The Multiversity

Un peu trop doux ? Peut-être mais si dans un vrai combat sa tenue et son sexe n'aurait fait aucune différence – un adversaire est un adversaire – là il s'agissait d'une femme peu vêtue donc peu protégé et surtout une des sbires de Mélinda donc la blesser gravement n'était pas une bonne option s'il voulait rembourser sa dette et bien se faire voir de la guilde. Mais au moins, sa façon de parler de Mélinda et son amour pour l'entraînement lui faisaient plaisir. Lui qui s'attendait à voir tous ceux qui bossent pour Mélinda louangé chacun de ses mots, même si sa façon de la décrire n'était pas méchante, cela ne la mettait pas en valeur. Alors soit, s'ils peuvent s'amuser plus sérieusement, ce ne sera pas un mal. Ce serait dommage de devoir jeter l'éponge pour quelques prétextes dont il ne pouvait pas gagner car il ne pouvait pas se donner à fond. Seulement quand sa vie est en danger il se donne vraiment à fond, c'est un coup à perdre les pédales sinon.

Si la démone se rapprocha rapidement pour montrer que son souffle savait aussi être dangereux, il esquiva avant de recevoir un petit coup de jus dans le dos. De quoi lui faire serrer les dents avant de chercher à l'avoir, son arme fendit l'air pour heurter le ventre de son adversaire. Par chance, ce n'était pas les trois lames qui venaient se planter en elle, juste l'une d'elles venant se cogner. Cela dit, vu l'impacte, elle pourrait avoir au moins une marque, voire une petite coupure ? Pas le temps de voir si c'était le cas, la démone répliqua de façon peu amusée vu que sa queue venait lui fouetter le visage, l'envoyant au sol. S'en suivait une rapide contre-attaque de cette dernière, quand il arrivait à esquiver, on pouvait dire que c'était le coup de foudre entre eux, ce qui, en plus de la douleur lui faisait bander ses muscles. Elle était fine mais elle était forte la bougresse !

Au sol, elle semblait croire qu'il se retenait, c'était le cas mais disons qu'en entamant ce duel, elle aurait pu être plus précise. Il tendait la main pour récupérer son arme alors que la seconde caressait sa joue rosie.

« Je me retenais car pour commencer, je voulais pas te blesser gravement, de deux, t'aurais pu indiquer que tu étais bien protéger, là, on a perdu du temps. »

Son ventre n'avait pas la moindre trace, pas même une petite marque plus rouge ? Vu l'expérience de son adversaire, la victoire était encore bien loin mais maintenant qu'il savait que même en enfonçant son trident dans son ventre aura surement l'effet d'un bon coup de poing, il va pouvoir mieux se défendre. Usant de sa vitesse, le jeune homme n'égalait pas encore la démone mais on ne passait pas de limace à guépard en trois secondes, ses coups étaient esquivés mais ils se rapprochaient de plus en plus d'elle, venant peu à peu diminuer leur écart. Quand son dernier coup avait caressé ses cheveux, il profitait de ce petit moment de surprise pour donner un coup d'épaule pour la faire chuter. Même si cela avait marché, à l'aide de sa queue et de ses ailes, elle avait évité la chute alors que le trident s'enfonçait dans le sol. Bouclier magique ou non, elle l'aurait senti passée. Oui, maintenant, il était un peu plus sérieux.

« Sache que même si je suis un homme et donc que j'apprécie les belles choses, un combat reste un combat alors inutile de te dandiner, je suis pas là pour jouer les pervers. »

Cela ne l'avait pas empêcher en arrivant de savoir si aller auprès des filles étaient gratuit ou non mais de là à croire que ce combat allait prendre fin car il avait l'esprit mal placé ou qu'il allait la draguer pour ses beaux yeux, là, non. Il combattait pour prouver sa force, pour réduire sa dette envers Mélinda. Ce genre de pensée viendra plus tard, d'autant plus que même si elle a du charme, elle n'était surement pas la seule fille dans cet endroit. Hardos ressortait d'un réveil entre trois ravissantes femmes, ce n'était pas la première paire de fesses à se trémousser qui allait le déconcentrer. Bref, maintenant plus sérieux, il était temps de reprendre, un Hardos plus vif et plus sérieux, de quoi ravir la démone qui, même s'il augmente le niveau, il ne fera pas le poids face à elle. Il y a toujours plus fort que soi après tout.

« Ce n’est pas parce que je ne porte aucune armure que je ne me défends pas. »

Son bouclier magique se montrait très efficace, mais l’était moins qu’une armure. En effet, il suffisait de quelques coups pour le faire éclater, mais, malgré tout, il était indispensable. Kasidra, en effet, se battait sans armure, misant ainsi sur sa rapidité et sur son agilité. Néanmoins, il était impossible de ne pas, tôt ou tard, se faire toucher, et c’était pour ça qu’elle générait continuellement autour d’elle un bouclier magique, dont le rôle était d’absorber les dégâts. C’était une spécialité des sorceleurs, qui pouvaient, grâce au Signe de Quen, générer un bouclier défensif, capable, non seulement d’absorber les dégâts, mais aussi, pour les sorceleurs les plus expérimentés, de les renvoyer.

Kasidra sourit quand Hardos s’élança vers elle, devenant tout d’un coup plus rapide et plus précis dans ses attaques. Elle cracha une boule de feu, que l’homme esquiva en bondissant de côté, puis se catapulta en avant, et tournoya sur place en approchant, attaquant avec son trident. Kasidra esquiva en bondissant en arrière, et l’homme bondit encore, véritable puce sautant sur sa cible. La démone concentra sa magie, et envoya une onde de choc qui repoussa le jeune homme.

« Bizarre... Si mes postures ne te dérangeraient pas, pourquoi éprouver le besoin d’en parler ? »

La jeune femme n’était pas dupe. Tous les Mijakiens ne se battaient pas comme elle, mais beaucoup de démones s’amusaient à mettre en valeur leurs formes en se battant. Même si les hommes ne le réalisaient pas, ils étaient souvent inconsciemment déstabilisés. Et, en la matière, Kasidra était effectivement terriblement sensuelle, jouant avec son adversaire. Hardos se montrait plus ardent, donnant lieu à un combat plus rythmé. Kasidra, qui avait mené le rythme initialement, se retrouvait souvent à se défendre, évitant les attaques du trident, jusqu’à finir par bondir en arrière, et par déployer sa propre arme, nichée dans son dos.

Un long filament en cuir se détendit brusquement, et son fouet claqua, prenant Hardos par surprise en l’atteignant à la joue, ouvrant sa peau. Elle bondit ensuite sur lui, et, profitant de ce coup, utilisa sa main libre pour le saisir à la gorge, et le plaqua rudement sur le sol, soulevant un nuage de poussière tout autour de lui. Kasidra avait de multiples gouttes de sueur sur le corps.

« Pas mal, pour un bleu... Je n’aurais jamais cru devoir sortir mon fouet contre toi, Hardos ! »

Elle se redressa encore, et le laissa reprendre son souffle, tout en rengainant son fouet. Kasidra lui avait légèrement menti en indiquant qu’elle n’utilisait que ses mains pour se battre... Mais elle était une démone, après tout.

« Très bien. Je me porte garant pour toi, Hardos. Tu vas pouvoir rejoindre la guilde. »

C’était là une première victoire pour le jeune homme, même si ça avait été acquis au prix d’un coup de fouet !

« Il faut qu’on discute, mais, avant ça... Est-ce que tu as, à chaud, des questions ? Sur la guilde, sur tes performances... Ou sur moi ? »

Ce n'était pas de chance, il pensait vraiment inverser la situation maintenant qu'il avait pu apprendre que la belle ne portait pas d'armure physique mais qu'un bouclier était bien présent. De quoi rendre la suite de ce petit test moins ennuyant et y mettre un peu plus de piment ! Si le jeune homme voyait là une opportunité de se lancer dans un nouvel affrontement avec moins de mise en garde, il avait beau se lâcher, son adversaire était loin de se sentir acculé. Il cherchait à l'avoir mais ce n'était pas simple et la belle démone venait ensuite sortir son atout, brandissant son fouet une fois dans son dos, Hardos ne put le constaté qu'en ressentant la pointe de ce dernier venir se coller à sa joue, lui laissant là une bien belle blessure.

Ne pouvant agir à temps, la belle venait le maintenir au sol, la blessure plus le sol froid, il avait bel et bien perdu cette bataille mais pas la guerre. Serrant les dents, on sentait bien que le résultat ne plaisait pas à tout le monde. Il n'allait pas maudire cette fille pour autant, il va juste chercher à progresser pour devenir plus fort ou plus rusé et ainsi nettoyer son honneur. Il n'était pas sexiste, Il était conscient qu'il y avait des femmes plus fortes que lui, il l'acceptait. Il refusait cependant que ses dernières le lui prouvent en le mettant au sol. Au moins, la bonne nouvelle, c'était qu'il avait sa place dans la guilde. Il se redressait en se frottant la joue, inutile de dire que ça ne faisait pas du bien... Mais il avait connu pire. Pour ce qui était de potentielles questions, elles étaient avant tout sur la guilde, plutôt sérieuse. Des questions plus privées et intime, il en avait surement mais pas pour tout de suite.

« Quelques questions sur la guilde, comme de savoir quel genre de mission tombe le plus souvent, ce qui est autorisé et interdit dans la guilde comme en mission, ainsi que savoir s'il y a une hiérarchie dans la guilde où si c'est juste le chef, que je soupçonne être Mélinda et ensuite, tout le monde sur un pied d'égalité ? »

Ce serait surprenant mais pourtant pas impossible. Il voyait évidemment la vampire en haut de la liste mais pour ce qui était du reste, hiérarchie, c'était bien possible. Une fois les réponses données par la démone, il avait une question la concernant mais après, ce n'était pas encore très privé et intime si jamais c'était ça qu'elle attendait. Il ressortait d'un réveil très agréable, il lui faudrait bien plus que déhancher son corps devant lui pour lui donner de drôles d'idées. Là, il était plutôt sérieux.

« Ton rôle dans la guilde, c'est quoi à part tester les nouveaux ? »

Elle avait peut-être une place définie au sein de la guilde ? Allez savoir ?

« Mélinda n’est pas notre chef, non, juste la propriétaire… Mais, comme elle a énormément investi dans cette guilde, et qu’elle porte son nom, dans les faits… Elle est quand même un peu la chef. »

La guilde suivait une organisation classique. Il y avait les Novices et les Membres, puis, tout en-haut, les Maîtres. Kasidra ne s’étendit guère longtemps sur la définition de ces termes, tant elle coulait de source. Néanmoins, elle expliqua que les Maîtres siégeaient dans une organisation, le Conseil de la guilde, qui était le véritable organe déterminant. Mélinda avait, elle aussi, un siège au sein du Conseil, et disposait de la capacité unique de faire un veto contre toute mesure, ou pour approuver toute mesure. Le Conseil, du reste, avait une liste de tâches importantes.

C’était le Conseil qui approuvait l’entrée de tel ou tel membre, s’occupait de son évolution, approuvait les comptes, le budget, signait les contrats avec les armuriers et les forgerons, et validait les quêtes. Mélinda avait un rôle prépondérant, mais elle ne siégeait pas tout le temps aux réunions du Conseil, déléguant beaucoup.

« Au sein de la guilde, je suis un Maître, Hardos. Et toi, si le Conseil approuve ta candidature, tu seras un Novice. Pour ça, tu auras un entretien devant le Conseil, qui sera l’occasion de te présenter, et de décrire tes motivations. Moi, je serais là pour, soit te donner mon soutien, soit le refuser, en fonction, notamment, de tes capacités martiales. Mais n’espère pas me tirer les vers du nez, je n’ai pas le droit de donner mon opinion avant la séance… Sauf si tu me séduis. »

Elle lui sourit malicieusement, et marcha ensuite, quittant la cour d’entraînement pour rejoindre les locaux. La guilde avait des locaux assez vastes. Il y avait une armurerie, une salle commune, abritant l’auberge de la guilde, que Kasidra lui présenta brièvement.

« La guilde accomplit divers natures de quêtes. Comme je te l’ai dit, elles sont toutes soumises à l’approbation du Conseil, et, en fonction des éléments dont nous disposons, sont évaluées par difficulté. Il y en a de toute nature, allant de la simple protection de clients, la récolte d’artefacts… La guilde agit sur l’ensemble du territoire impérial, et même au-delà. Nous sommes des mercenaires, ce qui fait que nos clients peuvent aussi bien être des privés que l’Empire lui-même. »

Beaucoup de mercenaires étaient d’anciens soldats reconvertis. Les guildes impériales étaient toutes liées à l’armée, car, pour qu’une guilde existe, elle devait bénéficier d’une autorisation impériale. Kasidra s’approcha ainsi du tableau des quêtes, un grand tableau avec une série de parchemins et de feuilles placardées.

« Voilà comment ça marche… Tu consultes le tableau, et tu prends telle ou telle quête. Ces feuilles ne sont que des résumés. Pour les détails, il faut aller voir les scribes. Chaque guerrier qui réussit une quête doit déposer un rapport, et donner à la guilde tout ce qu’il récupère. En récompense, il bénéficie de primes à la fin du mois, et peut éventuellement récupérer tel ou tel équipement obtenu pendant la quête. Si, par exemple, tu as pour mission de récupérer une épée légendaire, et que tu trouves une lance en chemin, il faut rendre l’épée légendaire et la lance, mais tu peux récupérer ensuite la lance, si le Conseil l’autorise. »

Kasidra continuait à marcher et à décrire les lieux.

« Ensuite, nous avons un règlement. Pour rejoindre la guilde, tu devras en prendre connaissance, et savoir que tu auras un examen dessus. Un Oral, précisa-t-elle. Mais, rassure-toi, nos règles ne sont pas très strictes. Et, par ailleurs, l’un des avantages qu’il y a à faire partie de la guilde, c’est que tu disposes d’heures de gratuité à faire valoir au harem Warren. Crois-moi, quand j’étais simple étudiante en magie sous les ordres de l’Archimage Samara, j’adorais me rendre au harem avec elle, car je ne dépensais pas toute ma fortune dans de longues nuits heureuses. »

C’était un avantage indéniable, en réalité. Kasidra avait fait le tour, et s’arrêta dans un couloir, avant de se retourner vers Hardos.

« Ta curiosité est satisfaite ? »

Hardos voulais des précisions ? Il allait être servi ! La jeune femme commençait à lui faire visiter la guilde plus en détail, répondant d'abord à cette question de hiérarchie. Savoir que Mélinda trônait tout là-haut, ce n'était guère étonnant, même s'il ne s'attendait pas à savoir que plusieurs personnes géraient la guilde, dans le sens où il n'y avait pas un seul et unique chef. Lui qui pensait qu'il y aurait pu y avoir une autre personne qui a le même poids de décision que Mélinda, une sorte de second, non, c'était tout un groupe. Intéressant. Bon après, que lui soit au bas de l'échelle, c'était l'évidence même, il venait d'être testé, ce n'est pas comme s'il avait vaincu un dragon qui menaçait la guilde. Qu'il soit tout en bas ou tout en haut, ça ne changeait en rien ses objectifs, il devait travailler et rembourser Mélinda Warren même si sa solution fonctionne demain et que Hardos et Harmony ne sont plus une seule et unique personne, nulle doute que ce ne sera pas le genre de service qui va coûter trois pièces d'or. Hardos était préparé à ça, à subir ce genre de traitement si sa sœur pouvait vivre heureuse.

La séparation était nécessaire pour l'un comme l'autre ais derrière, Hardos voulait que sa sœur puisse vivre heureuse comme elle l'a toujours souhaité, sans être trainé ici et là pour affronter diverses créatures ou fouiner dans des grottes en quête d'un objet spécial... Tous les deux se souvenaient de cette aventure qui a commencé dans un village abandonné pour finir dans un nid d'araignées géante avec l'aide de Tékhos pour s'en sortir en vie. L'idée de se présenter et devoir dire ce qui le motive ne le motivais pas justement. Il ne va pas chercher à cacher quoi que ce soit et dira tout haut que sa place ici était pour ainsi dire une obligation afin de payer Mélinda pour ses services, il ne va pas dire que le goût de l'aventure et la recherche de relique rare le passionnaient, c'était un passetemps, au mieux. Kasidra était prête à en dire un peu plus en cas de séduction... Elle le narguait ou c'était vrai ?

Concernant la nature des missions, il s'y attendait mais mieux vaut en être sûre plutôt que d'avoir des doutes. Pour le fonctionnement de la guilde, de la façon dont on conclut une quête, il trouvait ça un peu... étrange ? Qu'on lui demande tel objet et qu'il le donne, ok, mais pourquoi prendre aussi ce qu'il a eut côté ? Ne soyons pas mauvaises langue, s'il trouve un truc de bien, cela pourrait toujours diminuer sa dette plus rapidement. Mais en plus de devoir se vendre aux maîtres de guilde, il va devoir en plus passer un examen ? OK, là, il commençait à se dire que ça faisait trop. Enfin pour conclure ses explications, bosser ici avait l'avantage d'avoir des heures gratuites au harem, une bonne chose certes mais Hardos ne voyait pas cela comme étant le principal avantage. Il n'allait pas cracher dans la soupe et il allait en profiter mais dés qu'il s'agit de se rapprocher de Mélinda... il avait du mal à ne pas chercher la petite bête.

« Pour le moment, oui. Mais toute cette histoire de présentation, de test oral, ça doit se faire obligatoirement aujourd'hui ou bien ce sera pour une prochaine fois ? »

La journée commerçait à peine mais assimilé les règles – même si elles ne sont pas compliquées selon elle – devoir se vendre auprès des maîtres, ça ferait une journée chargé mine de rien ! Il fallait bien y passer un jour et puis au moins, ce sera fait ensuite.

« Ha, une dernière chose, concernant le logement, les membres de la guilde disposent de chambre ici, au harem ? À moins qu'ils doivent avoir une maison dans le coin ou une chambre dans une auberge ? »

Autant savoir comment cela pourrait se passer une fois qu'il ferait partie de la famille. Cela dit, même si Hardos se montrait sérieux depuis le début sans vraiment se détourner du droit chemin, avec ce que lui avait dit Kasidra, il avait quand même une petite question à lui poser...

« Ses fameuses heures gratuites au harem, ça concerne n'importe quelle fille ou bien ça dépend ? »

Du type de mission accomplit, de l'agent apporté à la guilde donc, si ça concernait aussi les préférer de Mélinda – on ne sait jamais si la vampire n'aime pas partager ? Non pas qu'Hardos avait des filles en vue, même si White et Rose étaient vraiment à part, Mélinda n'avait pas qu'une perle sous la main. Puis même sans penser au sexe, il imaginait aussi pouvoir passer des soirées avec sa sœur, à parler avec elle et rattraper le temps perdu. Ils ont toujours eut une relation fusionnelle, alors cette malédiction n'était forcément pas faite pour les arranger...

« Je t’aime beaucoup, mais je ne vais pas réunir le Conseil en urgence pour toi. Ton test aura lieu dans les prochains jours, ce qui, au passage, te laissera le temps de lire le règlement. »

Les Maîtres n’étaient pas assis toute la journée derrière leurs fauteuils. Il fallait laisser un temps de battement pour en réunir assez pour avoir un quorum. Sur ce point, Hardos pouvait donc se rassurer. Très concrètement, elle expliqua à Hardos que le Conseil avait une session ordinaire tous les Vendredis, et que son dossier serait examiné à ce moment-là. Kasidra aurait aussi le temps d’accomplir divers formalités légales, comme s’assurer qu’Hardos n’ait pas un passé criminel au sein de l’Empire.

Kasidra se rapprochait de l’auberge, pendant qu’Hardos continuait à l’interroger, comme elle s’y attendait.

« Tu peux avoir un lit ici. Même si la guilde est financée par Mélinda, son fonctionnement est indépendant du harem, nous n’utilisons pas leurs locaux. »

Et, comme la guilde avait moins de place que le harem, les chambres étaient réservées aux membres importants de la guilde. Les autres disposaient de dortoirs en commun. Pour le reste, Kasidra ignorait si Hardos avait une chambre au sein du harem ou non. Ici, il allait devoir faire ses preuves pour pouvoir en avoir une. Et, là encore, c’était le Conseil qui en déciderait. D’aucuns pouvaient s’étonner de ce formalisme strict, mais il ne fallait pas oublier que, avant d’être rachetée par Mélinda, la guilde était en état de cessation des paiements, et ce précisément parce qu’elle était mal gérée. Une comptabilité inexistante, une administration catastrophique, avaient permis à certains des anciens Maîtres de flouer la guilde, et, même sans ces problèmes de corruption, le manque de rigueur à gérer l’argent avait occulté le fait que la guilde ne faisait plus de bénéfices.

Rejoignant l’auberge, Kasidra proposa à Hardos de s’asseoir autour d’une table, juste après que le jeune homme lui ait demandé comment les heures de gratuité au harem fonctionnaient… Ce qui ne manqua pas de faire sourire Kasidra.

« Il y en a une que tu veux en particulier ? »

Question purement rhétorique, elle avait bien compris que le jeune homme était très sérieux, et ne se laissait pas déstabiliser si facilement.

« Non, nous venons juste en tant que simples clients bénéficiant d’un forfait. On choisit ensuite avec quelle courtisane (ou quel courtisan) disponible épuiser nos heures. Alors, tout dépend de qui est disponible. Si tu veux une courtisane en particulier, et qu’elle travaille déjà, tu peux toujours faire une réservation. »

Mais ça, c’était le fonctionnement du harem. La guilde et le harem étaient donc des partenaires, chacun ayant des structures et un fonctionnement indépendants, mais sous la même main, celle de Mélinda.

« Bon, tu veux boire quelque chose ? Parce que je n’en ai pas encore fini avec toi. J’ai vu que tu te battais bien, mais, au-delà de ça… Pourquoi veux-tu rejoindre la guilde ? Quel est ton parcours ? Tes motivations ? »

Bref, il fallait qu’elle en sache davantage sur lui, tout simplement !

Il fallait en savoir le plus possible sur cette guilde, son fonctionnement, ses principes, bref, tout ce qui était possible de savoir afin de parfaire ses connaissances. Hardos n'était pas le genre de combattant à penser avant tout avec sa tête mais face à Mélinda, une adversaire qui jouait sur les mots – et il en avait subi les conséquences – il préférait ne pas négliger le moindre petit détail, aussi évident que sans importance. Elle l'a eut une fois, pas deux. Même si ce n'était pas directement elle la chef dans ce lieu, elle avait surement autant d'autorité que le conseil alors attention. Si sa présentation sera dans quelques jours, ça lui laisse seulement la moitié du temps pour se préparer, espérons d'ailleurs que le jour de rendez-vous soit un jour où il sera là et non Harmony. Pour ce qui était de l'hébergement donc, il va falloir mériter sa chambre, donc jusqu'à preuve du contraire, ce soir, il sera de retour dans la chambre que Mélinda lui a assigné. Et une fois séparé de sa sœur – si cela fonctionne – il va devoir faire ses preuves. Peut-être pas le jour même car passé autant de temps lié à sa sœur, il aurait envie de rester avec elle plutôt que directement partir effectuer telle mission afin d'être sûr d'avoir sa chambre.

S'installant à une table, Kasidra s'amusa de l'entendre évoquer les forfais du harem. Ce n'était pas sa priorité mais il restait un être humain avec des envies. Et même si les filles bossaient pour Mélinda, du moment qu'il ne lui fait pas face ou qu'elle ne participe pas, comme avec White et Rose, il pourra se faire plaisir sans craindre de subir un coup fourré de sa part. De même qu'il ne répondait pas à la démone, en dehors des filles de ce matin et celles aperçues ici et là pendant son arrivée ou son départ de ce matin, il ne pouvait pas dire connaître qui que ce soit ici. Le fonctionnement le rassurait un peu, même si ses premières fois risquent surtout de passer quelques nuits avec sa sœur, sans aller jusqu'à l'inceste, les jumeaux ont grandit ensemble, toujours, dormant l'un avec l'autre, que ce soit dehors ou dans un lit, ils avaient un lien très fusionnel.

Retournant à un sujet plus sérieux, la démone prouvait vouloir en savoir plus à son sujet, son passé, ses objectifs, sa motivation, ça peut vite être bâclé comme ça peut être long.

« Va pour un café, j'ai rien pris depuis mon réveil. »

Peut-être un verre d'eau avant de partir, rien mangé sinon. Enfin bref, il devait donc se présenter plus ou moins à elle avant de le faire face au conseil ? Espérons au moins qu'il n'aura pas à se répéter entre ici et devant les chefs, ce serait saoulant.

« Je vais tâcher de répondre dans un ordre logique. Si je veux rejoindre cette guilde, ce n'est pas pour un amour ou un désir de faire partie d'une grande équipe, d'une famille même. Ni même pour je ne sais quelle raison qui ferait que j'ai toujours eu envie d'entrer dans une guilde. Je ne déteste pas l'idée, juste que je n'y ai jamais songé. Si je veux y entrer, c'est pour payer ma dette envers Mélinda. Que ce soit pour quelque temps ou très longtemps, tout dépendra de la réussite ou non qui aura lieu. »

Eh oui, Hardos était un peu comme obligé d'être ici mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il va détester ça ou bien qu'il va faire le minimum, au moins, ce sont des choses qu'il sait plus ou moins gérer.

« Pour faire court, disons que moi et ma sœurs somme maudit. Maudit est un grand mot peut-être mais nous avons un souci qui nous empêche de vivre pleinement. Aujourd'hui, je suis là, demain, ce sera ma sœur. Nous ne pouvons pas être ensemble, nos corps et nos esprits s'échangent jour après jour. Il y a mieux quand même pour mener une vie, peu importe laquelle. Donc Mélinda et ses contacts, c'est un peu notre dernière chance. »

Au moins avec ça, la démone savait que cette obligation n'avait rien à voir avec un passif criminel ou autre, il misait ses dernières forces dessus. À moins d'un miracle venant d'un dieu ou une personne pouvant les aider, Hardos devait y croire. Buvant un peu de son café, il reprenait donc. Pourquoi la guilde, c'est fait, motivation, plus ou moins. Maintenant, le parcours.

« Compte tenu de ce défaut, j'ai passé des mois et des semaines à parcourir Terra, fouillant les châteaux abandonnée, les grottes, les cartes foireuses, les pistes, les ''on dit que'', tout cela pour trouver des artefacts inutile pour nous, des babioles sans intérêt ou, peut-être de bonnes choses mais qui ont été trouvé avant nous. Donc pour ce qui est du combat, tu as pu voir que je me défendais, même sans être à mon maximum, pour ce qui est des recherches, je touche ma bille dans ce domaine donc je n'ai pas à me limiter en mission à donner une dérouillé à telle personne ou régler un souci de monstre ou de bandit dans le coin, je peux être un peu partout. »

Ce qui était une bonne chose aussi, pas besoin de se contenter que d'une seule chose.

« La guilde à certaines obligations ? En dehors des missions, on doit pointer tous les deux jours pour prouver qu'on est là, évité de ramener ici des gens qui seraient extérieurs à la guilde ou je ne sais quelle règle ? »

Non pas qu'il avait une idée, il prenait juste ses précautions pour éviter le moindre faux pas, il ne voulait pas que Mélinda ne lui clou le bec une nouvelle fois en disant qu'il n'avait pas précisé ceci ou encore qu'il a fait ça alors que c'est contraire au règlement. Elle l'a eut une fois, pas deux.

Kasidra commanda un café et de l’hydromel pour elle, puis écouta Hardos lui exposer son histoire. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’était pas banale. Ainsi donc, il partageait son corps avec celui de sa sœur ? C’était fascinant. Est-ce que c’était comme ça depuis leur enfance ? Ou est-ce qu’ils avaient mis la main sur une sorte d’artefact, ou avaient été victimes d’une malédiction ? La démone était bien placée pour savoir que la magie avait des manières très particulières de s’exprimer. Hardos était donc venu demander de l’aide à Mélinda, ce qui était surprenant. La vampire n’avait pourtant pas la réputation d’être une magicienne... Mais elle était proche de magiciens. Peut-être bien que ses contacts parviendraient à aider ce couple ? Kasidra n’en savait trop rien, mais écouta l’homme. Hardos lui expliqua donc qu’il voulait travailler ici pour rembourser sa dette, ce qui, de ce qu’elle en comprit, ressemblait davantage à une sorte de dette morale qu’à une véritable créance qui pèserait sur sa tête.

La démone but un peu d’hydromel, et laissa Hardos poser des questions supplémentaires.

« Pointer tous les jours ? Non... Surtout si tu fais une quête assez longue. En réalité, les membres de la guilde sont assez autonomes. Ils doivent juste accomplir leur quotas de quêtes, sous peine de risquer l’exclusion pour inactivité. Mais nous sommes conciliants. Notre guilde est en reconstruction, on ne peut pas se permettre d’être trop strict. »

Après tout, sans Mélinda, la guilde aurait définitivement sombré. De fait, quand la vampire l’avait racheté, elle était en état de cessation des paiements, et la justice avait ouvert à son égard une procédure en redressement judiciaire. Mélinda était intervenue dans le cadre de cette procédure pour racheter la guilde, et ainsi rassurer les créanciers. Elle avait dépensé une petite fortune pour remettre la guilde sur les rails.

« Tu peux faire venir des gens qui ne sont pas de la guilde, sauf dans les quartiers privés. Cette auberge, d’ailleurs, est publique. Il faut bien que nous recrutions... Donc, oui, tu peux recruter des membres, ce qui te fera gagner de l’importance au sein de la guilde. Tu ne peux pas espérer devenir Maître sans avoir enrôlé et parrainé des novices. Mais bon, tu n’en es pas encore là. Les novices n’ont pas le droit de parrainer d’autres membres, mais peuvent toujours en ramener. »

Pour ce qui était d’être formateur, il fallait tout de même avoir acquis une certaine expérience, ce qui n’était pas le cas d’Hardos.

« Bref, contente-toi de remplir des quêtes et de nous rapporter de l’argent et de la renommée, c’est tout ce qui compte. »

La démone avala encore une gorgée, et reprit, une lueur amusée dans le creux des yeux. Elle avait entendu la justification d’Hardos, mais... Kasidra avait encore une petite idée derrière la tête, ce qui l’avait naturellement amené à sourire :

« Tu m’as dit que tu remboursais juste ta dette... Mais je doute que Mélinda t’ait proposé de rejoindre la guilde, et que tu aurais pu trouver des activités bien moins difficiles. Je suis sûre qu’il n’y a pas que cette histoire de dette. Au fond de toi, Hardos, tu aimes l’aventure, non ? Les quêtes, les explorations, les combats épiques contre des monstres, les artefacts magiques... Ose me dire que tout ça n’évoque rien en toi, Hardos... »

Même Kasidra ne le croirait pas !

Il fallait bien savoir ce qui pourrait bien se passer ici en bossant pour Mélinda, même si c'était indirectement, la vampire avait une belle emprise sur cet endroit. Quoi de plus normal comme elle l'avait acheter. En tout cas, il avait appris certaines choses, pour ce qui était du pointage, il se doutait bien que s'il était en mission, il ne pourrait pas le faire tous les jours mais si la quête est si longue et compliquée que cela dure plusieurs mois ? Remplir son quota, d'accord mais si une quête deviens plus compliqué que prévus et s'étend sur la durée ? Il n'en était pas encore là heureusement. Et pour ce qui était de faire venir des gens, évidemment les gens avaient le droit de venir ici, pou se faire recruter ou demander de l'aide mais pas les quartier privée ? Bon, il n'avait pas encore de chambre donc si un jour Harmony vient, il faudrait rester dans le coin ? Tss, bon, ce n'était qu'un détail, qui sait, Mélinda pourrait bien leur faire exception ? Il ne s'agirait pas de faire des galipettes mais juste de passer un moment entre frère et sœur.

Kasidra l'avait si bien dit, qu'il remplisse ses quotas et apporte de l'argent et ça ira. Mais la démone se montra un poil curieuse en le questionnant sur un fait, voyant ce choix venant plus de lui que de la vampire. Ce n'était pas faux et il n'avait jamais dit que Mélinda le lui avait imposé pour rembourser sa dette. Il buvait un peu de son café sans chercher à jeter chaque choix de cette nouvelle vie au visage de la suceuse de sang au visage de poupée.

« J'ai moi-même proposé cette voie dans l'optique qu'elle aurait une guilde, des connaissances du moins ou même besoin de garde pour son harem. Quitte à choisir de bosser pour elle pour rembourser cette dette, je préfère faire ça que jouer les gigolos pour des bourgeoises venues de tous les coins de ce monde. »

L'idée d'avoir de ravissantes jeunes femmes à combler pouvait faire sourire mais dans le lot, il y aura forcément des filles qui ne seront pas dans ses cordes, des femmes d'un certain âge qui, là aussi, ne lui plairont pas alors, pourquoi risquer de subir ça ?

« Quitte à bosser pour elle, autant que la tâche me plaise un minimum car rester enfermer à longueur de temps et à faire la même chose, très peu pour moi. »

Avait-il pris goût à l'aventure en cherchant une solution à leur problème à travers tout Terra ou bien cela était déjà inscrit en lui depuis fort longtemps ? Kasidra avait donc raison, ce choix venait de lui, un peu parce qu'il aimait l'aventure, le danger et autre situation qu'il va côtoyer en fréquentant la guilde et ses diverses missions.

« Dit, si au cours d'une mission, je croise une personne venant d'une autre guilde et qu'il a le même objectif que moi... » Cela devait être possible qu'un mandataire voie un peu partout qui pourrait répondre à ses attentes « Qu'est ce que je dois faire ? La réussir d'accord mais par exemple, si on affronte une grosse créature à deux, comment on devrait faire ? On doit faire en sorte de la réussir nous-même pour la renommer de la guilde je présume mais si l'alliance avec une autre personne est obligatoire pour s'en tirer, comment ça se passerait ? »

Hardos devait bien passer du temps ici, tourner en rond au harem, ce n'était pas ce qu'il recherchait, même si ce soir, il devrait donc y retourner forcément. Pour le moment, rien ne le motive à aller là-bas. Si on n'a pas besoin de lui, pourquoi y retourner ?

Kasidra ne faisait que dévoiler les grandes lignes. Naturellement, il y avait de multiples subtilités à envisager. Elle n’avait pas pu envisager toutes les hypothèses, et Hardos en souleva une. Visiblement, le jeune homme avait vraiment envie de rejoindre la guilde. Était-ce vraiment uniquement pour rembourser ses prétendues dettes à l’égard de Mélinda ? Kasidra en doutait. Elle pensait surtout que l’homme n’avait pas envie de rester enfermé entre quatre murs, et qu’il aimait voyager. Tout le reste, ce n’était que fioritures, de bonnes excuses qu’il s’inventait lui-même. La démone n’était pas dupe.

Hardos envisagea donc le scénario de la concurrence. Il y avait des éléments là-dessus dans le règlement, mais Kasidra, soucieuse de le guider, et de bien l’accueillir, lui répondit :

« Si l’alliance est obligatoire en raison de circonstances exceptionnelles, tu accomplis quand même la quête donnée. À ce titre, nous avons droit à une récompense. Le butin escompté est partagé, mais notre client nous récompense de la même manière. Ce genre de cas est prévu dans les clauses de nos contrats, et n’offre pas droit à réduction de notre paiement. Ça ne concerne que les gains escomptés pendant la quête. »

Quand Mélinda avait repris la guilde, elle avait repris l’intégralité des contrats conclus par cette dernière. Le droit ashnardien était fondé sur la liberté contractuelle, avec le respect de règles publiques impératives, notamment des normes fiscales et déclaratives. Fort heureusement, la vampire disposait de ses propres avocats et conseillers juridiques, et ils s’étaient chargés de ces renégociations, reprenant tous les contrats, et les modifiant en ajoutant des clauses plus favorables à la guilde.

« Enfin, je ne vais pas t’embêter avec ça, tu trouveras tout ça dans le règlement et dans ton futur contrat. Pour l’heure, je réponds juste à des questions générales que tu pourrais te poser sur la guilde. Si ta curiosité est satisfaite... »

Si c’était le cas, eh bien, il pouvait se retirer, et faire d’autres choses. Pour l’heure, il fallait que Kasidra s’occupe de toute la paperasse administrative le concernant, afin qu’il soit rapidement convoqué à une audience, et qu’il puisse, ensuite, rejoindre la guilde. Fort heureusement, Hardos allait vite remarquer que les choses allaient plutôt vite à la guilde, et qu’il n’aurait qu’à attendre quelques jours avant de recevoir sa convocation.

D’ici là, il allait devoir trouver un moyen de s’occuper...

Au moins, il avait les informations qu'il désirait, la démone elfique lui expliquait comment ce genre de choses pouvait se passer en cas d'alliance entre guilde – ou un simple aventurier de passage – pour venir à bout d'une même quête. Quoi qu'il en soit, il n'avait plus vraiment de question pour le moment, les plus gros points ont été abordés et cela lui suffit pour le moment. Kasidra retourna à ses occupations et bien que non-membre, il resta encore ici pour le reste de la journée. Il ne voulait pas revenir au harem, pas avant ce soir en tout cas alors en attendant, il restait dans le hall, bavardant avec ceux et celles qui voulaient bien. Certains l'ignoraient étant donné qu'il n'était même pas un vrai membre pour le moment, d'autres bavardaient volontiers en expliquant deux ou trois jobs vécus durant leur quête, parfois utile, parfois drôle, le jeune homme avait passé un agréable moment avec eux. Homme ou femme, il avait tissé quelques liens avec certains membres, comme ça une fois qu'il sera dans le groupe, il pourra toujours se tourner vers eux en cas de questions plutôt que demander à la première personne qui passe.

Ce n'était qu'une fois le ciel orangé qu'il quitta cet endroit, il fermerait bientôt aux visiteurs donc il n'avait pas le choix de toute façon. Passé la journée loin du harem avait été reposant, il avait de quoi lire pour cette sorte d'examen dans quelques jours, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Hardos prendra un petit quelque chose à manger avant de rester dans sa chambre jusqu'à son prochain réveil, qui sait ce qu'Harmony va faire de sa journée ? Il devrait lui mettre un petit mot d'ailleurs pour éclaircir deux ou trois choses et ainsi la rassurer. En attendant, il se rapprochait du harem, les classiques gardes aux portes, même sans entrer dedans, ça restait silencieux mais on sentait que cet endroit était vivant, comme une fourmilière, ça bougeait de partout, dans tous les sens !

Passant les portes, il salua d'un petit signe de la tête celles à l'accueil avant de poursuivre sa route. Il n'avait pas l'intention de s'arrêter sauf pour piocher un petit quelque chose à manger, en dehors de ça, sa route est déjà tout tracé selon lui. Libre aux invités et aux clients de s'amuser entre ses murs, en d'autres circonstances, il en aurait fait autant. Mais savoir que Mélinda faisait les yeux doux à sa sœur ne lui donnait pas vraiment envie de s'amuser. Harmony était assez grande pour mener sa vie mais c'était l'idée que sa sœur en tombe amoureuse, un amour impossible étant donné qu'elle était marié pour commencer. Et connaissant sa sœur, elle souffrirait de cette impossibilité comme d'être une simple amante ou autres, même si elle ne le disait pas. Qu'importe, pour le moment, cela ne le regardait pas, il allait devoir attendre d'être séparé pour mettre cela au clair.

Mais alors qu'il avait quelques fruits en poche, il rejoignait sa chambre, prêt à potasser les bouquins et à passer le temps sauf que... il ne s'attendait pas à trouver ça dans cet endroit vu comment Mélinda le vendait et pourtant, il y avait une fille qui semblait sangloter. Difficile à dire de dos et le pourquoi du comment mais Hardos n'était pas aveugle. Invitée, fille de Mélinda ou simple cliente, il allait devoir s'assurer de certaines choses avant de passer son chemin. Ce n'était pas polie de faire commme si de rien n'était puis il ne saurait dire pourquoi mais cela lui rappellait un peu sa sœur... Elle n'était pas large ou très grande – pas plus que lui en tout cas – et c'est ce qu'elle lui inspirait en tout cas. Sans se rapprocher plus que ça ou déposer sa main sur son épaule pour attirer son attention, il ne préférait pas lui faire peur.

« Tout va bien ? »

Si ce n'est rien, ok, sinon, il va devoir tenter de l'aider, il ne pourrait pas simplement passer son chemin une fois au courant d'une grave problème. Mais si ça se trouve, elle n'avait rien cette fille, une petite mauvaise nouvelle ou un coup de blues ?

Hardos passa donc une journée à s’entraîner et à se préparer au sein de la guilde. Après avoir laissé Kasidra, il rencontra d’autres membres de la guilde, des guerriers qui s’entraînaient, polissaient leurs armes, vérifiaient leurs équipements, ou s’occupaient de tâches administratives. Tous se montraient plutôt chaleureux. Beaucoup étaient des vétérans, qui étaient restés fidèles à la guilde, et avaient vu avec angoisse le rachat par Mélinda, s’attendant à ce que la guilde se transforme en harem. Mais, finalement, la vampire avait réussi à améliorer les choses. Le bâtiment avait fait l’objet d’importants travaux de rénovation, et la vampire avait étendu les activités de la guilde au sein de tout l’Empire, et même au-delà. La guilde se portait de fait très bien, et cette prospérité économique allait bientôt leur permettre d’ouvrir des dépendances et des établissements secondaires dans d’autres villes.

Le jeune homme retourna ensuite au harem, et eut la surprise de constater que sa chambre était squattée par une jeune femme. Elle était roulée dans son lit, et semblait être en train de sangloter. Les rideaux étaient tirés, de sorte qu’on n’y voyait pas grand-chose. La scène, en tout cas, ne manqua pas de surprendre Hardos, qui se rapprocha lentement, avant de demander à la jeune femme si elle allait bien.

« Oh... Euh... Pardon, je me suis trompée de chambre ! »

La jeune fille se redressa subitement, et Hardos put la voir dans son intégralité... Une délicieuse femme dans une élégante robe chinoise, qui sécha rapidement ses larmes, et s’inclina respectueusement, tout en se dépêchant de rejoindre la porte.

« Ne vous en faites pas, je... Je m’entraînais. J’ai un client ce soir qui aime que je pleure au début... Comme ça, il peut me réconforter. C’est un peu bizarre, mais... Enfin, chacun ses fantasmes ! »

Elle avait rougi en avouant ce fantasme un peu particulier, et finit par hausser les épaules.

« Enfin... Je m’appelle Matsuya ! Et toi ? Tu n’es pas un client, si... ? »

En tout cas, Matsuya ne l’avait encore jamais vu par ici. Mais, vu la manière dont il se déplaçait librement dans le harem, elle doutait qu’il soit effectivement un client... Et ce parce qu’un client ne se déplacerait jamais tranquillement comme ça, tout simplement !

Le jeune homme n'avait pas chômé, il avait fait ses premiers pas dans la guilde, commencer à nouer des contacts et aussi en apprendre plus sur le fonctionnement de la guilde. Il devra encore revoir certaines choses mais les livres qu'il avait empruntés servaient à ça. Non pas que ça lui plaisait de devoir apprendre des choses et passer un examen pour entrer dans une guilde mais bon, ce n'est pas lui qui faisait les règles. En arrivant dans sa chambre, il avait eut la surprise de voir une fille sur son lit, semblant sangloter. C'était bizarre... Un piège de Mélinda pour une raison inconnu ou elle pleure pour de vrai ? Elle était plutôt mignonne, il avait rapidement regardé de la tête aux pieds, s'attardant légèrement au niveau de la ceinture mais... non, il devait cesser d'y penser. Heureusement, son arrivée ne l'avait pas brusqué et elle ne faisait que « s'entraîner »... S'entraîner à pleurer ? Bien qu'il trouvait ça bizarre, même en lui donnant la raison, il n'avait toujours pas compris le pourquoi du comment ? Il n'était pas bête, il avait saisi que quelqu'un voulait qu'elle agisse comme ça pour la réconforter. Mais pourquoi ?

Les seules larmes valables d'une femme, sont celles du bonheur, que ce soit la tristesse réelle ou mimer, une femme ne devrait pas avoir à verser de larmes. C'était un peu trop romantique et fleur bleue de dire ça alors il gardait ce commentaire pour lui mais il le pensait. Puis avoir pour fantasme de consoler une fille en pleur. Ça s'appelle profiter de la situation ça ! Tss. Chacun ses fantasmes mais quand même... Cela dit depuis quelque temps, il pense souvent aux futanaris et Shemale. Longtemps, il avait regardé ça d'un mauvais œil, jugeant cela acceptable entre femmes et futa mais de voir des hommes coucher avec... Encore une fois, chacun ses fantasmes mais si la situation ne serait pas un peu « tendu » il aurait surement chercher au moins à essayer ?Au moins, la demoiselle se présenta, Matsuya, avant de savoir si lui aussi était un client ? La question était normal mais non, il n'en faisait pas partie.

« Je ne suis pas un client, disons que je suis... invité ? Je compte sur Mélinda et son réseau pour trouver une solution à un souci personnel, voilà tout. »

Comme ça, c'est sûr que ce n'était pas un client. Matsuya savait qu'il était là pour une requête, elle ne pouvait pas forcément savoir qu'il ferait partie de la guilde et que sa sœur deviendrait ici une domestique. Du moins si tout cela réussit. Car pour le moment, la seule chose qu'Hardos risque de payer, c'est les repas et la chambre, il n'a pas encore vu l'ombre d'une connaissance de Mélinda pour l'examiner et chercher à rompre le mauvais sort. Il savait que ça ne prendrait pas deux jours pour une telle chose mais il s'attendait quand même à voir au plus vite les premières personnes pour l'observer et jauger le niveau de ce maléfice ?

« Je m'appelle Hardos. »

C'était court mais il ne préférait pas étaler tout ce qui l'a amené ici, le maléfice, sa sœur, tout cela ne concernait que lui et Mélinda – et les White et Rose qui étaient elles aussi au courant à présent mais qui n'étaient pas essentielle à la solution.

« Excuse moi la question mais, tu es là pour quelle raison ? C'est un choix ? Une obligation ? Une dette ? »

Ne nous voilons pas la face, la plupart des gens ici étaient esclaves mais certaines femmes et hommes aimaient juste un peu trop le plaisir de la chair pour en faire leur métier. Elle avait peut-être comme lui demander un service onéreux et la voilà prisonnière ici en quelque sorte ? Elle n'était pas obligée de répondre, il pouvait finir sa soirée seul ici à lire les différents ouvrages en pensant à son futur entretiens mais là, il bavardait avec elle, sans une certaine colère envers Mélinda – pour le moment. Un peu de compagnies, même brève fait toujours du bien.

Matsuya était assez gênée. Elle n’avait pas l’habitude d’être surprise alors qu’elle s’exerçait, et c’était bien pour ça qu’elle allait généralement dans des chambres isolées. La jeune fille était donc bien surprise, et se remettait du choc. L’homme, Hardos, lui expliqua ne pas être un client, ni un membre du personnel, plutôt… Un invité.

« Oh… »

La jeune servante resta silencieuse, en se demandant ce que cela voulait dire. Des invités, Maîtresse en amenait souvent, mais il s’agissait généralement de clients particuliers, comme Madame Samara. Elle, Matsuya avait déjà eu l’occasion de coucher avec elle, et elle avait vraiment adoré. Qui aurait cru qu’un jour, elle aurait pu coucher avec une démone, et prendre autant son pied ? Si ses parents l’avaient su, ils en auraient été sûrement outrés. Pour seule réponse à ses interrogations silencieuses, Hardos s’appela, et désira ensuite se renseigner sur elle.

Une question assez étonnante, d’autant plus que Matsuya avait, pour l’heure, plutôt envie de fuir à toute allure, par peur de le déranger. Mais, visiblement, cet Hardos ne semblait pas être plus irrité que ça.

« Hm… Eh bien… Je suis là par… Par choix, je dirais. »

Matsuya lui fit un nouveau sourire, se voulant tendre et charmant. Elle était comme ça, rien à voir avec certaines esclaves plus dominatrices et plus moqueuses. Elle, elle était plutôt timide, et toujours soucieuse de bien se faire voir, d’être agréable avec les autres.

« Je… Hmmm… Je ne sais pas si vous êtes au courant des univers parallèles, mais… Je viens de la Terre. Maîtresse m’a rencontré au lycée, et… Elle a su me convaincre de la suivre, en employant les mots justes. »

La jeune fille rougit encore, n’osant pas avouer qu’elle avait perdu sa virginité avec elle, dans un grand lit. Elle s’en rappelait encore très clairement. Sa Maîtresse était allongée sur elle et la pénétrait vigoureusement, sous les regards amusés d’autres femmes. Matsuya revint finalement à la réalité en se raclant la gorge. Elle s’inclina alors respectueusement, comme on lui avait appris à le faire.

« Je… Je ne vais pas vous embêter plus longtemps, Monsieur, je n’aurais jamais dû me trouver là. »

S’il ne disait rien, elle allait partir rapidement…

Hardos n'était pas méchant, ni même froid, c'est juste que voir cette fille dans sa chambre, il avait un peu peur que cela soit un piège de Mélinda. Pourquoi tant de haine envers la vampire ? Il avait du mal avec les esclavagistes et que cette dernière attirée sa sœur dans ses filets ne l'aidait pas à se faire une meilleure image d'elle. Quoi qu'il en soit, bien que charmante, il évitait de trop de se réjouir de la voir ici. Il ne pourrait pas voir cette dernière innocente à cent pour cent pour le moment. Il s'était présenté et avait chercher à savoir la raison de sa présence dans ce harem ? Si certaines filles étaient esclaves, d'autres étaient surement là de leur plein grès et d'autres lui ressemblait surement ? Le genre à avoir demandé un service et du coup, pour rembourser, ils sont obligé d'user de toutes sortes de choses pour s'en sortir. Matsuya répondit finalement que c'était par choix, il ne savait pas si c'était là la vérité ou qu'elle disait ce qu'il voulait entendre.

Elle venait même étoffer son récit en disant qu'elle venait de cet autre monde et que Mélinda avait su la convaincre de la suivre ? Pour venir jouer les filles de joie, c'est que sa vie sur l'autre monde devait être pire qu'ici... il ne voyait pas sinon pourquoi elle serait venue ici en sachant ce qui allait lui arriver ? Après, elle a le droit d'aimer son travail mais Hardos avait du mal à voir des filles si jeunes, déjà accroc à ça. Que ce soit des jeunes femmes avec une certaine expérience dans le domaine, il comprenait ce choix mais elle, elle devait avoir son âge, peut-être moins. On ne rêve pas de ce genre de boulot normalement ?

« Oui, je connais. J'ai fréquenté leur école quelque temps avant d'oublier ça. »

Même si Harmony aimait bien, lui aussi d'ailleurs, ça restait difficile à suivre pour eux e avec leur absence d'un jour sur deux, ça n'avait rien de bien formidable pour créer des amitiés. Ils avaient donc coupé les ponts avec cette idée pour se concentrer sur la solution à leurs soucis. Qui sait, ils s'étaient peut-être croisés dans les couloirs sans le savoir ? Que ce soit Hardos ou Harmony. Matsuya semblait vouloir partir, c'était son choix mais Hardos, c'était peut-être une erreur, lui faisait confiance. Donc autant briser un peu la glace et être franc.

« Tu ne me déranges pas. Si tu veux rester ici pour être au calme ou autre, fait comme chez toi. »

Si elle veut se reposer, il n'allait pas le lui interdire, lui, il devait lire les livres de règlement, rien de bien passionnant mais il devait être prêt pour le jour où il va devoir parler de son envie de rejoindre la guilde, sans forcément se contenter du mot « obligation » afin de payer sa dette...Il déposa les quelques livres sur le bureau de sa chambre avant de se retourner vers elle. Il n'était pas froid et distant comme il pourrait l'être avec Mélinda, là, il était plus... normal. Il avait laissé tomber quelques barrières pour voir où cela le mènerait.

« Excuse moi cette question personnelle mais pourquoi avoir voulu venir ici ? Si Mélinda a su te convaincre, elle n'a pas dû te mentir sur ton rôle ici. Et si tu étais dans cette école, c'est que tu as plus ou moins le même âge que moi... Tu n'avais pas un autre rêve dans la vie que faire ça ? »

Hardos ne voulait pas corrompre les esclaves de Mélinda pour les forcer à se libérer et faire une révolution entre les murs du harem mais il avait du mal à voir une fille aussi jeune vouloir toucher à ce métier. Là où Harmony rêve d'une vie simple, voir au mieux d'avoir sa petite vie de famille avec une personne qu'elle aime et des enfants, jouer les charmeuses ici n'avait rien d'un rêve de petite fille selon lui. Il venait s'asseoir sur le lit, sans se mettre à coter d'elle, il ne voulait pas la gêner et restait plutôt au pied du lit.

Matsuya ne voulait pas déranger, mais Hardos, en réalité, ne semblait pas particulièrement énervé à l’idée de voir quelqu’un dans sa chambre. Alors qu’elle comptait poliment partir, l’homme lui avoua sa curiosité sur elle. La jeune fille sourit en rougissant légèrement, devant cette éternelle question. Elle resta sur le palier de la porte pendant quelques secondes, se pinça les lèvres, puis se rapprocha un peu.

« Eh bien... Ça peut paraître surprenant, je sais. À vrai dire, je ne m’imaginais pas, moi aussi, finir comme ça. Et pourtant, je n’ai jamais été une fille battue. »

Matsuya comprenait très bien ce qu’Hardos disait, en réalité. Elle s’assit sur le lit, et croisa les jambes.

« Tout est venu progressivement. J’étais une adolescente très studieuse, toujours le nez dans les bouquins. Maîtresse... Elle a fait de moi une esclave, c’est vrai, mais elle m’a aussi montré que je pouvais être belle, que je devais avoir confiance en moi. Alors, si j’avais un rêve... Pas spécialement. Je voulais juste réussir mes études, être heureuse, gagner ma vie... Je vois toujours mes parents, mais je passe maintenant beaucoup de temps ici. Et c’est quelque chose que j’adore, en réalité ! »

De telles explications pouvaient sembler un peu confuses. Matsuya se tut pendant quelques secondes, et expliqua ensuite plus clairement. Oui, elle avait été une lycéenne classique, puis, un jour, Mélinda l’avait abordé. Elle l’avait invité chez elle, et Matsuya l’avait suivi, sachant qu’elle avait déjà plusieurs amies chez Mélinda. Elle expliqua, en rougissant, que cette soirée s’était terminée en une belle orgie dans la chambre de sa Maîtresse. Ensuite, Matsuya avait repris une vie normale, mais, maintenant qu’elle avait goûté au fruit défendu, elle n’avait voulu plus qu’une autre chose : des bouffées supplémentaires.

Alors, elle était revenue. Puis, peu à peu, la perversion était rentrée dans sa vie. Elle avait commencé à faire l’amour au lycée, et avait appris que Mélinda avait une grande influence, puisque plusieurs professeurs étaient, soit ses amants, soit ses esclaves. Matsuya avait ainsi participé à une leçon spéciale, en fin de journée, où Mélinda avait créé une classe composée de ses élèves. Matsuya avait longuement fait l’amour.

« J’ai fini par comprendre que c’était ça, mon rêve. Ça peut sembler difficile à comprendre, mais, ici, je peux être... Moi-même. Tu comprends ? Je n’ai pas à me cacher de mes fantasmes, de mes envies, de mes désirs. Je peux faire ce que je veux, et vivre comme je le désire. »

Matsuya se tut pendant quelques secondes, et le regarda.

« Et toi, alors ? Si tu n’es pas un client, ni un esclave de Maîtresse... Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Le jeune homme avait du mal à comprendre ce que Matsuya lui avait dit, certes, il comprenait qu'elle n'était pas attachée à cet endroit par Mélinda, qu'elle s'y plaisait même. Mais où une telle passion peut naître ? Elle qui semblait avoir environ son âge, pourquoi une telle passion, une telle envie ? Ce n'était pas un saint de son côté, il avait lui aussi goûté au sexe, c'était loin d'être désagréable mais de là à vivre dans un tel endroit ? Il avait d'autres envies que de faire ça à longueur de temps. Même sans stigmatiser que lui c'est un garçon et préfère l'aventure là où elle était une fille et préférait donc la douceur. Mais Hardos écoutait, un peu étonné que cette fille ait déjà goûté à des orgies. Même lui y avait pas eu le droit. Il y avait bien eut cette fois dans une auberge mais... Bref, Matsuya semblait ouverte à ce genre d'idée, loin d'être une esclave comme on se l'imagine. Tenue crasseuse, tombant en morceau, sale avec un collier en métal qui lui abîmé le cou, c'était même tout le contraire. Il ne pouvait pas lire en elle, savoir si c'était la vérité qu'elle disait mais... il se dégageait d'elle une chose qui faisait qu'Hardos lui faisait plus confiance qu'à une autre personne.

Lui qui est si méfiant avec les inconnus, baissé sa garde si facilement tient du miracle. Son rêve, elle le vivait aujourd'hui et demain et les jours suivants. Ceci est un rêve ? Il avait du mal à comprendre. Une passion, un plaisir, ok, mais un rêve ? La jeunesse sur cet autre monde était vraiment étrange parfois. Matsuya lui renvoya pas la question mais se demanda ce qu'il faisait vraiment ici ? Il pouvait bien délier un peu sa langue après tout...

« Je ne suis pas venue demander de l'aide directement à Mélinda mais plutôt à ses connaissances. Parmi toutes les personnes qu'elle connaît, il doit bien y en avoir une qui pourrait nous aider. »

Un souci et nous aider, voilà déjà deux indices sur sa venue entre les murs du plaisir. Il ne cachait pas spécialement son souci mais comme il était de nature à peu s'ouvrir aux autres, il n'en parlait que si c'était nécessaire.

« Moi et ma sœur avons un souci, une malédiction qu'on nous a donnée il y a quelque temps déjà. Nous ne formons qu'un et changeons de corps jour après jour. Demain, je serais absent, elle sera là Après-demain, ce sera à moi d'être là et non elle. C'est difficile à imaginer de vivre une journée sur deux, plus encore de ne pas pouvoir se voir et se parler à travers des petits mots laissés dans un carnet, surtout pour des jumeaux. Alors j'espère bien que Mélinda connaît quelqu'un pour nous aider. Si c'est le cas, tant mieux, sinon, il va falloir que je quitte cet endroit une fois ma dette payée et chercher à nouveau sur Terra une personne pour m'aider. »

Mélinda était pour le moment le meilleur plan car à défaut de marcher à tâtons, là, il savait que dans ses adresses, il devait bien y avoir une ou deux personnes pour l'aider ? Il faut croiser les doigts en tout cas pour que ce soit le cas. Hardos n'était pas ici pour le plaisir et pour ce qui était d'une réussite, il travaillerait dans la guilde pour s'acquitter de sa lourde dette, en cas d'échec, la dette sera naturellement moins élevé et il pourra quitter cet endroit plus rapidement avant de repartir sur les traces d'une solution. Il tourna son regard vers elle, ses yeux varions posé sur elle, il n'y avait aucune méchanceté dedans mais il n'arrivait toujours pas à comprendre la présense de Matsuya ici ?

« Excuse moi d’insister mais j'ai du mal à comprendre vraiment ta présence ici. Que tu aimes tout ça, je peux le comprendre facilement mais... Tu avais besoin de Mélinda pour comprendre que tu étais belle ou laisser tes désirs s'exprimer ? Ça n'aurait pas été plus simple d'avoir un petit copain ou une petite copine sur ton monde ? »

Qu'on ne lui dise pas que les autres la repoussaient, c'était impossible, sans être la plus belle femme du monde, elle était très charmante.

« Je ne sais pas si en arrivant ici tu as changé mais comme tu es aujourd'hui, tu n'aurais aucun mal à trouver quelqu'un que tu aimerais et qui te le ferait comprendre. »

Pour une fois, Hardos avait même un léger sourire en disant ça, lui qui semblait si distant ! Il ne saurait dire quoi mais elle avait un petit quelque chose qui faisait qu'il s'ouvrait plus facilement et qui voudrait faire en sorte que Matsuya ne risque rien en sa présence.

Matsuya fit de grands yeux ronds quand Hardos lui expliqua être victime d’une malédiction avec sa sœur. Elle, elle venait de la Terre. La magie était pour la jeune femme une grande inconnue, et, si elle pouvait l’admettre à travers l’hermaphrodisme, ou les trucs comme la magie élémentaire, pour les malédictions, elle avait encore bien du mal. Elle ne fit donc aucun commentaire, en se disant que sa Maîtresse devrait sûrement trouver une solution, puis Hardos revint ensuite sur le sujet de sa servitude, exprimant son étonnement de la voir avoir choisi cette voie.

La jeune femme se pinça les lèvres, et se massa l’arrière du crâne.

« Ben... Pour tout te dire... Tu ne vas pas comprendre, mais, en ayant choisi de devenir esclave, je... Je me sens plus épanouie. »

Curieux paradoxe, n’est-ce pas ? Elle se déplaça un peu, réfléchissant pour choisir avec soin ses mots. Elle s’assit finalement à côté d’Hardos, se pinça les lèvres, et reprit :

« Tu vois, j’ai toujours grandi en pensant au futur, et... Jamais au moment présent. Mes études, ce que j’allais faire plus tard, mon métier, les révisions, tout ça... Je... Je ne me rendais pas compte d’à quel point c’était pesant et lourd. Je... Je ne vivais pas vraiment, en fait, car j’étais très anxieuse. Oh, bien sûr, je faisais des fêtes, des sorties entre amies, mais... Y avait ça qui me pesait. Ça, et puis... »

Matsuya se pinça à nouveau les lèvres.

« J’ai déjà eu un petit-ami, mais... Oh, il était adorable et tout, mais... Il était possessif, et... Jaloux. Avec lui, j’étais vraiment sa propriété, et... Je m’en contentais, en fait, car je trouvais ça bien. Je me disais que j’étais précieuse à ses yeux, que je comptais pour lui... Puis j’ai rencontré Maîtresse. Elle m’a expliqué que je devais être libre de mon choix, et que lui me forçait. Elle m’a montré que j’avais plein de qualités, que je souffrais juste d’un manque de confiance en moi, et qu’il fallait que je lui fasse confiance pour décider de ce qui était le mieux pour moi. »

Tout ça pouvait sembler très confus, car Matsuya s’exprimait au fur et à mesure, sans vraiment réfléchir au plan d’ensemble, balançant juste les mots comme elle le ressentait.

« On rejoint tous Maîtresse pour des raisons différentes. Moi, ça a été parce qu’elle m’a conseillé, qu’elle m’a montré que je lui étais précieuse, tout en ne me contrôlant pas comme mon ex’ le faisait. J’ai volontairement accepté d’être son esclave, et je vois toujours mes parents. Je sais que ça peut te sembler bizarre, Hardos, mais c’est comme ça, et je suis heureuse ainsi. J’appartiens à une grande communauté, et nous n’avons rien à nous cacher. C’est... Je suppose que ça doit être un peu ce que les hippies ressentaient dans les Seventies... »

Elle haussa les épaules.

« Et toi, donc ? Une fois que ta... Que ta malédiction sera levée, qu’est-ce que tu as prévu de faire ? »

Bientôt, Hardos allait finir par partir et laisser la place à sa sœur, pas tout de suite, certes mais c'était une chose inévitable comme le fait que le soleil allait laisser place à la lune et inversement, encore et encore. Si comme unique projet, il avait le but de potasser les bouquins pour être prêt le jour J, actuellement, il bavardait un peu avec cette Matsuya. Il ne saurait dire pourquoi mais cette fille lui inspirait plus confiance qu'une Rose ou White. D'accord, les deux sœurs étaient terriblement sexy et douée mais cette fille dégageait quelque chose outre son charme, qui le rendait moins méfiant. Il n'allait pas lui livrer tous ses secrets pour autant mais il pouvait partager des choses avec elle et parler plus facilement en se disant que tout ses mots n'allaient pas forcément être dicté à Mélinda. La vampire pouvait l'aider mais par son statut à Mijak, ici et en plus, le fait d'avoir su jouer avec les mots, Hardos n'arrivait pas à avoir confiance en elle..

En tout cas, sympa ou non, cette Matsuya restait un mystère pour lui, si jeune et pourtant épanouie dans ce « travail » ? Il avait l'impression d'être un vœu en retard sur son temps ! Au final, à travers les mots de la jeune fille, il trouvait ça un peu plus logique et voyait même Mélinda d'un meilleur œil. Son point de vue n'avait pas vraiment changé mais elle avait remonté d'un tout petit peu dans son estime. S'il avait eu le temps de le dire, il aurait pu faire un compliment concernant la vampire mais – par chance – Matsuya lui posa aussitôt une nouvelle question, lui aussi sur son avenir.

« Dans un premier temps, je travaillerais au sein de la guilde pour rembourser Mélinda car trouver quelqu'un qui peut rompre une malédiction comme ça, crois-moi, ça ne se trouve pas au coin d'une rue. Déjà que ceux qui font de petites choses coûtent un bras alors un tel service... »

Ça va coûter extrêmement cher ! Il n'avait pas vraiment de choix, il était un homme de parole puis ce fut la meilleure option pour se libérer de ça. De base, jamais il ne serait venu la voir en proposant de vendre sa sœur ou ce genre de service, ça non, jamais ça n'arrivera ! Déjà qu'il avait du mal à voir cette vampire lui tourner autour...

« Donc je pense être dans le coin durant très longtemps. Mais dans un sens, au moins je pourrais voir ma sœur plus souvent que maintenant. Toi qui revois sa famille de temps en temps, je pense pas que tu apprécierais de ne pas pouvoir la voir alors qu'elle se trouve à deux pas... »

Harmony était là, avec Matsuya mais Hardos ne pouvait pas la voir, comme Matsuya et si jamais Matsuya la voit, c'est Hardos qu'elle ne verra plus... Les maléfices ont toujours pour but d'être du genre chiant !

« Même avant ça, je n'étais pas porté sur comment je voyais l'avenir. Pour moi, c'était purement et simplement le présent, les seules choses que je pouvais planifier étaient des voyages ou ce genre de chose, rien de bien extraordinaire. Je comprends donc ta vision des choses et cette liberté que tu parles. En tout cas, aussi rose soit ce monde dont tu me parles, si jamais tu as un souci, tu peux toujours venir me voir, que ce soit concernant quelque chose ici ou en dehors, je pourrais t'aider, quitte à en venir aux mains. Je ne suis pas directement rattaché à Mélinda donc même si je suis ici comme un invité, je ne travaille pas encore pour elle, ni pour la guilde donc ce ne sera en rien sa faute, juste la mienne. »

C'est bien gentil de dire que tout est rose mais chaque monde idyllique cache sa part sombre donc si jamais il y avait un client qu'elle n'aimait pas ou un drôle de type en dehors, il pouvait toujours jouer les gros bras. Après, pour ce genre de cas, Mélinda devait déjà avoir son service de gros dur pour protéger ses employées donc Hardos ne faisait que faire doublon. Mais c'est toujours bon à savoir. Cette fille dégageait une chose qui faisait qu'il ne pensait pas forcément à avoir une chance avec elle, juste à se rendre utile et la protéger... comme il le ferait avec Harmony même si pou sa sœur, il irait surement plus loin face à quelqu'un qui aurait le malheur de lui chercher des poux.

Matsuya l’écouta silencieusement, et finit par sourire. Elle se redressa alors. Même si elle n’était qu’une esclave, elle était loin d’être idiote. Matsuya était en réalité plutôt intelligente, et ce n’était là que l’un des nombreux paradoxes associés au fait de la voir être en esclave. En effet, on aurait pu croire que seules les filles un peu stupides accepteraient de se soumettre ainsi à une femme, mais c’était mésestimer la vacuité de l’existence humaine… Et, en réalité, Hardos était bien plus proche de la servitude que ce qu’il ne croyait.

« Je crois que tu te cherches surtout une raison de vivre, Hardos, et que cette histoire de dette n’est qu’un prétexte que tu invoques. Je ne connais pas ton passé, mais je suis tentée de croire que tu te plais bien ici, et que tu t’y sens comme chez toi. C’est normal, tu sais, et ce n’est pas une critique, c’est aussi ce que je ressens. C’est terrible à dire, mais ce harem évoque davantage, pour moi, un foyer, que la maison familiale. »

La jeune femme l’avouait sans honte, car c’était logique. Ici, elle était en sécurité, et pouvait laisser librement s’exprimer ses désirs, en sachant que personne ne la jugerait, et qu’on l’accepterait telle qu’elle était.

« Et toi, je suis sûre que tu recherches également un foyer, un endroit où pouvoir vivre, et où ta sœur sera heureuse. Et quelque chose me dit que tu ne vois pas juste ici un simple contrat. »

Bien sûr, Matsuya pouvait se tromper… Mais elle en doutait sincèrement. Hardos insistait beaucoup trop sur sa dette à l’égard de Mélinda pour être honnête, mais peut-être se mentait-il à lui-même. Matsuya, elle, savait combien sa Maîtresse pouvait vous confondre sur vos intentions. On avait instinctivement envie de se méfier d’elle tout en lui faisant confiance, ce qui était une situation particulièrement troublante. Hardos devait aussi faire face à ça, et, le pire, c’est que le brave homme n’était pas au bout de ses peines.

Matsuya se déplaça encore un peu.

« Finalement, tu dois te poser deux questions, Hardos… Que veux-tu faire de ta vie ? Et est-ce que tu penses que ta sœur sera heureuse et sûre ici ? Sache que Maîtresse ne retient jamais personne contre sa volonté. Si tu n’as vraiment pas envie d’être ici, alors tu pourras partir… Mais tu ne peux pas prétendre être là parce que tu es forcé d’y être. Si tu restes au harem, c’est parce que tu en as envie. »

Sur ce, la jeune femme se rapprocha de la porte de sortie, et se retourna brièvement vers Hardos, en lui faisant un léger sourire en coin.

« Allez, je ne te dérange pas plus longtemps, Hardos. Prends tes marques ici, et… Réfléchis à ce que je t’ai dit, d’accord ? »

Elle lui sourit à nouveau, puis lui souffla même un baiser avec les doigts, et sortit ensuite, fermant poliment la porte derrière elle.