The Multiversity

J’expliquai à Karen que oui, à la base ce monde était différent et que je l’avais remodelé pour en faire un monde plus agréable où y vivre. Je me suis rendu compte que si les gens ne peuvent pas communiquer facilement, cela ne contribue pas à des échanges sains. Ce n’est pas grand-chose que de réduire la distance entre les différentes masses de terre, de faciliter le transport plus « routier » et avec l’introduction des zeppelins et avec une bonne dose de bonne humeur, j’avais fait un monde sans guerre et sans pauvreté, avec un équilibre entre les diverses classes. De vous à moi, une chance que les habitants de ce monde ont simplement l’air humain, autrement ce serait constamment en état de conflit. Forcément, quand votre histoire est votre culture est basée sur la compréhension, la communication et l’entraide, ça aide fortement. Très fortement.

Et comment j’ai fait… Je fais un parallèle avec n’importe quel jeu permettant de terraformer une planète. C’est avoir un plan précis en tête de ce qu’on veut puis de la créer, petit à petit. En s’assurant à chaque étape qu’il n’y a pas de défauts. Un peu comme… Faire un gâteau à étage… Mais c’est une planète au lieu d’un gâteau. Et les étages sont en fait les différentes « couches ». Vraiment, si elle veut essayer, un jour, elle pourra le faire dans ma bulle dimensionnelle. C’est agréable de créer. Vraiment très agréable. Et tellement relaxant… Contrôler le flot des choses, y aller dans les petits détails… C’est un travail de patience et de minutie mais ça en vaut très largement la peine. Très, très, très largement. Je veux dire, il existe un tas de jeux vidéo sympas pour la création de planète mais même si c’était en VR, ce ne serait pas du tout la même chose. Clairement pas la même chose.

Pour ce qui est d’un unique gouvernement mondial, oui. C’est un vaste conseil de royaumes centralisés en une grande fédération. Oui bon, écoutez, la démocratie c’est bien mais c’est difficile à implanter à très grande échelle. Le représentant du conseil de la fédération est élu mais pas les dirigeant des royaumes qui comme j’ai expliqué sont des monarchies… Mais des monarchies parlementaires donc avec un système méritocratique électif pour les ministres… Ok, ok, j’avoue que j’ai beaucoup expérimenté, que le système est compliqué et imparfait mais jusqu’à présent, ça fonctionne. En fait, d’avoir fait un système méritocrate aide au dépassement personnel des individus. Mais je le redis, ce n’est pas toujours simple. Avec un peu d’aide divine, ça aide à mener les choses dans la bonne direction, on ne va pas se mentir. Il y a une raison pourquoi c’est un monde isolé du reste de l’existence.

Et bien sûr, en expliquant le système de gouvernement unique mondial puis les gouvernements nationaux, on en est venu à parler des gouvernement régionaux et locaux / municipaux. Honnêtement, je ne pensais pas devoir expliquer mon monde à Power Gril, je voulais juste qu’elle puisse changer d’air, jouer les touristes, profiter de la vie quoi. Mais en même temps, c’est mon invitée. Je ne vais quand même pas refuser de lui répondre! Je lui fais une courte liste de choses que je voudrais bien améliorer mais… Ça risque d’être difficile. Oui, il y a une égalité homme / femme et humains / autres espèces mais sans rien influencer, ça se cantonne à des clichés. Par exemple, je me dis, on a ici l’équivalent des orcs, des gobelins, tout ça. Or, bien qu’ils pourraient travailler dans ce qui est « fonction publique »… Ils ne veulent pas! Pas ils ne peuvent pas. Il n’y a pas d’intérêt de leur part!

J’aimerais voir davantage de choses insolites. Là, c’est un superbe monde très fonctionnel mais également trop ordonné à mon goût. Également, tout fonctionne en base dix. Il y a cent secondes dans une minutes et cent minutes dans une heure. D’accord, sur le papier c’est beau… Mais n’importe où ailleurs dans l’univers, on dirait que c’est : une minute veut dire soixante secondes. Imaginez ma confusion chaque fois que je veux prendre des nouvelles de ma création. Enfin. Comment les gens me voient… Ils ne me voient pas exactement. J’incarne à loisir un personnage ou un autre. Oh ils ont tous entendu parler de « La Fondatrice ». Et de son célèbre décret. Il y aura une statue de moi, devant le conseil de la Fédération. Si vous me déifiez, si vous faites une religion en mon nom, je reviendrai d’entre les morts pour vous le faire amèrement regretter! Pas. De. Religion!

« Sérieux Karen, les histoires de religion, ça finit tout le temps mal alors… NON. Mais assez fait les présentations, je suis sûre que tu meures d’envie de visiter! Rends moi service, tu veux? Pas de super pouvoirs? S’il te plait? C’est une réplique de mon monde, je le sais mais c’est pour le principe. Et si tu refuses, je sors la kryptonite rose! La kryptonite verte, c’est clairement une mauvaise idée, la rouge encore plus et… Et…

Bon je l’avoue, je n’ai aucune autre idée pour te dissuader d’utiliser tes pouvoirs et seule la magie ou la kryptonite fait effet sur les kryptoniens. Et vraiment elle te va super bien cette tenue… Dommage que ce ne soit pas à la mode sur terre, là j’ai envie de te faire une garde-robe dans ce style. Encore une fois, victime de mon propre enthousiasme… Oh et avant que j’oublie, si on te demande d’où tu viens, tu viens de Castelgard. Ok? »

Toujours prévoir d’avance l’éventuelle question qui coince…

Karen était évidemment intriguée, et Jeannie lui expliqua tout ce qu’elle pouvait lui dire sur ce monde. Il y avait un gouvernement mondial unifié, mais qui semblait davantage fonctionner sous la forme d’une vaste fédération mondiale, avec des gouvernements locaux. Dans sa tête, Karen repensa à cette vision rousseauiste du monde, expliquant l’Histoire comme le passage d’un « état de nature », sauvage et pur, à un état civilisé plus violent quand les ressources naturelles avaient commencé à décroître. Une vision somme toute assez simpliste, et Karen était peut-être trop cynique pour croire en la perfection de ce monde. Elle n’en dit toutefois rien, tout en notant évidemment la colère de la jeune Déesse quand elle évoqua l’idée d’une religion.

Seulement, le fait est qu’il n’y avait rien de plus fédérateur que la foi, et que, même si Jeannie ne voulait pas d’une religion, Karen avait du mal à croire que les humains ne le feraient pas. Karen fronça donc les sourcils, comprenant que ce monde devait fonctionner dans le sens où Jeannie le voulait… Parce qu’elle le souhaitait. Comment s’opposer à la volonté d’une Déesse omnipotente ? Même si ces gens devaient être officiellement libres… Ils savaient nécessairement que Jeannie existait, et que sa volonté était force de loi. Forcément, la perspective de disparaître instantanément ne devait pas les tenter plus que ça. Qu’elle le veuille ou non, il était donc difficile de ne pas voir en Jeannie une dictatrice, fût-elle bienveillante ou non.

*Je comprends ça, la responsabilité d’un pouvoir immense… Qui sait ce que j’en ferai à sa place ?*

Karen se rapprocha de Jeannie, et leva les mains, en signe d’apaisement.

« Hey ! Du calme, Jeannie, je… Ce n’était qu’une question. Et je n’ai aucune raison d’utiliser mes pouvoirs. Si je te parle de ça, c’est parce que… Et bien, il n’y a rien de plus fédérateur que la foi, que celle-ci s’exprime à travers la religion ou non. »

La foi… C’était la croyance en quelque chose de supérieur à soi, c’était le sentiment fédérateur de l’humanité, c’était cette force qui poussait l’humain à se dissocier de l’animal, la croyance que le monde ne se limitait pas qu’à la matière. La foi, c’était la prise de conscience de l’âme, c’était le point de départ de tout ce qui faisait de l’Homme… L’Homme.

Power Girl sourit alors, et posa ses mains sur les épaules de Jeannie.

« Hey ! Hey ! Détends-toi, Jeannie, je ne vais rien casser. Je n’ai rien à craindre, non ? Et c’est quoi, Castelgard ? »

Karen était toujours aussi curieuse, après tout ! Ceci étant dit, elle se demandait aussi pourquoi Jeannie se montrait si nerveuse…

« Et je ne veux pas de kryptonite ! Verte, rose, ou peu importe la couleur ! » précisa alors Karen.

« À part moi? Non. Rien à craindre. Et Castelgard est une ville beaucoup plus au nord. Les conditions étant nécessairement plus rude, on y trouve beaucoup de gens avec un teint de peau plus pâle que dans les terres centrales ou du sud. Très souvent à la chevelure blonde, pas toujours aux yeux bleus. Donc… Ce serait logique que tu viennes de là. Et donc, ici, on ne voit pas souvent de gens de Castelgard. Donc…

Plus facile de ne pas dire quelque chose de complètement hors de propos. Et très franchement, j’essaie d’interférer le moins possible dans les affaires de ce monde. Je l’ai dit je ne sais combien de fois. Je n’ai de déesse que le nom. Je ne me considère pas comme ça. Quand on y pense, tu es aussi une déesse, Karen, sinon, puisque tu fais des choses que le commun des mortels ne peut pas faire. Mais assez parlé, viens, on va visiter! »

Je prends Karen par le bras et nous commencer à déambuler dans les rues de la capitale. C’est un curieux mélange de magie et de technologie, où les boutiques de magie, d’alchimie et d’une forme très rudimentaire de robotique (clockwork, si vous préférez) se côtoient sans que personne ne semble vraiment s’en formaliser. Les gens sont sympathiques, se saluent, même s’ils ne se connaissent pas. Karen reçoit plusieurs bonjours et personne ne semble se poser de question quant à d’où elle vient et ce qu’elle fait ici. Dans un monde sans guerre, pourquoi on se méfierait des étrangers? L’étranger est donc une source de découverte plus que d’inquiétude. Nous arrivons rapidement sur une grande place du marché où de nombreux kioskes en extérieur proposent toute sorte de plats. Nous avons de la chance, c’est jour de foire. Nombreux sont les artisans qui sont venus pour ça.

Je veux lui faire essayer toutes sortes de choses. Des breuvages, des plats typiques, des desserts… Je me dis : ça doit avoir un gros appétit, une kryptonienne, avec toute l’énergie qu’elle doit dépenser en une journée, la Power Girl… J’imagine que ça lui prend des réserves conséquentes. Et puis bon, introduire un peu d’argent supplémentaire dans le système économique ne va pas causer une crise. Je veux juste lui faire découvrir quelque chose de différent. Aux dernières nouvelles, ce n’est pas un crime. Et puis bon, malgré une forme légère d’industrialisation, l’air est pur, le ciel est bleu, les gens sont heureux… On est loin du milieu urbain typique de la terre avec sa pollution et son stress constant.  Je me demande souvent comment les gens font pour ne pas toujours faire des maladies nerveuses. Ce n’est pas toujours sain le rythme de vie qu’ils s’imposent, c’est sûr et certain, ça.

Au fond, elle a raison. Tout va bien aller. C’est mon monde. Je sais comment il fonctionne, je connais sa logique. C’est juste que… Ça faisait vraiment longtemps que je ne l’avais pas vu. Même si c’est juste une copie de l’original qui continue d’évoluer. Je suis quand même fière de ce que j’ai réussi à faire. Venant de quelqu’un qui n’avait aucune envie de jouer à la déesse, de quelqu’un qui n’avait jamais fait selon sa volonté… Trouver la force et la créativité de créer quelque chose d’aussi complexe… Dans un jeu vidéo, ça a toujours l’air si facile. On met une route, quelques bâtiments, voilà des champs, et hop, la population nous aime. Les jeux vidéo ne vous forcent pas à traiter avec les problèmes individuels de centaines de personnes et d’individus. Ce serait bien trop complexe à programmer. Pour ne pas dire impossible, en fait, au vu de la technologie actuelle, à bien y penser, je dirais…


Je suis tirée de mes pensées quand une sympathique marchande d’un des royaumes du sud propose à Power Girl un plat typique de son coin de pays, fait avec le piment du dragon. Sur le coup je ne réagis pas avant de me souvenir que le piment du dragon fait passer le California Reaper pour un poivron rouge. Vous savez, celui qui est doux et sucré? Bah c’est ça. Pourquoi une telle chose existe? Parce que chaque monde, dimension, réalité, temporalité ou autre fonctionne différemment. Et ici ça ne fait pas exception. On pourrait penser que c’est juste un nom mignon pour faire vendeur… Je ne sais pas si Karen supporte bien l’épicé, encore moins quelque chose d’inhumainement épicé comme c’est le cas ici. Oh non. Je ne voudrais tellement pas que cette petite excursion dans mon monde finisse pas Power Girl qui ne me parle plus à cause d’un « incident diplomatique »…

« Tu sais… Le piment du dragon porte ce nom pour une raison. Tu t’en ai fais offrir car traditionnellement, les gens de Castelgard sont considérés comme les plus coriaces qui soient mais ce truc fait passer un California Reaper pour un poivron rouge. Je n’ai pas envie de soit devoir expliquer à Helena comment tu as soudainement pris en feu ou de souffrir des conséquences d’un… Euh… On va dire incident diplomatique.

Tu sais, je t’aime bien Karen et je ne remets pas en cause le fait que tu sois capable de botter des culs comme une championne mais… Je ne sais pas ce que ton système peut endurer ou pas? Fais moi plaisir et fais attention d’accord? Juste au cas, je vais te conjurer de quoi neutraliser la sensation de brûlure. Et peut-être quelque chose pour ton pauvre estomac. Juste au cas, hein. Peut-être aussi que tu vas endurer comme une championne! »

Jeannie sembla visiblement très nerveuse à l’idée de présenter à Karen la capitale de son monde. C’était assez amusant… Elle lui assurait qu’elle gérait ce monde aussi peu que possible, afin de laisser aux habitants le soin de se diriger par eux-mêmes. Karen avait sincèrement envie de la croire, mais elle était aussi lucide, suffisamment réaliste pour savoir qu’un monde sans aucune guerre, un monde où la paix régnait, cela dissimulait toujours quelque chose. Ou peut-être était-elle trop cynique, mais elle avait du mal à croire en l’existence d’un monde idyllique. Ceci étant dit, elle aurait rapidement l’occasion de le réaliser. Karen sourit doucement quand Jeannie lui indiqua que, après tout, elle pouvait également être considérée comme une Déesse.

*Si ce n’est que je n’ai, ni les pouvoirs, ni la prétention, de transformer intégralement un monde !*

Elle acquiesça donc, et le duo sortit. Karen constata rapidement que Castelgard était bien plus grande que ce qu’elle avait cru voir, une ville s’étalant à l’horizon et à la verticale. Karen en eut un bon aperçu quand elles rejoignirent un belvédère avec une vue impressionnante. La ville comprenait des quartiers s’élevant au-dessus des autres, qu’on pouvait rejoindre, soit à pied, soit en empruntant des bateaux volants. Le duo arriva également à une place où les gens pouvaient embarquer à bord de ces vaisseaux aériens.

Karen devait bien admettre être très impressionnée. C’était une ville où la magie et la technologie se mélangeaient intimement. Une grande ville très riche, très vaste, et elles rejoignirent le quartier marchand. Régulièrement, on pouvait voir des dragons ou des vaisseaux, ainsi que des griffons, des pégases… Le duo vit plusieurs boutiques artisanales, alchimistes, et rejoignirent une grande rotonde centrale avec des restaurants, des auberges un peu partout.

« Je dois admettre que c’est vraiment bluffant… »

Depuis qu’elle avait rencontré Jeannie, Karen faisait un voyage assez extraordinaire. De New York à ici, en passant par plusieurs mondes oniriques, les deux femmes rejoignirent une terrasse, où on leur proposa un plat typique, à base de piment du dragon. Ceci amena Jeannie à prévenir Karen de la puissance de ce piment, et à suggérer qu’elle utilise ses pouvoirs magiques pour atténuer les effets du piment. Power Girl sourit brièvement, visiblement guère choquée par cela :

« Cesse de me materner, Jeannie, tu as dit que j’étais une sorte de Déesse, non ? Et tu crois que du piment viendrait à bout d’une Déesse ? »

Karen s’amusait lentement devant le désarroi de Jeannie, et celle-ci poursuivit son office. La Kryptonienne ne tarda pas à avoir une entrée avec des ailes de poulet rôties, qu’elle dévora rapidement, avalant la peau. Même si elle disposait d’une super-force, ses dents étaient très normales, incapables de trancher des éléments osseux ! Elle continuait à manger, et but un peu d’alcool.

« Cette ville est vraiment incroyable, en tout cas… Tu sais, dans mes laboratoires, je développe un Portail quantique pour explorer le reste du Multivers… Il faudra que je trouve les coordonnées de ta planète, je pense que j’adorerai retourner ici, et explorer ce monde plus en profondeur. Je te rassure, je ne casserai rien ! »

Elle lui sourit encore.

« Et tu n’as jamais pensé à t’installer ici ? Je veux dire, cet endroit paradisiaque serait parfait, non ? Tu pourrais y fonder ta petite famille… »

La servante revint avec un plat. C’était une sorte de bon morceau de viande marinée avec de la sauce, et avec le fameux piment. Karen coupa dans le vif, arrachant un morceau de chair juteuse, et l’avala. Loin d’être végane, elle avala la viande, et sentit rapidement l’arrière-goût de piment. Sa gorge s’enflamma alors, et elle soupira en fermant les yeux, sentant le feu dans son gosier, descendant en elle.

« Ah, j’adore ça ! Tu croyais vraiment que je n’aimais pas la nourriture épicée ? Ma pauvre, si tu savais ! Mais j’avoue que ce piment… C’est du costaud, bordel ! »

Mais ça ouvrait l’appétit, en tout cas !

Revenir ici… Ou plutôt visiter le vrai de vrai monde que j’avais remodelé et pas la copie, en fait. Je ne suis pas certaine d’être d’accord avec cette idée. Il y a une raison pour laquelle nous explorons une copie, c’est pour éviter la contamination culturelle et les interférences le plus possible. Et puis bon, je veux bien faire confiance à Power Girl mais le problème des portails, c’est que ça peut être piraté. Je n’ai pas envie de me retrouver avec une invasion sur les bras. Mais alors là vraiment pas. Je l’ai déjà dit : la guerre, si c’est un jeu vidéo, je veux bien. Mais dans la réalité, je m’en tiens le plus loin possible. Je n’ai jamais eu d’affinité pour la chose et n’en aurai sans doute jamais et c’est parfait comme ça. Je laisse à d’autres le « plaisir » d’apprécier ce que je considère comme une aberration. Je ne dis pas que le conflit est une impossibilité. Mais sur une telle ampleur?

Au moins ici il n’y en a pas, de guerre. Et c’est pour ça que j’adore ce que j’ai réussi à créer. Hum. Je remarque que ce n’est pas une copie parfaite. Sans doute la différence entre mon souvenir et un « clone » direct. Power Girl ne le remarquera pas car elle n’a jamais mis les pieds ici avant mais ils ont définitivement rajouté un étage à cette fontaine que nous avons croisé. J’aime bien, ça donne davantage de majesté à l’ouvrage. En même temps, c’est logique que les choses aient évoluées, depuis le temps. Rien ne reste vraiment statique de toute façon. Ce serait bien le comble sinon. Il faut du changement pour empêcher le monde de sombrer dans l’immobilisme. Quant à savoir si c’est un bon ou un mauvais changement… On en reparlera. Je suppose que dans certains cas, c’est plus du style « il faut le voir pour le croire ». Mais bon. Revenons-en à ce moment passé avec Power Girl.

Spécifiquement, une anomalie. Ce fichu piment est absolument terrifiant et Power Girl ne semble pas être affectée plus qu’il ne le faut. Soit les Kryptoniens ont une résistance extraordinaire que je ne connais pas, ce qui serait logique ou inconsciemment, en important le machin, j’ai diminué son degré d’épicé. Lequel, lequel… Le seul moyen de le savoir, ce serait encore d’y goûter. Le seul problème c’est que si je le fais, je risque de me mettre à faire toutes sortes de têtes et l’expérience ne sera certainement pas agréable par-dessus le marché. Mais bon. Je suppose que si je veux en avoir le cœur net… Je trempe le bout de ma fourchette dans la sauce, je remets de l’ordre dans mes papilles gustatives (quoi, si vous pouvez vous assurer que tout goûte toujours bon, osez me dire que vous n’en abuserez pas sur une base régulière) et je goûte. Oh et je mets la réalité en pause parce que là… Là…

AAAAAH! C’est aussi affreux que dans mes souvenirs! Mais… En moins pire. Je cours dans tous les sens en me tenant la langue mais je ne plaisante pas, ce n’est pas le niveau de piquant que ça devrait avoir. Soit ils ne cultivent plus cette chose comme avant, soit j’ai réellement et inconsciemment baissé le degré de ce piment. Ok on peut remettre le mon en marche. Je pense que je devrais survivre. Pour Power Girl, l’action reprend juste après avoir fait mon test de goût. Désolé PeeGee mais si tu m’avais vu, tu aurais ri de moi pour l’éternité. Elle m’entend quand même marmonner qu’une partie du piquant s’est perdu dans la copie mais c’est sans importance. Les gens sont sympathiques, la bouffe est bonne, on ne va pas se plaindre! Je lui fais essayer plusieurs plats typiques. On mange, on discute, vous avez, des conversations entre filles sur tout et sur rien… Et soudainement…

Je m’étouffe avec le contenu de ma chope. Ils ont QUOI!? Je m’absente quelques millénaires et eux ils… Ils… Ils ont inventé le sexe thérapeutique. Pour aider les gens à avoir une vie saine et l’esprit tranquille. Cela évite les crimes violents car le plaisir se substitue à l’agressivité. C’est le genre de plan qui fonctionne sur le papier mais quand même pas en vrai!? Mais non. Apparemment c’est très à la mode et ça aurait été développé dans le nord. Ah oui. Considérant que dans le nord, les divertissements sont plus rares et les conditions de vies très rudes… Et tout le monde a accepté ça? Il semblerait que oui. Mais d’où leur est venue l’idée? COMMENT ÇA, C’EST EN SE PENCHANT SUR LES MYSTÈRES DE LA GRANDE ARCHITECTE? C’est moi ça! Attendez que je remette ma mâchoire en face. Ils ont déduit que si j’avais toujours été si calme et sympathique…

En ce moment j’aimerais bien être invisible. Au moins ils ont inventé de nouvelles technologies qui aident à faire passer la pilule. Ils sont en train de développer, ni plus ni moins que les rudiments de l’électricité! Fini de brûler du combustible et ça va préserver les forêts donc les lieux de vie des créatures. Je n’y crois pas. Ils sont en train de développer une conscience sociale que les Terriens n’ont pas actuellement. Ce qui me soulage le plus c’est que personne n’a eu la « brillante » idée de fonder une religion donc au moins, sur ce point, je peux continuer de dormir tranquille. En tout cas, je suis impressionnée. Les nouvelles sont bonnes. Certaines surprenantes mais autrement très bonnes. Vraiment je me dis qu’il faudrait que j’y retourne pour de vrai tiens, sur mon monde… En attendant le dessert, je fais la conversation avec Power Girl. Sur ce qu’elle a vu. Ce qu’elle voudrait essayer, visiter. Si elle a des suggestions.

« Dans le désordre, assassiner sa patronne risque de faire tache sur mon CV. Je ne suis pas sûre de vouloir te filer les coordonnées de mon monde pour éviter la contamination culturelle. Je suis ravie que tu aimes ce que tu vois et expérimentes et moi, habiter là-bas? Et je vais faire quoi de mes journées? Pas question de faire de la politique, ça c’est sûr! Et j’adore découvrir de nouvelles choses. Un seul monde limite ces possibilités… Tu ferais quoi, toi, à ma place? »

Karen sentit ses joues s’enflammer en constatant que le piment avait un arrière-goût. Une vague de chaleur supplémentaire remonta en elle, et elle aurait presque eu l’impression de cracher du feu. Elle frémit encore, constatant que Jeannie avait également senti passer le piment.

« Pffiouh… J’avoue que c’est du costaud ! »

Elle éternua encore doucement, reprenant ses esprits. Tout autour d’elle, Karen pouvait noter certains éléments spécifiques. Les habitants faisaient régulièrement référence à la Grande Architecte, à l’Ingénieure !

« J’ai pu réparer mon chauffe-eau, on peut dire que je suis veinard, ça m’évite les frais d’intervention d’un mécanicien ! s’exclama un client à côté d’elles.
-  Louée soit la Grande Ingénieure » glissa son comparse.

Pas de religion, certes, mais on ne pouvait éteindre la foi, ou le mysticisme. Et cette foi s’exprimait toujours à travers Jeannie, qui semblait progressivement le réaliser. Karen, elle, n’était pas surprise. La foi était au cœur de toute forme de conscience supérieure, car c’était précisément au nom de la foi que l’homme se dissociait de l’animal. Karne songeait donc à tout cela, tandis que Jeannie reprenait peu à peu ses esprits, se remettant du choc du piment.

Jeannie refusa l’idée de la laisser aller sur son monde au nom de la « contamination culturelle ». Karen fronça doucement les sourcils en essayant de comprendre ce qu’elle voulait dire par là. Quand Jeannie lui demanda finalement ce qu’elle devait faire, Power Girl était… Un peu perdue.

« Euh… Je ne suis pas vraiment sûre d’avoir compris la question que tu viens de me poser… »

Elle sourit doucement, avant de reprendre ses esprits.

« Sinon, je ne vois pas trop en quoi je ferai de la contamination culturelle… Tu as peur que je ramène un Mac Donald’s en plein milieu de la place ? Je viens ici simplement par curiosité… Et, d’ailleurs, c’est toi qui m’as invité ici. Mais je ne veux pas t’imposer quoi que ce soit, Jeannie. »

Karen continua à manger lentement, sans trop savoir vers où orienter cette conversation. Elle n’avait pas non plus trop aimé que la femme parle de « l’assassiner », même si elle se doutait que c’était une plaisanterie. Le problème, c’est qu’elle traitait avec une femme disposant de pouvoirs omnipotents, relativement instable. Même si elles s’étaient rapprochées, Karen ne devait pas oublier ça, elle ne devait pas oublier que Jeannie était potentiellement dangereuse, à tout le moins instable, et que l’omnipotence ne se mariait pas très bien avec l’instabilité.

Désireuse de changer de conversation, elle reprit alors, sur un ton qui était toutefois légèrement vexé :

« Enfin… Où est-ce que tu prévois de nous emmener ensuite ? Rassure-toi, je serai sage, je ne veux pas contaminer ce monde par ma présence. »

Mais non, mais non. Oh la la… Il faut tout leur expliquer à ces mortels! Je ne dis pas de ramener un MacDo ou assimilable! Ce peut être un commentaire, une référence à quelque chose qui n’existe pas c’est souvent inconscient mais ce qui arrive c’est que vous prouvez, sans le vouloir, que vous venez d’ailleurs. Et pas ailleurs une autre province. Ailleurs un autre monde. Je n’ai pas caché ma création du reste de l’existence pour rien. Un dieu ou une déesse qui débarque et qui décide d’en faire son jouet? Pas question! Ce monde a assez souffert de leur tyrannie, la mienne incluse. Plus jamais. Et comme je suis immortelle, j’ai encore énormément de temps pour continuer de prouver que c’est vrai. Et je prends bien le temps d’expliquer la chose, clairement et distinctement à Power Girl. Ce n’est pas contre elle spécifiquement. C’est mon choix. Ma décision.

Ils auraient beaucoup à apprendre de toi, je n’en doute pas, que je lui dis. Je suis une déesse et je trouve de l’inspiration chez toi, ce n’est pas rien! Et je suis sincère quand je dis ça. Ceci étant dit, cela ne changera pas ma décision finale. J’ai du respect pour bien des choses chez Power Girl mais sans vouloir être condescendante, j’ai eu des siècles pour réfléchir à mon idée. Et elle a quoi, derrière, la cravate, au plus, quelques décennies? J’aime son énergie, sa spontanéité, ce désir d’expérimenter, explorer, découvrir. Mais j’ai des responsabilités envers ce monde et ce qui se trouve dessus. Ils peuvent parler de la grande architecte tant qu’ils veulent, de la grande ingénieure, de la grande magicienne. Je porte bien des titres, apparemment et aucun que j’ai vraiment choisi ou demandé. Je ne suis pas une déesse avec un temple et un panthéon ici mais j’en reste une avec des responsabilités.

Si un jour je change d’idée, par contre, je te promets que je te fais signe. Et je ne promets jamais rien à la légère. Ça elle ne le sait peut-être pas mais… Je n’ai qu’une parole. Ça si elle ne s’en doute pas déjà, elle le découvrira. Par contre, en entendant le ton de sa question, je vois que malgré mes explications, malgré tout, ce que j’ai dit l’a blessé ou vexé. Évidemment que ce n’était pas le but. Mais comme avec n’importe quoi, je vais assumer mes responsabilités et faire face à cette situation. Je ne sais pas comment on répare efficacement les pots cassés avec une kryptonienne mais ce n’est pas ce qui va m’empêcher d’essayer, vous pouvez en être absolument certain. On va essayer quelque chose. Je ne sais pas si ça va fonctionner. Mais on ne pourra pas me reprocher d’avoir essayé. Soudainement, le monde autour de nous se fige. Comme dan Witcher 3, avec Gaunter O'Dimm!

« PeeGee, il faut que tu comprennes quelque chose. La copie de mon monde. Tu es la première mortelle ou déesse non originaire de ce lieu à la voir. À pouvoir constater que ce que je raconte de ma création est bel et bien réel. Est-ce que tu comprends ce que je dis, est-ce que tu en réalises l’ampleur? Dans le peu de temps où nous avons fait connaissance, tu vois ce que personne d’autre n’a encore vu. Si tu considères la chose…

Est-ce que tu penses, dans ces conditions, que si je veux éviter la contamination culturelle en te refusant l’accès à l’original, c’est par manque de confiance? Si je ne te faisais pas confiance, tu ne serais pas ici. De cela tu peux en être absolument certaine. Et puis du reste, je peux être plus permissive dans la copie que dans l’original, tu ne penses pas? Tu es une femme de science, non? De découvertes? Alors je vais t’amener voir la cour des miracles.

Non, non, ce ne sont pas des miracles au sens divin, tu t’en doutes, mais les plus grands scientifiques et magiciens s’y trouvent et on y forme de véritables prodiges, tous plus prometteurs les uns que les autres. Et pour toi, ce sera pour beaucoup de choses des technologies simples que tu connais mais tu verras, leur enthousiasme est contagieux. Les travaux avec la magie, par contre, je crois que tu connais moins. De ce que je sais…

La magie est un point faible des Kryptoniens donc je doute que vous l’utilisez. Et si ça ne te tente pas, je peux te montrer plein d’autres choses. Allez, fais-moi un sourire et dis-moi que tu n’es pas fâchée après moi. Il n’y a pas de raison après tout. Enfin. À mon avis. Mais n’ayant pas vraiment d’amis ou de gens proches de moi, je peux me tromper. Je suis loin d’être infaillible mais ça, tu avais déjà dû le remarquer, je me trompe? »

Je lui fais un gros câlin et avant de remettre la copie en marche, je veux m’assurer qu’il n’y a pas de mauvais sang entre nous. Je détesterais ça, vraiment. Après, bon, je sais que les sentiments, c’est quelque chose de très personnel et ce que je ne considérais pas comme une offense peut en fait en être une. Et inversement. Cependant, je pense que Power Girl est assez mature, assez adulte pour comprendre. Je pourrais me tromper mais j’ai un bon pressentiment sur le sujet. Et c’est une super héroïne, en plus, ne prêchent-ils pas pour la plupart pour la tolérance et le pardon? On verra bien, j’ai envie de dire. On verra bien. Je ne peux pas vraiment faire plus que ce que j’ai fait là. Je ne vais quand même pas me jeter à ses pieds et supplier pour avoir son pardon, il ne faudrait pas exagérer non plus. Et la soumission, de toute façon, pour moi, c’est du passé!

Karen resta silencieuse, tandis que Jeannie consentit à arrondir les angles, essayant de faire comprendre à Karen que le problème ne venait pas d’un manque de confiance entre elles, mais de sa volonté de protéger son monde d’origine. Karen fronça les sourcils, commençant peu à peu à réaliser…

*Elle m’a menti ?*

Elles n’étaient donc pas dans le monde d’origine de Jeannie, contrairement à ce que Karen avait cru. Quel était donc ce monde ? Une vaste illusion magique ? Jeannie avait généré un monde virtuel, entièrement fictif, pour montrer à Karen son monde natal. Karen sentit comme un arrière-goût amer dans la bouche, le sentiment que tout ça n’était qu’une vision, que Jeannie voulait qu’elle se pavane devant, non pas le véritable produit, mais devant une simple publicité. Cela la frustrait un peu, avec l’impression que Jeannie cherchait à l’arnaquer. Est-ce que ses raisons étaient vraiment liées à cette peur de ne pas contaminer son monde naturel ? Ou y avait-il autre chose derrière ? Ce monde était-il en ruines, beaucoup moins idyllique que ce monde artificiel ?

Karen ne savait plus trop où donner de la tête. Jeannie voulait lui montrer la « Cour des Miracles », surnom donné à une académie magique. Mais, avant ça, il fallait encore régler ce différend.

« Je suppose que tu as tes raisons pour me montrer une vitrine, Jeannie… Mais sache que je ne suis pas un enfant qui s’émerveille devant une publicité. Tu voulais me montrer ton monde, et, finalement, ce que je vois n’est que la création de tes pouvoirs. Mais je l’accepte, si c’est ce que tu souhaites. Donc… Je ne suis pas vraiment fâchée, non. »

Elle n’allait pas faire la difficile, et sourit doucement, comme pour clore ce chapitre… Même si rien n’était vraiment clos, elle ne voyait aucune raison d’insister davantage.

« En revanche, tu te trompes sur un point… Les Kryptoniens n’ont pas une sensibilité particulière à la magie, c’est juste que nous y sommes tout autant vulnérables que des êtres humains normaux… Les radiations solaires qui nous donnent leurs pouvoirs sont des phénomènes physiques qui n’interviennent pas sur notre résistance magique. »

Pour le reste, Karen estimait être l’une des femmes les plus fiables au monde pour garder des secrets. N’était-elle pas une super-héroïne menant plusieurs vies ? Elle était une femme d’affaires très influente dissimulant de nombreuses activités occultes potentiellement illégales, outre sa double identité. Power Girl estimait donc être plutôt fiable, mais elle ne voulait pas encore rentrer dans ce débat.

Ayant fini de manger, elle se releva donc, et huma encore l’air frais, tout en essayant de se convaincre de la vraisemblance de ce qu’elle voyait, quand bien même cela était dur, maintenant que le charme magique était rompu.

« Alors, vas-y… Conduis-moi à ta Cour des Miracles, je te suis. »

Jeannie expliqua à Karen que ce monde n’était pas une illusion, c’était un vrai monde, un monde qu’elle avait conçu de A à Z en essayant de reproduire son monde natal. Karen hocha la tête.

« Un peu comme dans Spore ? »

Et oui, Karen connaissait ses références ! Spore était un jeu vidéo très ambitieux, qui ambitionnait de créer un univers depuis l’étape cellulaire jusqu’au développement dans l’espace. Karen n’y avait pas vraiment joué, mais elle comprenait un peu mieux. Jeannie avait donc supervisé la création de ce monde depuis le commencement, et continuait sans doute encore à superviser ce monde. Car, si Jeannie veillait à la sécurité de ce monde, elle devrait nécessairement intervenir de temps à temps… Karen ne préféra pas toutefois en savoir plus, et continua à suivre la jeune femme, après les explications de celle-ci.

Les deux femmes rejoignirent ainsi la fameuse Cour des Miracles. Celle-ci portait plutôt bien son nom. C’était une grande place située derrière un mur d’enceinte, où Karen vit des traits lumineux fusant dans tous les sens. Une sorte de grande bulle magique flottait au centre, ressemblant à une grande sphère aquatique. Des éclairs en sortaient régulièrement, et la sphère remuait doucement sur place. La magie irradiait ici, à travers chaque aspect. Sur des établis alentours, des alchimistes s’amusaient également, faisant jaillir des jets de flammes, ou animant des golems. Ceux-ci se recevaient des éclairs qui les illuminaient furieusement, les faisant briller comme des guirlandes de Noël. Karen les observa sans rien dire, comprenant vite le concept… La Cour des Miracles était une sorte de présentation magique et alchimique, visiblement d’une académie magique influente.

Karen observa donc les lieux, admirative.

« C’est… C’est vraiment incroyable… »

Visiblement émue, Jeannie se rapprocha de Karen, et les deux femmes s’éloignèrent ensuite, se rapprochant d’une alcôve. Autour d’elles, des individus volaient avec des jetpacks dotés d’hélices, et d’autres généraient des toboggans de glace, tandis que d’autres flottaient également. À la surprise de Karen, Jeannie l’embrassa ensuite, se redressant légèrement pour être à sa hauteur. Le baiser ne put que la surprendre, et Karen, après quelques secondes, y répondit, posant ses mains sur les hanches de Jeannie. Jeannie lui annonça que, lorsqu’elles se rapprocheraient suffisamment, Karen aurait suffisamment confiance en elle, et qu’elle cesserait de la décevoir.

Cette ultime phrase surprit un peu Karen, qui la regarda doucement, et posa ses mains sur ses épaules.

« Jeannie… Tu… Tu ne me déçois pas, tu sais. Tu me surprends, c’est tout… Mais c’est aussi à moi de te comprendre, toi et l’environnement dans lequel tu résides, toi et ce que tu as créé. »

Karen déplaça sa main, et caressa les cheveux de la jeune femme, puis l’embrassa à son tour, déplaçant son autre main le long de son dos. Elle descendit encore, et encore, jusqu’à palper les fesses de Jeannie, et serra sa main sur cette zone, tout en la plaquant contre elle. Les jambes de Jeannie s’enroulèrent autour de sa taille, et Karen l’embrassa plus longuement, savourant sa magnifique bouche.

« Et, si je n’avais pas confiance en toi, crois-tu que je t’aurai suivi jusqu’ici, hum ? Tu ne vas sans doute pas me croire, mais, pourtant… Je t’apprécie beaucoup, Jeannie… »

Elle lui sourit encore, tendrement… Et lui offrit un troisième baiser !

Karen sourit doucement. Jeannie lui avoua qu’elle était heureuse de cette confiance, tout en apposant ses mains sur les volumineux seins de Karen. Power Girl était bien placée pour savoir qu’elle était bien équipée de ce côté. Cette tenue steampunk mettait par ailleurs partiellement en valeur ses magnifiques seins, bien moins que son costume. Elle sentait le décolleté  moulant ses seins, et constata qu’une bulle les entourait. Jeannie avait encore fait part de sa magie, et ne semblait visiblement guère pressée d’en finir. Qui aurait cru que leur relation irait jusque-là ? Elles avaient commencé à s’affronter dans le ciel de New York, et, depuis lors, Karen était en train de vivre une aventure assez incroyable, des péripéties sans fin.

« Je suis heureuse d’être là, Jeannie… Heureuse d’y être avec toi. »

Sa main remonta, délaissant le fessier de Jeannie, et elle caressa son visage, relevant ensuite son menton, arrachant ainsi à Jeannie la vue de ses seins pour la remplacer par son visage… Puis la Kryptonienne alla l’embrasser. Un premier baiser appuyé, où leurs lèvres se frottèrent l’une à l’autre… Qui s’accompagna ensuite d’un bref soupir, puis d’un second baiser, cette fois plus prononcé. Là, Karen glissa sa langue, jouant avec sa partenaire, et serra sa main sur ses cheveux. Elle se pressa contre elle, crispant ses doigts sur son fessier, et la força à se relever. Les jambes de Jeannie s’enroulèrent autour de sa taille, et Karen mordilla sa lèvre inférieure, lui montrant toute son expertise buccale.

Car Karen savait embrasser ! Ses baisers étaient divins, plein de passion, remplis d’une énergie fougueuse et jouissive, étincelante et débordante. Elles se frottèrent l’une contre l’autre, et Karen rompit finalement le baiser, un sourire doucereux sur le coin des lèvres.

« Tu veux qu’on continue à se bécoter là ? Ou… Tu nous emmènes dans une maison close ? Je n’ose imaginer que ton monde parfait ne comporte pas d’endroits un peu plus intimes… »

Quand on titillait Karen comme ça, il fallait bien s’attendre à ce qu’elle continue ! La jeune femme avait déjà à maintes fois rappelé à Jeannie qu’elle n’avait pas froid aux yeux, qu’elle était capable de tout, et le sexe ne l’effrayait guère. Cependant, elle sentait le désir croître en elle, mais aussi en Jeannie. Pour ça, il n’y avait guère besoin d’avoir des pouvoirs surnaturels, juste d’ouvrir les yeux ! Jeannie faisait face à d’étranges sentiments, elle qui s’était habituée à s’amuser avec les humains, et qui était loin de s’attendre à rencontrer quelqu’un comme Karen… Une chose largement partagée pour elle !

Mais qu’est-ce que Jeannie avait vraiment en tête ? Accepterait-elle de continuer plus avant ? Karen frémissait doucement sur place, avec cette envie très forte de s’abandonner dans le corps de Jeannie, de laisser le désir parler, de ne faire plus qu’une avec elle… Si celle-ci, bien sûr, partageait cette envie !

Si nous retentons quelque chose, on oublie clairement l’idée de domination et de soumission. Plus jamais. Ce n’est vraiment pas pour moi. Et je doute que ce le soit un jour. Et en fait je ne pense pas vouloir pareille chose dans mon futur plus ou moins proche. Chacun son truc, j’ai envie de dire. Chacun son truc. Vivre et laisser vivre, vous connaissez? Je pense que c’est une des phrases que je dois dire le plus souvent d’ailleurs. Mais nous n’en sommes pas encore là, n’est-ce pas? En ce sens que pour arriver à une conclusion, il faut un début et un milieu. Si nous revenions un peu en arrière, voulez-vous? Et même si vous ne voulez pas… Ce n’est pas plus grave que cela, j’ai envie de dire. Je vais le faire quand même. Oui, je respecte le choix en tant que tel, c’est vrai. Cela ne veut pas dire, par contre, que je n’ai pas le droit au mien dans toute l’affaire. Ah non.

Il faut revenir quelques minutes en arrière, en fait. Minutes, dites-vous? Vous continuez d’oublier que parfois, face à d’intenses émotions ou situations, je fais usage de temporalité différée. Vous continuez de vivre à votre rythme et moi, je vis en accéléré. Enfin. Ici dans ma dimension, précisons-le. Il m’arrive d’amener des amis ou des gens avec qui je me sens en confiance, oui. Il m’arrive aussi de me retrouver face à des situations auxquelles j’ai du mal à faire face. C’est difficile, vous savez, de penser comme les mortels et de savoir oublier pendant au moins un moment sa nature d’immortel. Vous voulez un exemple concret? Prendre une photo avec quelqu’un. Oh, ça va faire un beau souvenir! Un beau souvenir? Dans dix mille ans de cela, si la photo existe encore, que voudra-t-elle dire, exactement? La lignée des personnes dans ladite photo se sera probablement éteinte.

Vous ne me croyez pas? D’accord. Prenons un exemple concret. L’humanité. Admettons que vous réussissez à retracer votre génétique jusqu’à l’apparition de l’écriture, par exemple. Disons… Grosso modo entre 5000 et 5500 ans. Vous faites partie de l’exception et on parle du double de cette durée. Tout ce qu’il faut, c’est une guerre, un cataclysme et adieu l’arbre généalogique. Mais si je pense en des termes mortels, oui, je vais prendre une photo avec les gens qui me demandent. Cela exige souvent un peu d’isolement et de discipline mentale. Je suis sociable… Oui… Mais… Cela n’enlève pas des millénaires d’abus et de solitude. Et parfois, j’ai du mal à démêler toute la complexité qui m’entoure. Enfin bref. Revenons-en à cette temporalité différée. Vous vous doutez bien que PeeGee ne me laisse pas indifférente. Il y a beaucoup à apprécier chez elle. Mais par contre…

Je n’ai pas oublié le fiasco de tout à l’heure. Et… Je m’en veux, vraiment. J’ai été arrogante de penser que je pourrais juste me lancer dans quelque chose d’aussi ambitieux sans qu’il n’y ait d’embûches. Suis-je prête à la décevoir une deuxième fois? Admettons que nous gardons les choses dans un registre plus… Classique. Est-ce qu’une personne comme Power Girl trouverait une once de plaisir dans quelque chose de si… Simple? Avant de courir un marathon, il faut apprendre à marcher et quand on sait marcher, avant de sprinter, on apprend à jogger Bref. Je suis paralysée par l’incertitude et si pour la kryptonienne, nous venons de nous embrasser… Si elle savait le temps qui s’est écoulé ici car je n’arrive pas à me décider… Suis-je pathétique ou suis-je prudente? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Chaque jour je déplore qu’il n’y ait pas un manuel genre « être une divinité pour les nuls ».

Ma décision est prise. Est-ce que c’est une bonne décision? Je ne sais pas. Je suppose que c’est une question de point de vue. Je retourne dans la même temporalité que Power Girl et je lui demande si une maison close est vraiment ce qu’il nous faut. À moins qu’elle veuille jouer les courtisanes? Je confesse que moi, ça ne me rappelle que des mauvais souvenirs. Elle a vu une partie de mes pensées. Elle sait ce que j’ai été. Le jouet de nombreux pervers, sadiques et autres malades en tout genre. Alors… Peut-être que c’est le but, aussi. Sans le savoir, PeeGee va faire quelque chose d’héroïque. M’amener dans un endroit pour lequel je n’ai que des mauvais souvenirs et m’aider à en faire des nouveaux. Des bons, cette fois. Est-ce que c’est son plan? Serait-il brillante à ce point et si oui, depuis combien de temps planifie-t-elle cette… Expérience, on va dire? Non. Je me fais des idées.

« Tu sais… Une maison close ne va jamais m’amener de souvenirs positifs. Tu as vu une partie de mes pensées. Tu sais pourquoi. Et tu sais aussi comme moi que… Si on retente quelque chose… Ce ne sera certainement pas une histoire de domination et de soumission. Ça va avoir l’air vraiment con mais. Euh… Non. Oublie ça. Je veux dire… C’est… Un peu ridicule, quand on y pense. Et probablement… je ne sais pas…

Indigne de toi? Je veux dire, tu as une vie sexuelle tellement active et diversifiée… Et moi je suis très quoi… Classique dans mes goûts? C’est comme si tu es habituée à du chocolat fin et que je te donne une kit kat. Ce n’est clairement pas la même chose quoi. Bon ok. Je vais le dire. Si on fait quelque chose impliquant généralement un lit… J’aimerais… De la douceur. Sentir que j’ai de la valeur pour quelqu’un. Des siècles à subir des abus et de l’humiliation… Est-ce trop de demander que d’être la princesse dans l’histoire et pas l’esclave? »

Jeannie exprima rapidement ses doutes quant à l’idée de Karen. Mais où d’autre pouvaient-elles aller ? Karen n’avait aucune maison ici, et elle ignorait où Jeannie vivait ! Et, pour le coup, elle n’avait pas spécialement envie de quitter cette planète. Du moins, pas aussi vite. Et, après tout, elle était suffisamment lucide pour voir que Jeannie avait aussi envie qu’elle de douceur. Néanmoins, la Déesse indiqua qu’elle ne voulait plus de domination, cette fois, mais… Simplement faire l’amour. Ce tel aveu fit doucement sourire la Kryptonienne, qui embrassa chaudement Jeannie sur les lèvres.

« Je ne suis pas une brute, tu sais, je sais être douce quand il le faut… N’oublie pas que je vis au quotidien dans un monde de porcelaine, j’ai dû apprendre à tempérer ma force. »

Elle était décidée à rejoindre une maison close, et le duo se dirigea, main dans la main, vers un établissement assez élégant, le Lilas Violet. C’était un élégant hôtel particulier avec une cour à l’entrée, et une façade recouverte d’un lierre. Le Lilas était une maison de passe distinguée, offrant à ses clients diverses prestations selon leurs humeurs. Clubs échangistes, hôtesses, ou juste des chambres pour faire l’amour. L’ensemble était détenu par un marquis, Sterling Devereaux. Homme cultivé et distingué, c’était un libertin, un hédoniste, qui avait récupéré cet hôtel suite au regrettable décès de ses parents. Devereaux avait récupéré cet hôtel suite à un conflit successoral, et avait fait de cet endroit son lupanar personnel, sobre et distingué.

Quand les deux femmes entrèrent, Karen nota que le personnel portait des tenues affriolantes, mais sans sombrer dans le vulgaire. Karen nota la présence de Sarah, ou encore de Kelly, et sourit doucement, avant de demander une chambre. Elle avançait sans crainte, et le duo rejoignit une cour interne, un élégant patio avec une grande fontaine en marbre au centre, et des bancs où des courtisans parlaient entre eux, ou s’embrassaient.

« Monsieur Devereaux est un homme de goût, Mesdames, s’il apprend que vous êtes là, il viendrait sûrement vous voir, glissa Sarah.
-  Cet endroit est un palais d’hédonisme. Certaines autorités morales de la ville cherchent à le fermer par puritanisme, mais c’est assez mal parti.
-  Oui, ce serait regrettable… »

Elles rejoignirent un couloir, puis grimpèrent un escalier, et les deux femmes les menèrent jusqu’à rejoindre une élégante chambre, de style victorien. Karen referma la porte derrière elle, et sourit doucement.

« Une chambre princière pour faire l’amour à une Princesse… N’est-ce pas ce que tu voulais, Jeannie ? »

Karen se rapprocha d’elle, et l’enlaça rapidement, avant de lui offrir un long et sensuel baiser, savoureux, un baiser où Karen y insuffla toute son énergie, se pressant contre elle, soupirant à nouveau. Ce n’était pas un baiser pervers, mais un vrai baiser romantique, de ceux qu’elle offrait à Helena quand elle voulait juste lui témoigner son amour profond et sincère. Son corps se blottit donc contre le sien, et elle fit volontiers durer le plaisir, prolongeant cette longue et tendre embrassade…

Elle en a des bonnes, PeeGee. Ce que je veux. Si je savais ce que je veux… Il y a des jours où je me demande si je le sais moi-même. Je me dis que je voudrais quelque chose mais quand vient le temps de passer aux actes, souvent je change d’idée ou j’essaie de me faire une raison en me disant que je n’en ai pas besoin. Ma nature joviale et optimiste cache de profondes cicatrices et parfois, j’essaie d’agir comme quelqu’un de mon âge. On me dira que c’est assez rare les gens qui compte les millénaires quand on demande « tu es vieille comment » mais bon. Qu’est-ce que tu veux, Jeannie, exactement. Et oui, j’utilise le nom de mon personnage qui a une apparence humaine. Je ne dis pas : qu’est-ce que tu veux, Chadz’Gitwljym’Bevfknops’Qrux. C’est-à-dire mon vrai nom. Celui qui est plus ou moins imprononçable pour la plupart des gens je le crains.

Je suppose que ce que je veux, c’est de l’affection. De l’affection… Intime, dirons-nous. Autrement je ne l’aurais pas suivi. Autrement je me serais objecté à l’idée d’être ici. L’absence de protestation est donc un aveu comme quoi je sais au moins partiellement ce que je veux. Mais c’est plus fort que moi. Je pense que c’est commun à tous les êtres pensants. Se comparer aux autres. Or, si je me compare, physiquement, il va de soi, avec Power Girl… Il y a de quoi faire des complexes et des cauchemars. Comment voulez-vous vous sentir à la hauteur face à une plastique pareille? Une déesse avec de l’insécurité. J’ai envie de dire qu’on aura tout vu mais je suis sûr que ce serait encore loin du compte. Et ça me bloque, forcément. Oh, elle, elle est d’accord. Elle ne voit aucune objection. Cela se voit. Dans sa façon d’agir, dans sa façon d’être. Je donnerais cher pour cette confiance.

Cette confiance en soi. Mais je sais que c’est de l’ordre de l’utopique. Enfin. Je crois. Cela demande énormément de travail sur soi et étant solitaire par nature, ce n’est pas ce qui aide à affronter ses démons, n’est-ce pas? Mais concentrons-nous plutôt sur maintenant. Mon réflexe serait de changer d’apparence. Encore. Adopter un physique plus… Avantageux. Mais je me dis que c’est comme un réflexe de fuite, en fait. Et je n’ai pas envie de fuir. Est-ce que je suis prête à prendre le risque? Oui. Oui je le prends. Peut-être que ce sera moins agréable pour Power Girl. Je ne sais pas. Peut-être est-elle habituée uniquement à de belles femmes. Comme cette Helena dont elle parle. Je ne me considère pas comme une belle femme. Qu’est-ce que j’ai à offrir à part des doutes et de l’insécurité? Et la réponse me tombe sur la tête comme une tonne de briques. Non, Jeannie. Tu as bien plus à offrir.

Tu pourrais être une déesse cruelle et vaine mais non. Tu n’abuses pas de tes pouvoirs. Tu as des airs d’immaturité mais tu comprends toute l’importance du contrôle, de la modération. Tu n’es pas forcément un modèle mais tu as des valeurs et des convictions. Alors… Donne-toi une chance? Je pense que c’est ce que je veux. Me donner une chance. Et bien bon. Qui n’essaie rien n’a rien. J’étais une simple esclave d’un objet magique, une création divine qui a transcendé sa propre existence, qui est devenu et a dépassé ce que ses créateurs étaient. Alors oui. Je peux très bien passer un moment de tendresse intime avec Power Girl et merde à tout le reste. Oui c’est ce que je veux, que je lui réponds d’une voix assurée. Finie l’hésitation. Je ferme le poing, je le secoue et quand je le rouvre, il est plein d’une poussière brillante et colorée que je lui souffle dessus. Pourquoi? Vous allez voir.

Partout où la poudre touche le tissu des vêtements de Power Girl, elle le « désintègre », la laissant donc complètement nue mais c’est totalement inoffensif. Je m’approche d’elle et je prends vraiment le temps de détailler son anatomie. Je ne pense pas qu’elle va s’opposer. Elle doit avoir l’habitude, j’imagine. Quoi, on ne se trimballe pas avec un costume révélateur sans avoir une pointe d’exhibitionnisme, c’est impossible. Elle est plus grande que moi mais ce n’est pas un problème. Je monte les marches d’un escalier invisible, d’un petit tabouret, pour me mettre à sa hauteur. À moins de mener la danse pour ce baiser. Un baiser sucré. Littéralement. Qui vous rappelle votre première barbe à papa. Était au cirque, au zoo, dans un parc d’attraction? Qu’importe. C’est un goût, une saveur qu’on n’oublie pas. C’est un baiser qui dure un certain temps mais… Nous ne sommes pas pressées.

Ensuite, je redescendu niveau du sol et je commence à embrasser, à mordiller, à jouer avec cette forte poitrine qui attire mon attention depuis… Pas mal de temps. Et là, le baiser est différent. Comme une douce brise d’été, un léger souffle mais qui fait du bien, qui apaise, qui rafraichit. Je joue sur les sens, les perceptions car cela fait partie de qui je suis. Je suis triste, il pleut, je suis heureuse, un arc-en-ciel, je ris, une odeur familière et plaisante vous vient aux narines… Mon pouvoir « suinte » suivant la force de mes émotions. C’est juste… Comme ça. Après tout, elle pourrait avoir en sa compagnie n’importe quelle femme. Mais est-ce que n’importe quelle femme est capable de faire ce que moi je fais? Je n’ai pas le physique. Je n’ai pas l’expérience ou les fétichismes… Mais vous pouvez être bien certains que je vais amener quelque chose d’unique dans la chambre à coucher, c’est clair, net et précis!

« Ce n’est peut-être pas les piliers de la création mais… Je pense que tu trouveras l’expérience toute aussi unique et certainement hors du commun. J’ai envie de dire satisfaction garantie ou argent remis… Mais on ne voudrait pas courtiser la malchance. Tu sais de quoi j’aurais envie? Toute ma vie, enfin, pendant la très grande partie de mon existence, j’ai été utilisée sans considération. J’aimerais me sentir… Comme un trésor précieux… Juste… Juste une fois… »

Karen sourit doucement en voyant Jeannie lui souffler dessus avec une poussière magique… Une poussière spectrale redoutable, puisqu’elle annihila tout. Karen sentit ses vêtements s’évaporer comme par enchantement, et sourit en voyant Jeannie l’observer. Elle détailla son corps, sans que Karen ne se choque à l’idée d’être ainsi mise à nue. Elle aurait pu faire sa mijaurée, la femme faussement offusquée, mais ça n’aurait pas pris. On la connaissait bien trop pour y croire si elle s’était amusée à le faire, et elle se pinça doucement les lèvres. Ses seins se dressèrent doucement, ses tétons se durcissant lentement, et, quand Jeannie rapprocha ses lèvres, Karen gémit doucement. Elle commença par se hisser, et les deux femmes s’embrassèrent longuement. Jeannie se crispa contre elle, encoure toute habillée, et Karen l’enlaça, la sentant léviter doucement. Elle caressa ses cheveux d’une main, puis ses hanches, et poursuivit le baiser, sentant le désir croître en elle. La Déesse se pressait contre elle, et Power Girl la sentit frissonner contre son corps, comme pour témoigner de son manque de désir corporel, de son besoin d’affection.

Jeannie se pressa ensuite contre elle, redescendant doucement, et attaqua ses seins. Elle titilla ses tétons, et Karen soupira encore, sa tête partant vers l’arrière. En sentant le désir croître en elle, elle aurait sans aucun doute pu faire sortir sa verge. Du moins, elle l’aurait fait avec Helena, rien que pour sentir ensuite ses lèvres venir la sucer par là, mais, avec Jeannie, elle choisit de se contenir. Elle soupira doucement à la place, sentant Jeannie se frotter contre elle. La Déesse était comme affamée, désireuse de lui faire l’amour, pleine de sexe, d’envie, de stupre… Mais aussi de douceur et d’amour. Elle rompit la palpitation buccale sur les gros seins de Karen en expliquant son objectif… Vouloir qu’on lui fasse l’amour comme à une Princesse.

Karen sourit doucement, et caressa le visage de Jeannie, glissant ses doigts sur ses cheveux.

« Tu sais que certaines Princesses adorent qu’on les prenne pour les dernières des prostituées, hum ? »

Son sourire s’élargit, et elle l’embrassa alors sur le front.

« Je t’embête… Montre-moi encore ta poussière, tiens… »

Jeannie s’exécuta. La poussière flottait doucement sur place, lévitant sur la paume de la Déesse. La Kryptonienne souffla dessus alors, et les vêtements de Jeannie disparurent à leur tour. Karen caressa encore ses deux joues, puis l’attrapa par la main, et la déplaça un peu. Les deux femmes se rapprochèrent du lit, et, ensuite, la super-héroïne se nicha dans le dos de la femme, et l’enlaça tendrement dans le dos. Elle embrassa son creux du cou, et lécha sa peau.

« Je vais te faire l’amour comme le mérite une Déesse avec ton corps, Jeannie… Avec dévotion et passion. Un trésor précieux… Dans ce cas, il faut que tu me donnes l’accord, que je te montre que chaque partie de ton corps, chaque parcelle, chaque portion… Que tout ça m’attire ! »

Mutine, Karen se déplaça encore, et invita Jeannie à s’asseoir, puis à s’allonger au milieu du lit. Là, elle n’alla pas s’allonger contre elle, mais s’agenouilla plutôt devant Jeannie. Ses mains saisirent le pied de la femme, et elle approcha ses lèvres de son pied, venant embrasser chaque orteil.

« Je vais te montrer que chaque partie de ton corps est désirable, Jeannie, que chaque portion mérite d’être embrassée, que chaque centimètre de ta peau est un délicat trésor qui ne demande qu’à être léché… Je vais te montrer à quel point tu es belle, Jeannie, à quel point tu es… Désirable. »

La Kryptonienne sourit doucement à nouveau… Puis recommença à lécher et à embrasser ses deux pieds.

« Tu sais que certains masseurs très expérimentés peuvent endormir des gens rien qu’en leur massant les pieds ? Ce que la science occidentale de mon monde découvre avec les semelles orthopédiques, des arts millénaires antiques l’ont pratiqué. J’étais sceptique, tu sais, mais j’ai rencontré une masseuse à Atarashï Yoake… Elle m’a fait jouir rien qu’en me massant le pied. »

Karen détendait les choses, elle atténuait l’atmosphère après sa plaisanterie mal perçue. Jeanne frissonnait doucement, ne s’attendant sans doute pas à ce que Karen ait aussi des talents dans le domaine. De fait, elle déplaça ses mains, et glissa son pouce sur la plante du pied de Jeannie. La Déesse soupira alors, tandis que Karen appuya avec son pouce, et remonta.

« Je triche un peu avec ma vision thermique, tu sais… Là, exactement sous mon pouce… Il y a un nerf, un nerf qui remonte jusqu’à la colonne vertébrale, qui diffuse des sensations sur ta moelle épinière, et celles-ci se répartissent ensuite dans tout ton corps. Quand j’ai appris ça, j’ai suivi des cours… Je massais les pieds d’Helena quand elle revenait de mission, je m’amusais à la frustrer ainsi, jusqu’à ce qu’elle me supplie de lui faire l’amour. Car je perçois aussi les battements cardiaques à un stade qu’aucun être humain normalement constitué ne peut ressentir. Par ce biais… Je peux précisément savoir quand mes amants s’approchent de l’orgasme. »

Comme Karen le disait sans crainte, elle avait appris à travers le sexe à maîtriser son corps, et, surtout, ses pouvoirs surnaturels. Difficile de vivre dans un monde où tout était un magasin de porcelaine. Clark avait pu se contrôler car il se retenait depuis sa plus tendre enfance, mais c’était différent pour Karen. Power Girl avait donc développé ses propres méthodes, en se concentrant sur des activités précises, méticuleuses, nécessitant de la concentration… Comme l’étude du corps humain. Elle était hyperactive dans le sens où ses neurones carburaient à plein régime, et avait ainsi développé une maîtrise du bondage, du sadomasochisme… Même si Karen faisait une très mauvaise soumise. Elle avait payé pour des sessions de domination hardcore. Mais les gens cassaient leurs dents sur sa peau, les fouets la caressaient à peine… Karen faisait donc par défaut une redoutable dominatrice, et elle pouvait aussi bien soumettre ses partenaires par la douleur que par la douceur, comme Jeannie le remarquait en ce moment.

Elle frottait avec les ongles de ses deux pouces la veine, et se pencha ensuite, léchant la jambe de Jeannie, soufflant sur l’emplacement du nerf.

« Ici, c’est le nerf sciatique, Jeannie… Le plus gros et le plus long nerf de l’organisme, qui assure la sensibilité et une partie des mouvements de la jambe. Tu vois… Tu as des jambes magnifiques, très sensibles… »

Des baisers supplémentaires, tandis qu’elle remontait encore, délaissant le pied de Jeannie pour remonter, léchant sa peau, et rejoignit son aine. C’était une zone située à côté du bassin, entre la cuisse et le sexe.

« Et là… »

Karen l’embrassa ici, et la lécha encore, amenant le corps de Jeannie à se détendre encore. La Kryptonienne redescendit ensuite, et caressa l’arrière de la jambe de la femme, tout en continuant à l’embrasser.

« Tu sais ce que j’aime dans le sexe ? Tout ce qu’on peut y faire… On peut baiser comme des bêtes débridées en plein nihilisme, afin de s’abandonner à tout le reste… Ou on peut faire l’amour de manière sophistiquée, sentir cette frustration et ce désir croître mutuellement dans son corps. Hmmm… »

Elle l’embrassa une nouvelle fois, sur le mollet, et lécha encore, s’attaquant à l’autre jambe, stimulant le nerf.

« Quand j’en aurai fini avec toi, Jeannie, tu seras aussi heureuse qu’une petite chatte qu’on câline amoureusement… » glissa-t-elle sensuellement.

Karen avait développé de multiples techniques sexuelles avec les années. Elle s’était perfectionnée dans le seul but de satisfaire sa femme, car, même si elles n’étaient pas encore mariées, Karen considérait déjà Helena comme sa femme. Il ne pouvait en être autrement. La Kryptonienne était très amoureuse, suffisamment pour multiplier ses stratégies, et elle n’hésitait pas à utiliser Jeannie comme cobaye, comme moyen de vérifier si ses massages étaient vraiment efficaces, ou s’ils ne marchaient que sur Helena. Car, quand sa chérie revenait de ses séances d’embuscade, ses traques, elle était nécessairement très tendue. Il fallait alors tout le super-talent d’une Kryptonienne folle d’amour pour la détendre, pour la calmer, et pour la ramener à de meilleures dispositions ! Jeannie, face à elle, succombait doucement, gémissant, indiquant que, à ce rythme, elle risquait de faire d’elle sa masseuse officielle.

« Dis plutôt une geisha, Jeannie… C’est auprès d’elles que j’ai appris, tu sais. J’entretiens un club de geishas à Yoake, je l’ai sauvé de la ruine financière et de la mainmise des Yakuzas, et j’aime m’y rendre. Je me suis perfectionnée sur place. »

Masseuse, mais pas uniquement, une geisha était une artiste. Les Occidentaux résumaient grossièrement son rôle à celui d’être une prostituée, mais, en réalité, la geisha était un rôle très spécifique au Japon. Elle était à la fois une artiste et une dame de compagnie, ayant pour but de divertir les clients de salons très sophistiqués. Elles étaient polyvalentes dans de nombreux domaines loin de se limiter au sexe : politique, musique classique, danse, conversation, les jeux… Une profession ancestrale au Japon, qui était en train de retrouver un regain d’activité depuis plusieurs années. À moyen terme, Karen envisageait de recruter des geishas au sein de sa compagnie, comme un signe de modernité.

Karen soupira doucement, continuant à la masser, et remonta finalement doucement. Les baisers se multiplièrent sur sa jambe, et elle continua à remonter, encore et encore. Elle remontait jusqu’à la zone sensible, voyant Jeannie se relâcher progressivement. Point de formation spéciale ici, et Karen déposa plusieurs baisers sur son aine, léchant sa peau, et souffla doucement dessus. Ses yeux s’illuminèrent ensuite doucement, et elle lança ses lasers à une intensité microscopique, pour le simple plaisir de battre le chaud et le froid sur le corps de Jeannie. L’idée était de la faire frissonner, de la faire longuement gémir, puis de s’attaquer ensuite à la zone sensible.

« Allez, ma belle Jeannie, je t’ai assez fait attendre, mais tu as un corps agréable… Une peau très douce, très sensible… C’est un régal de la masser et de l’embrasser… »

Son visage se rapprocha ensuite de son bassin, et elle écarta doucement ses vêtements encore, jusqu’à pouvoir accéder à son intimité. Elle souffla encore dessus, et aventura ensuite sa langue, préférant éviter ses rayons lasers. Même à très faible intensité, le sexe d’une femme était une zone beaucoup trop sensible pour s’y risquer ! Elle s’y attaqua donc, venant lécher cette zone, et chercha le bouton de plaisir, la zone centrale, sur laquelle elle se mit à appuyer, bien décidée à faire gémir Jeannie, à l’envoyer dans des octaves de plaisir et des sommets de désir !

« Hmmm… ! »

Oh, quel moment délicieux, tout simplement !