Quelle sublime proclamation, en effet !
Et surtout, quel timing. À croire que les amants avaient bien calculé leur petite traversée pour que leurs ébats soient conclus aux portes du Palais de Lust. Une procession de gardes, prêtresses et autres curieux s’étaient rassemblés, troublés et attirés par l’intense pique d’énergie qui illuminait le cœur du Royaume comme un brasier dans l’obscurité.
Ils purent voir le palanquin approcher à dos d’éléphant et sentir les ondes puissantes qui en émanaient. On soupira, frissonna et gémit face aux vagues lubriques qui se propageaient comme un parfum aphrodisiaque. Le plus sublime spectacle restait celui de leur Gardienne, Angewomon, complètement perdue dans un élan d’infinie extase tandis qu’elle faisait l’amour avec l’étranger. L’étranger, celui dont on avait ressenti la présence inédite, celui qu’on murmurait avoir attisé la curiosité de la Déesse.
Les Hautes Prêtresses suspectaient leurs acolytes pour la propagation de cette rumeur. Ces jeunes tête-en-l'airs ne pouvaient s’empêcher de garder leurs secrets pour elles. Car dans chaque temple et autel de Lust, les responsables du Culte avaient pu capturer l’incroyable potentiel émanant du choc entre l’ange et cet être inconnu. La nouvelle qu’un être ayant engendré une si imposante quantité de magie rose, en compagnie de deux des plus augustes servantes de Lust qui plus est, avait agité les masses. Qui pouvait bien gagner l’honneur incroyable d’accompagner la Matriarche des Magoa et la Gardienne Angélique comme un prince ? Nul doute que le vortex magique n’avait pas échappé au regard vigilant de Lust.
Arrivés aux portes de l’immense tour qui soutenait le Palais, la danse charnelle venait de jouer ses dernières notes. Poussés à l’unisson par la jouissance, les deux amants s’étaient emportés l’un aux bras de l’autre dans un incroyable orgasme. Si le mâle s’était libéré en elle aussi généreusement qu’une terre promise qu’on fertiliserait, l’Ange quant à elle fit sentir sa joie ultime à tous ceux qui entraient dans la périphérie de son incroyable don, déployant une telle vague d’excitation sexuelle que courtisanes et succube réagirent en conséquence comme sil elles avaient été conquises par le même phallus qui avait honoré la Gardienne.
Répondant au baiser gourmand de sa partenaire de couche, le Noxien sourit en flattant le corps de la belle, presque déçu de devoir se séparer un instant de sa peau parfumée. Constatant le beau carnage autour d’eux, les courtisanes haletantes et ayant souillé abondamment le palanquin, il rit doucement en secouant la tête.
“ Ravi de faire honneur à ma réputation, mon Ange. Jamais je n’ai connu d’escorte aussi … énergique.”
L’éléphant s’accroupit pour les laisser descendre, mais Losgar se contenta de bondir habilement du palanquin, la combinaison de latex enroulée autour de sa taille comme seul couverture à sa pudeur qui, il l’avait compris lors de ce voyage surréel, n’était qu’une anecdote. Luisant de sueur, une violente odeur masculine et virile émanait de son corps, fruit de cet intense combat physique. Le beau diable rejoignit Onyxian et répondit à sa retorde répartie :
“Je te retourne le compliment, princesse. Et la promesse aussi.”
Ils pénétrèrent l’antre du palais, franchissant un arc pour découvrir un vaste couloir où broderies et statues s’entremêlaient. Ici et là, on trouvait des pots de fleurs luxuriantes, des coupoles de fruits exotiques, des fontaines représentant sirènes et nymphes barbotant lascivement. Le parfum était énivrant et on vint leur présenter du vin et quelques friandises, que Losgar accepta joyeusement, savourant ce qu’il considérait comme une providentielle subsistance. Il remarqua attentivement les fresques murales qui représentaient toutes ce qu’il devinait comme étant les nombreux avatars de Lust, chacune portant un nom qui décrivait la divinité dans une culture ou une religion différente. Toutes semblaient pour le moins bienveillantes, contradictoires avec le reste de Lusst’ghaa et ses abominations perverses. Repenser à ces créatures tentaculaires et couvertes de chibres avait de quoi gâcher le goût du vin qu’il sirotait.
“Par la grâce de Lust, bienvenue mes sœurs. Et toi aussi, étranger.”
Le trio, escorté par les vestales, s’était retrouvé nez-à-nez avec une des Hautes Prêtresses du culte, l’elfe de la lune Nyrvine. La première impression qu’elle communiqua à l’ex-prince était la générosité, la fécondité et la sagesse. Sa tenue d’office, si l’on pouvait la qualifier ainsi, était plus une lingerie de dentelle immaculée qui laissait transparaître sur ses seins opulents les anneaux d’argent qui en perçaient les bouts. La culture de ce royaume était des plus étranges, mais aussi plaisantes à l’œil. C’était à se demander si le Paradis avait autre chose à offrir de plus splendide que ce recoin magique.
“Mon nom est Nyrvine, je suis l’une des Hautes Prêtresses du culte de notre divine maîtresse. Tu as suscité un intérêt certain par ta venue ici, toi qu’on appelle Losgar. Ton nom a été en ne peux plus majestueusement acclamé par notre chère Angewomon ici présente. Sans compter que tu viens accompagné par la Princesse des Magoa en personne. Ton apparition a … fait des vagues.”
Passant une main le long de sa chevelure en cascade, elle s’approcha d’Onyxian, un sourire amusé aux lèvres. Puis sans aucune cérémonie, elle vint l’embrasser. Le contact de leurs lèvres fut aussi naturel que le ballet éternel du soleil et de la lune. Ce que le Noxien ignorait, c’était que ce baiser était non seulement une forme de salut chez les favorites de Lust, mais aussi un moyen d’échanger intimement leurs savoirs et leurs pensées l’une et l’autre. Dans ce monde, la danse des langues pouvait être aussi efficace que la télépathie.
Quand elle rompit leur contact, l’elfe avait déjà pu obtenir les informations qu’elle cherchait sur la cause de leur venue.
“Voilà qui est pour le moins inédit. Je ne pense pas, de mémoire, avoir vu notre déesse répondre à ce genre de requête. Losgar, tu dois être vraiment quelqu’un d’exceptionnel pour qu’Onyxian daigne t’accorder une chance pareille.”
Ses yeux magiques se portèrent vers Angewomon, qui portait encore les belles séquelles de leur récente sauterie. Elle renifla légèrement, sentant toutes les odeurs qui émanaient d’elle, surtout celle des graines du Noxien dont certains filets se glissaient entre ses cuisses. Un spectacle délectable qui la fit gémir silencieusement.
“Suivez-moi. La Déesse est un peu occupée, ce sera l’occasion pour vous préparer à une audience. Tu n’es pas familier des mœurs et traditions de notre monde, toi qui viens de l’espace. Fort heureusement, mes consœurs du Culte ont décidé de te préparer.”
Ils avancèrent le long d’un couloir secondaire jusqu’à atteindre une plateforme mouvante, un vaste disque de pierre sur lequel ils piétinèrent avant que ce dernier ne lévite au-dessus du sol avec douceur pour rejoindre un nouvel étage de la vaste tour babylonienne qu’était le Palais.
“J’étais en pleine séance de tutelle avec mes disciples quand j’ai ressenti l’époustouflante explosion magique que vous avez généré. J’étais si intriguée qu’il m’a fallu prendre congé pour vous rejoindre. La puissance de la déflagration a secoué tout le monde et croyez-moi, toutes les Hautes Prêtresses semblent avoir eu la même idée. Attends-toi à un examen sérieux, Losgar.”
L’intéressé lança un regard interrogateur à Angewomon qui se contenta d’hausser des épaules avec un sourire espiègle. Elle savait probablement de quoi parlait la prêtresse, mais c’était un de leurs jeux secrets qu’elles ne dévoileraient qu’à la toute fin.
Le disque s’arrêta à un certain niveau, un étage qui abondait d’une aura plus énergique et forte. L’ambiance avait changé et le bellâtre comprit aussitôt pourquoi. Expert qu’il était dans l’art martial et la lutte pour la survie, il lui suffisait de sentir la tension en l’air pour comprendre que c’était un étage réservé aux efforts physique, à la sueur et aux efforts, aux labeurs et à la lutte. Quittant le disque, ils traversèrent des passages plus étroits et sobres. La luminosité était beaucoup plus discrète et les couloirs étaient gardés par de formidables amazones, ces guerrières légendaires aux peaux tannées portant fièrement leurs armes comme leurs tatouages tribaux. Un spectacle qui transpirait une puissance primitive.
Le groupe guidé par l’elfe approchait l’entrée de ce qui semblait être une vaste pièce d’où on entendait des sons hâtifs et étouffés. Se pourléchant les lèvres, Nyrvine s’expliqua.
“L’entraînement des futures prêtresses est axé sur le désir et la passion. Sur comment canaliser ce désir, comment récolter avec son corps et son esprit toute la superbe énergie des dons de Lust en soit pour pouvoir entrer en communion avec Elle. Devenir un catalyseur de plaisir sexuel. La séance d’aujourd’hui est un gros challenge pour mes filles, si bien qu’elles ont besoin de supervision pour surmonter cette ordalie. Observez par vous-même.”
Quand ils atteignirent l’entrée, Losgar surprit un spectacle inattendu.
“Ah, j’avais bien senti une odeur particulière.”
Une sorte de vaste arène les accueillaient. Des idoles de pierre soutenaient le plafond, leurs yeux sertis de rubis et d’émeraudes. Le lieu était dénudé de toute autre décoration ou meubles, si ce n’est au centre où se déroulait la fameuse ordalie. Un cercle de vestales formait une ronde timide autour d’un tapis rouge qui contrastait avec le reste de la pièce ambrée. Une femme, qu’il suspectait être une sorte d’hybride, était encerclée par un groupe de créatures cornues aux corps recouvert d’une épaisse fourrure laineuse.
Des satyres. Les créatures masculines étaient en train de prendre à plusieurs la novice perturbée, qui peinait à satisfaire ses nombreux prétendants à la fois. Nue, couverte de sueur et de foutre, elle roulait des yeux, prise par chaque orifice de son cul rougi par les claques et les gifles, gargouillant contre une verge enfoncée dans sa gorge par un autre mâle, masturbant maladroitement deux autres queues qui se frottaient impatiemment contre ses seins et son visage.
“Notre Divine Lust a reçu la visite d’un de ses proches, le dieu Dionysos, pour une visite diplomatique importante. Le seigneur du vin et des fêtes a généreusement emprunté sa garde de Satyres pour aider nos néophytes à passer l’épreuve du Culte. Becca ici présente passe sa première expérience de la sorte. Il y a encore du boulot pour elle.”
La dénommée Becca continuait à gémir, les yeux larmoyants, tandis qu’elle avalait une nouvelle rassade de semence chaude. Le satyre qui venait de jouir laissa la place à un de ses congénères qui vint aussitôt le remplacer, n’offrant aucun répit à la vestale. Ses consoeurs semblaient fascinées et apeurées à la fois, se chuchotant l’une à l’autre, intimidées par les mâles sauvages et bestiaux.
Se retournant vers ses invités, Nyrvine approcha Onyxian et luit prit les deux mains entre les siennes.
“Je sais que ton temps est précieux, tout comme je sais que tu ne voudrais pas attendre inutilement que ton champion soit prêt pour notre Reine. Peut-être souhaites-tu me remplacer et faire une démonstration à nos futures consœurs ? Leur montrer comment une vraie professionnelle sait maîtriser une situation pareille ? Il faut bien que quelqu’un leur apprenne les ficelles de l’art et je ne peux imaginer meilleure instructrice que toi. D’autant que, te connaissant ma douce succube, tu ne serais pas contre d’apprivoiser les fils de Dionysos, hm ?”
Elle joignit ses mains dans un air de semi-supplication, le visage affichant une expression candide mais qui ne cachait pas la complicité qu’elle partageait avec la démone. Elle susurra à l’oreille de la Magoa :
“Je te promets de prendre soin de ton homme en notre absence. Les prêtresses ont beaucoup d’anticipation quand il s’agit de tes élus.”
Losgar souffla du nez avec amusement. Angewomon, dont les dons de prescience angéliques lui avaient prescris le petit plan coquin de l’elfe de nuit, tapota doucement du pied en regardant un escalier creusé dans l’un des murs de la vaste arène, d’où émanait une fine couche de vapeur d’eau. Un bain chaud en perspective, une occasion de se décrasser.
“J'imagine que c’est là-bas qu’attendent tes consœurs, Nyrvine ? Vous avez toujours eu le don d’allier l’utile à l’agréable.”
La prêtresse elfique s’était rapprochée de Losgar, s’intoxiquant avec son odeur de mâle en rut. Ses oreilles frémissaient subtilement à la présence d’une créature si parfaitement conçue et bâtie pour appeler aux fantaisies des reines de ce royaume de stupre. Son regard en disait long sur le genre d’examen elle et ses semblables lui réservaient.
“Et bien, dame Nyrvine. Ouvrez la voie, je vous suis.”