuguée » au féminin.

« Ce SHIELD ne nous a rien dit du tout. C’est moi qui ai informé le SHIELD au sujet de cette Reine araignée, de sa fuite à travers un autre monde à cause de cette prédatrice-guêpe. De ce que j’ai compris, le SHIELD ne sait pas parler la langue des araignées. Une généralité qu’il me faudra peut-être appliquée à l’entièreté de votre monde. Mais mon arrivée dans ce monde date d’il y a peu. Je n’ai pas encore la possibilité d’explorer davantage. »

« Je ne connais pas les capacités de cette « guêpe ». J’espère sincèrement que mes compétences sauront nous soigner si nous devions être piqués. Je tenais à être honnête avec vous toutes au cas où cela arriverait. »

« Il suffira de ne pas se faire piquer, ma Sœur. Je la piquerai en première et ensuite je la décapiterais proprement. Nous pourrons alors revenir sur notre première mission. »

« Je ne crois pas que ce sera aussi simple pour que je rentre en contact avec la Magicienne des Ténèbres. »

« Tss… »

« Nous savons que la patience n’est pas ton fort, Atropos. »

« Ouais, ouais. Ne me répétez pas une énième fois que les fils de Destin, comme tout artisanat, a besoin de temps. Vous me l’avez répété depuis que nous sommes toutes petites. »

La SpiderWitch décida alors de montrer un aperçu de ses pouvoirs. Sa magie se manifesta par des cercles magiques d’une lueur rouge dans les airs. Elle put ainsi évoluer comme SpiderMan (super-héros qu’elle n’avait jamais rencontré) et se rapprocher du Sorcier Suprême.

« Votre cape me parait étrange. Abrite-t-elle une araignée comme la mienne ? »

Face aux questions des Moires arachnéennes, Strange commença par répondre en exposant ce qu’il savait de Shahtra :

« Shahtra vient d’une autre réalité. C’est la fille de deux divinités, donc une Déesse elle-même. Si l’on se fie au conte qui évoque sa naissance, les Dieux l’ont chargé de cartographier le Multivers, de tisser une carte de l’humanité. Shahtra était en compétition avec sa sœur, Neith. Elle a conçu une carte spéciale, la Grande Ruche, qui reposait sur le postulat que toutes les vies inférieures coïncident pour obéir à une forme de vie supérieure, comme une allégorie de toute organisation sociétale. Inversement, Neith a conçu un autre modèle de vie, la Grande Toile, reposant sur l’idée que toutes les vies étaient importantes, et que toute vie participait du grand équilibre cosmique, comme les filaments d’une toile d’araignée. Les Dieux ont approuvé le concept de Neith, qui induisait le libre arbitre des êtres vivants, ce qui a enragé Shahtra. »

Strange reprit ensuit, après quelques instants de silence :

« Shahtra a été dévorée par la jalousie, au point de devenir une Déesse noire, sombre, jurant de détruire la Grande Toile de Neith. Elle s’est ainsi focalisée sur une cible en particulier, les Spiders, des guerriers totémiques chargés de garder la Grande Toile, mais qui en constituent aussi le soutien massif. Ses pouvoirs sont vastes et puissants. Elle peut changer de forme, elle est potentiellement immortelle. Elle se reconstitue à chaque fois qu’on pense la tuer, mais vous devez surtout vous méfier de son poison. Elle n’est pas une « guêpe » pour rien. Shahtra peut vous empoisonner, et ce poison fera de vous son pantin. Un monstrueux esclave qui servira ses sinistres desseins. Et vous, mes chères Spiders, vous êtes ses cibles privilégiées. En fait, je commence à me demander si la Reine qui se terre dans cette mine n’a pas cherché à lui échapper pour éviter ce funeste sort. »

Daisy avait de quoi déglutir. Le dossier du SHIELD ne contenait aucun des éléments de Strange ! Tout ce qu’elle savait sur Shahtra, c’est qu’elle s’en était prise à Spider-Man, et qu’elle avait été repoussée par ce dernier et par un individu mystérieux, Ezeckiel, à l’occasion d’un rituel antique dans un temple situé dans un pays africain.

Le docteur Strange regarda ensuite la SpiderWitch, et répondit en ce qui concerne sa cape :

«  La Cape de Lévitation ne contient aucune araignée, mais elle a sa volonté propre. Faites attention, elle se montre vite susceptible. Elle m’a sauvé la vie plus d’une fois. »

La SpiderWitch lève les bras en l’air. Elle ne se frottera pas à la cape vivante du Sorcier Suprême. Il n’y a aucune raison pour elle de prendre un pareil risque.

« Hey. La Grande Araignée, chez nous, elle ne s’appelle pas Neith ? »

« Pas à ma connaissance. Mais ce qui me trouble davantage, c’est leur ressemblance. Et pourtant, elles ne sont pas la même divinité. Je suis… oui, perturbée. Le multivers est un concept décidément vertigineux. »

« Je me demande si derrière ma première mission évidence, il n’y en aurait pas une autre qui se tisse lentement en arrière-plan. Moi aussi je suis confuse, mes Sœurs. »

Daisy était silencieuse. Elle semblait même faire pâle figure à côté du Sorcier Suprême et des Moires. Pour autant, la SpiderWitch la regardait toujours avec convoitise. Elle était son ticket vers la Magicienne des Ténèbres. Et… est-ce qu’un sorcier n’avait pas plus de chance d’être en contact avec une magicienne ? Plutôt qu’une agente d’une organisation dysfonctionnelle ? La SpiderWitch était décidément sur un chemin bien obscur pour le moment.

« Vous êtes en train de flipper ! Hey ! Ce n’est pas la première fois qu’on se retrouvera sur un champ de bataille. Et on s’en est toujours sortie. »

« Sois sérieuse, Atropos. Nous n’avons jamais combattu de Déesses. Crois-tu vraiment que nous puissions réellement avoir nos chances ? »

« … »

« Malheureusement, c’est bien ce que je pensais. »

« Tu m’emmerdes quand tu t’y mets. »

« Alors quoi ? Nous abandonnons avant même d’avoir commencé ? Vous nous appelez des « Spiders ». Vous dites que nous sommes un genre, une sorte de repas spéciale pour cette Guêpe Divine. Ca veut dire que vous en connaissez d’autres ? A votre façon de parler, je suppose qu’ils sont tous mort. Et vous ? Vous pensez avoir les connaissances et la magie pour vous frottez à des Dieux ? »

La SpiderWitch se rapprocha de Daisy jusqu’à pouvoir poser ses mains sur ses épaules. Même si elle était masquée, l’agente du SHIELD ressentit l’intensité de son regard.

« Et toi ? Tu as déjà combattu de telles forces divines avec ton organisation dysfonctionnelle ? Tu ne voudrais pas me dire où se trouve la Magicienne des Ténèbres ? Ca m’embêterait que tu meurs aujourd’hui et que je perde définitivement cette information. »

Le problème avec les soldats en mission, c’est que leur capital empathie passe au second plan et les font passer pour des égoïstes. Voire des salopes, selon la personne en face pour juger. Mais la SpiderWitch ne parlait pas ainsi par méchanceté. Elle était avant tout pratique.