The Multiversity

Il était dit que certains morts vivants gardaient certains souvenirs ou réflexes de leurs vivants. Lui, il devait un prêtre ou un sorcier vénérant Sobek pour ne pas laisser l’elfe l’approcher. Après, ce n’était pas comme si le sceptre était arrivé entre ses mains par hasard. Chez les morts-vivants, il n’y avait pas de hasard et il s’était retrouvé enterré avec son propriétaire légitime. Rin, elle s’était retrouvé à devoir se plaquer contre le mur après s’être accroupi rapidement pour devoir éviter ce nouveau geyser, en ne voyant pas beaucoup d’ouverture dans un couloir face à ce genre d’attaque magique continue. Si, sortir son pistolet mais vider le reste de son dernier chargeur dans de le chair inanimé reviendrait à jeter un caillou dans un étang. L’elfe était donc bien embêtée tant que la momie ne lui laissait pas un moment de répit.

La suite des événements, Rin mit cela sur les compétences de prêtrise de Rhian tant elle n’y connaissait pas grand-chose dans ce domaine. Tout ce qu’elle vit, l’effet avait eu un certain effet sur le mort-vivant, qui dût improviser à son tour en considérant par la suite la Princesse comme un danger non négligeable en tentant de l’étrangler. Prenant appui sur ses jambes, la suite fut brève et violente. Courant vers celle-ci, elle bondit à côté de la momie, pour lui poser la paume d’une de ses mains sur l’arrière du crâne et donner un certain appui là où la seconde lui passa la lame sous la gorge. Si la momie lâcha prise avec ses bandelettes et s’écroula, se fut surtout la tête qui roula près d’elle… pour tenter de continuer à bouger et se relever mais avec dont les gestes étaient dorénavant bien plus hasardeux.

« Ses morts-vivants qui bougent encore après ça… J’appelle ça le syndrome du poulet sans tête... »

Suivi de près d’un bruit de talon sur le sol et d’un bruit de craquement de crâne que les âmes sensibles se seraient bien abstenus d’entendre. En réalité la « blague » si s'en était une, fut dite à ce moment là pour éviter que ce bruit ne fasse grincer les dents aux deux témoins, l'elfe la première. Et malgré cela, ce corps qui bouge… corps qui finit sur le dos assez facilement après que Rin l’ait poussée avec le pied en tirant une petite grimace d’une douleur qui commençait à venir doucement mais surement. La situation était largement sous contrôle malgré qu’elle ne soit pas terminée. Et pourtant elle hésita un instant, regardant la princesse. Celle-ci ne serait pas là, il finirait en morceau jusqu’à ce que l’âme ou le maléfice quitte ce corps. Hors, il y avait une Princesse et avec ce qu’elle avait été témoin, Riniya ignorait si elle devait toujours la considérer seulement en tant que tel.

« J’ignore si vous êtes capable de prononcer le repos éternel mais si vous ne l’êtes pas, n’allez me reprocher pas d’avoir profaner un cadavre pour ce que je m'apprête à faire. »

Pour un tel effet, que cela soit dû ou non avec les vêtements, ça relevait du miracle divin. Hors, transformer en morceau un corps qui avait été embaumer, ça frisait un peu la profanation gratuite. C’était à Rhian d’en décidé avant qu’elles ne reprennent toutes les deux la route.

La momie de Sobek affrontait Rhian et Riniya. Fort heureusement, RIniya réussit à porter un coup décisif… Et décapita la momie. La momie remua encore lentement, comme désarticulée, ses bras frappant dans le vide. Riniya s’apprêtait à la découper en morceaux, mais Rhian secoua la tête.

« Ça ne servira à rien, Riniya… C’est une créature magique, si tu la découpes en rondelles, elle va se réassembler… »

Rhian parlait par expérience, elle connaissait ses créatures. D’ores et déjà, on pouvait voir les bandelettes du haut du corps se rapprocher de celles de la tête, afin de les assembler en un seul tenant. Rhian récupéra à nouveau sa dague, et attendit le bon moment. Même pour Riniya, il était dangereux de trop s’approcher de la momie, car, bien que ralentis et désordonnés, ses mouvements n’en restaient pas moins dangereux. Les pierres précieuses incrustées sur la dague se mirent à luire, et Rhian bondit brusquement en avant. Les bandelettes vinrent l’agresser, et la dague se planta à l’emplacement du cœur de la momie. Et, quand le tranchant de la lame rentra dans le corps de la momie, celle-ci s’illumina. Le corps de la momie se crispa sur place, et elle partit en arrière, venant heurter le mur.

La momie trembla encore nerveusement, et commença alors à s’effriter sur place, venant se désagréger lentement. Elle tomba littéralement en morceaux, ne laissant plus qu’un tas de cendres fumantes. Rhian regarda silencieusement cette désagrégation, reprenant ses esprits, et récupéra ensuite, doucement, sa dague, l’essuyant des cendres qui se trouvaient dessus. Elle se retourna ensuite vers Riniya, et fit quelques précisions :

« Le sceau qui animait cette momie se trouve à l’emplacement de son cœur, c’est comme ça qu’on se débarrasse d’elle… »

Cela faisait une menace en moins. Rhian reprit ensuite ses esprits, et remit sa dague dans son fourreau. La dague magique de Rhian avait aussi aidé, car elle était après tout la Princesse de Papua. Elle portait donc des artefacts magiques, qui avaient su prouver leur efficacité contre la momie. Face aux Olympiens, ces artefacts seraient peut-être moins efficaces, vu que les soldats olympiens n’avaient pas juré de servir Sobek, ou une autre divinité papuanne.

« Bon… On devrait continuer, Riniya, il faut sortir de là. »

Rhian reprit ensuite la marche, et le duo rejoignit finalement un escalier assez grand, qui les conduisit à une grande antichambre avec quatre obélisques, et trois solides portes recouvertes d’hiéroglyphes, hermétiquement fermées. Rhian observa les lieux en se pinçant les lèvres, tandis que les pierres précieuses de sa dague s’illuminèrent encore.

« Je crois que je ne te l’ai pas encore dit, mais ces pierres précieuses viennent du trésor royal. Elles sont enchantées, et réagissent à la magie papuanne, comme tu as pu le voir face à la momie. Malheureusement, si nous voulons rejoindre la ville, il semble qu’il faille finalement s’aventurer dans l’ancien palais. »

Car il ne faisait aucun doute que cette pièce était l’une des entrées du temple. Rhian s’avança donc vers les obélisques.

« Les troupes olympiennes qui ont assiégé le palais sont passées par ici, Riniya, alors il faut s’attendre à tomber sur elles… »

Il y avait bien plus dangereux encore que cette momie égarée dans les catacombes…

Qu’elle se reconstituait ou non, la momie aurait mis du temps à revenir comme elle était. A croire qu’abuser des films d’horreur avec des histoires de tronçonneuse après que l’elfe ait gouté à la civilisation moderne n’avait rien arrangé à son état mental. Avec le recul, la réponse était qu’il n’avait en effet rien arrangé, Rin n’ayant attendu personne pour s’en rendre compte elle-même. Alors oui, un magicien aurait analyser magiquement mais Riniya ne s’était jamais vantée d’être magicienne, toute utilisatrice de magies élémentaires qu’elle était. Avec un peu de chance, elle aurait même découpé le cœur… après avoir profaner une bonne demi-douzaine de fois un seul et unique cadavre. Le raffinement dans toute sa splendeur. Mais même pour l’éclaireuse, c’était mieux que les choses finissent avec un simple coup de poignard dans le cœur, regardant la momie finir en cendre alors qu’elle lâcha un petit rictus après s’être toucher un peu la poitrine. Pas d’organe vital de toucher visiblement, un petit passage chez quelqu’un sachant utiliser les soins magiques devrait suffir mais en attendant, les acrobaties, l’elfe allait les faire en grimaçant.

Elle ramassa sa torche et son cimeterre avant de reprendre le chemin, toujours indiqué par Rhian, qui finit par déboucher sur une antichambre avec plusieurs obélisques. Le premier réflexe de l’elfe fut d’éclairer davantage la pièce en allumant une torche près d’elle avant d’incanter de nouveau un sort de feu pour allumer celle qui lui était hors de portée, laissant apparaître tout le côté majestueux de cette endroit, quoique un peu poussiéreux. N’y connaissant rien en langue morte, elle ne s’attarda pas trop sur les hiéroglyphes mais plutôt sur les fresques.

« Si vos pierres réagissent à la magie de Papua, j’imagine qu'il en ait de même pour votre sang. Ma connaissance en la magie a beau rester très globale, mais j’imagine que les olympiens ont dû forcer les portes de cet ancien palais, alors je voulais savoir si il n’y avait pas une occasion de demander aux gardiens de ce lieu de réclamer justice ?  »

Là, elle allait peu être proposer de jouer à un jeu dangereux, mais qui pourrait piéger une partie de l’armée qui errait dans les souterrains.

« Je connais un peu l’histoire des Thoris, mais si les anciens gardiens considèrent votre dynastie comme les dirigeants légitimes, il y a moyen d’être les réveiller du mauvais pied, surtout si le lieu a été profané par une autre religion qui est actuellement en croisade contre vos dieux. Il faut moins que ça pour les énerver en temps normal. »

Elle frotta la poussière d’une fresque pour en regarder un peu le contenue.

« Ce que je dis, c’est à prendre avec des pincettes, là je ne fais que me remémorer des cours de magie de Mère que je n’écoutais que d’une oreille. Mais les Dieux et les Gardiens ont tous un point commun : la plupart demandent justice par le sang et si vous êtes reconnu en tant que descendante de Nomeydas Thoris, vous êtes en droit de demander le jugement d'une telle profanation auprès des Gardiens de ce lieu. »

« Tu fais référence aux Géants de Lumière, hein ? Malheureusement, ce n’est pas aussi simple. »

Selon la légende, les Géants de Lumière avaient terrassé jadis les Djinns Noirs et le Warlock. La légende disait qu’ils étaient retournés dormir, et reviendraient un jour, quand l’Élu les réveillerait. Cet « élu » pouvait tout à fait être un descendant de Nomeydas Thoris, le Roi fondateur de Papua. Seulement…

« J’ignore comment cela fonctionne, mais, si on en croit la légende, ce palais serait plutôt la prison où mes ancêtres ont enfermé le Warlock. Les Géants de Lumière… Enfin, j’aurai beau me couper la main ici, ça ne les invoquera pas. J’ignore comment les réveiller. Mais Papua dispose en effet d’autres protecteurs, nos propres Dieux. »

Ce qui amenait à une autre question intéressante : pourquoi ceux-ci n’intervenaient pas ? Rhian ignorait toutefois si les Olympiens avaient également attaqué les sanctuaires et les temples sacrés. Ces endroits étaient protégés des Dieux plus que tout le reste, et Rhian n’osait imaginer les Dieux papuans rester silencieux si les Olympiens venaient à se livrer à une telle profanation. Quoi qu’il en soit, Rhian observait les lieux, cherchant quelle porte ouvrir. Difficile de déchiffrer les hiéroglyphes et les inscriptions qu’elle lisait, car il s’agissait de l’ancien alphabet papuan.

En d’autres circonstances, les historiens auraient sans aucun doute adoré se trouver ici, et pouvoir explorer les lieux, mais c’était inenvisageable, au vu de la dangerosité des lieux.

« De fait, quand tu es venue me voir dans le temple, je priais justement pour que nos Dieux nous viennent en aide. Alors, vu que c’est toi qui es venue, c’est peut-être le signe que les Dieux ont estimé que tu sauverais notre nation ? »

Elle plaisantait à moitié. Rhian pouvait volontiers se montrer superstitieuse, a fortiori en matière de religion.

« Je crains en réalité que les autres Dieux hésitent. Si tous les panthéons divins se mettent en guerre, Terra risque de ne jamais s’en remettre… »

Rhian finit par trouver un interrupteur, et appuya dessus. Dans un grondement, une porte s’ouvrit en coulissant, donnant sur un couloir.

« Mais qui sait, après tout ? Tu n’es pas originaire de Papua, mais tu viens d’un autre monde, avec une technologie futuriste… Techniquement, tu as l’air d’être un peu une envoyée divine. »

La Papuanne sourit légèrement en annonçant cela. Elle s’enfonça ensuite dans un grand couloir, qui ne tarda pas à les conduire à une nouvelle pièce, avec un mur effondré sur la droite… Et des soldats olympiens qui se retournèrent en les voyant entrer.

*Voilà comment ils sont passés… En défonçant les murs !*

Les hoplites semblaient former une patrouille restée en retrait. En les voyant, ils hurlèrent, et l’un d’eux se précipita vers son javelot, afin de le lancer sur les deux femmes…

Riniya frotta les murs, comme si elle cherchait quelques choses. En réalité, les lentilles faisaient très bien leur tâche, et derrière elle savait qu’il y avait un couloir. Le problème, les portes étaient scellées et il lui faudrait une bonne demie-heure à faire elle même un passage au couteau laser. Le soucis, ça énervait les locataires et ce n’était pas dit qu’entre temps il n’y aurait pas d’olympiens.

« Vous savez, je vénère les esprits élémentaires primordiaux, ils sont moins difficiles et plus facile à comprendre… même si pour certains rites ils ne se contentent pas que d’un petit gibier chassé par la sueur de son front mais quelques choses de plus sanglant. Ça doit être une forme d’humour chez eux. »

Des mots qui faisaient drôle à entendre de la part d’une elfe qui avait embrasser la technologie comme elle l’avait fait, d’admettre de suivre une tradition druidique plutôt ancestrale. Où le terme « bien » et « mal » n’existaient pas, et ce malgré tout le penchant sanglant que l’on pouvait donner à certaines de ses cérémonies. Rin n’avait beau pas être l’une des plus radicaux mais on savait maintenant où passait la petite prière quand elle jouait au chat et à la souris avec des personnes qui la traquait pendant les missions d’extérieurs.

Son intention se porta sur ce qui semblait être une porte cachée, son appareillage technologique ne lui mentait. Le toucher de ses doigts non plus. Sauf qu’il n’y avait pas moyen de trouver le moyen de l’ouvrir.

« Vous me flattez mais je ne suis malheureusement pas l’héroïne qui sort de nulle part et qui agit parce que… parce qu’elle est écrite comme un pied. Si la situation est plus grave qu’une simple vendetta contre Papua, j’ai quand même une sœur et mes parents à protéger sur Terra. Et il est où ce foutu mécanisme de cette por- Merci pour la porte. »

Phrase interrompu puisque la princesse venait de trouver le mécanisme d’ouverture, et où elle retira bien vite ses doigts aussi. C’était fou ce que les grottes lui manquaient : les passages secret de ce genre n’existaient pas, là où les recoins pour se faire prendre à revers ne manquaient pas. Sauf que Rin était dans son élément à elle, la voilà la différence !

La suite fut un peu plus calme, si ce n’était qu’il y avait un point de la conversation qui la tracassait. Rhian n’avait pas reçu de réponse ? Il n’y aurait pas quelques choses qui « brouillaient les ondes » par hasard ? Même les prêtres de la cour puisait dans leur énergie à eux où les miracles étaient accorder habituellement dans par le dieu ? Après, le soucis ce point de vue changeait d’un initié à un autre, et pour beaucoup, cela relevait du secret religieux. La question aurait pu être posé si ce ne fut que les deux femmes tombèrent sur une patrouille assez surprise les voir pour que l’un d’eux se précipitent sur le javelot posé contre le mur.

Gros soucis pour eux, si les deux femmes s’étaient faite repérés en entrant dans la pièce, pour Rin elle avait un coup d’avance. Sa torche, elle la lâcha alors qu’elle bandait déjà l’arc court olympien d’auparavant. Le javelot, le soldat n’eut pas le temps de le toucher qu’il s’effondra au sol, une flèche dans la gorge. Comme ça elles venaient de tomber sur un groupe qui venait de manquer de vigilance ? Comme quoi avoir des morts vivants trop vivants, ça pouvait jouer un sale tour.

« J’ignorais mettre un jour « inattention » et « mort vivant » dans la même phrase. »

La phrase à peine terminé, elle venait bander son arc de nouveau puisqu’elle en avait coincé une seconde entre ses doigts. Si la seconde ne tarda pas non plus à être décocher, le second hoplite s’était caché derrière son bouclier. Là où la flèche aurait dû ricocher dessus, elle finit dans la cuisse de l’homme, avec un effet magique à base d’air pour la dévier. Ce n’était que du bois, à cette distance de 15-20 mètres, le bon vieux arc et flèches, elle pouvait s’en donner à cœur joie là où avec son arc technologique, les poutres qu’elle envoyait étaient plus lourdes et était moins apte à être dévier sur une si petite distance. Une patrouille de cinq, dorénavant quatre dont un qui courait moins bien et à la traîne, l'avantage allait sur le nombre quand la distance sera moindre. Malgré cela, le premier réflexe de Riniya fut quand même de passer devant la Princesse, en sachant que si il y avait un lancé de javelot, il irait percuter le bouclier énergétique.

Des hoplites ici, en ce lieu sacré ! C’était une hérésie ! Mais Rhian n’était plus à ça près. Riniya attaqua rapidement, évitant un javelot, et décocha une flèche qui tua l’un des cinq ennemis, avant d’estropier un autre à la jambe. Mais il en restait encore trois, dont l’un lança un nouveau javelot, tandis que les deux autres se précipitèrent vers les deux femmes. Rhian tenait encore sa dague, mais Riniya s’interposa entre elle et eux, et croisa le fer.

« Fais attention, Riniya ! »

Rhian disposait uniquement de sa dague, ainsi que de ses artefacts magiques, mais elle n’était pas sûre qu’ils soient vraiment utiles contre les hoplites. Les deux guerriers attaquèrent Riniya, et les lames se heurtèrent. Rhian se recula encore, tandis que le troisième hoplite avait récupéré un arc, et décochait des flèches.

« Riniya ! »

Une flèche frôla l’elfette, tandis que les deux guerriers, face à elle, l’éprouvaient durement. Ils étaient de redoutables combattants, et, alors que Riniya en affrontait un, l’autre la chargea d’un coup de bouclier, et l’elfe tomba au sol. Il allait frapper encore quand Rhian, que les adversaires avaient oublié, jaillit sur le côté. Elle poussa l’homme, qui tomba au sol, et se saisit de sa dague. Le second hoplite se retourna vers elle, et abattit sa lame sur elle. Rhian para avec la dague, et sentit l’homme appuyer en avant, ce qui la poussa en arrière. Elle heurta le mur, et l’hoplite se rua vers elle, cherchant à l’attaquer encore.

Rhian se jeta au sol, évitant l’attaque. Le guerrier avait planté sa lame dans le mur, et la récupéra, mais Rhian le surprit en le frappant avec la jambe, décrivant un mouvement circulaire sur le sol, qui renversa l’homme à terre. La Princesse se releva ensuite, tandis que Riniya reprit le combat, affrontant les deux ennemis.

« Cela suffit ! »

La Princesse s’écarta, tandis que le quatrième hoplite apparut alors brusquement. L’homme blessé à la jambe tenait sa lame, et Rhian se protégea in extremis avec sa dague, qui se heurta au tranchant de la lame. Déstabilisé, le guerrier olympien appuya sur elle, et Rhian tomba en arrière. L’homme s’écrasa sur elle, et appuya encore. Rhian avait perdu sa dague, qui était à côté d’elle, et lui son épée. Le guerrier chercha alors à l’étrangler, se redressant, et posa ses deux mains sur sa gorge.

« Argh ! »

Le guerrier serra encore, grognant sur place. Rhian chercha de la main quelque chose, tout en posant l’autre sur son visage, essayant de le repousser, sa bouche s’ouvrant pour tenter d’aspirer de l’air. Elle s’empara finalement d’un gros caillou sur le sol, et s’en saisit, puis l’envoya heurter violemment la tête du guerrier, le clouant au sol. Rhian éternua ensuite, tandis que Riniya continuait à se battre, se rapprochant d’elle.

Rhian vit Riniya en difficulté, et, tout en se redressant, attrapa sa dague, et la lança alors. La dague transperça le front d’un des deux tueurs, le clouant au sol. L’autre se concentra néanmoins sur Riniya, tandis que l’archer olympien visa encore l’elfe, et décocha une flèche, qui filait droit sur elle…

Si le javelot ne représenta pas un risque en se cachant derrière un bouclier énergétique qui s’enclencha automatiquement, le coup de glaive qui suivit n’avait que pour but de la faire reculer ou de la déséquilibrer et vu la différence de morphologie entre les deux adversaires, c’était là dessus que l’olympien comptait. Quel ne fut pas sa surprise lorsque l’elfe chercha la confrontation pure de force en parant le coup et en lui repoussant son arme, lui collant un coup de pied qui laissa derrière lui quelques craquements de côte derrière lui ? Aucun mérite, elle profitait ici de l’exosquelette et aussi léger soit-il, il avait largement fait son travail. Le coup de cimeterre ne tarda pas non plus, même si le geste fut un peu tardif, l’elfe ne lui offrira qu’une entaille pas assez profonde à l'omoplate pour être dangereuse. Le second par contre posa problème, Rin avait beau être une vétéran, elle n’en restait pas moins seulement supérieur à des hommes qui avaient bataillé à l’arme blanche seulement grâce à son avance technologique. Et dans une mêlée, rares sont les coups qui ne tombaient pas simultanément. Le coup de bouclier, elle se l’était prise sur le côté, la faisant reculer en manquant de peu de la déséquilibré. Cette fois-ci leurs deux lames ripèrent l’une contre l’autre, l’elfe déviant un coup transperçant qui aurait dû l’épaule. Elle ne tarda pas éloigner son arme de sa main libre, avant de tenter quelques choses d’un peu moins fin pour une race pourtant réputée raffiné : l’art du coup de boule dans le nez. Si lâcha prise, le soldat se retrouva vite sur les fesses en se rendant compte du cloche pied après avoir reculé d’un pas suite à ce coup.

Le second n’en démorda et revint bien à la charge, échangeant quelques coups avec l’éclaireuse avant que celle-ci n’ait le vice de le frapper sur sa blessure, avant de remonter la lame de son cimeterre en hauteur, l’éventrant au passage. Elle manqua à ce moment là de se prendre une flèche, ayant oublier l’un des soldats et surtout n’arrivant plus à suivre un combat qui commençait vraiment à la dépasser. Elle lâcha un sourire assez mauvais et son ennemi l’ignorait peut-être mais il venait de percer à jour une des faiblesses de son bouclier : les capteurs de son bouclier ne s’activait pas toujours tant qu’elle était dans une mêlée aussi anarchique, simplement pour compenser du matériel léger avec un bouclier tout aussi léger, pour une batterie qui l’était tout autant.

La suite fut un peu inattendu aussi. On disait les olympiens avoir une culture grec ? Si l’histoire des autres univers, Rin n’en connaissait que le minimum, elle fut assez surprise de ne pas voir le soldat se relever mais lui foncer dans les jambes. Un truc vieux telle que la lutte greco-romaine, l’elfe en fit les frais en se retrouvant clouer au sol. L’homme profitant de son poids pour la laisser sur le dos, tentant de lui passer le bras autour du cou pour l’étrangler. Et ce foutu archer qui venait de tendre de nouveau son arc, prêt à lui décocher une flèche ! Riniya se montra assez sournoise en baragouinant quelques mots en elfique, suffisant pour activer un sort et faire simplement chauffer l’une de ses mains avant de lui mettre au service trois pièces de son adversaire. Effet garanti, il avait lâcher, la ranger lui déplaçant le visage. Elle vit pendant une fraction de seconde la pointe de la flèche traverser la gorge de son ennemi, quitte à éclabousser une partie du visage de l’elfette.

Toujours sous son adversaire, elle le mit un peu sur le côté avant de prendre son arme de poing et coller deux balles à l’archer qui avait l’air d’être surpris d’avoir toucher son camarade d’arme. Il s’écroula raide mort, laissant un silence de mort après la détonation. Le corps lourd de son adversaire fut jeter sur le côté, Rin lâchant un soupire avant de regarder rapidement le contenu d’un chargeur encore un peu plus léger qu’il ne l’était déjà.

« C’est pour ça que je préfère jouer à cache-cache, au moins les pots de colle je ne les vois qu’à travers le viseur. »

À chaque instant qui passait, Rhian voyait à quel point ces ennemis étaient redoutables. Qu’est-ce qui avait bien pu les animer ainsi ? Les questions se multipliaient dans son esprit, tandis qu’elle vit Riniya affronter les hoplites restants. La situation devint de plus en plus tendue, surtout quand Riniya fut jetée au sol. Un Olympien chercha à l’étrangler, serrant ses mains autour de son cou. Rhian allait se rapprocher, car l’archer olympien les menaçait également, prêt à décocher une flèche. Pour s’en sortir, Riniya utilisa alors un sortilège, et l’infligea sur le sexe de l’Olympien. Déstabilisé, ce dernier perdit prise, et servit de bouclier improvisé, la flèche de l’archer transperçant sa gorge. Le sang s’égoutta sur le visage de Riniya, qui s’occupa de l’archer avec une arme futuriste, de celle qu’on voyait sur Tekworld. Rhian sursauta en entendant les détonations, semblables à des coups de tonnerre. Touché au torse, l’archer alla s’effondrer contre le mur, chavirant doucement.

Rhian se rapprocha de Riniya, et l’aida à se relever. Fort miraculeusement, l’elfette n’était pas blessée. L’affrontement avait été rude, et même Rhian avait dû combattre. Les deux femmes avaient survécu, et Riniya regretta juste d’avoir dû faire usage de son arme, qui avait limité ses munitions.

« Là, c’était dur de se cacher, admit Rhian. Mais nous avons au moins une sortie, un moyen de quitter les souterrains… »

En disant ça, elle observait le trou dans la paroi, un trou qu’elle se mit à emprunter. Les deux femmes remontèrent ainsi une galerie sombre, qui donna rapidement sur une grotte souterraine.

*Voilà qui explique comment les Olympiens ont fait pour rejoindre le Palais, ils ont dû utiliser ces grottes…*

Peu à peu, les narines de Rhian captèrent l’air frais, et elle continua, semblant s’enhardir, retrouver de la vigueur. Un carré de lumière finit par être perceptible, et les deux femmes sortirent enfin à l’air libre. Une bouffée d’air frais salua Rhian, ainsi que les embruns de la mer. Elles venaient de sortir au milieu de légers récifs longeant une plage. Le Grand Lac se trouvait devant elles, un lac immense, une véritable mer interne qui permettait de relier Papua à d’autres grandes provinces impériales.

Rhian huma l’air frais en souriant, et se retourna vers Riniya.

« On est sorties ! »

Mais la situation restait tendue. L’eau n’était pas calme, et plusieurs navires s’affrontaient, les trirèmes olympiens se heurtant à des galères papuannes. Des carcasses de bateaux flottaient en l’air, et, régulièrement, les navires olympiens tiraient des projectiles vers la ville. Des mangonneaux et des balistes enflammées avaient été installées sur des navires de siège, ainsi que des trébuchets, balançant des missiles et des projectiles.

« Mais on est pas encore tirées d’affaire, il faut rejoindre l’arsenal, et j’ai comme l’impression qu’une ville en feu se dresse entre nous et ça ! »

Indemne mais qui commençait à se fatiguer, en plus de commencer à épuiser ses dernières balles. L’elfe n’était pas habitué aussi bien au combat de mêlée qu’en rangée, aucunement son rôle dirait-elle. Heureusement que l’ennemi en face n’avait que des moyens de communication rudimentaire d’une époque lointaine sinon les tours de passe-passe en ne comptant que sur une technologie qui les dépassait, la situation ne serait pas la même. Et… Est-ce que Arès pouvait voir à travers leurs yeux ? Non, il valait mieux éviter de se poser trop de question, l’excès de prudence qui pouvait friser la paranoïa était tout aussi dangereuse que le manque de prudence. Il restait à espérer que tout Dieu de la guerre qu’il était, il soit occupé ailleurs pour se permettre de regarder à travers ses soldats.

La princesse l’aida à se relever, Rin ne s’attarda qu’une seconde pour dépoussiérer sa cape de camouflage avant de reprendre leur trajet, c’est-à-dire une sortie qui semblait quitter l’ancien palais. Devant le changement de milieu, Riniya prit une lance qu’elle ne garda qu’un temps puisqu’aucune rencontre de particulière n’eut lieu à ce moment-là. Tant mieux, une mêlée frontale de ce genre, elle n’était pas friande. Elle l’abandonna bien vite en la lâchant sur le sol une fois que les deux femmes arrivèrent à l’extérieur, regardant le ciel qui s’était bien assombri avec la fumée laissé par les combats navals. Que dire ? Un-zéro pour l’Olympe qui avait le dessus sur les mers à en juger par l’installation les installations des armes de siège sur plusieurs des galères ? Ou un-un avec une attaque éclaire qui, visiblement, semblait s’enliser dans le centre-ville pour qu’Arès se décide de les installer. A voir si les docks sont encore sous contrôle…

« Pour qu’Arès se décide à utiliser les balistes, la situation a dû s’équilibrer dans le centre-ville. Pour le port par contre, je ne vais pas m’avancer plus… »

La miss par contre, semblait beaucoup plus à l’aise dans ce milieu urbain que de jouer un remake de Dora l’Exploratrice et au fond, ce n’était guère différent que dans une ville en pleine guerre civile ou sous occupation en plein milieu du Moyen Orient. Les vieux réflexes reprenaient vite le dessus puisque son premier réflexe fut de régler sa cape de camouflage sur du brun avec de la poussière sur orange, pour faire bien plus figure locale tout en ayant un certain camouflage avant de mettre de mettre la capuche sur la tête, lui donnant un air de civil qui faisaient comme tout le monde, qui cherchait où se cacher le temps que l’orage passe. Ici, la proie ce n’était certainement pas elle ! Quant à Rhian, plus voyante dans ce genre de situation, il fallait en faire de même. Son regard se porta sur le cadavre d’une femme, mais plus exactement sur ses vêtements ensanglantés. Femme de marin visiblement, il restait à espérer qu’elle ne sente pas trop le poisson même si l’odeur avait le mérite de cacher l’odeur.

« Je sais que la tenue ne suit guère une femme de votre rang mais si il faut traverser une partie de la ville, autant éviter d’être une cible peinte aux yeux de nos ennemis. »

Et la suite de l’évacuation ou le point de ralliement, elle ignorait tout de ses détails.

Elles étaient enfin dehors. Retrouver l’air libre ne put que soulager Rhian, qui, pendant un bref moment, avait bien pu craindre de devoir passer une éternité dans les cryptes et les couloirs souterrains de l’ancien palais. L’air marin, vivifiant, la soulagea donc… Même si la réalité se rappela bien vite à elle. Difficile d’oublier que sa capitale était assiégée par les Olympiens. Les mêmes questions continuaient à se bousculer dans sa tête, tandis qu’il lui était difficile de dire si la bataille était en faveur des Olympiens ou non. En tout cas, la bataille continuait à avoir lieu sur la mer, où, à l’embouchure de Papua, les navires olympiens affrontaient les navires papuans. Papua n’avait pas forcément une très grande flotte, car le royaume était davantage tourné vers le combat au sol, mais la flotte papuanne faisait tout de même partie des plus puissantes flottes de la mer intérieure. Des carcasses de navires jonchaient donc le port, et, au loin, Rhian pouvait voir le ballet des navires, s’échangeant des jets de tirs. Plusieurs trirèmes olympiens continuaient à mener le siège, soutenus par les autres, qui tentaient de retenir les navires papuans. Balistes, catapultes, trébuchets… Rhian voyait régulièrement des projectiles s’envoler pour s’abattre sur la ville.

Cette vision était glaçante, effrayante, mais renforçait aussi la détermination de Rhian, décidée à rejoindre l’Arsenal, là où sa famille devait l’attendre. Mais, avant cela, Riniya suggéra qu’elle se dissimule. La Princesse ne put qu’acquiescer. Son physique était assez reconnaissable, surtout avec les bijoux dorés qu’elle portait sur le corps, et dont elle refusait de se séparer. Ceux-ci n’étaient pas que purement décoratifs, ils disposaient aussi de pouvoirs magiques, et l’aideraient surtout à être reconnue devant les gardes. Rhian se rapprocha d’une femme malheureusement morte, et récupéra son long voile.

« Ceci suffira… »

Destiné à protéger du sable, le voile s’enroula autour de son corps, disposant d’une capuche qui recouvrit ses cheveux, ne laissant plus que son visage.

« Mais ce n’est pas pour autant que les Olympiens nous épargneront, Riniya… Leur attaque est tout simplement incompréhensible. Il nous faut rejoindre l’Arsenal, c’est là que nous retrouverons ma famille, et nous aurons peut-être plus d’éléments pour comprendre ce qui se passe. »

Pour ça, il allait falloir traverser une bonne partie de la ville assiégée. Ainsi habillée, Rhian s’avança, délaissant le cadavre, qui aurait ensuite droit à une sépulture. Dès que les deux femmes remontèrent la plage, les premiers ennuis apparurent. Une bataille avait fait rage sur cette plage, et il y avait de nombreux morts. Rhian comprit que la zone avait fait l’objet d’un débarquement d’Olympiens, et les Papuans s’étaient dressés contre eux, formant une première ligne de défense qui avait été rompue. Plusieurs goules hantaient les lieux, cherchant à dévorer les cadavres, mais se redressèrent brusquement en voyant les deux femmes se rapprocher.

En son for intérieur, Rhian pesta contre ces immondices, tout en devant aussi se préparer à les combattre…

Rin avança de manière confiante, l’arc à la main, son matériel technologique étant partiellement caché pour l’occasion. Il allait être difficile de la prendre en embuscade dans cet endroit, l’elfe avait déjà l’expérience et en plus les lentilles qu’elle portait s’en donnait à cœur joie d’être enfin face à des murs peu épais. Rajoutons le casque qui n’avait rien de décoratif et elle était ici, comme un poisson dans l’eau. Ou un poison dans l’eau si on devait se fier aux points de vue de ceux qui lui avaient déjà fait face.

« Les Olympiens à la normale, n’étaient déjà pas des tendres, alors si en plus c’est Arès qui commande, j’ai du mal à croire qu’il se contente d’une simple occupation et de la mise au fer de sa population. Non, c’est surtout que je ne tiens pas à avoir un rapport comme quoi un membre de la famille royale a été repéré dans tel ou tel quartier. »

Et aussi qu’elle savait mieux comment fonctionnait le repérage par drone ou satellite que la magie de la divination et que moins elle laissait de trace, mieux elle se portait. Un sacrilège pour un elfe qui n’avait aucun moyen de fausser la moindre prédiction de ce côté-là.

Autant les lentilles ne verront pas ce qui allait tomber sur les deux femmes, autant son casque fera la tâche qui lui était assigné en entendant quelques choses d’approcher, et piaffer de manière peu ragoutante. Rin connaissait cette manière bien écœurante et son verdict ne se fit pas attendre. Des goules n’avaient pas attendu bien longtemps pour sortir des égouts. Le problème de ce genre de sortie entre goules, c’était souvent dû à la présence d’un charnier quelques parts. La seule nouveauté dans cette histoire ? En croiser en zone civilisé. D’habitude c’était plutôt la campagne après le raid d’une bande de pillards.

« Eux, ils ne m’ont pas beaucoup manqué sur Terra. »

Mais pour le moment soucis n’était pas vraiment là puisqu’elle tira simultanément deux flèches sur deux cibles différentes. Un en pleine tête en touchant carrément l’orbite et s’écroula, le second seulement au ventre qui continua sa ligne droite sur le duo de femmes. Zut, elle se rendait compte qu’elle avait un poil rouillé avec les arcs traditionnels, elle adorait ce tour bien impressionnant lors de son service militaire à Lumen. Le problème ils n’étaient pas que deux et ça se comptaient souvent par quatre ou cinq. Rarement plus, sauf devant un vrai festin et tout ce que Rin espérait, que ce festin ne se contentait que d’un malheureux couple au mauvais endroit au moment et non sur les restes d’un petit bataillon. Si le second arriva au contact, se fut pour l’accueillir à grand coup de pieds pour le repousser, en frappant bien à l’endroit où se logeait la flèche pour endommager le plus ses organes internes. Toujours de ce monde, certainement mais pour le moment il était repoussé et sur le dos. Rin n’aura que le temps d’envoyer une troisième flèche sur celui qui venait de bondir d’un débris de bâtiment. Si elle avait déjà la quatrième flèche coincée entre ses doigts et prêt à être mise, elle regardait les environs surtout pour ne pas se retrouver prise à revers. Ses satanés nécrophages n’avaient pas la bonne température adéquates et elle ne pouvait que se concentrer sur ses sens auditifs.

Voir des goules ici était un véritable écœurement, le signe que la capitale était effectivement assiégée. Rhian vit Riniya sortir son arc, et décocha plusieurs flèches, fauchant à chaque tir les goules. Celles-ci hurlèrent rageusement en se retournant vers les proies. Certes, les goules étaient attirées par la chair en putréfaction, mais elles ne reniaient jamais un bon festin, et se ruèrent vers les deux femmes. Riniya se retrouva au contact, repoussa une deuxième goule, et tira une troisième flèche pour abattre une autre goule qui  venait de bondir de derrière des débris. Mais une quatrième goule cherchait à la prendre à revers, se ruant vers elle. Le contact risquait d’avoir lieu… Quand Rhian fit irruption, et planta sa dague dans le cou du monstre. La bête couina de douleur, avant de s’effondrer sur le sol. Rhian récupéra ensuite sa dague, et évita une projection de sang verdâtre, tandis que la bête se tortillait sur le sol.

Les goules restantes, guère courageuses, choisirent assez rapidement de s’enfuir, laissant les deux femmes seules.

« Ce sont les cadavres qui les attirent. À Papua, nous prenons grand-soin de les embaumer, de manière à ce que la putréfaction ne les attire pas. Mais ici… Ils doivent être morts depuis plusieurs heures, et les grottes sont à proximité. »

Rhian soupira lentement en regardant les corps. Voir la mort de ses semblables était toujours un déchirement. Il y avait toutefois aussi des Olympiens, et elle les observa également. Ils ne s’étaient pas décomposés à toute allure, ce qui excluait des zombies… Mais Rhian constata aussi que leur sang s’était coagulé très rapidement. Elle les observa donc, silencieuse. La jeune femme était suffisamment éduquée pour rapidement constater qu’il y avait là quelque chose d’anormal.

« Ce ne sont pas des humains ordinaires… On dirait qu’ils ont été ressuscités. Mais je ne connais aucun nécromancien qui soit capable de réaliser ça… Même morts de nouveau, ils ne se décomposent pas rapidement. Regarde comment leur sang a coagulé… C’est trop rapide pour qu’ils aient été vivants avant de mourir. »

Elle chercha sur les cadavres des signes, des traces d’une invocation, d’un rituel magique, mais ne vit rien.

*Je ne comprends pas… Aucun Dieu papuan n’est capable de faire ça, et je suis à peu près sûre qu’aucune divinité de la Seldarine, le panthéon elfique, ne peut faire ça aussi…*

Les Olympiens pouvaient-ils le faire ? Rhian chercha un Dieu qui aurait pu avoir ce pouvoir… Mais même Zeus n’avait pas le pouvoir de jouer avec les morts comme cela. Plus Rhian pensait à ce siège, et plus quelque chose lui échappait, comme des morceaux d’un puzzle qu’elle n’aurait pas en sa possession pour reconstituer la toile complète. Rhian observa encore la jeune femme, consciente que l’endroit n’était pas indiqué pour cela.

« Mon père aura peut-être des éléments de réponse, il faut y aller. »

Rhian adressa une brève prière aux morts, consciente que les embaumeurs auraient ensuite du travail à faire, et se releva. L’Arsenal était assez éloigné. C’était une forteresse solide située le long de la mer, et, en cas d’invasion, le protocole d’urgence prévoyait précisément de se réfugier ici, dans l’Arsenal. Le duo commença donc à s’enfoncer dans les rues de la ville, tout en sachant très bien qu’ils allaient tomber sur de nouveaux ennemis…

Saleté de bestiaux, la présence d’instinct survie faisait que les rencontrer quand on s’y attendait le moins, les rendait dangereux. Et autant en temps normal ce genre de nécrophages ne devaient pas beaucoup sortir et se contenter des voies d’évacuation des eaux usés qui menaient au port, autant avec le chaos et la multitude de cadavres laissé par la guerre, les boulets des trébuchets qui devaient tombé en ville sonnait pour eux comme le son de la cloche d’une cantine. Et ici, c’était le rab’ en plus ! Et ici, le rab’ ils pouvaient aller le chercher ailleurs : quand on avait le choix entre se servir sur les lieux d’un combat et celui de s’en prendre à du gibier qui mort et qui griffe, le choix fut rapide.

Riniya ne s’attarda pas tant que cela sur les cadavres, du moins le pensa-t-elle au premier abord puisque la Princesse de Papua nota un détail étrange, là où l’elfe n’avait vu aucun intérêt de s’attarder sur les cadavres avant cela.

« Maintenant que vous le dites. »

En les combattant, Rin ne les avait jamais considéré comme mort-vivant, simplement que la réaction de ses soldats étaient trop naturelle et digne d’un combattant qui vendrait chèrement sa peau avant de passer l’arme à gauche. Et pourtant Riniya savait qu’elle avait à faire à des morts vivants des plus particuliers. Quant à la trace de magie, elle serait tentée de dire « pas plus qu’ailleurs pour un univers telle que Terra » mais ce n’était pas logique, il n’y avait rien de logique qui suivait les principes théoriques que l’on pouvait apprendre sur la magie, aussi bien divine qu’académique.

« Ici, le corps et l’âme ne font qu’un, l’âme alimentant le corps, ça expliquerait la décomposition après que la « source d’énergie » tel que l’âme se soit éteinte. Les yeux brillants j’avais mis ça sur le dos sur le pouvoir des Dieux Olympiens, mais si ça suit mon raisonnement, le corps a été totalement recrée magiquement. »

Elle en fronça même les sourcils devant cette logique.

« Mais ce n’est pas un pouvoir du domaine du divin, la création magique artificielle va totalement à l’encontre de leurs principes. Et l’âme a une expérience militaire, je sais le reconnaître ! Je comprends qu’Hadès régie le domaine des Morts et puisse rappeler une âme, mais ici on parle de création d’un réceptacle, réceptacle qui est directement lié à une âme de son vivant ! »

L’elfe n’avait rien d’une académicienne tout droit sorti d’une université de magie ou ce genre de chose, elle était éclaireuse, s’approchant assez facilement d’une archère-mage mais pour elle, en se penchant sur la raison pourquoi ils se décomposaient alors que ses Olympiens étaient fait de cher et de sang on ne pouvait pas plus naturel, et surtout non magique.

« Il faudrait que vous demandiez conseils à vos embaumeurs… J’ignore si leurs âmes rejoignent leurs Dieux ou se détruit ou s’évapore, ou que sais-je, dès que l’on les re-tue. »

Et surtout, Rin était curieuse où ses âmes finissaient si elles ne se dissipaient mais cette question pouvait attendre pour le moment. Car en se dirigeant vers l’arsenal, il était facile de deviner que l’Arsenal, en bonne petite forteresse, allait se retrouver assiéger maintenant que les Olympiens avaient perdu l’effet de la surprise en tentant d’attaquer le palais en espérant couper la tête à la royauté et son état-major dès le début des hostilités. Au fur et à mesure qu’ils s’approchaient, pas de tente mais quelques bâtisses encore debout où pas mal de bruit en provenait. Rin évita d’ailleurs non pas une simple patrouille mais plutôt un cyclope et trois soldats qui semblaient porter les provisions de la journée vers un quartier, où il y avait des échanges de tirs de flèches et d’arbalètes, que l’elfe estima juste par principe. Ou plutôt là pour garder la pression sur les défenseurs.

« Les renforts n’ont totalement mis pieds à terre et  visiblement, avec ce que ce groupe transportaient comme provision, il semblerait qu’Arès n’ait pas prévu de faire tomber l’Arsenal dans la journée. J’ignore si vous connaissez un moyen de rentrer discrètement, mais même si c’est le cas, je serais tentée de vous proposer d’emprunter ce passage quand la nuit commencera à tomber et de se cacher en attendant le bon moment. »

Ses types voyaient aussi bien que Rhian dans le noir, c’est-à-dire pas grand-chose. Et surtout, Riniya ne voulait pas prendre le risque d’être repéré pendant qu’elles entraient discrètement. Sans parler qu’une course poursuite, avec ses côtes fêlées qui lui faisaient un mal de chien, c’était une cause qu’elle se passerait bien de faire, surtout face à des hommes d’armes.

La capitale se remettait d’un premier assaut massif qui avait amené les Olympiens jusqu’aux portes du palais. Et, tandis que le duo commençait à s’aventurer dans les ruelles entourant la plage, Riniya proposa d’attendre la nuit. Il serait plus simple de se déplacer et ainsi de rejoindre l’Arsenal, où les troupes olympiennes devaient être en train de se concentrer massivement. Rhian était assez déboussolée. Sa maison était en feu, et il y avait encore des cadavres dans les rues. La vue de chaque corps en sang était un déchirement pour elle. Les Olympiens ne faisaient aucun prisonnier, et abattaient les civils à vue, comme s’ils étaient devenus fous. Comment définir autrement cette agression injustifiée que comme un déchaînement de fureur et de folie ?

*Ça n’a aucun sens, ils ne cherchent même pas à envahir… Que nous veulent-ils donc ?*

Les légendes mythologiques étaient remplies d’histoires racontant l’arrogance des Dieux, leur obsession au contrôle, et le mépris qu’ils affichaient parfois à l’égard des êtres humains. Et c’était particulièrement vrai pour les Olympiens, des divinités propres à déclencher des guerres religieuses uniquement parce qu’ils se disputaient. Un concept… Relativement humain, en réalité. Quand deux Rois voisins se disputaient, ils réglaient ça en sacrifiant leurs troupes. Tout cela avait toujours dépassé Rhian, qui avait toujours cru que le pouvoir impliquait des responsabilités, et de ne pas sacrifier inutilement ses forces.

Rhian se retourna donc vers Riniya, et acquiesça doucement.

« Mes parents vont s’inquiéter, mais la prudence s’impose, oui. Ceci étant dit, il faut trouver un endroit prudent… Ou une garnison. N’oublie pas que je suis la Princesse. »

Cette première attaque olympienne avait gagné par son effet de surprise, mais, une fois les défenses de la ville mises en place, la capitale tenait bon. Le duo rejoignit une place qui avait fait l’objet d’une bataille rangée en règle. Un combat autour d’une fontaine qui était rouge de sang, avec plusieurs auberges alentour qui étaient abandonnées. Les corps s’empilaient dans l’auberge, Olympiens comme Papuans. Impossible de dire qui avait gagné, tandis que les vautours et les corbeaux croassaient autour des cadavres.

Rhian aperçut également quelques détrousseurs de cadavres, et fronça les sourcils.

« Hey ! Vous n’avez pas honte ? Foutez le camp ! »

Les détrousseurs, de simples vauriens, partirent précipitamment. Rhian observa ensuite les corps, tout en discernant progressivement d’autres ombres, des silhouettes s’approchant nerveusement, semblant reconnaître le visage de la jeune femme. Elle se rapprocha des corps, l’âme lourde, le cœur sur le bord des lèvres, ne parvenant même pas à retenir quelques larmes. Pendant ce temps, les badauds se rapprochaient.

« Vous…
-  La Princesse, c’est la Princesse… »

Parmi les victimes, il y avait aussi des civils, et Rhian vit même les corps maigres et distordus d’enfants.

*Les Dieux sont devenus fous…*

Il n’y avait aucune autre explication possible, aucune autre justification recevable. Retrouvant ses esprits, Rhian se retourna vers les badauds, les victimes.

« Avez-vous un endroit où vous réfugier ? Et oui, je suis bien Rhian Thoris… Et je vous présente mes excuses. Ceci… Rien de ceci n’aurait jamais dû arriver.
-  Mais pourquoi ? Que nous veulent-ils ?
-  Pourquoi nos Dieux ne nous viennent pas en aide ? »

Rhian secoua la tête. Elle n’avait malheureusement aucune réponse à fournir, car elle ne le savait pas elle-même, et se posait des questions tout à fait similaires.

« Nous avons un refuge, oui…
-  Conduisez-nous-y, je vous prie. Riniya est avec moi, elle… C’est ma garde du corps. »

Le refuge se trouvait dans les bas-fonds de la ville, mais les combats n’avaient globalement pas lieu par là. Rhian espérait donc y trouver un coin sûr pour attendre la tombée de la nuit.

Du côté de Riniya, se fut un résultat proche du néant. Des champs de bataille, elle en avait vu des vertes et des pas mures, encore plus quand sa carrière de mercenaire débuta. La guerre, c’était triste, et comme dirait beaucoup, le malheur des uns faisaient le bonheur des autres avec ses détrousseurs de cadavres et dans d’autres mondes, ce genre de commerce ne se limitait plus au bien mais aux trafics d’organes pour le peu qu’il reste un survivant en piteux état. Il y avait aussi cette terrible phrase « People die if they are killed » sorti tout droit d’un philosophe mais que Rin n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Ou alors c’était tout droit sorti d’une mauvaise traduction d’un type qui avait un peu abusé de la vodka et qui ne s’était pas relu, peut-être...

Rin ne commenta pas le rappel comme quoi elle était la Princesse de Papua, préférant tâter une côte d’une partie de son corps qui avait bien bleui depuis cette dernière heure. Foutue momie, elle n’était plus très fraiche mais son côté hargneux ne l’avait pas loupé.

La suite du spectacle fut un peu la masse qui enfonça le clou, les nerfs de Rhian commençant à montrer ses limites même si elle se montra forte. L’elfe ne pouvait pas critiquer le geste de la princesse de faire fuir de telle opportunistes, même si le terme « rats » conviendrait mieux, elle aurait préféré passer discrètement sans rien demander à personnes. Le geste ne fut malgré tout pas anodin, à croire qu’il y avait au moins un Dieu qui veillait sur la Rhian puisque dans les environs, quelques badauds étaient présents dans les environs. A voir leurs vêtements et quelques cas de sous nutrition alors que la guerre n’en était qu’à ses débuts, ils venaient des quartiers pauvres. Le premier réflexe de la ranger fut de cesser de s’appitoyer sur cette blessure et remettre correctement son coupe-vent pour cacher la présence de quelques outillages technologiques. Ca ne les regardait pas et moins ils posaient de questions, mieux c’était pour tout le monde. Et moins elle disait aussi : elle ne comptait pas parler de trouver une garnison, c’était un coup à ce plusieurs personnes veuillent les suivre à l’avenir en espérant trouver sécurité auprès d’eux. Hors, c’était triste à admettre, mais des réfugiés n’en restaient pas moins des boulets dans un tel cas et toute mercenaire qu’elle était, Rin n’était certainement pas du genre à avoir le cœur d’avoir l’idée de s’en servir comme bouclier humain ou diversion.

« C’est bien ça, on vous suit. »

Les combats s’étaient belle et bien déplacé, les Olympiens n’ayant vu que peu d’intérêt à perdre trop d’hommes à nettoyer de fond en comble un quartier où les rues et ruelles n’avaient souvent que peu de logiques architecturale. Un guêpier contrairement au quartier plus classique, avec ses ruelles étroites pour une population souvent tassée. Les survivants les amenèrent à un marché couvert qui ne payait pas de mine visité à deux reprises : la première par les olympiens pour les ressources alimentaires et les quelques rares richesses, les seconds par des opportunistes qui avaient récupéré les restes. Sachant que le dit-marchés se trouvait dans le quartier pauvre, ses derniers n’avaient pas dû beaucoup s’enrichir. Mais ici, se fut une taverne miteuse dont la façade avait été incendiée mais dont le feu s’était calmé de lui-même qui intéressait les survivants. En partie pillé elle aussi mais qui servait avant tout de refuge et de planque.

Du côté de Rin, si elle laissa la Princesse parlée, l’elfe se contentait surtout de son rôle de garde du corps et n’avait, en toute logique, pas trop son mot à dire lorsque Rhian parlait, du moins tant que ça concernait la sécurité de celle-ci.

« La façade a brûlé en bonne partie, les Olympiens n’ont pas beaucoup d’intérêt de refaire une descente dans un quartier qu’ils doivent considérer plus comme un guet-apens que véritablement stratégique. On devrait être tranquille tant qu’ils se massent autour de l’Arsenal. »

La capitale était en panique, et, face à la menace des Olympiens, les réfugiés qui n’avaient pas pu rejoindre les troupes s’étaient rendues dans les bas-fonds de la ville. Rhian savait que Papua avait beau être une riche cité, il existait aussi des quartiers pauvres, des regroupements d’orphelins, de drogués, de déshérités… Ils vivaient dans des zones exiguës, un ensemble de ruelles et de rues étroites avec des bâtiments installés un peu partout, y compris des édifices sauvages ne respectant pas les prescriptions urbaines. Toutefois, en l’état, ce n’était pas ce qui intéressait Rhian. Elle descendit une volée de marches la conduisant dans une ruelle sombre, Riniya la suivant prudemment. Dans la pénombre, ses bijoux se mirent à luire, formant comme une douce lampe éclairant la ruelle sinueuse. Des couvertures en toile avaient été posées au-dessus, formant ainsi un bas-fond. Plusieurs bâtiments se trouvaient là, assemblés par des constructions hirsutes et insolites en un ensemble sauvage et complexe.

Le petit groupe rejoignit ainsi une auberge par l’arrière. L’avant avait été condamné à l’aide de planches de clous, et personne n’était encore venu les attaquer. Le hall de l’auberge avait été transformé en camp médical improvisé, et, quand Rhian arriva, elle constata que plusieurs sages-femmes et guérisseurs se trouvaient là.

« Princesse !
-  Majesté ! »

Riniya, après avoir observé les lieux, signala vite que l’endroit était sûr, et qu’elles pourraient attendre la tombée de la nuit. Rhian acquiesça doucement, tout en se rapprochant ensuite des blessés.

« J’ai une formation médicale, vous savez, puis-je être d’une quelconque assistance ? »

La proposition ne manqua pas de surprendre le public, mais Rhian était sérieuse. Elle avait appris à faire des compresses, des bandages, à désinfecter des plaies. Elle n’était pas forcément une grande guerrière, mais elle savait aider, et ce peuple en souffrance, ce peuple qui saignait… C’était son peuple. Elle avait beau vivre dans son palais luxueux, elle n’en restait pas moins la Princesse de Papua. Elle banda donc la jambe d’un homme qui avait été atteint par une flèche, après avoir utilisé un désinfectant. Sa seule présence semblait rassurer les blessés, et elle leur souriait volontiers. Avec ses bijoux flamboyants, Rhian ressemblait à une sorte de créature angélique, envoûtante.

Ceci étant dit, elle ne comptait pas que soigner les blessés. Profitant d’un moment de paix, elle alla à l’étage. Riniya faisait partie des quelques gardes d’office. Elle se tenait depuis une fenêtre, surveillant les lieux. Rhian avait une idée en tête, quelque chose qu’elle comptait appliquer.

« Riniya… »

Celle-ci se retourna. Rhian venait de se laver les mains, et se rapprocha lentement. Dans la rue, il n’y avait personne, si ce n’est quelques cadavres. Les affrontements s’étaient déplacés, et elle regarda Riniya ensuite, l’air grave :

« Tu es une elfe, n’est-ce pas ? Je sais qu’il y a un petit temple à proximité, et… Je pense que nous devrions nous y rendre. Mes Dieux n’ont pas répondu à mes prières, mais toi, en tant qu’elfe, tu es proche de la Seldarine, non ? Alors, si tu m’aides, peut-être que je comprendrais pourquoi nos Dieux ne réagissent pas… »

La Seldarine était le terme désignant le panthéon elfique. Rhian avait bon espoir de trouver comme ça enfin des réponses aux questions qu’elle se posait…

La Seldarine était le terme désignant le panthéon elfique. Rhian avait bon espoir de trouver comme ça enfin des réponses aux questions qu’elle se posait…

Rin ne put s’empêcher de jeter un regard à travers quelques planches pour regarder la rue où elle menait. Rue exigue, véritable coupe gorge, bref un bouiboui où en temps normal, il fallait être certain d’y mettre les pieds et ne pas repartir trop saoul seul. C’était bien ce à quoi elle pensait : les Olympiens n’avaient aucune raison d’y mettre les pieds et comme leurs disciplines frisaient avec fanatisme, il n’allait pas perdre leur temps à piller les caves pour du pinard de basse qualité. Pas étonnant que les survivants se servent d’un tel lieu pour se cacher…

Pendant ce temps-là, Rhian rassura son peuple comme elle le pouvait. L’elfe laissa faire, c’était le rôle de la fille du dirigeant de cette nation et elle semblait s’en sortir merveilleusement bien, ses bijoux lui donnant un aspect à la fois surnaturel et apaisant. Le fait qu’elle dise à ses personnes qu’elle était initié au art de la médecine la fit un peu revenir à la réalité, et prendra l’initiative d’accoster une sage femme pour qu’elle regarde un peu sa blessure. Le verdict ne se fit pas attendre, même si au fond d’elle, Rin se doutait un peu de l’ampleur exacte de la blessure. Une côte félée, ni plus ni moins.

« Ma dame, je ne peux que vous conseillez du repos. Ou les services d’un prêtre si cela devait presser, mais ils ont été réquisitionner par l’armée. Ses herbes pourraient adoucir votre douleur et cette paumade pour que l’émataume ne s’empire. »
« C’est mieux que rien, mais je vous en remercie. »

Rien à voir avec une guérison immédiate, mais ça lui fera oublier sa blessure. Rin n’utilisait que rarement de la nanotechnologie médicale à moyen terme, pour éviter d’entraver ses capacités magiques, situation double tranchante dans son cas. Ce fut une dizaine de minutes plus tard que la Princesse revint la voir. L’idée de contacter la Seldarine et en tant qu’elfe proche de la nature, elle était plus proche de le faire que la Princesse. Si l’idée était loin d’être mauvaise, Riniya n’avait jamais eu tant d’affinité avec ce panthéon, peu apporte si ils étaient proches de sa race. Rin ne put s’empêcher de lâcher un petit sourire gêné concernant ce sujet.

« Proche de la Seldarine ? Mouais… »

Il existait différence approche du « oui »  et du « non » et entre les deux, il y avait souvent le « ouais ». Ici c’était le « mouais » pas convaincu, qui virait plus vers le « non » que le « oui ». Elle prit la peine de se justifier peu après.

« Non pas que j’ai tourné le dos à la Seldarine, disons que je suis plus proche des esprits élémentaires primordiaux que de la Seldarine elle-même. Si ce panthéon respecte les esprits puisqu’ils sont eux aussi grandement lié à la nature, disons qu’ils les considèrent parfois un peu borderline » elle se reprit en utilisant un terme plus courant dans la région « des méthodes et traditions parfois un peu trop sanglantes aux yeux de Thelandira. Et ça donne parfois quelques frictions. A la rigueur, il y a Shevarash mais j’ai plus de chance à avoir une réponse de la part d’un Efrit revanchard face à cette situation qu’une réponse de lui. »

Riniya n’avait pas à se justifier sur ses croyances... surtout qu'elle venait avouer à demi-mot que de tuer un adversaire bien costaud « chopé lors d'une partie de chasse » en l'honneur d'un esprit primordial, ce n'était pas qui la choquerait tant que c'était fait dans les règles de l'art. Elle avait vu trop de choses et à s’être trop éloigné des siens, même à l’époque où elle était encore sur Terra, faisait qu’elle était devenu beaucoup trop pragmatique pour vénérer un Dieu qui savait différencier le bien du mal. D’où les esprits primordiaux, beaucoup plus sauvage et qui collait mieux à une elfe qui passait son temps sur les champs de bataille en se moquant totalement de l’éthique de son employeur tant qu’il déboursait la somme demandé par le patron de sa compagnie de mercenaire. Si demander des réponse à Shevarash pouvait être une solution, l’autre souci avec Riniya, elle partait déjà défaitiste avec un panthéon qu’elle avait tourné le dos lors de son « exil » et où, même avant, ne s’y était que vaguement intéressé.

« Shevarash ? L’Archer Noir ? Je me serai attendue à une divinité plus pacifique… De plus, il risque de mal prendre l’association de l’Empire avec les Drows, mais… Après tout, ça peut marcher. »

Rhian était suffisamment cultivée pour connaître les divinités de la Seldarine. Shevarash était une divinité particulière, un demi-Dieu, un elfe devenu une divinité. Son culte était relativement réduit, car il était implacable, violent, cruel, reposait sur la vengeance et sur la haine des Drows. Il y a des éons de cela, nains et elfes s’étaient réunis en vue de célébrer une alliance. Les Drows avaient attaqué ce rassemblement, et avaient exterminé tous les participants. Shevarash fut le seul survivant, mais avait tout perdu. Face à l’ampleur du carnage, il jura à Corellon, le Seigneur des Elfes, Maître de la Seldarine, de ne plus jamais sourire tant que Lolth ne serait pas anéantie. Shevarash mourut sans accomplir son vœu, mais réalisa au crépuscule de son existence un rituel elfique très rare, l’Exaltation, qui lui permit, en absorbant l’essence divine d’Elikarashae, un demi-dieu guerrier, de devenir une divinité.

Ce n’était sans aucun doute pas le meilleur allié, mais Rhian allait faire avec. L’Archer Noir était après tout suffisamment éloigné des codes usuels de la Seldarine pour pouvoir apporter des réponses, ou aider Rhian à contacter ses propres divinités. Elle fit donc signe à Riniya de la suivre, et le duo rejoignit un petit temple à proximité. Elle invita également les gens à la suivre, et, ensemble, ils rejoignirent le temple. Il était poussiéreux, et ils remirent sur place les idoles, allumèrent les cierges. La foi était puissante sur Terra, et il fallait y mettre de la ferveur. Le temple était dédié au Dieu Osiris, Dieu de la fertilité, Protecteur de Papua.

Faute de prêtre, Rhian se chargea d’assurer l’office, et invita également Riniya à prier son dieu. Certes, ce n’était pas une église de Shevarash, mais la situation était exceptionnelle. Rhian se joignit donc à la prière collective, parlant dans une langue sacrificielle, rituelle. Rhian avait les yeux clos, et les rouvrit quand un souffle agita son nez Elle vit un aigle royal se poser devant elle, avant de s’envoler, et releva les yeux. Pour perfectionner le rituel, on avait répandu de l’encens, formant une fumée blanche, presque spectrale, qui se diffusa tout autour d’elle.

Elle n’était plus dans le temple, et vit devant elle un immense sarcophage antique. Un corps était gravé sur ce sarcophage géant, portant sur sa tête la couronne blanche Hedjet, un long bonnet symbole de la royauté papuanne. Dans chacun de ses mains, Osiris détenait le sceptre Héqa et le flagellum Nekhekh, croisés, devant lui, symboles également de la royauté.

« D-Dieu Osiris ! »

Rhian s’agenouilla, et un aigle coassa encore, avant de s’envoler, battant fièrement des ailes. Elle se releva, et le suivit alors, l’aigle s’illuminant sur place. Quittant le temple, elle grimpa des escaliers qui l’amenèrent dans une forêt entourant l’un des lieux légendaires de Terra, le Bosquet de la Sylve. Un immense arbre, gigantesque, abritant une citadelle elfique ancestrale bâtie au milieu d’un immense lac, près de Lumen. Elle s’avança encore, ses pieds foulant l’eau, et aperçut un terrain d’entraînement, où une elfe à la chevelure blonde tirait contre des poteaux d’entraînement.

« Riniya ? »

Celle-ci était alors plutôt jeune, et ne semblait pas l’entendre. Elle se retourna vers d’autres elfes.

« Le monde a besoin de nous, elfes ! Les Olympiens ont renié leur protection ! »

Les Olympiens ? Tout cela ressemblait à un discours militaire, et, le temps qu’elle s’approche, le décor évolua. La nuit remplaça le jour, et elle put voir que les faubourgs du Bosquet étaient en feu. Une bataille navale faisait rage autour du Bosquet, les elfes affrontant une force d’invasion redoutable. Des dragons verts jaillissaient de l’immense arbre, des Branches, et fondaient sur les navires, les enflammant, avant de se heurter en plein vol contre des pégases, des harpies, ou encore des griffons.

Riniya se tenait alors devant elle, la Riniya qu’elle connaissait, et, alors qu’elle se rapprochait, l’aigle doré qu’elle avait aperçu tantôt se posa à proximité.

« Riniya ! J’ignore où nous sommes, mais… »

Une silhouette sombre émergea alors. Elle portait un capuchon, et un arc noir.

« Shevarash ! »

L’Archer Noir leur fit face.

« La Sylve est en feu. Zeus est devenu fou. Est-ce pour cela que vous avez décidé de me voir ? Riniya, tu es une Enven… Une guerrière elfique ! Pourquoi n’es-tu pas retournée défendre les tiens ? La Sylve brûle !
-  Nous devons comprendre ce qui se passe ! Pourquoi les Olympiens agissent ainsi ? Pourquoi les autres Dieux ne nous protègent pas ? »

L’aigle hurla alors, et déploya ses ailes. Des rayons lumineux percèrent alors les nuages sombres déchirant la nuit, et aux éclairs succédèrent des rayons lumineux.

« Une guerre sainte… Est-ce là ce que vous voulez ? Est-ce ainsi que nous devons régler ce problème ? Jadis, les Dieux se sont alliés pour vaincre des menaces ancestrales. Ces mêmes menaces ont manipulé l’esprit de Zeus, lui ont fait voir des mensonges. Si nous attaquons, nous accomplirons leur dessein. Terra ne survivra pas à une guerre divine, à un combat entre les panthéons. Ce sera la fin de ce monde… Et la Grande Tour sera exposée ! »

Dans le ciel, Rhian put voir Zeus s’élancer vers Horus. Un éclair heurta un soleil, et une terrible explosion résonna alors, soufflant la Sylve, détruisant toute la matière, déchirant les éléments… Pour les amener devant une immense tour noirâtre bâtie au milieu d’un champ de roses rouges, qui se dressait jusque dans le firmament. Shevarash se manifesta alors à nouveau.

« On appelle ce lieu par bien des noms, Riniya… Mais cette plage, c’est Cuiviénen, là  où les Premiers Elfes se sont éveillés. Protéger la Tour est notre mission. Les esprits primordiaux, les Dieux, trous les panthéons sont issus de la Tour… C’est ta destinée, Riniya. Tu dois la protéger. »

Il faisait beau ici, avec un soleil lointain survolant l’horizon aquatique. Les roses rouges remuèrent lentement, comme pour annoncer une future tempête…

La remarque sur les drows ne fit que quelques peu hausser les épaules de Riniya. Même si elle se méfiait comme la peste de cette race avec les préjugés raciaux qui allaient avec, elle n’éprouvait pas de la haine à proprement parler. Juste que si on devait lui dire que « un bon elfe noir est un elfe noir mort », elle n’irait pas contredire ce genre de dire. Simplement parce que cela reviendrait à commencer un débat qui n’en valait pas la peine selon elle, et prendre la défense des drows n’en valait pas non plus la peine. Cette haine aveugle était aussi la principale raison qu’elle n’aurait pas vénérée Shevarah : pour que Rin se mette à haïr quelqu’un au point de le traquer sans relâche le reste de sa vie, il fallait chercher très loin pour une elfe qui se voulait au bout du compte assez m’enfoutiste.

Le petit temple où la Princesse l’amena n’avait rien de grandiose par rapport aux autres que possédait les quartiers religieux de la ville, mais pouvait presque dépareiller pour une zone où la pauvreté était plus importante. Les Dieux de Palpua étaient réputés stricts et voler des fidèles ou s’en prendre à ses lieux de cultes devaient faire réfléchir deux fois le bandit moyen pour qu’un tel lieu ne soit pas saccagé ou pillé. Ironiquement, c’était ce qui l’avait sauvé de toute profanation car à en juger les dégâts présents ici, Riniya pencha sur la panique provoquée par l’assaut surprise de la ville qu’un véritable saccage en bonne et du forme. La preuve, les idoles restaient intactes malgré qu’elle soit couché là où l’Olympiens moyens l’auraient piétiné. Tant mieux, le rituel n’en sera que plus efficace, tout comme la présence de plusieurs fidèles qui s’étaient décider la suivre et soutenir sa prière. Riniya se résigna à poser son arc non loin d’elle pour rejoindre la prière, qui tarda quelques peu pour la simple raison qu’elle n’y mit pas du sien au début. Et aussi trop crispée à en juger au réflexe qu’elle aura de rouvrir les yeux pour regarder son arme de poing lorsqu’un aigle pénétra dans le temple. C’était vrai ? Qu’est ce qu’elle dirait si elle devait se retrouver devant une divinité elfique dont elle avait tourné le dos et jamais vraiment vénéré si jamais cette solution fonctionnait ?

La suite fut floue, où elle ne contrôlait pas vraiment ses gestes, où plutôt un geste qui se voulait si automatique qu’elle ne prêta pas vraiment attention. Riniya était au Bosquet de la Sylve, un endroit qu’elle connaissait si bien à un tel point que ce lieu magnifique pour beaucoup ne représentait qu’à ses yeux un quotidien assez monotone. L’une des raisons pour laquelle elle s’était mise à l’archerie, pour un jour faire partie des rangers dans le simple but d’avoir sa dose d’adrénaline. Et pourtant, au fur et à mesure que ses flèches se plantaient dans plusieurs de ses cibles, à vouloir toujours faire mieux, l’elfe avait le présentiment que quelques choses ne tournaient pas rond. La satisfaction était là, le sentiment de satisfaction aussi mais elle n’arrivait pas à ôter ce sentiment de « déjà vu » qui ne collait pas, surtout au fur et à mesure que l’elfe commençait à réfléchir. Une hallucination ou un rêve ? Le problème elle ne se souvenait pas ce qu’elle faisait là. La présence de Rhian dans ce songe la remit un peu sur le droit chemin, à un moment où elle avait cessé de tirer pour regarder la main qui tenait son arc, une main un peu plus jeune.

« Rhian ? »

Bien la première fois, et peut-être la seule qu’elle appellera une princesse par son prénom et non son titre, surtout dû au temps de réflexion de comprendre le vrai du faux. Le ton de sa voix ne fut pas tout à fait le même aussi, lui confirmant qu’elle avait facilement une quinzaine d’années en moins. Cela lui confirma que ce n’était pas l’époque où elle eut sa crise d’adolescente en voulant plus et aller toujours plus loin. Un regard sur la cible lui fit comprendre que cette époque s’approchait du moment où le déclic de braver l’interdit pour davantage d’adrénaline n’allait pas tarder. Un hasard ?

« La Sylve mais je crois que ça ne soit pas la réponse que vous voulez entendre. »

Elle aurait été dans un port, l’archère aurait répondu la même chose ! Au moins, Rin avait suffisamment de jugeotte pour l’admettre elle-même. Après, toute Princesse de Papua qu’elle était, les chances que Rhian puisse voir de ses propres yeux la Sylve était mince aux vues des relations qu’entretenait Lumen et Mijak. La suite fut un peu plus violente puisqu’une silhouette sombre fit face aux deux femmes de manière aussi brutale que rapide. Shevarah semblait furieux pour tout simplement montré l’évidence, avec au passage une vision bien plus désagréable pour Riniya que la brune. Lui coller ce genre de vision à une époque où elle rêvait de rejoindre les Gardiens de la Sylve avant d’emprunter une tout autre voie pendant ses classes militaires sous le drapeau de Lumen, autant que le retour de bâton équivaut à ses prendre un poteau électrique en pleine face, électrochoc en prime. Elle recula de quelques pas, une goutte de sueur coulant le long de son arcade alors que sa main qui tenait l’arc tremblait.

« Ah… je… le suis toujours, mais… »

On évite de se justifier quand on n’a pas d’argument. Il y avait bien celui de ne pas revoir la tête de ses supérieurs pour le rapport de sa disparition, où elle aurait plus envie de leur coller dans la figure un « j’avais raison ! » qui n’aurait fait qu’envenimer la situation, mais devant une déité, ce genre d’argument puéril n’était pas ce que l’on pouvait appeler très intelligent. Ni devant ses supérieurs d’ailleurs… Elle s’en mordit la lèvre inférieure au point d’en saigner quand sa pensée ira à sa famille. Bizarre, même ici ça faisait mal…

Son attention se porta sur le discours de Horus, surtout pour tenter de penser à autre chose après s’être retrouvé devant l’un des dieux elfiques. Le genre de retrouvaille où, au bout du compte, sa santé mentale serait bien passé d’avoir. L’Archer Noir entassa un peu Riniya en lui disant que c’était son destin et devoir de protéger la Tour. Pas besoin de lui rappeler l’utilité de celle-ci, pour avoir des parents druides, ils lui avaient suffisamment rappeler le but de celle-ci. Mais de là à la voir tomber ? Sa réponse ne se fit pas attendre, même si l’elfe préféra regarder le sol et l’herbe roussi par les flammes que de regarder en face ce Dieu.

« Je m’en rappellerais. Si c’est une croisade et que c’était le rôle de mes ancêtres et de moi-même, c’est mon devoir de me présenter avec les armes pour protéger ce lieu et ce, au nom de tout ce qui existe dans ce monde et dans le multivers. »

Elle en avait même ravalé sa salive après ses premiers mots. Rin restait une guerrière, elle n’en démordait jamais sur ce sujet, mais jusque là elle le faisait au nom d’un patron et d’un salaire. Mais à entendre ses mots, son auditoire pouvait facilement de deviner qu’elle n’était plus très à l’aise, surtout devant ce spectacle.

Les rencontres avec les Dieux étaient toujours marquantes. Riniya faisait face à Shevarash, et Rhian, elle, à Horus. L’aigle royal se posa devant elle, alors qu’elle se trouvait visiblement de nouveau dans le désert papuan, devant une antique tour. Ce n’était pas la Grande Tour, mais une tour magique malgré tout, qui s’illuminait, crachotant des éclairs.

*C’est là que les Géants de Lumière ont été conçus…*

Dans le conte mythologique fondateur de Papua, toutes les différentes provinces composant actuellement Papua avaient décidé de s’allier contre une menace terrifiante, le Warlock et ses Djinns Noirs. Pour le vaincre, Nomeydas Thoris, Premier Roi de Papua, avait réuni autour de lui différents artefacts, et les avait assemblés sur une tour. Un éclair avait ensuite frappé l’artefact, donnant vie aux Géants de Lumière, d’immenses gardiens qui avaient vaincu les Djinns Noirs et le Warlock. Depuis lors, les Thoris avaient eu en charge de protéger le royaume, et la légende disait que les Géants de Lumière reviendraient à nouveau quand le Warlock reviendrait d’entre les morts.

Tout cela était-il donc l’œuvre du Warlock ? Rhian était confuse. Elle se redressa lentement, des éclairs striant le ciel, et, à travers les éclairs, elle aperçut d’immenses tentacules, comme des ombres dans le ciel.

« Zeus a jadis été chargé par la Grande Tour de protéger ce monde de Ceux-Du-Dehors. Ce fut la première Grande Guerre. L’Olympe a hérité de ce fardeau, et tous les Dieux ont décidé de mettre fin à leurs guerres religieuses, pour ne pas les réveiller. »

Un nouvel éclair, plus intense, que les autres, révéla alors l’ombrelle d’une silhouette immense, cauchemardesque. Rhian était suffisamment cultivée pour savoir à quoi Horus faisait référence. Tout comme Papua avait son conte fondateur, Terra avait aussi ses propres origines. Jadis, l’Eld avait été le premier royaume humain, un royaume très puissant dont le mythe fondateur était celui de la bataille contre les Grands Anciens, de l’alliance entre tous les Dieux pour protéger Terra de l’invasion.

« Zeus a sombré. Sans le réaliser, il est en train de déchirer le tissu de la réalité pour Les réveiller. Ils ne sont pas morts, Rhian, ils dorment, et leurs songes sont une lutte continuelle. »

L’aigle hurla encore. Le soleil inonda alors la région, aveuglant Rhian, qui hurla encore :

« Qu’est-ce que je peux faire ? Comment le stopper ?! »

Tandis qu’Horus continuait à lui parler, Riniya, elle, faisait face à ses anciennes allégeances. L’Archer Noir l’amena dans une pièce, une sorte de salle sacrée où une jeune femme était attachée au milieu, dans un coffre. Six silhouettes encapuchonnées se trouvaient tout autour d’elle, tandis qu’un maître de cérémonie psalmodiait des incantations.

« Zeus a perdu la raison. Jadis, six Olympiens ont sacrifié la jeune Pandore en remettant une partie de leur âme en elle pour sceller les maux des Grands Anciens. La Boîte de Pandore a été ouverte, et a contaminé Zeus. Mais il reste encore un ultime verrou qui bloque les Grands Anciens. L’Éclat d’Espérance de Pandore est resté dans la Boîte, car le seul moyen de briser cet Éclat est de réunir les six autres. Si Zeus accomplit cela, si l’Éclat d’Espérance est brisé, les Grands Anciens reviendront dans notre réalité, et tout sera perdu. C’est ici, à Cuiviénen, que nous nous sommes tous battus. Tous les Dieux de Terra, unis contre eux. Et nous avons tous failli mourir. Tu dois empêcher cela, Riniya. Telle est ta mission, désormais. »

Les six Dieux étaient connus, car leurs noms figuraient dans les contes. L’un après l’autre, ils se rapprochaient de Pandore, l’embrassant tout en versant une larme sur elle, une larme qui se cristallisait sur son corps, formant un Éclat. Athéna, Aphrodite, Apollon, Héphaïstos, Hermès, et enfin Héra, sous les signes d’Épiméthée. Puis la Boîte se scella, et Pandore, femme céleste envoyée par la Tour, parvint à accomplir son office, siphonnant Terra des maux corruptifs laissés par les Grands Anciens.

« C’est cela, Riniya… La Déesse Héra a été la première victime des Grands Anciens, et cherche maintenant à récupérer les Éclats. Héphaïstos est resté en Olympe, mais Apollon et Hermès se trouvent tous les deux sur Terra. Il faut que tu les retrouves, ou ce que je t’ai montré ne sera plus une vision, mais la réalité. »