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Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 31 mars 2025 00:48
par Mélinda Warren
Autour d’eux, des fissures se formaient ici et là. Mélinda n’allait pas pouvoir maintenir ce lien très longtemps. Elle pouvait le sentir en fermant les yeux. Si leurs esprits s’étaient reliés, leurs corps étaient, eux, bien soudés. Pendant qu’elle était avec lui, elle lui faisait l’amour. Mélinda n’en avait pas conscience, car elle dormait… Elle était sous l’effet d’un sortilège utilisé par la Déesse Sha pour la plonger en sommeil paradoxal, son corps agissant comme un somnambule pour coucher avec celui de Wismerhill. C’était assurément original, ce qui était une habitude chez Mélinda.

Wismerhill avait beaucoup de questions. Mélinda s’efforça donc de lui répondre du mieux qu’elle pouvait :

« Tu n’es pas mort… Pas totalement. Nous nous efforçons de ramener ton esprit dans ton corps, mais… Ton esprit a été noirci, corrompu par Haazhel Thorn. Si nous te ramenons, tu deviendras son pantin obéissant, comme tous les Seigneurs de la Négation. Tu portes sur toi la marque du Roi Cramoisi, c’est ça que Thorn offrait à ses fidèles. La promesse de grands pouvoirs, mais une soumission totale. »

Mélinda attrapa la main de Wismerhill, et lui montra sa paume. Il put ainsi voir une marque magique se former, la marque la plus terrible qui soit, celle du Roi Cramoisi :

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Les fissures craquèrent encore, provoquant comme un séisme.

« Ton esprit est… Je ne sais pas trop comment l’appeler… Dans une espèce de Purgatoire. Tu vas croiser des gens, Wismerhill. Comme toi, ils ont conclu le même pacte avec le Diable. Ta femme a succombé à l’influence du Roi Cramoisi, elle a voulu tuer vos enfants, alors nous les avons mis en sécurité. Tu dois revenir, mais tu dois d’abord affronter l’influence du Roi Cramoisi en toi. La Tortue veille sur toi, je suppose que tu as dû sentir sa présence. J’ignore à quoi ressemble l’endroit où tu te trouves… On m’a parlé d’une ville, mais elle prend la forme qui correspond à tes cauchemars. Tu dois… »

Mélinda sautilla alors, tandis que le sol se fissurait également. Entre les fissures, de terribles yeux rouges les observaient, tandis que de monstrueux tentacules parcourus de yeux rougeâtres apparaissaient entre les fissures.

La vampire tourna la tête, puis posa ses mains sur le torse de Wismerhill.

« Je vous retrouverai, Mon Empereur. Votre Empire a besoin de vous. J’ignore quel est l’objet que votre inconscient a matérialisé pour me permettre de vous rejoindre, mais vous devez en trouver d’autres, pour que nos esprits se croisent à nouveau. Vous devez également trouver les clefs pour sortir d’ici, et repousser la corruption qui est en vous. »

Mélinda l’embrassa alors, puis ce qu’elle avait à dire mourut quand une force repoussa Wismerhill. Il tomba dans la fissure…

…Et se réveilla dans une pièce. Quelque chose brûlait devant lui. Il était dans ce qui ressemblait à un chalet. Depuis la porte, on pouvait voir le lac qui bordait Silent Hill ; le château familial de Wismerhill était également visible.

Enfin, et surtout, dans l’âtre de la cheminée, c’était une épée qui se dressait, et dont la pointe brûlait.

C’était Hellvekin, l’une des Sept Épées de l’Empereur.

« Tu es revenu parmi nous ? »

La voix de l’Enfant résonna à côté de lui.

« Maturin fait beaucoup d’efforts pour te ramener, tu sais. Sans lui, tu serais devenu l’un des pantins décérébrés du Roi Cramoisi. »

L’Enfant pointa du doigt l’épée.

« Tu devrais la prendre. Connais-tu l’histoire de tes épées, au fait ? »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 02 avr. 2025 21:21
par Wismerhill
La chute semblait sans fin.

Wismerhill basculait dans l’abîme, son corps happé par une force indicible. Autour de lui, des éclairs déchiraient l’obscurité, formant des silhouettes indistinctes qui l’observaient avec avidité, des yeux monstrueux et affamés le scrutant avidement. L’écho d’un baiser hantait encore ses lèvres, vestige du dernier contact avec Mélinda avant qu’il ne soit arraché à elle.

Sha… Mélinda… Elles avaient tenté de le guider. Elles luttaient pour lui, pour le ramener. Mais dans quel but ? Sha était une déesse dont les intentions échappaient aux mortels, une tisseuse de destins qui savait bien plus qu’elle ne disait. Quant à Mélinda… Que représentait-elle vraiment pour lui ? Une amante, une alliée, une énigme ? Pourquoi une vampire, une créature d’ombre, se souciait-elle autant de son retour ?

Et l’Empire…

Son Empire.

La guerre grondait encore, les cendres de son règne n’avaient jamais cessé de brûler. Greldinard trahissait sa couronne, le Roi Cramoisi étendait ses chaînes grâce à Thorn, et lui, l’Empereur de Mijak, était prisonnier d’un purgatoire dont il ne comprenait ni la nature, ni les règles.

Mélinda lui avait parlé de ses enfants. De sa femme, qui avait sombré dans la folie. L’idée le transperça comme une lame glacée. Ses enfants… étaient-ils en sécurité ? Il devait croire que Mleinda et ses sujets encore loyaux les gardaient en sécurité. L’Empire… survivrait-il sans lui ? Son sacrifice héroïque avait-il seulement retardé la chute de ses terres ?

Un rugissement de vent noir le gifla, et il heurta soudainement une surface dure. Le choc lui coupa le souffle. Il resta un moment allongé, la tête lourde, le corps ankylosé par une fatigue qu’il ne comprenait pas.

Il rouvrit les yeux.

Une lumière dansait devant lui.

Un feu.

Lentement, il se redressa, découvrant autour de lui les contours d’un chalet ancien, aux murs de bois noirci. L’odeur de cendre et de terre humide flottait dans l’air, mêlée à une sensation indéfinissable, entre le rêve et la réalité.

Ses yeux se posèrent sur la cheminée.

Là, dans l’âtre, une épée se dressait.

Son souffle se coupa.

Hellvekin.

L’une des Sept Épées de l’Empereur. Son acier noir luisait d’une lumière spectrale, sa pointe plongée dans les flammes. Ce n’était pas le feu qui consumait l’épée. C’était l’épée qui se nourrissait du feu.

Au son d'une voix familière et enfantine, le seigneur déchu se retourna brusquement, cherchant du regard l'Enfant de Maturin. Ainsi donc, il était de nouveau plongé dans cet entre-monde.

« Où sommes-nous ? »
Lui demanda le beau ténébreux, la gorge serrée. Il lui en voulait de ne pas l'avoir préparé aux horreurs de Silent Hill, mais à quoi pouvait-il s'attendre d'une entité aussi mystérieuse ? Son expérience avec les créatures immortelles lui avait inculqué bien des leçons sur le fait que ce genre d'individus agissaient sur une logique bien différente de celle des mortels.

Wismerhill baissa les yeux sur ses mains. Il sentait encore la brûlure invisible de la marque du Roi Cramoisi sur sa peau. Un destin d’esclave lui était promis. Il ne pouvait pas l’accepter.Le feu ne dégageait pas de chaleur, et pourtant, lorsqu’il tendit la main, il sentit un froid mordant sur sa peau, comme si le brasier dévorait la chaleur même de son âme. Ses doigts se refermèrent sur la garde. Un frisson le traversa, une onde de pouvoir brut qui résonna dans chaque fibre de son être. Des voix chuchotèrent à son oreille. Des promesses. Des avertissements.

"Je veux entendre la vérité. Dis-moi tout."

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 07 avr. 2025 01:32
par Mélinda Warren
« Tu es toujours dans ton Purgatoire, Empereur. Le long du lac Toluka. Silent Hill est à proximité, mais, avant que tu y retournes, j’ai estimé nécessaire que nous puissions discuter, toi et moi. »

L’Enfant avait donc encore des choses à dire, et elles étaient liées à cette épée.

« Je t’ai parlé de la Tour, Wismerhill. La courroie de transmission entre tout ce qui est, le pivot de la magie et de toute réalité. Bien que la Tour soit verrouillée, elle ne l’a pas toujours été. Quand la Tour Sombre était d’Ivoire, quand elle était ouverte, des artefacts très puissants y ont été construits, forgés, façonnés. Vois-tu, la Tour était le refuge du plus grand mage qui ait jamais existé, Maerlyn… Ou encore Merlin. »

Les mains de l’Enfant s’écartèrent, et firent flotter les sept épées de l’Empereur.

« Les Sept Épées furent forgées pour Arthur Eld et pour ses guerriers, afin de combattre les Grands Anciens. Hellvekin a pu être reforgée car elle a été forgée dans le feu de la Tour d’Ivoire, par des nains qui étaient proches de Maerlyn, et qui ont fait cadeau de cette lame à l’Aîné. Chacune des Sept Épées fut forgée en mettant à contribution le savoir-faire de différentes personnes. Quand les Grands Anciens furent vaincus, et que la Tour fut scellée, on dit qu’Arthur Eld confia les Sept Épées à sept Rois de l’Eld. Chacune de ces épées a vécu, et ont fini par être entre les mains de l’Empire de Mijak, et de sept guerriers. Les Sept Centurions, comme on pouvait les appeler. Ne sois pas surpris de ne pas connaître cette histoire, Haazhel Thorn s’est assuré de ne jamais t’en parler. »

Les Sept Centurions, sept puissants guerriers qui n’obéissaient qu’à l’Empereur, sa garde directe.

« Bien des artefacts ont été conçus pour défier les forces eldrichtiennes. Les Sept Centurions ont porté ces lames, et, quand le Roi Cramoisi a été vaincu, et a été chassé de l’Empire, l’Empereur qui lui a succédé a envoyé une puissante armée le défaire. Là aussi, les historiens ont effacé toute trace de cette croisade… On l’appelle donc la Croisade Oubliée. Les Sept Centurions ont mené cette armée à travers le domaine du Roi Cramoisi, les Malterres de la Discorde. Ils ont défait les monstres qui s’y tenaient, jusqu’à rejoindre avec leur immense armée le Roi Cramoisi dans son antre, le Casse-Roi russe. Une épopée qui aurait pu faire l’objet de récits mythiques. Ils se sont tous dressés face au Roi Cramoisi… Mais ils sont tous morts. »

Un seul être capable de décimer une armée, et sept épéistes d’exception portant chacun une arme à la puissance divine… Cela semblait impossible, et en disait long sur la puissance infinie du Roi Cramoisi.

« En guise de provocation, le Roi Cramoisi a renvoyé à la commune de Fedic, la dernière ville avant l’entrée dans les Malterres, un chariot ensanglanté, abritant les sept épées. Elles ont été restituées à l’Empereur, qui a entrepris d’effacer toute trace de cette croisade, et de répandre l’idée que le Roi Cramoisi était mort. Ces épées… Ce n’est pas un hasard si elles t’apparaissent, Wismerhill. Tu dois les retrouver, les récupérer, et comprendre… Elles portent en elles l’âme des sept anciens champions qui ont donné leur vie pour défaire l’ennemi suprême. Elles sont le chemin qui te permettra de combattre tes propres démons, et de devenir l’Empereur que tu aspirais toujours à devenir. »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 03 mai 2025 23:15
par Wismerhill
Le silence.

Un silence plus ancien que les langues des hommes, plus vaste que le ciel de Mijak. Il s’était insinué dans les failles de l’esprit de Wismerhill comme une brume épaisse, juste après les paroles de l’Enfant. Il ne parla pas tout de suite. Il regardait. Écoutait. Absorbait.

Les sept épées flottaient, auréolées d’une lumière pâle et spectrale, comme suspendues dans l'éther. Chacune émettait une vibration différente, une nuance de son, de couleur, d’intention. Elles étaient plus que de simples armes. Des fragments de mémoire. Des promesses inachevées. Des cicatrices du passé.

Les Sept Centurions. La Croisade Oubliée.

Ce nom résonnait en lui comme un écho funèbre. Un pan entier de l’Histoire qui lui avait été soustrait. Il se sentit... volé. Trahi. Pas seulement par Thorn, mais par les siècles. Par l’Empire lui-même.

Il fit un pas vers les lames, ses bottes effleurant le sol comme s’il avançait dans un sanctuaire. Son regard glissa sur chacune d’elles, essayant de deviner à qui elles avaient appartenu. Une longue, fine et cruelle, comme une vipère. Une autre, large et pesante, forgée pour briser l’armure et les os. Une troisième semblait presque... chanter.

Puis, une pensée le frappa.

Hellvekin.

Il baissa les yeux vers l’arme qu’il tenait, comme s’il découvrait qu’elle faisait partie d’un tout bien plus vaste. Son lien avec elle, avec ce métal étrange et ancien, s’approfondissait, comme si l’épée elle-même s’éveillait à la mémoire partagée de ses sœurs perdues.

Il repensa aux Centurions. Ces guerriers de légende, tombés dans l’oubli. Et pourtant... Leurs âmes n’avaient pas disparu. Elles vivaient dans les épées. Dans la peine. Dans le fer. Dans les souvenirs.

L’Enfant parlait de devenir l’Empereur qu’il aspirait à être. Non celui qu’il avait été, façonné par les manipulations de Thorn, ou par le regard brûlant du Roi Cramoisi. Un autre Empereur.

Un frisson parcourut l’échine du ressuscité.

Il voyait maintenant la route. Il voyait le gouffre aussi.

Retrouver les sept. Porter les sept. Et les entendre. Les comprendre. Risquer d’en être consumé.

Mais c’était cela, n’est-ce pas ? La rédemption par le feu. La souveraineté par la douleur. Il n’était pas revenu à la vie pour s’asseoir sur un trône, mais pour se confronter à ce que même la mort avait craint d’affronter.

Il leva les yeux vers l’Enfant.

Sa voix, quand elle revint, n’était ni celle du prince ni celle du conquérant. C’était la voix de celui qui accepte.

« Alors je les retrouverai. Toutes. Même si je dois arpenter chaque Malterre, réveiller chaque souvenir oublié par l’Histoire. Mais si je porte leurs lames… alors je porterai aussi leur deuil. Et leur vengeance. »

Il tourna les yeux vers le lointain, là où le lac Toluka semblait frémir sous un vent invisible.

« Et toi, héraut de Maturin… si je suis vraiment encore dans mon Purgatoire, alors dis-moi : la Croisade Oubliée n’a-t-elle pas encore besoin de son dernier soldat ? »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 05 mai 2025 01:08
par Mélinda Warren
Il n’y eut aucune réponse à la question de Wismerhill. Quand il se retourna, l’Enfant n’était plus là… Et la maison avait pris une apparence décrépite, à l’état de ruines. Mais Hellvekin était là, dans sa main, palpitant d’énergie. Il n’y avait plus qu’à reprendre la route. L’Empereur sortit donc, et suivit le sentier ramenant à Silent Hill. À travers la brume, on pouvait la voir, au loin. Des clochers, des morceaux de toits qui s’élevaient. Le sentier le conduisit à une crique. Il y avait du sable, et l’eau du lac, apaisée, et qui semblait pourtant dangereuse. Les Vents soufflèrent à nouveau à Wismerhill.

« N’y va pas…
- Un lac maudit…
- N’est pas mort qui à jamais dort, Wismerhill… Souviens-t-en… »

Le sentier l’amena ensuite à traverser une courte grotte. Des cristaux phosphorescents éclairaient un chemin humide. De l’eau serpentait le long des murs, et il put voir à un moment une mare sur sa droite. Un morceau du lac. Son imagination semblait alors lui jouer des tours, car, quand il regarda la surface de l’eau, il put voir un œil globuleux, énorme, qui le fixait. Une vision aussi fugace qu’impressionnante, car, après cela, l’œil disparut. U8n message clair ; s’il devait plonger dans ce lac, jamais il n’en ressortirait.

Hors de la grotte, l’Empereur put sentir Hellvekin vibrer. Des champs de blé s’offraient à lui, avec une ferme abandonnée perceptible au milieu des champs. Des épouvantails sinistres se trouvaient là. Des corbeaux croassaient. Les vitres de la ferme étaient brisées, avec des cadavres inertes qui gisaient sur le sol. Les corbeaux s’envolèrent quand Wismerhill se rapprocha. Le vent mugissait à travers les champs de blé. Un puits se trouvait au centre de la cour de la ferme. Hellvekin vibra à nouveau, et, en regardant encore, on aurait pu voir que les épouvantails avaient disparu. Les corps inertes se mirent alors à gémir, et commencèrent à remuer faiblement. Ils se redressèrent ensuite douloureusement, et mugirent en se dirigeant vers l’Empereur, leurs yeux morts s’animant d’une énergie malsaine.

Un terrible croassement résonna alors, et, jaillissant du champ de blé, un épouvantail animé fit irruption, sa tête s’enflammant sur place, ses yeux cruels et enflammés fixant sa nouvelle proie.

Place à l’action !

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 05 mai 2025 21:56
par Wismerhill
Ils se redressèrent.

Des membres brisés qui se redéployaient dans un craquement obscène, des torses éventrés laissant pendre des organes noircis, mais animés par un souffle que nul dieu n’aurait pu revendiquer. L’énergie impie qui relevait ces cadavres n’était pas une nécromancie connue – elle provenait d’un ailleurs. Un royaume sans lumière, où les morts ne reposent pas, mais attendent, affamés.

Et ils venaient pour lui.

Wismerhill fit un pas. Puis un autre. Son regard ne quittait pas les silhouettes chancelantes qui approchaient, ni cette chose ignoble — l’épouvantail en flammes — dont les braises noires dessinaient dans l’air des symboles anciens, cruels, et dont la tête calcinée semblait mue par une haine aussi froide qu’éternelle.

Hellvekin vibrait. Non… elle chantait.

Dans la paume de sa main, la lame noire s’illumina d’une lumière pulsante, mauve et dorée, comme si le métal même se souvenait du sang ancien des Centurions. Ce n’était plus une arme. C’était une clé. Un appel. Une promesse de massacre. Cette lame, il l'avait utilisé pour combattre en duel l'ancien empereur et lui faucher le bras dans une blessure fatale. Désormais, elle réclamait l'anima de l'épouvantail maléfique.

« Alors que le passé revient, moi aussi… je me redresse. »

Il s’élança.

Le vent hurla. Le blé se courba comme sous la crainte. Et l’Empereur de Mijak fendit la première ligne de revenants dans une explosion de puissance. Hellvekin traça un arc de lumière et de cendre. La première créature fut coupée net, son crâne roulant dans la poussière. La seconde explosa littéralement, son essence consumée par l’épée.

Et à chaque coup, la lame réclamait davantage. Du sang. De la mémoire. De la vengeance.

Ils étaient des dizaines à converger, mais Wismerhill dansait à travers eux. Une danse noire, une transe guerrière. Le pourpre et le fer. Le chant d’un empereur déchu, revenu du purgatoire, porté par les spectres de ses propres fautes et par l’écho d’une guerre oubliée.

Puis le feu éclata.

L’épouvantail avait bondi. Une torche vivante, propulsée par une force hérétique. Il s’écrasa à quelques pas de Wismerhill, et de sa bouche de suie jaillit un souffle enflammé, un brasier noir et visqueux. Wismerhill plongea de côté, roula, et sentit la morsure de la chaleur lécher son manteau. Debout, déjà, il riposta, sa lame traçant une estafilade à travers le bras de paille et de flammes du monstre.

Mais l’épouvantail rit.

Un ricanement guttural, qui n’appartenait pas à la bête, mais à quelque chose d’autre. Quelque chose au fond du puits.

Un œil.

Le souvenir de l’œil dans la grotte revint. Identique. Globuleux. Ancien. Quelque chose veillait. Quelque chose attendait que Wismerhill tombe.

Non.

Il bondit. Son cri déchira l’air — pas un hurlement de rage, mais une déclaration. L'affirmation d’un roi maudit, d’un guerrier revenu du néant pour reconquérir le sens même de sa légende.

Hellvekin fendit l’air une dernière fois.

La lame frappa le torse de l’épouvantail, et dans un éclair crépitant de lumière sacrée et impie mêlée, elle le trancha en deux. Le feu se propagea, mais cette fois, c’était la lumière qui brûlait. Les corps morts se figèrent. Puis tombèrent, vidés de leur animus.

Le silence retomba.

Le vent souffla à nouveau, mais ce n’était plus le murmure de la peur. C’était celui du destin.

Wismerhill s’approcha du puits. L’eau au fond était noire, mais le reflet qu’il y vit n’était pas le sien. C’était celui d’un guerrier plus ancien. Un Centurion, peut-être. Ou un souvenir du passé. Sa main se crispa sur la pierre froide du puits.

« Je viendrai te chercher aussi, toi. Qu’importe où tu te caches. Toi… et les autres. »

Il se redressa. Le champ était mort. Le vent soufflait encore. Et dans le lointain… Silent Hill l’attendait.