The Multiversity

Après que je me sois présenté, Hébé me sourit doucement. Palutena me parle de son rôle dans l'Olympe, qui est particulièrement important : celui de jouer l'intermédiaire entre l'Olympe et la Tortue. Les humains n'étant pas au courant qu'il y a une Tour à Terra, ils ont du mal à percer le rôle d'Hébé dans tout ça, surtout que le rôle d'échanson qu'elle avait a été repris par Ganymède, amant de Zeus. D'ailleurs, Palutena m'a désigné qui est Ganymède. Je dois avouer qu'il est plutôt beau gosse, tu m'étonnes que Zeus soit un de ses amants. D'ailleurs, quand Hestia demande si Héraclès va bien, ça n'a pas trop l'air de lui faire plaisir. Attends, Aphrodite et Héphaïstos, Zeus et Héra, Hébé et Héraclès... vraiment, l'Olympe est vraiment mauvais pour marier les dieux.

Mais bref, apparemment Héraclès se rétablit, bien qu'il ait perdu le contrôle, toute à l'heure. Ah ? Il a déjà perdu l'esprit ? Hestia m'a dit qu'il est instable, alors ça ne m'étonne pas beaucoup, et le fait que depuis l'ouverture de la Boîte de Pandore ça s'est déchaîné, ça m'étonne encore moins. Hébé prépare l'Eau Sainte pour purifier Héraclès, qui est prêt, d'ailleurs, et Hébé me demande de la suivre... enfin, elle me prend ma main, et je me laisse guider, et court. Je me laisse emporter, courant à la même vitesse que la déesse de la Jeunesse, montant des escaliers, pour rejoindre son quartier qui est vraiment une salle à part. On dirait que c'est anachronique, avec de nombreux jouets qui peuvent dater de l'époque contemporaine terrienne. Sachant que ce genre de salles, on ne les voit que chez les humains.

En tout cas, on sent qu'Hébé est bien jeune, avec tous les jouets, toutes les poupées, la maison des poupées, les jeux vidéos... Palutena a vu beaucoup d'humains, dont certains intérieurs, et donc elle doit avoir vu plus d'une fois ces appareils électroniques avec des sortes de télécommandes étranges qu'on tient à deux mains, et c'est vrai que ça a l'air bien amusant.

On entre dans la chambre avec les poupées, et Hébé sent en moi quelqu'un de bien, alors elle m'avoue quelque qu'Hestia ne m'a pas dit. J'espère donc que c'est quelque chose que Palutena n'aurait jamais connu avant. On regarde tous les deux une des tortues dans le vivarium, et elle me dit qu'elle a toujours été intermédiaire entre l'Olympe et Maturin. Je pense que Palutena m'en a déjà parlé de Maturin, le premier Gardien de la Tour, et le dernier survivant, à l'heure actuelle, celui qui a réuni les dieux pour lutter contre les Grands Anciens. Cependant, la Tortue est mourante, et elle continue à chanter pour lui.

"On dit souvent que l'espoir fait vivre, on dirait que c'est bien le cas."

D'après Hébé, Maturin nous aide encore, malgré le fait qu'il soit mourant, et il nous aide à réunir les guerriers, les champions qui viendront nous aider. Du coup, ce sont les mortels les plus puissants de tout le Multivers, c'est ça ? Hébé me dit également ce que je sais déjà et qu'Aphrodite m'a déjà parlé : l'homme en collants et la blonde qui ont affronté Héraclès. Hébé doit le savoir encore mieux qu'Aphrodite car cette dernière n'est pas mariée à Héraclès, mais à Héphaïtos.

"Tu parles de l'homme en collants et de la blonde ? Aphrodite m'en a parlé. Si elle sait que l'homme en collants est enfermé, elle ne sait pas pour la blonde. Alors cette blonde aussi est enfermée ? D'ailleurs, pour penser tenir tête à Zeus, ils doivent être d'une puissance démesurée..."

C'est là que je me rends compte qu'Hébé a une tête plus... sinistre... surtout quand elle parle d'Héraclès. Ouhlà ! Héraclès lui a fait beaucoup de mal ? Je pose donc mon autre main sur une épaule d'Hébé en la regardant dans les yeux. Le mythe fondateur de l'Olympe, Palutena m'en a déjà parlé plus d'une fois, et elle n'a pas hésité à y faire référence. Cronos ayant appris qu'un de ses enfants le tuerait, il mangea tous ses enfants... et je me suis donc demandé si ce n'était pas juste un prétexte pour ne pas partager son pouvoir en tant que Roi de l'Olympe. Cependant, Zeus fut protégé par la mère, Rhéa, et donc c'était forcément le dieu qui allait le tuer, pour des crimes infâmes qui sont les meurtres d'enfants. Zeus le fit en libérant sa fratrie, et ça démontre l'ironie du destin. D'ailleurs, j'ai vite compris ce que c'est que le libre-arbitre, c'est ce que les humains ont toujours recherché, mais le déterminisme...

"Le déterminisme ? De quel genre de détermination tu parles ?

La déterminisme est un système philosophique disant que les évènements sont déterminés par les précédents, par cause à effet. Ici, Cronos a eu une vision de son futur disant qu'un de ses enfants le tuera et sera Roi de l'Olympe à sa place, et parce qu'il veut régner sans partage, ça a amené à la dévoration de ses enfants, ce qui a amené à la protection du petit dernier par sa femme, ce qui a amené au fait que Zeus grandit dans une quête de vengeance de sa fratrie, ce qui a amené à la mort de Cronos par Zeus. En fait, c'est le contraire du libre-arbitre : tu n'es pas libre de tes choix, et moi non plus, car on ne fait que suivre un engrenage dont on ne peut pas sortir.

Oh ! Si on ne fait que suivre une ligne directrice, on peut dire que c'est toujours parfaitement aligné ! Ha ha ha !"

Ce silence pesant démontre une chose, c'est qu'en fait, déesse Palutena n'a pas ri de ma blague. Bon, je ne vais pas demander à ma déesse de rire à ma petite blague, après tout elle m'a déjà fait remarquer dans notre jeu que lorsque je fais une blague trop mauvaise, elle ne rit pas, même quand je lui dis qu'elle peut rire à ma blague.

"La blague est trop mauvaise pour toi, c'est ça ?

Tu as bien deviné, Pit."

Mais bref, Hébé me guide vers une pièce centrale où il y a des boules, et devant un énorme entonnoir où on les lance, et ces boules descendent à travers une série de canaux potentiels, et pouvaient tomber sur des cibles en contrebas, avec chacune des nombres signifiant les points, je suppose. Hébé prend une boule pour la pousser jusqu'à un entonnoir, et pendant que la boule roule, elle reprend l'histoire. Cronos est fils d'Ouranos, qui appartient à une plus vieille génération d'esprits issus de la Tour. Ouranos est le Ciel et Gaïa la Terre. Ils enfantent des Titans, mais Ouranos les enferme. Ça commence à me faire penser à l'estomac du Temps, ça. Cronos, un des enfants, se révolte et renverse son père, tout comme Zeus. Attends... c'est l'histoire qui se répète ?! Après, les humains s'en sont déjà rendu compte et Palutena me l'a déjà expliqué elle-même.

C'est là que j'apprends que le Ciel est contaminé par les Grands Anciens, ce qui me surprend à moitié : les Grands Anciens ont pour capacité d'infecter les dieux, car ils sont par nature plus puissants qu'eux et ils sont vraiment maléfiques. Cependant, je ne me doutais pas qu'il a transmis le mal par meurtre. Je ne pensais d'ailleurs pas que c'était possible. Cronos a lutté contre cette maladie en enfermant ses propres frères et sœurs dans la même prison que son père a utilisé, mais je ne crois pas que ce soit utile, à moins que c'est juste pour protéger les autres. Cependant, on a bien vu que Cronos l'a hérité car il a tué Ouranos, alors il faudrait que ses frères et sœurs complotent ensemble contre lui pour qu'ils soient tous infectés. Par contre, il s'est servi de ses enfants pour répandre en eux ce mal terrible, ce qui est en effet plus utile car ça diminue les effets en lui, mais ça doit être aussi horrible car ses enfants deviendraient de dieux maléfiques.

Je m'assois à côté d'Hébé, pendant que son ton est chevrotante et cassante. Je serre un peu plus ma main dans la sienne en appuyant mon pouce sur le dos de sa main, pour la supporter du mieux que je peux alors que je l'écoute toujours. Ce Mal était incurable, et avoir cinq dieux infectés, ça doit être horrible pour le Multivers. Alors Zeus a décidé de se sacrifier pour les sauver, en absorbant ce mal en eux. Zeus a vraiment l'air d'aimer toute sa fratrie pour les avoir libéré et sauvé du Mal en eux. C'est donc ce Mal qu'on est en train de lutter : le Mal d'Ouranos, qui était en partie enfermé par la Boîte de Pandore avant son ouverture. Palutena n'avait pas l'air de savoir, mais elle semble la croire. Depuis le début, ils portent en eux le poids de la culpabilité, et le sacrifice que Zeus a fait pour eux, et ça doit vraiment être horrible. Si Palutena avait une histoire similaire, elle ne serait pas aussi souriante, joyeuse et malicieuse.

Alors c'est pour ça qu'Héra tue les enfants de Zeus : ce n'est pas par jalousie, bien que ça ait un rapport avec l'amour qu'elle puisse porter pour lui, mais pour éviter de répandre le mal en sa progéniture adultérine. Cependant, Héraclès ayant survécu, c'est celui dans lequel la malédiction s'est le plus exprimée. Je ne peux qu'avoir de la compassion pour Hébé : non seulement elle hérite de la malédiction, mais en plus son propre mari est le plus marqué par cete malédiction. Alors, je ne peux pas m'empêcher de la prendre dans mes bras, pour l'aider à sécher ses larmes. Si c'était Tip (surnom qu'il donne à Dark Pit), il lui aurait dit : "Arrête de chouiner et emmène-moi vers la forge d'Héphaïstos, qu'on en finisse !", ou quelque chose comme ça, mais ce n'est pas moi, c'est mon opposé, c'est mon reflet. De toute façon, Hébé n'aurait sûrement rien dit si c'était Tip.

"Ca doit vraiment être horrible de non seulement hériter de la malédiction de son arrière-grand-père, mais en plus d'avoir comme mari celui dont la malédiction s'est le plus exprimée !

Le mot est trop faible, Pit, mais c'est vrai que c'est un des meilleurs mots qu'on doit trouver pour exprimer à quel point sa vie divine est lourde. Je suis sûre que même si tous les dieux icariens se sont mis à aider Héraclès et Hébé, ce serait loin d'être suffisant.

Oh man ! Mais la Boîte de Pandore n'est qu'ouverte, pas détruite, et c'est sûrement la meilleure solution. Mais Héphaïstos pourrait créer de nouvelles solutions pour atténuer le plus possible cette malédiction. Les humains luttent contre des maladies incurables en tentant de les transformer en des maladies chroniques, alors même face à tout ça, il devrait y avoir toujours au moins une étincelle d'espoir contre cette malédiction."

D'ailleurs, je ne dis pas qu'on a tout notre temps, car la guerre fait toujours rage. Cependant, je suis prête à aider une déesse malheureuse. Après tout, quand lady Palutena se sent coupable de voir des humains mourir par l'armée de Méduse, je tente toujours de la rassurer du mieux que je peux.

Les secrets de l’Olympe avaient été divulgués à Pit, le plus grand secret olympien, une malédiction qui remontait aux racines de l’Olympe, à l’époque d’Ouranos. Hébé avait révélé le grand secret, la malédiction pesant sur la famille olympienne, et qu’Héra avait cherché à conjurer depuis tant d’années. Tout cela remettait en perspective la fureur d’Héra, même s’il fallait rester lucide. Héra restait Héra, la Déesse-mère, une Déesse très fière, orgueilleuse, tandis que Zeus, en multipliant les amantes, avait souvent énervé sa femme… Mais Héra n’avait pu que l’accepter, car, en donnant naissance à des enfants, Zeus parvenait aussi à se purger. Hébé avait avoué tout cela, et Pit l’avait silencieusement écouté, recueillant les observations de sa Déesse quand cela était nécessaire.

Pit demanda alors s’il y avait une solution, quelque chose à faire pour purger définitivement de Zeus, par exemple du côté d’Héphaïstos, s’il parvenait à concevoir une machine…

« Il y a eu des tentatives en ce genre, mais elles n’ont pas abouti. Pandore a été la réponse. Elle est à l’image d’Aphrodite, une Céleste, une Fille de la Tour. Son âme a été sacrifiée pour permettre de sceller les Maux de Pandore. Nous n’avions malheureusement aucune autre option, et nous payons depuis lors le prix de ce péché originel… Nous avons sacrifié un enfant pour sauver Zeus, pour nous sauver… »

Hébé avait la voix blanche, pâle, comme si elle portait sur ses épaules le poids de ce sacrifice, de cette culpabilité longue et pesante.

« La seule solution est de terminer le Rituel de Pandore… Mais cela implique de tuer Zeus. À l’époque, les Six ont refusé, car, sans Zeus, l’Olympe n’aurait pas survécu. Maintenant, nous n’avons plus le choix. Si Héra a fui, et si elle tente de réunir les Éclats, c’est pour ça… Parce qu’elle doit tuer l’homme qu’elle aime, celui qui l’a sauvé des griffes de Cronos… Zeus doit mourir. »

Hébé versa encore deux larmes à cette idée. Zeus, le puissant Roi des Dieux, un être supérieur… En venir à bout semblait impossible. Même le puissant Superman n’avait rien pu faire contre lui. Héra était forte, mais était-elle plus forte que Zeus ? Cela semblait peu probable, et elle avait donc entrepris son pèlerinage, requérant l’aide d’Athéna, ainsi que d’autres personnes. Car il existait d’autres forces, d’autres entités supérieures. Héra avait sollicité d’autres aides, et, finalement, un groupe s’était formé. Il ne manquait maintenant plus que l’Éclat d’Héphaïstos.

La jeune Déesse se racla alors la gorge en retrouvant ses esprits, et se déplaça doucement. Elle se releva lentement, et s’épousseta brièvement.

« Je ne devrais pas dire ça… Mais Zeus sera réincarné, il sera purifié, et peut-être pourrons-nous enfin libérer Pandore de son tourment. Mais nous ne sommes pas de taille contre Zeus. Personne ne l’est. Notre seul espoir, c’est Zeus lui-même… Qu’il soit suffisamment lucide pour nous laisser l’achever. »

Des éclairs déchirèrent encore le ciel.

« L’heure presse, Pit. Plus nous tardons, et plus l’Olympe risque de les accueillir. Cette pluie qui tombe est magique, mais malsaine aussi… Plus le temps passe, et plus l’Olympe va devenir un vecteur, un vortex pour permettre aux Grands Anciens d’émerger dans notre réalité. »

Cette dernière information était sans doute la pire de toutes, car le temps leur était compté, avant d’atteindre le point de non-retour…

Ce qui est certain, c'est que ce genre de choses, je n'ai pas le droit de le dire à n'importe qui. C'est comme les aventures de Palutena : je lui ai promis que je dois me taire à ce sujet et de faire comme si de rien n'était pendant qu'elle est absente. Alors si quelqu'un me demande par quoi les Olympiens sont liés, je dirai que je ne sais absolument rien. En fait, comme c'est un secret, je ne me donne pas le droit d'en parler. Mais bon, je me demande s'il y a une solution pour au moins diminuer la peine de Zeus, pour le soulager un peu plus, pour savoir si le dieu des dieux olympiens pourrait avoir un corps beaucoup plus léger.

Apparemment, ils ont tenté, mais il semble que rien n'a marché, que le Mal de Cronos est beaucoup trop fort pour eux. Pandore a été la réponse. C'est une Céleste, une Fille de la Tour. Son âme a été sacrifié pour sceller les Maux, et ce sacrifice pèse sur les épaules de toute la famille olympienne. Ils n'avaient aucun autre choix, surtout que c'était un enfant, d'après ses dires. J'ai sincèrement beaucoup de peine pour la famille olympienne. Sacrifier un enfant pour sauver Zeus, et c'était la seule solution...

Alors le Rituel n'est pas vraiment terminé. Le seul moyen de le terminer, c'est de tuer le dieu des dieux ? Autant le fait qu'un dieu peut être tué ne me surprend absolument pas, car moi-même j'ai tué Méduse et Hadès une fois, autant on parle de sacrifier celui qui permet à l'Olympe de rester debout. A l'époque, les Six ont refusé car sans Zeus, l'Olympe n'aurait pas survécu. Cependant, ils n'ont plus le choix : Zeus doit mourir. Héra a fui car elle doit tuer son mari.

Je me dis que je suis très heureux d'être icarien, et pas olympien. Ce doit être extrêmement compliqué de vivre avec tout ce poids, toutes ces contraintes car le roi des dieux a sacrifié sa vie mentale, et qu'on tente de le purger. Aphrodite, Héphaïstos, Héra, Athéna, Hermès et Apollon... tous l'aident, mais ils ne voulaient pas aller au bout du rituel car Héra serait incapable de tenir l'Olympe à elle seule. Désormais, ils sont obligés d'aller jusqu'au bout, de tuer Zeus pour le soigner.

Je laisse Hébé se séparer un peu de moi et se lever. Je me lève alors avec elle, l'écoutant toujours. Elle ne devrait pas dire ça, mais Zeus sera réincarné, purifié. Peut-être que c'est comme ça qu'on libère Pandore de son tourment. Personne n'est de taille contre Zeus. On est loin du Zeus icarien, un ami à Palutena qui aide les anges. Du coup, il faut espérer que Zeus soit assez lucide pour se laisser achever. Mais vu à quel point il est infecté, c'est vraiment quitte ou double.

D'un coup, des éclairs déchirent à nouveau le ciel. Hébé me dit donc que l'heure presse. Je n'ai pas envie que les Grands Anciens viennent nous rendre visite. On dit que les Grands Anciens sont des êtres supérieurs aux dieux, et que leur défaite était miraculeuse, et non sans conséquence permanente. Alors s'ils reviennent, c'est terminé pour tous les êtres, les dieux compris. Alors le temps presse.

"D'accord ! Alors courrons pour aller dans le temple d'Héphaïstos ! J'espère qu'il sera vite coopérant !"

Nous courrons donc pour aller à la forge d'Héphaïstos. J'espère qu'il n'y aura pas d'obstacle. Je suis prêt à utiliser mes ailes si c'est nécessaire. Pour l'instant, je n'ai pas reçu les Trésors Sacrés de Palutena, ça veut dire que Méduse n'a pas encore envahi le Monde Céleste. Mais je n'ai pas le temps de penser à ça : il nous faut l’Éclat d'Héphaïstos et libérer l'homme en collants et la blonde ! Vite !

Hébé avait confié à Pit les plus grands secrets de l’Olympe, celui lié au Mal d’Ouranos, et à la malédiction de l’Olympe. Une vérité difficile à entendre, mais qui expliquait pourquoi ils en étaient là. Maintenant, la plupart des Dieux étaient également corrompus. Arès, Poséidon, Hadès, Artémis… L’Olympe s’était retournée contre ceux qu’elle était supposée défendre, menaçant de plonger le monde dans une Guerre Sainte entre les différents panthéons. Mais, si cela n’arrivait, il n’y aurait qu’un seul gagnant : les Grands Anciens. Azathoth continuait à les maudire et à se jouer d’eux. Pit était prêt à partir à l’action, et demanda donc à se rendre sans plus tarder à la Forge d’Héphaïstos.

« Oui, Pit, mais n’oublie pas qu’il faut aussi libérer le prisonnier… »

Le Kryptonien… Celui que les humains vénéraient, celui que Zeus détestait tout particulièrement. Une colère divine mais aussi familiale, car le Kryptonien avait été l’élu du cœur de sa fille, Diana, avant de choisir Loïs Lane, une simple mortelle. Et les humains préféraient désormais vénérer ce Superman, plutôt que les Dieux. Hébé s’avança donc, prenant la marche. Ils quittèrent son Sanctuaire, et Pit put constater que l’Olympe continuait à se reconstruire. Leurs pas les conduisirent d’ailleurs autour d’un jardin, dans une sorte de longue ogive cylindrique ressemblant vaguement à un amphithéâtre. En contrebas, Hestia priait, une longue psalmodie. Elle était agenouillée au milieu du jardin, et puisait dans son énergie pour réparer les murs de l’Olympe.

Et, dans le ciel, il y avait toujours ce ciel noir, opaque, sinistre, froid, cruel… Quand le duo finit par sortir à l’air libre après avoir descendu des marches, Hébé leva la tête. Elle observa sans rien dire ce ciel sinistre, et plusieurs éclairs grondèrent alors, laissant entr’apercevoir brillamment de longs tentacules… Des ombres de tentacules qui s’étiraient dans l’immensité du Ciel.

« Le temps nous est pressé. Je n’ai pas encore le temps de te parler de tout, Pit, mais sache que nous ne sommes pas seuls. Héra a pu s’enfuir avec l’aide de la Tortue, et c’est encore la Tortue qui, finalement, a conduit Palutena et toi jusqu’ici. »

La Tortue… Toute occupée à parler des déboires de l’Olympe, Hébé avait assez peu mentionné cet individu. La Tortue n’était pas une divinité olympienne, elle était bien plus que ça. Elle était une force ancestrale, l’ennemie d’Azathoth… Mais Hébé n’vaaiut pas voulu non plus embrouiller l’esprit de Pit, qui avait déjà dû en avaler un sacré morceau avec les révélations sur l’Olympe.

Le duo rejoignit une autre structure centrale. La Forge d’Héphaïstos se trouvait dans les profondeurs du palais. Au cœur de l’Olympe, ils virent la Chaîne de l’Olympe. Elle prenait son départ dans une sorte de grand hall concentrique, et s’enfonçait jusqu’au Palais d’Hadès.

« La Chaîne relie les deux parties de l’Olympe : là où nous sommes, et le Palais d’Hadès… Car le Palais d’Hadès fait partie de l’Olympe. »

Cependant, si on se contentait de descendre le long de la Chaîne, on ne rejoindrait pas forcément le Palais d’Hadès, car les vortex qui menaient aux deux étaient fermés pour les humains. De cette manière, l’Olympe conservait un œil sur le Tartare. Toutefois, Hébé sentait que les Portes de la Chaîne tremblaient sur place.

« Les Démons vont venir par là pour la bataille finale, Pit… Mais ça, c’est le rôle d’Aphrodite, qui va se charger d’ouvrir les Portes. »

Ils s’éloignèrent ensuite, et rejoignirent un escalier ne marbre qui s’enfonçait profondément. Le duo se rapprocha ainsi d’une lourde porte en acier. La Forge se trouvait derrière, avec un long couloir. L’ambiance changeait, devenant plus caverneuse, plus sombre, avec des flammes ici et là. Les forgerons d’Héphaïstos étaient des hommes comprenant beaucoup de nains. Ils forgeaient sans relâche, la Forge ressemblant à une sorte de vaste caverne avec de nombreuses pièces. Un décor qui n’allait pas pour Aphrodite, et qui justifiait à lui seul qu’elle ne veuille pas s’y rendre.

Désormais, il fallait trouver la salle abritant les trésors d’Héphaïstos, et son Éclat…

Bien sûr, il faut libérer la blonde et l'homme en collants ! C'est vraiment important ! On quitte donc le sanctuaire d'Hébé, et je vois que l'Olympe est en reconstruction, car il y a eu un combat entre l'homme en collants et le roi des dieux. Je ne connais pas grand-chose de ces deux personnes, car je ne les ai jamais vus en vrai. Peu importe, je pense qu'ils ont eu comme volonté de sauver les humains, sinon ils ne seraient pas enfermés. Nos pas nous dirigent autour d'un jardin, dans une sorte de longue ogive cylindrique ressemblant vaguement à un amphithéâtre.

En contrebas, on voit Hestia prier. Je ne pensais pas qu'un dieu aurait le besoin de prier. J'ai personnellement ce genre de besoins car je suis absolument fidèle à la déesse Palutena, et que je suis un ange, mais un dieu, est-ce qu'il peut avoir besoin de prier un être supérieur ? Si c'est le cas, quel être supérieur ? Ah là là ! Y penser me fait très mal à la tête !

"Pit ? Je sens que tu te poses beaucoup de questions.

Dis, dame Palutena, qu'est-ce qu'un dieu peut prier ?

Tu sais que les dieux puisent leur puissance de la foi de leurs fidèles.

Oui, bien sûr. Je t'ai toujours assuré d'une certaine puissance immuable par ma foi absolue en toi, et les humains donnent de la puissance à tes Trois Objets Sacrés en te priant régulièrement. Pourquoi ?

La prière leur permet de réunir leurs forces. Tu ne le sais pas, mais moi aussi, de temps en temps, quand j'ai besoin de ma puissance, je puisse dans mes Trois Trésors Sacrés en priant.

Ça a l'air un peu casse-gueule à interpréter !

N’interprète pas, prends juste mon explication telle quelle. Je n'ai pas envie que ton cerveau sature car tu as vu Hestia prier."

Je lève les yeux au ciel et je commence à voir des tentacules perçant des nuages. Oh non ! Je crains le pire ! Normalement, les tentacules de pieuvre ne viennent pas du ciel, alors ça ne peut être que les Grands Anciens qui risquent d'arriver. Alors, le temps presse de plus en plus. Hébé me rappelle qu'on n'est pas seuls : Héra a pu s'enfuir grâce à la Tortue... mais aussi à Aphrodite, il ne faut pas l'oublier. La Tortue a donc envoyé des visions à Palutena pour nous emmener ici. C'est dire à quel point il est important.

"Alors il a l'habitude de donner des visions à des dieux et à influencer l'environnement pour qu'on puisse aider ?!"

Après, je ne connais pas trop la Tortue. J'ai vite compris qu'il a une énorme importance et qu'Hébé est l'intermédiaire entre l'Olympe et la Tortue, mais après, je ne sais pas vraiment ce que c'est, à part l'animal lui-même. Je sais que c'est plus que l'animal, c'est clair et net. On rejoint une autre structure, à savoir une Chaîne qui a l'air particulière. Hébé me dit que la Chaîne relie les deux parties de l'Olympe : ici et le Palais d'Hadès. Donc, les Enfers, d'après Palutena. A ne pas confondre avec l'Enfer, qui est un autre lieu contenant sept cercles correspondant aux Pêchés Capitaux. Je peux me douter qu'à choisir pour Palutena, ce serait la Luxure.

Les démons vont donc passer par là pour le combat final contre Zeus... enfin il faudrait que Zeus soit assez lucide pour se laisser sacrifier, car Hébé m'avait bien dit que personne n'est de taille face à Zeus. Alors, le combat serait à sens unique sauf si Zeus accepterait d'être tué. En tout cas, c'est Aphrodite qui s'occupe des démons. Alors Aphrodite est liée aux anges comme aux démons ? Mais comment ça se fait ?

Mais bref, on rejoint un escalier de marbre, et on s'approche d'une lourde porte en acier. On ouvre donc cette porte et l'ambiance change pour laisser place à une caverne plus sombre, avec des flammes par-ci par-là. Je vois que parmi les forgerons, il y a beaucoup de nains, et c'est normal : c'est eux qui sont les plus proches des souterrains, et qui travaillent très dur. Alors je pense que travailler chez Héphaïstos est un immense honneur pour eux.

Je continue à me laisser emmener vers la salle où se trouve l'Eclat d'Héphaïstos. Ça ne me fait d'ailleurs pas peur, mais je pense que Méduse peut risquer de s'y plaire, beaucoup plus que dame Palutena. On dirait un lieu où la lumière lutte tant bien que mal contre les ténèbres éternelles. On arrive finalement à la porte menant à cette salle de trésors. J'espère juste que je n'aurai pas à me battre contre Héphaïstos. On ouvre donc cette salle.

La bataille finale… En ce moment, tout le monde savait qu’elle était imminente. L’Olympomachie touchait à la fin, mais le dernier chapitre aurait lieu ici, là où tout avait commencé. Pit savait désormais tout ce qu’il avait besoin de savoir, il connaissait le plus grand secret de l’Olympe, celui à l’origine de tous les secrets, de toutes les déchirures, de tous les conflits, de toutes les divisions qui avaient régné en Olympe.  Depuis le début, le Mal était en eux, un mal que les Olympiens avaient hérité de Cronos, qui en avait lui-même hérité d’Ouranos. Le mal des Grands Anciens, une malédiction ancestrale qui, depuis l’aube des temps, avait contaminé les Dieux et les humains. Et, aujourd’hui, ce mal allait, soit être banni, soit sorti.

La Forge d’Héphaïstos était, comme à son habitude, plongée dans la pénombre. Le Dieu était là. Considéré comme un faible, comme une erreur, Héphaïstos n’en était pas moins un génie de la forge. Ses armes et ses armures étaient terribles. Il avait aidé Poséidon à concentrer son pouvoir en fabriquant le Trident de Poséidon, il avait créé le Caducée d’Hermès, forgeant les artefacts divins à l’aide du Feu de l’Olympe, la Flamme Divine. Hébé n’avait pas encore montré à Pit cette flamme, elle avait mentionné la Chaîne de l’Olympe, celle qui reliait l’Olympe au Palais d’Hadès. Mais, au-dessus de la Chaîne, le Feu Sacré de l’Olympe brûlait.

Le duo se dirigea vers un couloir un peu plus élégant que les autres, avec une solide double porte. Le fait qu’il n’y ait aucun garde était assez suspect. Hébé l’ouvrit à l’aide d’un artefact, une clef divine. Lentement, les solides portes en or vacillèrent sur place, tremblant lentement. On put entendre le ronronnement des mécanismes se défaisant, au fur et à mesure que la porte s’ouvrait, et que les sécurités tombaient, l’une après l’autre.

« Je ne pourrais pas entrer dans cette pièce, Pit, c’est à toi de trouver l’Éclat. Héphaïstos repérerait tout de suite ma présence. Moi, je vais retrouver le prisonnier. »

La porte s’ouvrit lentement ne coulissant, révélant une sorte de longue galerie éclairée par des vitraux. Il y avait de nombreuses armes, armures, et autres inventions entreposées sur des piédestaux. L’endroit était un véritable fourbi, mais où tout était plutôt bien organisé. Les vitraux éclairaient une sorte d’énorme lustre en hauteur qui diffusait ensuite une lumière cristallisée dans l’immense hall. Au fond de ce hall, il y avait un petit perron avec une vitre crasseuse.

Une immense grotte se trouvait derrière, avec un monticule très étrange qui flottait dans l’air au milieu.

« Tu te tiens devant ma plus belle création, voleur. »

Une voix venait de jaillir brusquement de haut-parleurs dans le hall, tandis que la porte de la salle du trésor se refermait bruyamment.

« Croyais-tu vraiment pouvoir t’infiltrer ici sans que je ne le remarque ? Aphrodite m’a trop souvent considéré comme un faible, mais je suis l’un des plus puissants Dieux de l’Olympe, voleur ! Car, contrairement à tous ces imbéciles qui ne font que se battre, festoyer, ou baiser, moi, j’invente ! Je conçois, je suis le Père de la Technologie ! Qui a permis de triompher des invincibles Troyens ? Est-ce la force d’Achille ? Bah ! Il a fallu la ruse, le savoir d’Ulysse ! La principale force, c’est la technologie, voleur ! »

Devant Pit, depuis la vitre, il y avait une construction géométrique impossible à réaliser, un instrument mathématique représentant une figure en 4 dimensions.

Un hypercube.


« Tu cherches l’Éclat, hein ? Il est au cœur de ma création, au cœur de l’Hypercube ! Si tu veux y entrer, appuie sur le piédestal, et tu seras téléporté dedans. »

Un hypercube était une construction défiant la logique. C’était une construction fonctionnant sur le principe des dimensions parallèles, consistant en la création d’un cube classique tridimensionnel qu’on projetait sur une quatrième dimension. L’hypercube était composé de plusieurs cubes formant un ensemble de huit cubes :

• Le « grand cube » externe,
• Le « petit cube » interne,
• Les « six cubes » latéraux, prenant une forme pyramidale.

Salvador Dali, le célèbre peintre, avait représenté ce concept à travers un célèbre tableau représentant le Christ crucifié sur un tesseract, autre appellation de l’hypercube : « Corpus hypercubus ». Se repérer à travers un hypercube n’allait pas être une mince affaire, l’hypercube d’Héphaïstos étant une succession de pièces reliées les unes aux autres.

Pit émergea dans une pièce où il put rencontrer les premières créations d’Héphaïstos : deux espèces de gros chiens, l’un étant électriques, et l’autre faits de feu. Un Fearless et un Fairness. Le Fearless lâchait des arcs électriques et le Fairness des boules de feu, mais les deux pouvaient aussi faire des attaques physiques. Ils tournaient lentement autour de Pit, prêts à bondir sur lui.

« Bienvenue dans mon labyrinthe, voleur ! Tu ne pensais tout de même pas que ce sera un labyrinthe aussi classique que celui de Minos ? Haha ! »

Les choses sérieuses commençaient enfin !

Je me demande assez souvent si Dyntos et Héphaïstos pourraient bien s'entendre, personnellement. Ils sont tous les deux dieux de la Forge, passant leur temps à forger et non à se battre, et leurs armes sont redoutables. Alors, si je suis incapable de sous-estimer un dieu de la Forge, pourquoi est-ce que je pourrais sous-estimer Héphaïstos, qui a forgé un trône particulièrement redoutable. Son savoir-faire est magistral, normal, vous me direz. Alors, peut-être que les dieux le sous-estiment, mais moi, je n'ai jamais estimé que les dieux que j'ai affronté sont faible. J'ai toujours été confiant sur mes capacités à tuer des dieux, car je l'ai déjà fait. Mais je suis conscient que ça peut être très difficile parfois.

On arrive devant une porte, et Hébé, à l'aide d'une clé divine, elle ouvre la porte et les sécurités tombent les uns après les autres, grâce à une petite clé. Je sais très bien qu'une petite clé peut ouvrir de grandes choses. Après l'ouverture de la porte, Hébé me dit qu'elle ne pourra pas entrer dans cette pièce, et que c'est à moi de trouver l’Éclat. Elle, elle va trouver le prisonnier, alors je lui souris.

"D'accord ! Je reviendrai avec l’Éclat !"

Je la prends une dernière fois dans mes bras avant d'entrer dans la pièce. Au cas où, je sors mes lames qui peuvent se rejoindre en un arc, afin d'être prêt si jamais Héphaïstos me repère en étant hostile. D'ailleurs, ça ne m'étonne pas, mais il y a énormément d'armes, d'armures et d'autres inventions. Je me demande si le trône où il avait enfermé sa mère était là. Mais bon, c'est pas important. L'important, c'est l’Éclat.

"N'oublie pas que c'est le domaine d'Héphaïstos. Il pourrait avoir une vision omnisciente dans cette salle. Il est donc très probable que tu te fasses repérer, mais ce n'est pas le but d'être discret."

Je traverse lentement le hall, comme si je faisais un assez lent pas chassé. Ça ne sert encore à rien de courir, surtout que je suis capable de m'essouffler. Mes lames sont bien aiguisées, je me l'assure chaque jour. Je regarde autour de moi, en regardant s'il n'y aurait pas quelque chose de brillant dans un point qui pourrait représenter l’Éclat. Pour l'instant, tout ce que je vois de lumineux, c'est les vitraux qui éclairent une lustre en hauteur qui diffuse une lumière cristallisée dans une immense hall.

Je vois une grotte avec une espèce de monticule étrange derrière, et je commence à le franchir. D'un coup, alors que je ne m'y attendais pas, une voix jaillit brusquement des hauts-parleurs dans le hall, et la porte de cette grotte se ferme bruyamment. Je me fais doucement surprendre en m'arrêtant et je regarde autour de moi. Je déteste être associé à un voleur, surtout que je n'ai rien à voir avec Hermès.

Si je croyais qu'il n'allait pas remarquer ma présence ? Être en face à face m'arrange parfaitement, alors me faire repérer, c'est pas mon objectif principal. D'autant plus que Palutena m'a prévenu que je peux me faire très facilement repérer. Je l'écoute, en sachant qu'il était vraiment frustré que sa femme le traite comme un faible.

"Je savais que tu allais de toute façon me repérer, Héphaïstos !"

D'ailleurs, je dis ça pendant que je continue ma route et... ouah ! Ce... c'est impressionnant ! Tu m'étonnes qu'il en soit si fier ! Il faut vraiment être un dieu de la Forge pour créer ce genre d'assemblements de cubes. J'entends encore une fois Héphaïstos me dire que l’Éclat se trouve à l'intérieur de l'Hypercube. Alors, si je veux avoir son Éclat, il faut que j'appuie sur le piédestal. Je sens qu'il va y avoir un vrai défi. Ha ha ! Je vais relever le défi !

Alors, j'appuie sur le piédestal et je me retrouve soudainement dans une pièce, et là je vois deux chiens : un de feu et un de foudre. Moi qui ai affronté Cerbère, c'est pas deux chiens gardiens qui allaient me faire peur ! Alors c'est un labyrinthe à l'intérieur de l'Hypercube ? Alors je suis prêt à aller de pièce en pièce pour retrouver ton Éclat, dieu de la Forge !

"Les plus méritants méritent l’Éclat, hein ?! Allez, venez me mordre pour voir !"


Musique d'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=-wLeKusy5Z4

C'est confiant que je commence le combat, rejoignant mes lames pour en faire un arc. Le chien de feu se jette rapidement vers moi et je l'esquive par le côté avant de voir le chien de foudre foncer rapidement vers moi, et je m'envole d'un coup. Punaise ! Je n'arrive toujours pas à croire que je suis capable de voler de moi-même ! Mais bon, c'est pas le moment de me réjouir car je continue de tirer sur les bêtes en m'envolant. Cependant, les chiens sont capables de tirer à distance : celui de feu des boules et celui de foudre des arcs. Et à chaque fois, je parviens à les éviter. Je tire rapidement des flèches de lumière leur faisant assez peu de dégâts, avant de charger pour faire des flèches plus puissantes.

Le chien de foudre saute rapidement vers moi, mais avec mes réflexes, je l'évite en lui tranchant la gueule, et j'en profite même pour tenter d'entailler une partie de son corps avec le don permanent de vol que Viridi m'a donné. Allez, on dirait que vous n'êtes pas assez des chiens d'Héphaïstos ! Chassez-moi, pour voir !

"Allez ! J'ai l'impression d'assister à des créations d'Héphaïstos, mais quand il a à peine commencé ses fonctions de dieu de la Forge !"

L’Hypercube d’Héphaïstos, un endroit où magie et technologie se rejoignaient, comme pour rappeler à chacun la Troisième Loi de Clarke. Pit allait avoir bien du mal, mais, après tout, il ne fallait pas non plus s’attendre à traverser si facilement le repaire d’Héphaïstos. Si le Dieu-forgeron n’était pas vraiment un combattant, il n’en était pas moins un terrible inventeur, et seul un Dieu pouvait concevoir une construction de ce type. Face aux deux créatures infernales, Pit s’envola, évitant plusieurs attaques, et s’envola rapidement, déployant ses ailes. Le Fearless bondit sur Pit, qui évita l’attaque, et le frappa violemment au visage avec sa lame. Il entailla l’armure et la chair du monstre, qui grogna de douleur, et s’écrasa sur le sol, avant de se relever. Le Fairness rugit alors en ouvrant la gueule, et cracha une boule de feu vers Pit, qui continua à voler. Les arcs électriques représentaient le moyen le plus efficace de l’avoir, vu sa vitesse.

Le Fearless les envoya en ouvrant sa gueule, une sphère électrique se formant à la base. Les éclairs fusèrent ensuite tout autour de lui. Pit dut encore les attaquer, et, au corps-à-corps, la queue du Fearless s’électrifiait, et fouettait l’air autour de lui. Les deux étaient redoutables, mais Pit était également très fort, et les éclairs peinaient à ébranler sa constitution angélique. De son côté, le Fairness cherchait à l’attaquer. S’il était plus lent que le Fearless, ses attaques n’en restaient pas moins redoutables. La bête s’enflamma sur place, et cracha de nouveaux rayons enflammés, que l’Ange esquiva en tournoyant.

Hors de l’Hypercube, Héphaïstos observait la scène en souriant. Une orbe magique lui permettait de voir l’intérieur de l’Hypercube dans une salle cylindrique. De multiples cristaux étaient installés sur les murs, et permettaient d’amplifier cette vision.  Sur le sol, de nombreux câbles traînaient, reliés à des ordinateurs et à des générateurs. Héphaïstos n’était pas un Dieu comme les autres. S’il s’entendait bien avec Aphrodite, c’est parce que les deux, à l’instar d’Athéna, préféraient la compagnie des humains à celle des Dieux. Et Héphaïstos aimait les inventions. S’estimant bien plus proche des humains que des Dieux, il avait après tout été initialement jeté hors de l’Olympe. Le Dieu sortit donc une bière qu’il commença à boire, tout en observant la scène.

Continuant à tournoyer sur place, Pit se battait avec acharnement, et ses tirs endommageaient ses armures, jusqu’à les faire exploser. Sous celles-ci, les créatures s’avérèrent être davantage des élémentaires que des animaux, car leurs peaux se mirent à s’illuminer, celle du Fearless prenant une teinte bleuâtre et électrique, et celle du Fairness une tente rougeâtre et enflammée. Leurs peaux émettaient des flammes et des éclairs, et ils gagnèrent surtout en vitesse, s’élançant furieusement vers Pit. L’Ange continua encore à les affronter, et constata vite que l’armure servait à canaliser leurs pouvoirs. Elle atténuait leurs capacités, mais les stabilisait aussi. Tout ce qu’il fallait faire, c’était tenir, jusqu’à ce que les deux créatures élémentaires implosent.

Débarrassés d’eux, Pit entendit la voix d’Héphaïstos.

« Tu n’as pas eu tort en les provoquant, Ange. Ces créatures sont des prototypes, mes premières créations lorsque je cherchais à emprisonner des éléments magiques. Tu vois, la magie est par nature instable. Elle doit toujours être équilibrée. Les créatures élémentaires souffrent de ce problème d’équilibre, ce qui explique pourquoi les élémentaires de feu ne sortent pas de leurs grottes enflammées, ou pourquoi les élémentaires de foudre se trouvent dans les éclairs. Cette armure que tu as mise en pièces permettait de stabiliser leur nature magique, mais elle était encore à perfectionner. »

Quelques instants passèrent, avant que le Dieu-forgeron ne reprenne :

« Tu dois te dire que je suis corrompu comme les autres, hein ? Il n’en est rien, jeune Pit. J’étais avec ma femme quand les Maux ont été relâchés. J’ai installé des protections autour de la Boîte de Pandore, tu sais… Quand Héra et le Magicien les ont ôté, j’ai senti que la Boîte allait s’ouvrir. Maintenant qu’Hébé t’a révélé le secret de l’Olympe, je ne pouvais pas juste prévenir Zeus, car cela n’aurait rien changé. Ceci étant dit, j’ignore si tu seras capable de vraiment nous aider, et je ne partage pas l’optimisme de ma chère femme. C’est à toi de me montrer que tu es digne de la confiance que celle-ci te porte. »

Pit avait rempli la première épreuve, mais l’Hypercube était encore loin d’avoir révélé tous ses secrets…

Je ne ressens aucune inquiétude de la part de Palutena pendant le combat. Elle ne m'a pas aidée sur le coup, à part pour dire de se battre pour endommager leurs armures. Ce qui fait que je n'ai pas du tout eu à réfléchir au combat, me contentant d'esquiver leurs attaques et d'attaquer quand je vois une ouverture, que ce soit avec mes flèches de lumière ou mes lames. Elle a fortement confiance en moi sur ce coup, comme quand j'ai affronté Cerbère. Les plus durs à éviter étaient les arcs électriques, mais ça allait, surtout en connaissant ma résistance face à ce genre d'attaques.

Ce combat a semblé assez difficile, mais seulement quand on n'a jamais affronté ne serait-ce que Cerbère. Moi, j'ai déjà affronté plus que Cerbère depuis 25 ans : Hydra, Pandore, Thanatos, les nombreux Reapers qui sont très résistants... et surtout Méduse et Hadès ! Alors deux toutous élémentaires, ils ne peuvent pas faire le poids contre moi ! J'ai bien l'impression qu'ils n'ont pas une bonne constitution, ce qui m'assure une victoire trop facile. Allez, je veux plus de challenge !

Au bout d'un moment, l'armure des deux chien-chien était tellement affaiblie que les deux s'illuminent en émettant leur élément, et je sais ce que ça veut dire : ils deviennent plus rapides et puissants, mais leur espérance de vie a drastiquement diminué. Ils foncent rapidement vers moi, mais je suis parvenu à les éviter sans le moindre problème, et j'évite leurs attaques car je sais que ce n'est qu'une question de temps avant de les voir imploser, et c'est ce qui s'est passé. Du coup, je me suis reposé au sol avant de tournoyer mes lames avant de faire le V de la victoire.

"Wouhou ! Deux hors de combat !

Bon travail, Pit ! Je n'en attendais pas moins de toi !

Ha ha !"

Allez, combat suivant ! Héphaïstos me parle soudainement, et je regarde partout dans le ciel de l'Hypercube pour l'entendre du mieux que je peux. Alors comme ça c'est créatures ne sont que de simple prototypes. J'ai bien eu l'impression que c'était les débuts d'Héphaïstos quand ils ont été créés, et c'est bien le cas. L'armure permet de stabiliser les éléments, mais aussi à les perfectionner. Après, c'est les débuts d'Héphaïstos, il a fini par construire un trône redoutable, donc ces élémentaires étaient de la gnognotte en comparaison. Alors, je ne vais pas me moquer.

D'ailleurs, je me demande s'il est bien corrompu. Tout ce que je veux, c'est qu'il soit coopérant avec moi. Au moins, je sais qu'il était avec sa femme au moment où les Maux ont été relâchés, et que donc il n'a pas été corrompu. C'est déjà ça de gagné, puisqu'il serait bien capable d'être coopérant. Mais de ce que j'ai compris, il ne va coopérer que si je parviens à avoir son Éclat, et je me doute que ce ne sera pas une mince affaire.

"Du coup, je dois te prouver ma valeur pour que tu puisses coopérer avec moi et déesse Palutena ! Pas de problème ! Je suis sûr que tes créatures ne vont pas être aussi puissants que les dieux que j'ai affronté et vaincu ces 25 dernières années ! Allez, passons à la suite !"

Du coup, je cours pour aller dans une direction d'un téléporteur de la salle pour aller dans une autre salle, où il va y avoir sûrement d'autres salles où je dois affronter des créatures encore plus puissantes.

Héphaïstos était-il contaminé, lui aussi ? Il jurait que non, mais cela pouvait être un subterfuge. Le Dieu avait toujours été très particulier au sein de l’Olympe, une sorte d’âne maudit, de bête noire, le vilain petit canard. Ses frères se moquaient de lui, et Héra l’avait elle-même banni de l’Olympe. Les chroniqueurs affirmaient que c’était suite à ça qu’Héphaïstos était devenu boiteux, mais tout laissait à croire que cette infirmité était de naissance… Et expliquait pourquoi Zeus avait toujours méprisé cet individu. Il ne le considérait pas comme son fils légitime, car un enfant de Zeus ne pouvait naître infirme. Méprisé et honni des siens, Héphaïstos avait toujours été proche des humains, et avait petit à petit développé un don pour la science, pour les technologies, pour ces éléments permettant de corriger la Nature, de corriger les imperfections divines. Très réaliste, il aimait les joutes philosophiques, et agaçait souvent Zeus, par exemple lorsqu’il lui avait tenu tête en affirmant que les Dieux étaient imparfaits, car ils avaient créé un monde imparfait. C’était là l’expression du paradoxe divin, si cher aux religieux ; si Dieu était parfait, alors pourquoi les humains ne l’étaient-ils pas ? Et, s’ils se considéraient parfaits, c’était le signe qu’ils ne l’étaient pas. Les énigmes, les paradoxes, Héphaïstos adorait tout cela.

Quand Pit dédaigna les créations du Dieu, celui-ci ne tarda pas à lui répondre :

« Tu considères donc que la puissance se mesure simplement à tes capacités martiales ou magiques ? Si l’Homme a su s’élever comme il est, ce n’est pas parce qu’il court plus vite que le lion, ou qu’il est plus puissant que le gorille. Le fort, ce n’est pas l’inconscient qui prétend pouvoir dompter un gorille à mains nues, c’est celui qui invente une lance pour pourfendre le gorille. La puissance, ce n’est pas être fort. La puissance est intellectuelle. »

Visiblement, l’Ange n’avait pas très bien répondu aux interrogations d’Héphaïstos, et s’aventura à travers l’HyperCube. Depuis son sanctuaire, Héphaïstos voyait sa lente progression. L’HyperCube échappait aux règles de la physique classique et de la logique. C’était le plus parfait labyrinthe qu’on puisse imaginer, avec une série d’épreuves. Les individus à l’intérieur étaient totalement désorientés, car ils avançaient, non seulement à travers l’espace, mais aussi à travers le temps.

Tandis qu’il marchait, Pit rejoignit ainsi une nouvelle pièce, qui abritait plusieurs piliers, et semblait totalement hermétique.

« Ici, ta Déesse ne peut pas t’aider. Que crois-tu ? Mes inventions ont piégé Héra. Tous les flux magiques, tous les mouvements énergétiques et psychiques sont perturbés entre l’HyperCube et l’extérieur. Tu n’es pas dans un simple cube, tu es dans un nexus dimensionnel. Rien n’est ce qu’il paraît être ici. »

La pièce se mit alors à vibrer, tremblant sur place. Sept passages se formèrent alors progressivement.

« Face à toi, il y a sept Portes, chacune te menant aux Sept Sages de la Grèce antique. Chacun est sage de son propre domaine. Montre-toi donc… Un esprit sain dans un corps sain, comme le veut la formule. Montre-moi de quoi tu es capable. »

Sept salles s’offraient désormais à Pit :

• La salle de Thalès de Millet, un célèbre philosophe et mathématicien grec. Son domaine : les mathématiques,
• La salle de Pittacus de Mytilène, un gouverneur. Son domaine : la politique,
• La salle de Bias de Priène, un politicien et un législateur. Son domaine : la loi,
• La salle de Solon d’Athènes, le législateur et le réformateur d’Athènes. Son domaine : la civilisation,
• La salle de Cléobule, personnage dont l’authenticité historique est sujette à caution. Son domaine : l’Histoire,
• La salle de Périandre de Corinthe, un économiste qui, en construisant une rampe de navigation à Corinthe, a permis aux navires de passer directement du Golfe de Corinthe au Golfe Saronique sans devoir contourner le Péloponnèse. Son domaine : l’économie,
• La salle de Chilon de Sparte, homme politique spartiate à qui on attribua la militarisation de la société spartiate. Son domaine : l’armée.

Sept salles l’attendaient, avec sept épreuves différentes… Et la possibilité, peut-être, à terme, de récupérer l’Éclat d’Héphaïstos !

Quand je suis seul contre des ennemis, je me bats seul, en ne réfléchissant qu'aux possibles points faibles et points forts des ennemis. J'affronte ceux qui menacent l'humanité, n'hésitant pas à tuer si nécessaire. Cependant, c'est lorsque je suis en compagnie de mes troupes que je réfléchis le plus possible à comment vaincre l'armée adverse. De plus, quand je suis seul, je compte beaucoup sur Dame Palutena, qui m'aide énormément, et je compte sur son intelligence et sur sa vue omnisciente.

Héphaïstos me fait comprendre que le simple combat n'est qu'une simple mise en bouche, et que le reste est surtout intellectuel. Je ne suis pas quelqu'un de stupide, mais dans ma tête, le combat est la solution la plus envisageable, car je suis l'ange de la gardienne des humains. Pour protéger les humains, c'est nécessaire de reconnaître les amis et les ennemis, mais pour aller plus loin, je ne sais pas de quoi j'en suis capable. Je sais user de tactique et de stratégie, mais sinon...

Quand j'arrive dans une nouvelle pièce, je ressens directement qu'elle est complètement hermétique, ce qui me perturbe avant même qu'Héphaïstos m'explique ce qui se passe. Je savais que ses inventions sont capable de piéger un dieu, et je pense que le simple fait que Dame Palutena ne peut pas communiquer avec moi est une meilleure preuve. Tous les flux magiques et mouvements psychiques sont complètement perturbés, tout comme moi.

Je vois sept portes s'ouvrir. Les Sept Sages de la Grèce antique ? Je pense que ça me dit quelque chose. Palutena m'en a parlé, je pense. Il faut donc que je montre mon indépendance et mon intelligence. Les deux me semblent difficiles, l'indépendance plus que l'intelligence. Je reste silencieux, devenant de plus en plus nerveux. Oh par les dieux ! Je n'entends vraiment plus rien de la part de ma déesse ! Bon, c'est un défi à relever, surtout que ce n'est pas la première fois que je me sens seul, sans Dame Palutena qui vient m'aider.

Je regarde les sept portes, et chaque porte a pour écriture au-dessus le nom des Sages de la Grèce antique, et je suppose qu'il s'agit de leur domaine.
Alors, Thalès de Millet, c'est lui qui a créé le théorème de Thalès, qui concerne toutes les triangles, et donc qui représente les mathématiques. Les mathématiques sont importants dans l'armée, surtout quand on parle de quantités. Mais après, est-ce que je serais apte à répondre à l'épreuve des mathématiques ?
Pittacus de Mytilène, gouverneur représentant la politique... c'est un aspect qui ne concerne que les hommes, pour moi. Un aspect dont je n'ai jamais eu l'intérêt, et que Dame Palutena n'en avait jamais eu non plus. Palutena m'en avait parlé, mais pour moi, c'est les hommes qui dirigent les hommes. Alors je ne pense pas que j'aurais envie de relever l'épreuve, à moins que je n'aie pas le choix.
Bias de Priène, législateur représentant la loi... c'est un aspect qui concerne tout le monde, Dame Palutena comprise car elle obéit à certaines lois. Donc, ça peut être une idée de relever le défi, mais je sais que je peux me confronter plus facilement à des difficultés que certains domaines.
Solon d'Athènes, réformateur d'Athènes qui représente la civilisation, qui peut faire partie de mes cordes... mais dit comme ça, ça peut sembler assez faible comme corde pour moi. Comme pour les lois, je peux me confronter assez facilement à des difficultés, et connaissant Héphaïstos, ce ne sera pas des épreuves trop faciles.
Cléobule, représentant de l'Histoire, avec un grand H. Je pense que Palutena m'en avait assez souvent parlé, et pendant notre temps libre, elle me raconte l'histoire de certaines civilisations. Du coup, je peux facilement faire appel à ma mémoire pour relever le défi. Dame Palutena a des tas de livres d'histoire, donc je pense que ça ne va pas trop me poser des problèmes.
Périandre de Corinthe, un économiste qui... représente l'économie. Je suis assez bien familiarisé avec l'argent, pour être honnête, car à force d'affronter des ennemis, j'obtiens des cœurs, que je peux échanger en échange d'armes, d'armures, de quoi faire des dons à Dame Palutena... bref, je connais l'argent et je connais l'économie qui fait tourner Angel Land. Par contre, sur cet aspect, je ne suis qu'un consommateur, alors je ne pense pas pouvoir relever son épreuve.
Enfin, Chilon de Sparte, homme politique spartiate représentant l'armée, qui est MON point de prédilection. Étant moi-même général des armées, menant l'armée de Palutena, c'est comme une solution de facilité. Par contre, ce que je peux douter, c'est qu'Héphaïstos lui-même se douterait que j'allais choisir cette salle, ce qui fait que c'est plutôt probable que son Éclat ne s'y trouve pas, car il saura que c'est une solution de facilité pour beaucoup, et notamment pour moi.

Alors, parmi toutes les salles, je suis tenté par celles de Thalès de Millet, de Cléobule, et de Chilon de Sparte. Alors, est-ce que je prends la solution de facilité ou est-ce que je surprends Héphaïstos ? Aaaah ! Difficile à dire ! Bon, je pense que je vais d'abord prendre la solution de facilité, car je sais que si je réussis et que l’Éclat ne s'y trouve pas, je vais retourner en arrière. Si ça se trouve, l’Éclat s'y trouve bel et bien. Alors, je vais directement dans la salle de Chilon de Sparte, avec nervosité. Bon, pendant que je marche dans cette direction, je tente de me rassurer comme je peux, en faisant comme si je parle à Palutena, comme s'il y avait la voix de ma déesse dans ma tête, mais que ma tête l'a fait elle-même. J'ai l'impression de devenir fou comme ça, mais j'en ai vivement besoin.

Le choix de Pit se porta donc sur Chilon de Sparte. Il rejoignit sa salle. Sur la porte d’entrée, une inscription était gravée, faisant référence à la formule la plus célèbre de Chilon : « Gnothi Seauton »… « Connais-toi toi-même ». Une maxime centrale pour Socrate. Pit rejoignit donc une petite salle cylindrique, où un homme l’attendait, assis en tailleur, portant un turban sur la tête. Une simple toge recouvrait son corps assez amaigri, et un plateau de jeu se trouvait devant lui.

« Je te souhaite la bienvenue, Ange Pit. Avant que tu ne te poses l’éternelle question… Je ne suis pas le vrai Chilon. Je ne suis tout au plus, comme mes six autres homologues, qu’une pâle copie conçue par Héphaïstos pour protéger l’accès à son Éclat. »

Ce Chilon savait visiblement tout ce qu’Héphaïstos savait, comme s’il avait accès aux informations au sein de l’Hypercube.

« Prends place, jeune Ange, et conversons. »

La situation avait beau être urgente, Héphaïstos avait bien fait comprendre à Pit que la force brute ne servirait à rien face aux Sept Sages. Ce n’était pas comme ça que Pit réussirait les épreuves qui se présentaient à lui. Chilon lui présenta un tableau de jeu.

« Tu vois, on dit que je suis le spécialiste de la guerre, sans doute en raison de mon affiliation à Sparte… Mais on ne m’attribue pourtant aucun exploit militaire, c’est assez ironique, non ? Certains affirment même que je suis un voleur, un menteur… Mais je sais encore jouer. »

Le plateau de jeu s’ouvrit alors. C’était un jeu de dames, qui semblait tout à fait classique, et qui allait conduire Pit à devoir se battre autrement qu’avec ses poings. Sans l’aide de Palutena, il allait devoir défier Chilon aux jeux de société.

« La stratégie militaire s’observe à travers un certain nombre de jeux de sociétés, Ange Pit. Nous aurions pu jouer au go, qui représente l’excellence en la matière, mais je me suis dit que les règles étaient un peu trop compliquées, et que tu manques après tout de temps. Alors, jouons… Montre-moi de quoi est capable celui qui prétend pouvoir défier les Dieux olympiens. »

Musique d'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=SiATysgi-Kw

Gnothi Seauton... Connais-toi toi-même. Merci la fin de la barrière de la langue de m'avoir fait comprendre cette signification. D'après Dame Palutena, c'est une maxime centrale pour Socrate, prononcée par Chilon de Sparte. Je lis ça avant d'ouvrir la porte, avec toujours cette nervosité qui m'accompagne. Lorsque j'ouvre cette porte, je vois une salle cylindrique, avec un homme assez en tailleur portant un turban sur la tête qui semble m'attendre, un plateau de jeu devant lui. Chilon lui-même ? Alors, j'y entre, calmement, me taisant. Ne t'inquiète pas, Pit, tout va bien se passer.

Chilon me souhaite donc la bienvenue, et anticipe ma question en disant qu'il n'est pas le vrai Chilon de Sparte, juste une pâle copie conçue par Héphaïstos. On dirait qu'il sait tout ce qu'Héphaïstos sait sur moi. Du coup, il me demande de prendre place pour converser, et je réponds en hochant la tête et en me mettant devant lui, avec la table entre lui et moi. Je pense que le plateau que sort le simili de Chilon avec les pions me rappellent quelque chose. Serait-ce... un jeu de dames ?

On dit de lui qu'il est le spécialiste de la guerre, avec l'affiliation de Sparte, mais qu'on ne lui attribue ironiquement aucun exploit militaire, ce qui me fait sourire, mais il peut sentir que je suis un peu nerveux dans mon sourire. Mais bon, il sait encore jouer. Ici, aux dames, tout à fait classique à première vue, mais en voyant le prestige, je peux voir à quel point ce jeu pourrait être difficile.

Apparemment, nous aurions pu jouer au go, mais bien que je connaisse les règles, on manque de temps. Alors que les jeux de dames, ça a beau demander plus de capacités mentales que ça en a l'air, c'est quand même plus rapide. Mais bon, je n'ai aucun contact avec Palutena, alors je dois me fier à mes capacités de leader.

"Bon... d'accord."

Ici, en voyant le plateau, je me suis mis à imaginer deux armées ennemies, avec chacun exactement les mêmes capacités, les mêmes possibilités, les mêmes fonctions... bref, deux armées complètement homogènes, à force égale. Chacun des pions représente une unité de soldats. D'ailleurs, avec mon imagination, les pions commencent à dessiner leur face. De mon côté, la face affiche un Centurion, et du côté du simili de Chilon, la face affiche un Monoeye. Le Centurion est un soldat basique dans l'Armée de Palutena, et le Monoeye est un soldat basique de l'Armée des Enfers de Méduse. Mais cette fois, je ne pourrai pas y participer moi-même, seulement les mener vers la victoire. Chaque saut sur un pion correspond à une bataille gagnée par une unité qui l'emporte, et toujours des victoires nettes et sans bavures, car en soi ils n'ont aucune influence pour la bataille suite. C'est juste la direction prise qui pourrait mener à leur perte. Lorsque le pion arrive au bout de son chemin, il devient une dame, symbolisée par deux poins superposés, et elle a la capacité d'aller dans toutes les directions possibles, tant que c'est en diagonale et que c'est pas bloqué, la rendant tout de suite beaucoup plus puissance. Cette dame, ce sera moi-même, car je suis le plus puissant de toute l'armée. Pour l'armée de Méduse, ce sera un Reaper, car ces fous eux-mêmes sont difficiles à vaincre si on ne s'y est pas préparés, et un coup pourrait faire très, très mal.

Alors, je commence à jouer aux dames comme je dirige une armée, et je me mets à l'offensive, mais sans pour autant prendre trop de risques, me basant sur à quel point les récompenses sont élevées pour chaque risque pris. Tout ce qui est haut risque, je ne les prends que si c'est haute récompense. Evidemment, c'est en analysant chaque coup de l'adversaire, en regardant ses possibilités, que je vois ce que je risque et ce qui me récompense si je le prends. Mais bon, pour me rassurer, je parle à voix basse, comme si je m'adressais à Palutena, comme si elle me parlait, et ça me permet de mieux me concentrer. Il pourrait voir que ma nervosité diminue comme ça, bien qu'il puisse me prendre pour un fou.

Depuis son balcon, Aphrodite était soucieuse. Sous ses apparats de Déesse fragile et futile, Aphrodite était bien plus qu’on ne pensait. Elle était plus vieille que les Olympiens, car elle avait jadis été la Déesse Ishtar, vénérée par les Mésopotamiens. Elle était alors une Déesse du sexe, mais aussi de la guerre, comme si Athéna et Aphrodite s’étaient réunies en une seule personne. Elle avait progressivement perdu de son influence en affrontant le Dieu Noir Slaanesh. Métamorphe, il s’était fait passer pour la Déesse Shaushka, et avait été l’amant d’Ishtar, avant d’être son ennemi. Si Ishtar avait réussi à gagner ses confrontations, elle avait aussi beaucoup perdu, et avait perdu ses attributs de guerrière. Mais elle n’était pas qu’une simple courtisane, et, ce soir, elle avait son peur.

Le temps jouait contre elle, le temps jouait contre tous. L’orage continuait à noircir l’Olympe. De l’autre côté du monde divin, Aphrodite sentait que l’Olympomachie touchait à sa fin. Les Mijakiens avaient défait Arès, et, à Lumen, Poséidon continuait à se battre avec l’aide de Circé, mais avait perdu Charybde et Scylla. Poséidon avait visiblement sous-estimé Calypso, qui avait choisi d’aider les Luméens.

*Mais, plus le temps passe, et plus les barrières se flétrissent…*

Jadis, les Dieux s’étaient tous unis pour bannir les Grands Anciens, pour les exiler dans des dimensions de poche, des univers miniatures d’où ils sommeillaient dans l’éternité, tout en espérant ressortir. Depuis lors, la fonction des Dieux était de repousser les Grands Anciens, de sécuriser les murs. Mais, maintenant que Zeus avait sombré dans la démence, il n’y avait plus personne pour retenir les Grands Anciens. Petit à petit, le voile se déchirait, et Aphrodite sentait que le temps lui manquait.

Lauréan se rapprocha lentement, et se glissa dans le dos de sa Déesse, caressant ses épaules.

« Je vous sens soucieuse, Déesse…
-  Je sens leur présence, Lauréan… »

Quand un éclair déchira le ciel, Aphrodite frémit en apercevant une paire de très longs tentacules s’étirant dans le ciel, avant de disparaître.

« Où en est Pit ?
-  Il a commencé les Sept Épreuves de la Sagesse d’Héphaïstos… »

Aphrodite soupira, exaspérée.

« Héphaïstos aurait pu nous simplifier les choses !
-  Héphaïstos ne prendra aucun risque, tu le connais bien. »

Hébé venait de les rejoindre, consciente que le temps leur manquait… Car Héra n’allait pas tarder à revenir.
En contrebas, Chilon se livrait à une partie de dames avec Pit, qui s‘amusa à changer la forme des pions. Lui n’y vit aucune objection, et les deux commencèrent à jouer. Chilon affrontait Pit à un autre sport que le combat physique, à un affrontement cérébral tournant autour d’un jeu où seule la tactique comptait. Il fallait positionner au mieux ses pions, et l’Ange s’avéra assez talentueux. Les pions se déployaient rapidement, et plusieurs sautèrent. Chilon savait bien jouer, mais constata vite que Pit était bon.

« Tu t’en sors bien. Palutena sait choisir ses agents. »

Le sage et lui continuèrent à jouer, jusqu’à ce que la victoire fut celle de Pit. Ravi, Chilon donna sa bénédiction à Pit, qui avait rempli l’une des Sept Épreuves.

« Bon courage pour tes autres Épreuves. »

Je tente le tout pour le tout de protéger les humains avec ma lumière, leur permettant de se protéger des maladies, en attendant d'avoir la possibilité de communiquer avec Pit. Mince ! Il doit être bien anxieux. J'ai tenté de communiquer avec lui, mais en vain. J'ai senti une barrière qui perturbe toute sorte de flux magique entre Angel Land et l'HyperCube, alors je ne peux que m'inquiéter, autant pour Pit que pour les humains, mais aussi pour mes Centurions. * soupir * Je ne fais que ralentir leur maladie, mais ça ne va pas durer longtemps.

S'il n'y a qu'une seule humaine pour qui je m'inquiète le plus, c'est bien Lucina, ma guerrière, mais aussi l'humaine pour qui mon cœur bat vraiment. Qui aurait pu penser qu'une déesse et une mortelle soient réellement amoureuses l'une de l'autre. Si j'avais la possibilité de la rendre immortelle, je n'aurais pas hésité à le faire... mais non, je ne suis pas du tout une Reine des Dieux, alors je ne peux que m'occuper d'elle, en plus de mes Trois Trésors Sacrés. Lucina est sur mon lit, baignée dans ma lumière, et une poche de glace sur le front, pour l'aider à guérir.

Je me mets assise sur mon lit, à côté de Lucina, vraiment en peine à cause de cette situation. Seul Pit peut nous aider. Je caresse le visage de Lucina, qui réagit doucement, ses paupières, fermés, tremblant, montrant qu'elle est encore consciente.

"Hmm... Déesse Palutena... je...

Ne t'inquiète pas, Lucina. Tout va finir par rentrer dans l'ordre. Tant que Méduse n'a pas encore profité pour conquérir Angel Land, tout va bien aller.

Mais... je ne suis complètement hors de combat, Palutena...

Je sais. Mais je sais aussi que tu seras remise sur pieds quand tout sera rentrée dans l'ordre."

Je penche ma tête pour venir l'embrasser tendrement, avec amour, profitant du baiser, avant de le rompre doucement, et de me lever. Je lui souris, même en sachant qu'elle ne va pas le voir.

"Je vais m'occuper de mes Trésors Sacrés."

Je marche donc pour aller vers mes Trésors Sacrés, et je vois qu'ils sont bien là, et bien protégés. Progressivement, je commence à ressentir un autre aura, mais il s'agit d'un aura des ténèbres. Oh non ! Méduse est arrivée au pire moment... alors que je ne peux pas lui donner mes Trésors Sacrés ! Dans le Surmonde, les humains déjà malades se font progressivement pétrifier. Les cultures sont déjà fanés, donc ça aide beaucoup Méduse.

Alors, je me me téléporte pour aller devant mon temple, pour me mettre face à Méduse. En soi, je ne la hais pas, mais je sais qu'elle me hait. Ce qui fait que Méduse me hait, c'est sa haine qu'elle éprouve envers les humains, alors que j'éprouve de l'amour pour eux. Comme je le redoutais, Méduse est arrivée dans le Monde Céleste et elle profitera de ce chaos pour en prendre le contrôle. Méduse est arrivée, mais je vois que ni Pandore, ni Thanatos, ni Hydra. Ce qui semble étrange.

"Bonjour, Palutena. Ça doit faire plus de 25 ans que je n'aie plus vu la peur dans tes yeux.

Tu es arrivée au pire moment pour reprendre le contrôle du Monde Céleste."

Méduse se met à rire de manière aussi sinistre que ce qu'elle est : en tant que déesse des Ténèbres, elle est sinistre et froide. Je pense avoir déjà perdu avant même que le combat commence. Pit est en train de sauver la situation, mais il ne peut pas sortir de l'HyperCube. Alors que je me mets à penser ça, Méduse me dit quelque chose que je ne m'attendais pas de sa part.

"Je ne suis pas ici pour ça, ma sœur. Malgré toute la haine que je ressens à ton égard, il y a beaucoup plus urgent que de conquérir un monde qui sera de toute façon récupérée par Pit... d'ailleurs, où est ce gamin insupportable ?

Il est dans l'Olympe, en train de chercher l’Éclat d'Héphaïstos.

Oh ! Au moins, il sait où aller pour sauver la situation. Laisse-moi deviner : tu es allée voir Aphrodite pour régler le problème à la racine. Et tu fais ça par amour pour cette espèce très arrogante qu'est l'humanité. Mais dis-toi que le sort va au-delà de l'humanité elle-même. Elle concerne tous les dieux, sans exception.

Je sais. On parle des maux de Zeus qui sont aggravés par l'ouverture de la Boîte de Pandore, et d'un risque d'une guerre divine qui risque de raser Terra. Pour sauver tout Terra, les Six ont besoin de refaire entièrement le rituel, et ça nécessite que Zeus accepte de se faire tuer.

De toute ma vie, j'ai toujours eu l'impression que tu en sais trop. Mais cette fois, je préfère que tu en saches trop que pas assez. Je n'aurais jamais pensé ça un jour, mais je pense n'avoir aucune autre choix : que dirais-tu d'une trêve, le temps que l'Olympomachie se termine ? La bataille finale approche, et il vaut mieux se réunir face à un ennemi commun, plutôt que de continuer notre guerre où tout le monde serait perdant, sauf la Rose."

La déesse des ténèbres tend sa main vers moi. Je ne m'y attendais pas à une telle trêve. Mais au moins, ça m'a permis de savoir qu'elle est capable de mettre nos différends de côté pour affronter une grande menace pour les dieux en général. Alors, parce qu'il est nécessaire de s'allier, je lui prends la main, et d'un coup, une colonne de lumière apparaît autour de moi, et une colonne de ténèbres autour de Méduse. Ces deux colonnes vont très haut dans le ciel, et ils commencent à fusionner pour former une énorme sphère ressemblant à un soleil gris, commençant à repousser ces nuages.

Cependant, je sais qu'il ne s'agisse pas d'une seconde Époque Complémentaire, mais une simple trêve qui permet une alliance temporaire, avant qu'on ne reprenne notre guerre.

Comme je m'y attendais, j'ai réussi cette épreuve. J'ai sauté tous ses pions sans la moindre exception. Alors, le simili me donna sa bénédiction. Je me disais bien que ce ne serait pas lui qui me donnerait l'Eclat, mais je suppose que pour l'avoir, il faut avoir la bénédiction de chaque simili. Je lui souris donc... mais dans ce sourire, on voit quand même ma nervosité.

"Merci Chilon."

Une fois ça fait, je sors de la salle, et lorsque je franchis la porte pour retourner à la salle pour choisir les Sept Épreuves, celle-ci se ferme, et on voit une autre porte tomber juste après, montrant que c'est pas nécessaire de retourner dans cette salle. Du coup, il me reste six Épreuves, et parmi eux, je suis encore tenté par deux : celui de Thalès et celui de Cléobule. Et après réflexion, je vais dans la salle de Cléobule, avant d'aller voir Thalès.

Héphaïstos avait conçu la Boîte de Pandore. Rien n’était dû au hasard, et, en ce moment, il savait qu’il était le dernier espoir d’empêcher cette folie. Car il avait vu la vérité. Il était au courant de tout. La légende disait qu’Héra avait jeté Héphaïstos du haut de l’Olympe en voyant à quel point ce dernier était laid. C’était une interprétation fallacieuse, destinée à rappeler aux Grecs que, si Zeus pouvait engendrer seul la somptueuse Athéna, Héra, elle, ne pouvait engendrer qu’un bâtard. Mais la réalité était bien différente. C’était une version des faits qu’Héphaïstos n’avait jamais révélé à quiconque. Pit avait été informé par Hébé de la malédiction de l’Olympe, du grand secret qui unissait tous les Dieux, et des projets d’Héra et de Zeus destinés à purger Zeus du mal qui le rongeait. Héphaïstos avait été l’une des expériences maudites des Dieux. Il avait été conçu afin de recueillir le mal de Zeus, et c’était cette laideur qui avait amené Héra à tenter de le tuer en le jetant du haut de l’Olympe. Thétis et Eurynomé l’avaient ensuite recueilli, et il devait à elles d’avoir appris tout ce qu’il savait maintenant.

Si Héphaïstos était devenu un Dieu-forgeron, ce n’était pas pour rien. Eurynomé était une Déesse primordiale, une divinité ne répondant pas à l’autorité des Olympiens, lui avait parlé de la Tour, et des Grands Anciens. Héra avait-elle voulu le tuer ? Ou avait-elle voulu le protéger de Zeus ? Les mythologistes grecs se battaient pour interpréter les desseins de la Déesse, mais Eurynomé avait eu une autre théorie. Si Héra avait feint sa mort, c’était parce que le jeune Héphaïstos avait assisté à la transformation de Zeus, à une séance où les Grands Anciens s’étaient emparés de son esprit…

…Et il les avait entendus.

Il avait entendu les chuchotements, les murmures, comme des pattes d’araignée égratignant son crâne, perçant dans son cerveau. Alors, il avait fui. Héra l’avait-elle jeté du haut de la falaise ? Ou était-il tombé ? Et, tandis qu’il forgeait, qu’il frappait avec son marteau, et que Pit répondait aux épreuves des Sages, il se souvenait encore de ce que la Déesse primordiale lui avait dit.

« C’est le véritable secret des Olympiens, Héphaïstos… Ils sont aussi faillibles que les humains. Et sont tout autant terrifiés que les humains à l’idée de ce qui se cache de l’autre côté du voile. »

Les Titans avaient succombé à leur influence, ils avaient été corrompus par les Grands Anciens, et le jour viendra où les Olympiens le seraient aussi. Héphaïstos s’était préparé pour ce jour, il avait répandu ses pions. Il avait veillé sur Aphrodite en l’épousant, mais n’avait jamais couché avec elle. Comment aurait-il pu ? Il avait toujours aimé Athéna, et avait aidé la Céleste à se rappeler qu’elle avait jadis été Ishtar. Héphaïstos n’était pas un guerrier, il ne savait pas se battre… Mais il savait construire. Il savait réfléchir, élaborer, concevoir.

La Boîte de Pandore était à ce jour sa plus belle création. Il l’avait forgé à partir des fragments de la Tour issus de la Bataille de la Tour, et était en train de la réparer en ce moment.

Un nouvel éclair déchira le ciel, et Héphaïstos gémit en sentant une vive douleur lui transpercer le cœur. Il se crispa sur place en serrant les lèvres, et posa sa main sur sa poitrine. Les chuchotements… Ils revenaient, et, à chaque éclair, il entendait les voix en lui. Les voix lui disant qu’il n’avait rien accompli, qu’il avait été incapable de protéger sa femme, de protéger les humains.

Héphaïstos se releva en sentant une énergie divine revenir à toute allure.

« Arès… Il a été vaincu. »

La mort d’un Dieu ne signifiait pas son anéantissement, mais il prenait une forme éthérée, jusqu’à retrouver un corps normal. L’âme d’Arès était revenue en Olympe, et la colère de Zeus allait se faire ressentir.

*Le temps nous manque…*

Héphaïstos avait aidé autant qu’il le pouvait, mais il n’avait pas encore fini.

De son côté, Pit poursuivait les épreuves, et se retrouva finalement face à Pittacus, qui l’observa lentement, pour l’épreuve de politique.

« Dis-moi, Pit… Qu’est-ce qu’un bon dirigeant ? »

Je me trouve désormais dans l'épreuve de Pittacus de Mytilène, une épreuve que je crains, voire celui que je crains le plus, car c'est un aspect très centré sur les humains. Dame Palutena n'est pas vraiment concernée par la politique, car elle est la gardienne des humains, et son rôle est de protéger tous les humains, sans exception, même ceux qui la détestent. Personnellement, je suis dans l'armée de Palutena, ceux qui se dressent contre toute menace contre les humains, mais j'écoute toujours attentivement ma déesse.

Ma déesse que je n'entends toujours pas, ce qui me rend de plus en plus nerveux. Surtout que je suis les épreuves dans l'ordre de préférence : Chilon de Sparte, Cléobule, Thalès de Millet, Bias de Priène, Solon d'Athènes, Périandre de Corinthe, et enfin Pittacus de Mytilène. J'ai commencé à avoir des difficultés à partir de Solon d'Athènes, car la corde de ma civilisation est faible, et je m'en suis légèrement mordu les doigts pendant un moment avant de finalement réussir l'épreuve. Là, je me retrouve avec la partie qui me concerne le moins, mais que je suis obligé de faire car j'ai fini par comprendre que pour réussir, je dois avoir la bénédiction de tous les Sept Sages.

Je suis assis devant Pittacus, et il finit par me poser une question qui semble un peu complexe pour moi : qu'est-ce qu'un bon dirigeant ? Une question qui demande la définition d'un bon maître ou employé est très souvent complexe, surtout pour moi pour la question d'un bon dirigeant. Alors, je réfléchis silencieusement, et avec la nervosité qu'il continue de ressentir. Je dois répondre juste, mais si je n'ai pas envie de perdre trop de temps. Mais en même temps, si je réponds mal, je n'aurai pas la bénédiction de Pittacus, et donc pas le Dernier Éclat.

Après plusieurs minutes de réflexion, je finis par parler de ce que fait Dame Palutena, et tenter de m'en servir comme réponse. Elle n'est pas concernée par la politique, encore une fois, mais je suppose que pour être un bon dirigeant, il faudra être comme elle. De toute façon, c'est une des rares réponses que je puisse trouver. Très rare, même.

"Un bon dirigeant est un dirigeant altruiste, qui est à l'écoute des autres avant d'être à l'écoute de soi-même, se devant d'aider les autres, du plus noble au plus démuni, quitte à se sacrifier pour eux. Il est aussi quelqu'un de juste, réglant les différents problèmes et conflits par les moyens mis à disposition et qu'il peut donner. Enfin, un bon dirigeant est un dirigeant de confiance : son peuple la lui offre, il prouve qu'il le mérite, et il offre sa propre confiance à son peuple."

J'espère avoir juste. Surtout qu'il m'a fallu un moment pour donner une réponse, malgré ma nervosité que Pittacus peut bien ressentir, de par le fait que je n'ai aucun moyen de contacter Dame Palutena. Les épreuves ne sont pas vraiment simples, je l'ai rapidement remarqué. Surtout lorsque je ne suis pas aidé par Palutena, qui est beaucoup plus intelligente que moi.

Pittacus (ou Pittacos) de Mytilène fut un dirigeant politique exemplaire. Son règne fut tel qu'il renonça lui-même au pouvoir, craignant une trop forte personnification qui aurait fait de lui un tyran. Sage avisé et éclairé, Pittacos savait que le pouvoir pouvait monter à la tête. « Sache reconnaître le moment opportun » disait-il avec une sagesse infinie. Législateur talentueux et aguerri, Pittacos  écouta lentement le jeune Pit parler, lui exposant sa vision des choses.

« C'est une définition pleine de sagesse, jeune Ange. Elle augure de la conception des Anges à l'encontre du souverain, mais tu me permettras de te faire remarquer qu'elle est... Incomplète. Tu me dis que le Souverain doit aider les autres, du plus riche au plus démuni. J'en prends acte. Mais comment aider le plus démuni ? Vois cette parabole. Soit un fermier qui cultive et laboure ses terres. Ledit fermier est, à en croire ta définition, le noble de cette allégorie. Il emploie des gens, des serfs, qu'il ne paie pas à la hauteur de ce qu'ils méritent. Que doit faire le Souverain dans cette situation ? Doit-il s'ingérer ? Doit-il ordonner au fermier de les payer davantage ? Mais, ce faisant, le fermier ne pourra plus s'acquitter de ses propres dettes, et ne touchera pas assez de revenus pour maintenir son activité. Jusqu'où le Souverain doit-il aider ? Doit-on taxer les plus fortunés pour redistribuer aux plus pauvres, ou doit-on, au contraire, encourager à la dépense, pour que, par l'effet du mérite et du travail, les déshérités puissent toucher de l'argent ? »

Le Sage n'offrait aucune réponse, mais posait les bonnes questions.

« Tu me dis ensuite qu'un dirigeant doit être digne de confiance. Cela revient à dire qu'il doit être honnête envers son peuple. Car, enfin, pour être digne de la confiance qu'on te porte, il faut la mériter. Bien. Mais, alors, comment réagirais-tu en cas de crise ? Vois cette autre parabole. Ici, la peste ravage un pays, et une petite île est sur le point d'être contaminée par une famille revenue du cœur du pays. Tout le village est d'ailleurs contaminé, et tu n'as pas assez d'hommes pour les retenir. Deux solutions s'offrent à toi : laisser l'infection se répandre, ou tuer les habitants et brûler le village. Quelle est la meilleure attitude ? Que ferait le meilleur Souverain dans ce type de situation ? »

Tel un professeur, Pittacos posait des questions sans véritablement attendre de réponses.

« La bonne réponse, Ange Pit, à mon sens, c'est qu'il n'y a pas de dirigeant idéal, car il n'y a pas de situation idéale. Gouverner, c'est prévoir, mais c'est aussi savoir s'adapter. Chaque situation est différente, chaque cas est spécifique, et nécessite une réponse appropriée, en fonction d'une multitude de critères. C'est ce qui a amené certains penseurs comme Machiavel à considérer que la politique devait s'abstenir de tout jugement moral, car il incombe au Souverain de faire le choix horrible que nul autre que lui ne peut prendre. »

Pittacos soupira alors, et croisa le regard de Pit.

« Ce que je veux te faire comprendre, Ange Pit, c'est que tu dois te méfier des absolutismes. Rien n'est jamais acquis, et rien n'est jamais simple. L'Olympomachie est arrivée parce que le jugement des Dieux a été obscurci, parce qu'ils ont cru aux mensonges. Les mensonges, vois-tu, sont toujours plus simples que la vérité, mais seule la vérité nous importe... Et, pourtant, nul n'est plus menteur qu'un politicien. Tu vois ? Les humains préfèrent les mensonges à la vérité, car ils ont peur. Ne laisse pas cette peur te diriger, et peut-être bien que nous tenons là une définition. Le bon dirigeant, c'est celui qui n'a pas peur. »

Pittacos sembla lentement méditer sur cette dernière assertion, avant de regarder à nouveau Pit :

« Qu'en penses-tu ? »

Sans qu'il ne sache, j'ai tenté de décrire comment Palutena est, en tant que Maîtresse des Cieux, bien que ce ne soit pas une chose facile, surtout avec le fait que je n'ai aucune possibilité d'avoir un contact avec ma déesse, ce qui me rend nerveux, et me donne plus de difficulté à donner une réponse.

Il me dit donc sa version des faits, que j'écoute avec attention. Il dit que cette description est pleine de sagesse, mais qu'elle est incomplète. Comme il soit savoir de quoi il parle, représentant lui-même la politique, je l'écoute.

Comment aider les plus démunis ? Une excellente question que je serais incapable de répondre de toute façon, étant beaucoup plus guerrier que politicien. Je commence donc à m'imaginer ce qu'il me dit : un fermier qui cultive et laboure ses terres. Ce fermier est le plus noble, car il a des serfs qu'il paie mal, mais en même temps il a des difficultés à rembourser ses dettes. Qu'est-ce que le Souverain peut faire, en sachant qu'il ne peut pas aider les deux en même temps ? L'altruisme peut donc être aisément mis à l'épreuve. Cette question semble rhétorique, mais je pense qu'elle est très pertinente, surtout pour un ange qui ne sait pas grand-chose de la politique.

Il me parle aussi de la confiance qu'on peut lui accorder, qui lui aussi peut être mise à l'épreuve par des crises. Je m'imagine donc sa seconde situation : une maladie mortelle qui ravage un pays, et une famille le transmet dans une petite île, où tout un village est infecté, et le dirigeant n'a pas assez de personnes pour le retenir. Si on le laisse faire, c'est toute l'île qui se fait détruire, et si on brûle le village, un acquit de conscience sera nécessaire. Pourtant, c'est les deux seules solutions, semble-t-il. Je ne peux pas le contredire, car je n'ai jamais été doué en politique.

Apparemment, pour lui, aucun dirigeant n'est idéal, car il n'y a pas de solution idéale. Tout le principe de diriger est la prévision et l'adaptation . Moi qui "dirige" une armée, je sais ce que c'est, mais c'est plus dans le domaine de l'armée chez moi. La théorie ne semble pas couvrir une situation, si je comprends bien. La politique est encore plus complexe que je pensais. De plus, la politique doit s'abstenir de tout jugement moral, et je pense que je l'ai remarqué avec cette seconde parabole : laisser la peste détruire ou détruire pour ralentir la peste, c'est un choix où la morale condamnerait les deux choix.

Il faut que je me méfie de l'absolutisme, donc. Je dois me dire que la seule chose qui peut être vraiment acquise, c'est ma foi que j'ai envers Dame Palutena. Il me parle ensuite du mensonge et de la vérité, de ce qu'apportent les deux. Pour ce qui est de ne pas laisser la peur me diriger, je n'ai jamais peur. Je ressens tout ce qui peut amener à la peur : la surprise, l'inquiétude, l'impression... mais je n'ai jamais ressenti la peur en tant que telle.

De toute manière, tout ce qu'il dit me fait réfléchir. Pas seulement à la politique, mais en général.

"D'aucuns disent que la plus cruelle des vérités est meilleure que le plus doux des mensonges, mais on dirait que c'est beaucoup plus complexe, que se dire que les Grands Anciens sont encore loin de se réveiller est tellement meilleure que se dire que tous les mortels, tous les anges, tous les démons, et même tous les dieux deviendront fous tôt ou tard. Je n'ai encore jamais ressenti directement la peur, mais je comprends tout à fait à quel point une vérité peut faire perdre l'esprit. Donc je suppose qu'un bon dirigeant n'a pas peur, mais est capable de mesurer à quel point ses sujets peuvent avoir peur d'une vérité."

Personnellement, je serais un mauvais dirigeant : je suis incapable de mesurer la peur des autres, je ne pourrai qu'encourager et donner de l'espoir ; de plus je me contente d'obéir à ma déesse.

"Je suppose aussi que si un dirigeant a lui-même peur, cela se répercute directement sur ses décisions qui sont prises dans la précipitation, n'est-ce pas ?"

Après, c'est aussi le cas pour être capitaine de la garde de l'armée : si un capitaine a peur, ça risque de faire perdre inutilement des hommes qui auraient pu influer sur la bataille. Sauf que la gestion d'une armée est différente que la gestion de tout un peuple.

Pittacos était un redoutable bretteur, un orateur qui parlait bien, surtout en matière politique. Il ne cherchait nullement à piéger Pit, mais à avoir au contraire avec lui une discussion profonde. Pittacos évoqua donc Machiavel avant d’évoquer le rôle de la peur, ce qui amena l’Ange à rebondir là-dessus.

« Je ne dirais pas exactement cela, Pit. Quelqu’un qui ne connaît jamais la peur ne peut rassurer les gens. Comment rassurer des gens à comprendre un phénomène qu’on ne comprend pas ? La peur, vois-tu, n’est pas inhibitrice. C’est la peur qui donne des forces à la mère, c’est la peur qui amène la proie à fuir devant le prédateur. Tu vois, je pense que la peur est quelque chose qui doit se contrôler. Alors, si tu me permets de nuancer mon propos, je dirais que le bon souverain n’est pas celui qui ne connaît pas la peur, mais qui la maîtrise. »

Le Sage se racla lentement la gorge, comme s’il était en train de réfléchir à haute voix.

« Les Olympiens, eux aussi, ne connaissaient pas la peur. Ils ne craignaient rien ni personne à part eux-mêmes, et vois comme ils ont sombré… Parce qu’ils ont ressenti la peur, et que c’est désormais la peur qui commande Zeus. Tu dis que tu ignores la peur, Pit, mais ce n’est là pas quelque chose dont il faut être fier… Car la peur te saisira. Elle fait partie du cycle de la vie, et ne jamais l’expérimenter, c’est la plus grande faiblesse des êtres célestes. »

Son point de vue semblait faire sens au vu de la situation actuelle, et devait amener Pit à réfléchir encore. Car Pittacos n’avait pas encore fini.

« Ne tombe pas dans cet écueil, Pit, c’est tout ce que je peux te conseiller. Tu n’as pas encore fini les épreuves. Le but de tout ceci, de ces longues digressions en compagnie des Sages, Pit, c’était de te montrer pourquoi Zeus a sombré. La peur ne se créé pas, elle a toujours été là, sommeillant en Zeus. »

Pittacos soupira encore, ne voyant pas trop quoi rajouter à ce qu’il disait.

« Je crois que nous avons assez parlé comme ça, non ? Je serai ravi de converser encore avec toi, Pit. Retourne à la salle centrale, et tu pourras marcher vers l’Éclat. Le temps presse. Mais n’oublie pas ce que je t’ai dit… Car tu auras peur. »

Le Sage laissa cette dernière phrase sur un ton sentencieux, comme pour signifier que cette séquence n’était peut-être pas encore totalement terminée…