The Multiversity

La bataille faisait rage au sein du comté de Sha. Le domaine était assiégé par de nombreux Olympiens, et Kiriko ne fit pas irruption à l’intérieur du Palais, mais dans l’un des temples annexes. Ceci signifiait qu’il y avait un problème au sein du Palais. Iris ne tarda pas à la suivre, et les deux femmes s’avancèrent dans la pièce principale du temple, une sorte de nef avec un cloître.

« Je sens la présence d’Artémis… Elle se dirige près de ta Déesse, Kiriko ! »

Le duo sortit précipitamment du temple. Elles arrivèrent dans la rue d’un petit village… Où un Lycan bondit alors juste sur leur droite, et hurla furieusement. Le soleil commençait à se coucher dans le ciel, et des cadavres jonchaient des rues ensanglantées. Il y avait des soldats, des Olympiens, mais aussi de simples villageois. Le Lycan bondit vers Kiriko, mais Iris tendit sa main, et généra un bouclier, une paroi magique contre laquelle le Lycan rebondit violemment. La bête fut repoussée, et, furieuse, se releva ensuite, avant de hurler.

Iris semblait attristée, mais aussi en colère. D’autres Lycans se relevèrent, la gueule ensanglantée… Et Iris constata que des cadavres d’enfants jonchaient également la rue.

« Ce n’est pas digne des Olympiens… »

Sa voix avait changé, devenant plus grave. Kiriko allait avoir droit à un spectacle rare, celui de voir Iris en colère ! L’Ange d’Héra se déplaça alors, tandis que les Lycans se ruèrent vers eux.

« Les Lycans de Lycaon n’ont pas leur place ici ! DISPARAISSEZ !! »

Iris se concentra alors, et un cône lumineux jaillit alors de sa main, et faucha les Lycans sur place. Les monstres touchés se calcinèrent instantanément dans de brefs hurlements de douleur, ne laissant plus que des carcasses squelettiques fumantes. Depuis un toit, un Lycan tenta de contourner Iris, mais un cône de glace jaillit de son autre main, et intercepta le Lycan en plein vol, le transperçant violemment et mortellement au passage.

L’Ange se posa ensuite sur le sol, et s’agenouilla devant les cadavres d’une mère et de ses deux enfants. Elle caressa des cheveux en pleurant.

« Désolé… Je suis tellement désolé… »

La bataille continuait à faire rage autour du Palais de Sha. En observant le palais, on pouvait voir ici et là des départs d’incendie, et de longues fumées noires s’élevant dans les airs. Toute la plaine environnante avait fait l’objet d’une bataille rangée, et il y avait de nombreux cadavres qui gisaient sur le sol. Rejoindre le Palais n’allait pas être simple, d’autant que la magie d’Iris avait attiré des cavalières. Plusieurs Amazones se rapprochaient, confirmant que les Amazones étaient alliées avec les Lycans, alors qu’Artémis avait toujours ordonné à ses guerrières de traquer les hommes-loups et de les tuer.

Mais Kiriko pouvait toujours sentir la présence de Sha, signe que sa femme était toujours en vie…

Elles étaient de retour, mais aucun signe de Sha, ce n'était pas bon signe ! Déjà, si elles n'étaient pas dans le bon temple, ça ne sentait pas bon ! Quittant cet endroit pour retrouver au plus vite sa moitié, Kiriko vit les rues pleines de sang, de combat, de monstres, prêt à venir leur faire la peau. Et justement, l'un d'eux arrivait droit sur elle, mais Iris le repoussa avant de faire brûler tous les Lycans avec un seul sort qui nettoya la zone de tout ce qui semblait avoir des poils et des crocs, ne laissait que leurs carcasses fumantes. Pour sûr, Iris n'était pas à prendre à la légère. Mais l'ange semblait pleurer tous ses cadavres innocents. Oui, la guerre était moche et cruelle, car elle ne visait pas uniquement les soldats leur faisant face, mais tout ce qui veut et qui n'était pas allié à leur cause. Des idées bien débiles ! Kiriko se pencha sur elle, une main sur son épaule, comprenant sa peine...

« Il est trop tôt pour les pleurer... Nous devons vaincre d'abord l'ennemi pour éviter de revoir cette scène. »

Si elles devaient s'arrêter pour chaque cadavre, de nouveaux cadavres allaient joncher les rues alors qu'elles pourraient progresser et éviter que cela ne se produise. En compagnie d'Iris et d'Okatsu, les jeunes femmes pouvaient reprendre la route des pavés sanglants, jetant un regard sur les morts sans pouvoir agir. Il était trop tard pour eux, mais pas encore pour ceux et celles qui vivaient encore. Se rapprochant doucement, mais sûrement du temple, Kiriko sentait Sha en vie, donc rien à craindre de ce côté-là, mais elle sera rassuré en sa présence, pas avant. Quelques rues plus loin, des bruits de sabot se firent entendre, voyant de nouvelles cavalières amazonne arrivé et pas pour leur prêter main forte... Trop c'est trop, Kiriko en avait ras le cul de voir toutes ses débiles croire qu'elles pouvaient l'avoir et la stopper ! Katana en main, la Celkhane bondissait, évitant de rester groupé, elle bondissait sur les murs des maisons en chemin, ne restant pas une cible trop immobile pour ses adversaires. Et quand ce fut possible, elle arriva sur les fesses du cheval, la lame sanglante de son arme ressortait de l'autre côté du corps d'une des Amazonnes. Éjectant le corps qui perdait sa vie, elle restait sur le cheval, venant prendre Iris pour qu'elle puisse prendre les reines, le temps de s'occuper des autres.

Quittant la monture, elle se dirigeants vers une des autres Amazonne qui lançait divers petits couteaux dans sa direction pour éviter de croiser le fer ensemble, mais Kiriko n'avait pas peur pour si peu. Analysant la route, elle profita de plusieurs obstacles en chemin pour courir derrière assez de protection pour quitter la « safe zone » avant de revoir ses couteaux. Elle ne fut pas aussi rapide que le cheval, mais en bondissant vers elle, elle avait agripper ses cheveux, la faisant tomber de son cheval, avant d'abattre sa paume à plusieurs reprise sur son visage. Divers bruits d'os qui craquent se firent entendre et, dans le doute, planta son arme dans son cœur avant de voir de nouvelles cavalière sur ses talons. Déjà ? Étant un peu éloigné cependant, Kiriko se laissait aller, laissant parler une des sorcières en elle, qui en levant ses mains, réveilla bien des morts en chemin, bondissant avec autant de force que des créatures, sautant sur une des cavalière, mordant et tapant cette dernière jusqu'à la mort. Pas vraiment des zombies, juste des morts qui criaient vengeance. Si l'une venait de tomber sous une vision d'horreur, la seconde approchait sans peur et tentait de décapiter Kiriko qui en tomba à la renverse pour esquiver le coup.

Plutôt attiré par elle que par cette cavalière seule au loin – qui devait sûrement attendre Kiriko – l'Amazone descendit de son cheval, arme en main pour en finir avec la Celkhane. Sans plus de politesse que leurs regards qui s'affrontaient, le fer ne tardaient pas à faire des étincelles, des coups, à être porté parfois dans le vide, parfois en heurtant le corps adverse. Par chance, c'était des coups physiques et non, venant de son arme ou alors, sans gravité. La sorcière, bien qu'ayant mené de nombreux combats, esquivait cela parfois avec tant de grâce qu'on aurait juré voir une danse. Hélas, pour la Celkhane, la fatigue jouait un peu contre elle et un mauvais coup lui fit perdre son arme, l'Amazonne faisant tout pour éviter qu'elle ne la retrouve entre ses mains. Il ne lui restait plus que la magie. À situation compliquée, il fallait forcer le destin. Ses iris semblaient flamber et pour cause, Catherine lui prêtait main forte. Fonçant sur son adversaire, Kiriko esquivait les coups comme elle pouvait, gagnant quand même quelques éraflure plus ou moins profonde avant de se glisser dans son dos, bloquant ses mouvements, posant ses paumes sur ses tempes. Peu à peu, la chaleur était là, venant brûler son cerveau de l'intérieur. Telle une bonne soupe, son cerveau bouillait, les secondes passaient, la température grimpaient aussi, le sang coulait de ses yeux, son nez, sa bouche, ses oreilles avant que la vie de coule aussi hors de son corps. Ce ne fut pas sans blessure, mais elle avait éliminer quatre cavalières ! 

Reprenant son arme, Catherine avait fini de l'aider et Kiriko rejoignait Iris, direction, Sha, évidemment !

Rejoindre le Palais de Sha n’allait pas être une sinécure, car la zone était devenue un vaste champ de bataille entre les forces de Sha et celles d’Artémis. L’ouverture du Portail n’avait laissé personne indifférent, et les renforts ennemis s’expliquaient à cause de ça. Furieuse, Iris flottait dans les airs, et s’attaquait aux Lycans, déployant des ondes de choc qui explosèrent furieusement tout autour d’elle. L’Ange d’Héra laissait parler toute sa fureur, tandis qu’Okatsu se heurta également aux Amazones. Elle avait récupéré un cheval dans une écurie du village, et se déplaça vers une autre cavalière, qu’elle renversa sur place en lui envoyant un shuriken. L’Amazone tomba au sol, et une autre tenta de l’attaquer à distance avec son arc. Okatsu l’esquiva habilement en tournoyant sur place, et lança un shuriken qui tournoya dans les airs, et trancha la corde de l’arc de l’Amazone.

« Allez, il faut poursuivre vers le Palais ! » hurla-t-elle.

Au même moment, une lance transperça son cheval, et Okatsu tomba à la renverse. Elle roula sur le sol avant de se rétablir. La lance venait d’un chariot mobile déplacé par un cheval avec deux soldats, l’un tenant les rênes du cheval, l’autre projetant des lances. Un autre projectile fila vers elle, et Okatsu roula sur le côté, évitant l’impact.

La situation était loin d’être simple, elles venaient de tomber sur une patrouille. Jouant contre la fatigue, Kiriko déploya ses pouvoirs magiques, faisant appel aux autres sorcières pour se battre. Okatsu pouvait difficilement veiller sur elle, car une Amazone s’élança vers elle avec un fouet, et la frappa au visage. L’arme fit chanceler la guerrière, qui bondit ensuite en arrière, évitant le fouet, et bondit en retour. Fort heureusement, Okatsu était très rapide, et bondit par-dessus son adversaire, pour orienter son épée vers l’arrière, la transperçant par le dos. Elle récupéra ensuite sa lame, et eut à peine le temps de tourner la tête qu’un Lycan bondit vers elle depuis une butte en hauteur.

Surprise, Okatsu lâcha son épée, et tomba au sol, voyant la gueule massive de la créature, ses dents pointues et tranchantes. Le Lycan allait la mordre au visage quand une onde de choc le frappa alors, l’envoyant heurter la butte rocheuse. Flottant dans les airs, Iris continuait à se battre, ses yeux incandescents luisant furieusement. Elle était manifestement en colère, furieuse, et continua à attaquer, déployant des ondes de choc supplémentaires.

Kiriko, de son côté, était blessée, et avait fait appel à Catherine pour tuer son dernier adversaire. Elle rejoignit les deux autres sorcières.

« Hâtons-nous, vite ! »

Iris battait des ailes. La naïve et un peu arrogante Ange se transformait en une guerrière implacable, utilisant des sorts lumineux effrayants. Son Regard Incandescent pouvait faire fondre les armures d’un simple regard soutenu, confirmant sa terrifiante puissance. Les sorcières n’avaient plus qu’un cheval à disposition. Elles grimpèrent dessus, et galopèrent vers le château, tandis que d’autres cavaliers les poursuivaient, y compris le chariot mobile avec les lances qui avait tué auparavant le cheval d’Okatsu.

« Je vais les retenir, dépêchez-vous de rejoindre Sha ! »

L’Ange se retourna, et lança de nouveaux tirs, des espèces de rayons magiques lumineux qui fusaient depuis ses mains, dessinant des cratères sur le sol. Okatsu dut néanmoins agir, utilisant un arc qu’elle avait récupéré pour abattre quelques Lycans. Le Palais apparaissait au bout de cette longue clairière, avec de multiples zones de combat. Il y avait des cadavres un peu partout, des camps dévastés, des points de feu… Le cour d’eau traversant la plaine était également jonchée de cadavres, signe qu’une bataille féroce avait dû avoir lieu autour du pont. Okatsu n’arrivait tout simplement pas à y croire. Les Olympiens avaient définitivement perdu la raison.

Collée contre Kiriko, elle nota alors que sa combinaison était déchirée par endroits, et, en touchant sa hanche, sentit sa main s’imbiber de sang.

« Tiens bon, Kiriko… La championne de Wallündrill ne doit pas flancher si facilement ! »

Les deux femmes longeaient la rivière, et, au loin, il y eut une énorme explosion, un champignon de feu qui s’éleva dans les airs, probablement signe d’une explosion d’un dépôt de munitions. Le duo se rapprochait d’un pont, et elles commencèrent à l’embarquer, quand le pont s’affaissa brusquement.

« KIRIKO !! »

L’eau était peu profonde en-dessous, et des tentacules émergèrent alors d’une partie plus profonde de l’eau, des hurlements suraigus se faisant entendre. Une hydre venait d’émerger, et avait probablement sapé les fondations du pont. Okatsu se releva laborieusement, et une gueule de l’hydre fonça vers elle, et la frappa au torse, la repoussant dans l’eau, déchirant partiellement sa tenue.

Rejoindre le Palais n’allait pas être si simple !

Avec ses attaques, tous ses monstres qui venaient les retarder, ce n'était pas simple de rejoindre Sha. Autant Kiriko lui faisait confiance, sachant qu'il faudra plus qu'une meute de chiens sur deux pattes pour en venir à bout, mais si jamais certains dieux sont de la partie, ça devenait autre chose. Sha avait beau être puissante, sous-estimer un adversaire n'était jamais une bonne solution, ça devait en être de même chez les dieux ? Iris continua de faire un sacré ménage, tout comme Okatsu qui, avec Kiriko commençaient à reprendre la route alors que l'ange allait retenir comme elle pouvait les autres créatures qui ne cessaient d'apparaître pour les ralentir. Soit. Ensemble, elles faisaient le nécessaire pour foncer au plus vite à cheval vers le temple, ignorant ses blessures, bien qu'Okatsu avait remarqué sa hanche où une plaie laissait couler son fluide vital.

« Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai connu bien pire... »

Elle avait un peu mal, c'est vrai, mais elle n'avait pas le temps de se plaindre ou chercher un moyen de soulager ou guérir cette blessure, elle devait retrouver Sha au plus vite, point final. Mais alors qu'elles franchissaient un pont, ce dernier s'écroula, abandonnant son cheval, Kiriko tentait d'attraper son amie, mais c'était raté. Toutes les deux tombant à l'eau alors qu'une hydre semblait être la cause de ce désastre. La guerrière fut bousculée par une des têtes, enfin, elle ne devait pas être trop blessée. La sorcière avait réussi à se tenir à un morceau du pont encore debout à mi-chemin entre le pont et l'eau, elle descendit donc, enfonçant sa lame dans la tête de la créature qui avait bousculer son amie. Elle connaissait la légende, ne pas couper ses têtes sinon ça repousse. Était-ce la même chose quand on perce son crâne pour viser le cerveau ?

Arrachant sa lame du crâne reptilien, elle aida Oktasu à se relever, car cet adversaire ne sera pas des plus simple à vaincre. Sans pour autant être insurmontable non plus. Il avait juste l'avantage du nombre.

« Ils commencent à me gonfler tous ses dieux à m'empêcher de rejoindre Sha... Faisons lui mordre la poussière. »

Il ne sera pas simple de jouer au chat et à la souris avec toutes ses têtes, mais soit, qu'il en soit ainsi ! La sorcière profitait de son agilité pour essayer de distancer les longs cous de la créature, bondissant sur les parois rocheuses afin d'augmenter la difficulté pour la saisir. Parfois, elle était bien obliger d'attaquer pour les ralentir, laissant une balafre ou juste une marque sur leurs visages, ce fut quand la limite de leur long cou fut atteint qu'elle bondissait sur son adversaire, retentant de la planter dans le crâne, passant par un de ses yeux, faisant jaillir le sang dans un grand hurlement qui laissa la tête livide une fois calmé. En revanche, ses autres têtes étaient encore furieuses. Il fallait s'en débarrasser et vite... Puis, une idée... Quand elle revint vers Okatsu, elle allait voir si elle, n'avait pas la solution pour concrétiser son idée ?

« Par hasard, ta pas des explosifs avec toi ? On fait sauter les rocheuses et on l'écrase, tu en penses quoi ? »

Ce serait, en effet, plus rapide que tuer une tête après l'autre. Il fallait vite en finir, Kiriko continuait de perdre du sang après tout...

La situation était vraiment périlleuse. Okatsu et Kiriko avaient débarqué en pleine zone de guerre, contre une armada de monstres et d’Olympiens. Des Amazones, des chariots, des satyres, des harpies, et même des hydres ! C’était une sorte de cauchemar à ciel ouvert, et les deux femmes n’en menaient pas large. Kiriko était de plus blessée suite à l’effondrement du pont, et évita les attaques de l’hydre, tout en suggérant à Okatsu de faire tomber les restes du pont sur les têtes de l’hydre. Okatsu disposait encore d’explosifs, mais elle doutait que ceux-ci soient suffisants pour ce que Kiriko envisage.

« Je… »

La jeune femme ne put achever sa phrase, car des soldats ennemis se rapprochèrent alors depuis les rebords du cour d’eau. Des archers et des lanciers les visèrent, tandis que l’hydre rugit furieusement, prête à attaquer aussi. Okatsu brandit sa lame, prête à se battre encore, même si elle ne voyait aucun espoir de survie… Quand des tentacules noirs jaillirent alors du sol. Elle sentit sdes vibrations sur ses pieds, et une masse noire les entoura donc. Un bouclier qui repoussa les lances et les flèches. Le bouclier cracha alors des tentacules tranchants qui fusèrent tout autour d’elles, déchiquetant, décapitant, éventrant leurs assaillants dans d’atroces hurlements de douleur.

Quant à l’hydre, des pointes noires jaillirent également du sol, transperçant le corps du monstre de part et d’autre. Une Déesse furieuse venait d’arriver, et massacra les proches Olympiens. Finalement, l’hydre mourut sur les pointes noires, des piques qui se dressèrent furieusement, avant que tout ne se retire. L’Ombre apparut alors, nue, et se retourna vers Kiriko, qui avait mis un genou à terre, peinant à rester debout.

« Tu es blessée, Kiriko…
-  Grande Déesse…
-  Je suis désolée, mon amour, je n’ai pas pu venir plus tôt… Je t’ai senti venir dès que tu es arrivée sur mes terres, mais Artémis a redoublé d’efforts. »

C’était le moins qu’on puisse dire ! La région toute entière était en plein chaos. Des troupes de Sha se rapprochaient, y compris des prêtresses portant des toges blanches, qui entreprirent d’apporter à Kiriko les premiers soins. Le ciel commença ensuite à se couvrir, et des grondements se firent entendre.

« On retourne au château. Tu pourras tenir, Kiriko ? Je ne peux pas vous téléporter, c’est bien trop dangereux… »

Et Sha n’était même pas assurée de pouvoir retourner au château sans heurts. Ses pouvoirs étaient décuplés, la rendant surpuissante, mais, face à elle, il y avait également d’autres Dieux, également surpuissants. Et Artémis ne risquait sûrement pas de louper l’occasion de pouvoir en découdre avec Sha, qui restait sa cible prioritaire pour retrouver Héra.

Face à cette créature, Kiriko et Okatsu redoublaient d'efforts pour la pourfendre, même si la sorcière avait une idée pour écraser ce monstre une bonne fois pour toutes, hélas sa camarade n'avait plus assez de ressources pour que cela puisse se faire comme Kiriko l'avait suggérer. D'autant plus que de nouveaux ennemi apparurent en hauteur, rendant la situation encore plus complexe. Mais sortie de nul part, un bouclier d'ombre les protégea, éliminant les soldats, tout comme l'hydre qui leur tenait tête. Une telle puissance, une telle façon d'agir, cela ne pouvait venir que d'une seule personne ! Les menaces éliminées, Sha apparaissait, belle, bien que nue, elle était là, sous sa divine forme.

« Sha ! »

Kiriko lui tomba dans les bras, oubliant sa douleur, elle la serrait contre elle, se fichant bien du retard ou autres. Elle avait retrouvé sa femme, c'est tout ce qui pouvait compter à ses yeux, ça, et rien d'autres. Relâchant doucement son emprise, elle observait Sha avec toujours ce même amour, retirant pour une fois ses sourcils froncé, elle était juste heureuse d'avoir sa femme à ses côtés. De l'avoir retrouvée.

« Ce n'est pas grave, mon amour... Tu es là, c'est tout ce qui compte. Mais vous allez bien ? »

Elle ne vouvoyait pas Sha par politesse, mais, car elles étaient deux, si Kiriko portait leur petite Arya, Sha portait en elle, Abbigail. Si Kiriko était protégée par magie, elle et leur fille, il en était de même pour Sha, mais la future maman s'inquiétait déjà pour ses petits bouts de choux. Sha lui rendit la pareille, s'inquiétant pour sa blessure, mais bien que douloureux, en présence de Sha, c'était nettement moins douloureux. Même si les mages blancs de Sha s'occupaient de la soigner, vu qu'ils sont en guerre, leur mana avait déjà dû bien diminuer ici et là pour apporter leur aide.

« Ca ira pour nous aussi, ne t'inquiète pas. Je t'aiderais comme je peux, c'est ce que je fais toujours pour toi. »

À l'origine, Kiriko était venue lui apporter sa force, sans savoir qu'elle était en réalité sa nouvelle femme, qui, depuis des siècles fini toujours par retrouver Sha pour vivre ensemble, dans l'amour et bien souvent, dans les batailles aussi. Elles pouvaient retourner au château, Kiriko était soigné peu à peu par les mages, qui sait ce qui se trouvera sur leur route cela dit ? Avec de la chance, la route sera calme, mais en temps de guerre, il ne faut pas trop compter là-dessus non plus...

« L’Olympomachie est en train de se terminer, Kiriko, et les Olympiens sont en train de perdre la bataille… Mais, si nous ne réagissons pas, c’est nous tous qui perdrons la guerre. »

Sha n’avait pas le temps de saluer proprement le retour de Kiriko. Pas de case dans leur chambre. Dès qu’elle fut assurée que Kiriko était toujours en état, le groupe rejoignit rapidement le Palais. Sha avait récemment considérablement étendu ce dernier, faisant de son ancien Grand Temple une citadelle centrale destinée à l’abriter, elle et une famille très nombreuse. Un choix entrepris notamment après la victoire des deux femmes sur Blaine, une figure de cauchemar, un très ancien ennemi de Sha qui était responsable de la destruction de sa famille à plusieurs reprises, et avait contribué à son bannissement.

Le retour au palais se fit sans anicroche, et, une fois sur place, Sha se dépêcha de reprendre la possession de son corps, puis invita Sha à la suivre. Okatsu les suivit également, et elles rejoignirent une sorte de salle centrale sphérique. De multiples mages et sorciers se trouvaient là, usant de leurs pouvoirs magiques pour obtenir des informations sur le conflit.

« Les flux magiques sont terriblement instables, je n’avais jamais senti ça auparavant… Et c’est très inquiétant. Comme tu le sais, ma chérie, Terra est au centre du Multivers, cela signifie que ce monde cristallise tous les flux magiques qui existent, comme un nexus central. Normalement, ce sont aux Dieux olympiens qu’il appartient de réguler ces flux… Ils avaient déjà du mal à le faire avant, et, maintenant qu’ils ont envahi le reste de Terra, les flux sont déréglés comme jamais. »

Sha se déplaça encore.

« Ceci signifie que les Portails dimensionnels sont beaucoup plus instables. C’est pour ça que tu as atterri dans un village proche plutôt que directement au Palais… Et nous devons nous estimer chanceuses, car tu aurais pu être aspirée dans un autre plan astral. Les murs entre les dimensions se fragilisent du fait des réactions des Olympiens, et il faut réinstaurer le contrôle. Nous avons observé la formation croissante d’une brèche sur le Mont Olympe… Plus nous attendons, et plus cette brèche s’agrandit, et risque de libérer dans notre plan des créatures qui ne doivent pas venir. »

Elle se concentra, et matérialisa au milieu de la pièce une image tridimensionnelle de la Terre, montrant les flux magiques, formant comme des multitudes de rivières rejoignant Terra pour se regrouper à un point central : la Tour. Le centre de toutes les réalités et de tous les possibles. Et, juste à côté de la Tour, une brèche se formait, laissant s’échapper les flux magiques.

« Les Grands Anciens sont en train de s’éveiller, Kiriko… C’est la finalité de ce conflit… Ils ont réussi à pervertir les Dieux, et, si je t’ai envoyé sur Terre récupérer cette Pensine, c’est parce qu’une partie de la réponse se trouve dans mes souvenirs… Aussi bien les souvenirs récents que ceux plus profonds, enfermés dans cette Pensine. Comme tu le sais, j’ai une histoire compliquée avec les Olympiens. Et les souvenirs que tu as récupérés vont me permettre de comprendre ce qui s’est passé avec eux. »

Consciente qu’elle avait oublié quelque chose, elle fit ensuite un point sur la situation locale :

« Artémis a multiplié les actions sur le Palais, et nous avons regroupé tous les habitants ici. Je pense qu’Artémis prépare l’assaut final, elle est en train de regrouper toutes tes forces. Il ne faut pas nous attendre à des renforts, car les troupes mijakiennes sont regroupées à la capitale pour combattre Arès. Mais ce que tu contiens dans le crâne, mon amour, est bien plus important que tout le reste. Es-tu prête à le partager avec moi ? »

Kiriko était de retour, elle savait qu'elle n'avait pas le temps de se coller à sa déesse et montrer toute la joie de la revoir après avoir versé son propre sang dans la bataille. Elle ne se formalisait donc pas de directement chercher à savoir l'état de cette guerre dans laquelle elles berçaient sans même demander à vouloir y participer. Sha lui expliqua la situation instable, la perte progressive de l'Olympe, mais ils risquaient de les entraîner dans leur chute par la même occasion. Les brèches s'ouvraient doucement, risquant de laisser échapper les dieux anciens, bien réveiller de leur long sommeil, mais ça, pas question ! Kiriko et Sha s'étaient battu contre leur destin afin de pouvoir vivre heureux, qu'Arya et Abbigail puissent naître, grandir et devenir de nombreuses fois grande sœur, alors pas question que le bonheur soit si court et devienne incertain. Elles arriveront à empêcher cela, peu importe la méthode ! Kiriko prit doucement les mains de sa déesse, contemplant ses yeux aux pupilles dorées.

« Ne me le demande pas, Sha. Je suis toujours prête à t'aider, peu importe ce qu'il en coûte. Si tu dois fouiller dans mes souvenirs, fait le. Peu importe que cela soit douloureux ou non. Je t'aiderais autant qu'une simple mortelle puise t'être utile. J'ai foi en toi, en notre avenir, pas seulement à deux, mais à autant de fois qu'il le faudra pour que tu sois satisfaite par la grandeur de ta famille. »

Leurs enfants, ceux de Sha et d'autres femmes, peu importe. Kiriko était sa femme, sous sa tunique, l'un de ses doigts portait l'anneau symbolisant leur union, et rien n’enlèvera cela. Elle baisa les doigts de sa divine femme, gardant un léger sourire. Elle fut blessée, elle avait perdu du sang, et même si les mages blancs avaient fait du bon boulot, elle restait humaine, quelque peu fatigué, mais elle aura tout le temps de se reposer et en charmante compagnie après cette histoire.

« Fait ce que tu dois faire, Sha, je suis prête. »

Y avait-il un rituel, ça allait se faire ici, peu importe la façon, elle avait une confiance aveugle en sa déesse et en sa femme, elle fera donc tout ce qui est à faire pour l'aider, mettre fin à cette guerre et faire en sorte que les dieux anciens restent encore au lit quelques millénaires de plus déjà.

Sha fut rassurée de voir que Kiriko allait bien, tout comme Arya. Une fois à l’intérieur du Palais, elle se permit de l’embrasser, assez longuement, tout en caressant son ventre. Ses guérisseuses examinèrent ensuite le corps de Kiriko, confirmant toutefois rapidement ce que Sha savait. Hélas, le temps pressait ! Sha savait qu’Artémis allait mener une ultime attaque contre le Palais, mais l’Ombre comptait bien réagir avant. Toutefois, la bataille décisive n’allait pas se jouer contre Artémis. Quand Kiriko la retrouva, Sha lui fit signe de venir.

« Tu te souviens de Blaine, ma chérie… Et des souvenirs que tu as ressentis… Toi et moi, nous sommes liées par quelque chose de très fort. Un lien profond, qui remonte à des millénaires, et que j’essaie d’expérimenter depuis la séquence avec Blaine. J’y ai longuement travaillé, tu sais… Et tout ça est lié à ce qui se passe en ce moment. »

L’Ombre marchait d’un pas posé, tandis que tout le Palais était en ébullition. De nombreux réfugiés s’agglutinaient à l’intérieur, se réfugiant dans la Citadelle de Sha, le palais intérieur, destiné normalement à accueillir sa future famille. Mais, exceptionnellement, elle avait ouvert les portes de ses jardins et de ses dortoirs à de nombreux gens. Elles croisaient de multiples soldats, ainsi que des invocatrices réalisant des rituels pour appeler des démons. Les Orcs s’armaient aussi, recevant des sortilèges des sorcières pour renforcer leur puissance.

Sha, de son côté, continuait à conserver Kiriko près d’elle.

« C’est en faisant ces exercices de méditation que j’ai commencé à débloquer des souvenirs… Et je me suis rappelée que j’avais jadis extrait une partie de mes souvenirs, avant d’être bannie. Ce sont ces souvenirs que tu as été récupérer, Kiriko. »

Que venait faire Héra là-dedans ? À dire vrai, Sha n’avait pas encore la réponse à cela, mais elle l’aurait bientôt. Le duo rejoignit un bassin magique. Une eau chaude en suintait. C’était un agréable bassin avec des colonnes en marbre donnant sur un jardin, mais on l’avait rempli d’une eau spéciale, magique. Sha se déshabilla alors, et invita Kiriko à en faire de même.

« On créé une Pensine avec une eau très spéciale, Kiriko, une sorte d’eau bénite qui sert à absorber les souvenirs. Mais, en ce qui concerne les souvenirs que tu as récupéré, ils sont très bien enfouis, car ils dépendent de mon ancienne vie. J’ignore ce que j’ai pu mettre là-dedans… Mais nous serons vite fixées. »

Sha rejoignit l’eau. Elle était chaude, et, quand les deux femmes s’y plongèrent, l’eau commença à bouillonner. Sha rejoignit le centre du bassin, et attrapa les mains de Kiriko. L’eau tourbillonna alors autour des deux femmes, et commença à s’élever en l’air, se décomposant en une multitude de particules aquatiques cristallines.

« Regarde mes yeux, Kiriko, que nos esprits ne fassent plus qu’un… »

Elle l’embrassa alors, unifiant son corps au sien dans la fureur de l’eau…

…Et les souvenirs affluèrent.

Quand Sha rouvrit les yeux, elle se tenait à un endroit sacré. Une étendue de roses rouges s’étalaient à perte de vue sur le sol, tandis qu’ici, le soleil ne semblait jamais devoir se coucher, perçant au fond de la mer.

« Can-‘Ka No Rey… »

Le Sanctuaire Sacré. C’était le premier sanctuaire des elfes, et, avant cela, celui des Anges. Et, devant elles, la Tour apparaissait. Elle se dressait jusque dans les nuages, perçant la voûte céleste. Elles, oui, car Sha était en compagnie d’une autre femme. Sauf qu’elle n’était pas Sha, et Kiriko n’était pas Kiriko. Sha était Raine, la Déesse des Ténèbres, et Kiriko était Etain, Déesse de la Lumière. Ensemble, elles formaient une seule Déesse, ancestrale, Shaiya. Et, tandis que Shaiya marchait, les fidèles affluaient.
Plus vieilles que le monde, plus vieilles même que les civilisations, elles avaient vu le jour à une époque où les États n’existaient pas encore. Elles étaient les Filles de la Tour. Etain était vénérée par les Anges et les Elfes, tandis que Raine était vénérée par les Démons, les Orcs. Elles remontaient donc, se dirigeant vers la Tour.

Celle-ci était d’une blancheur immaculée, et Reina regarda alors Etain, avant de lui sourire.

« C’est l’heure, Etain… Père nous attend à l’intérieur. Tu es prête ? »

Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. C’était même un jour très particulier, car elles allaient participer au grand projet de Père, à son plan longuement ourdi. Au sein de la Tour, Il les attendait.

Maerlyn.

Sha rouvrit brusquement les yeux. Elle flottait avec Kiriko dans le bassin magique, mais aussi en-dehors de l’espace et du temps.

*Ses filles… Mais pas uniquement !*

Plus loin, elle devait encore aller plus loin…

« Nous n’avons pas d’autres options, Shaiya. La dualité doit se développer pour que les Esprits deviennent des Dieux, il nous faut accélérer le processus.
-  Alors, faisons-le. »

Shaiya se coucha sur la table, et Maerlyn se pencha sur elle. Il planta dans son corps une dague spéciale, et le décor s’illumina. La Tour s’embrasa, et Shaiya hurla, avant de se dissocier en deux. Deux jeunes filles qui se jaillirent d’une explosion blanche, deux esprits flottant autour de Maerlyn. Un esprit blanc, et un esprit noir.

« Toi… Tu seras la Pureté. Etain. Et toi… Tu seras le Vice. Reina. Ensemble, vous serez indissociables, et vous apporterez l’ordre et l’harmonie dans le chaos magique. »

Maerlyn se retourna alors. Une sorte d’énorme sphère blanchâtre trônait au milieu d’une grande pièce concentrique, et s’illuminait, formant des univers, des galaxies.

« Notre Multivers est encore en formation, mais il faut briser le cycle, mettre fin à la machination. Alors, nous allons accélérer les choses. L’ordre naît toujours du chaos, et, en-dehors de cette Tour, Terra n’est que chaos et destruction. Regardez… »

Il tendit sa main, et montra un monde sauvage. Un monde où la vie était déchirée par la mort, un monde où la magie était instable, anarchique. Des orages diluviens massacraient le monde. Une vie de prémices était en train de s’installer.

« Etain, tu resteras ici, dans le Sanctuaire. Les Anges seront les premiers que tu convertiras. Toi, Reina, tu auras la tâche la plus difficile. Il te faudra sortir du Sanctuaire, et unir les différents Esprits de la Tour. On ne peut plus se permettre d’attendre qu’ils reviennent à la raison, ou le cycle se répétera. Vous vous ferez toutes les deux la guerre, sans comprendre pourquoi. Puis, quand vous vous rencontrerez enfin, vous vous rappellerez. Ensemble, vous formerez le premier Panthéon Divin. Alors, agissez comme telles… »

Et elles agirent. Elles ne furent pas seules. Etain guida les Anges, puis les Elfes, tandis que Reina en fit de même. Ensuite, elles se firent la guerre, avant de s’unir, et la Tour Blanche s’illumina de mille feux quand les deux sœurs se réunirent. À travers leur dévotion, elles reçurent bientôt un pouvoir qui devint bien trop grande pour elles, et ce pouvoir se dilua. D’autres Dieux apparurent, remplaçant les anciens esprits totémiques qui avaient jadis existé. La Seldarine se forma. Elles conçurent même leurs propres enfants, les Célestes comme Ishtar. Car elles savaient qu’Ils arrivaient. Les créatures de leurs cauchemars, les monstres qui les unissaient dans leurs peurs respectives. Elles en avaient séparément rêvé, et avaient mis en garde leurs fidèles.

Les Grands Anciens venaient, et Terra devait se tenir prête. Elles priaient la Tour. Et la Tour apporta une réponse, un enfant élu… L’Aîné.

Et, quand Arthur Eld vit le jour, quand il versa ses premières larmes, Maerlyn sortit enfin de la Tour, et retrouva ses filles.

« La vie n’est qu’un cycle. Morts et réincarnations. Dans ce long cycle, vous allez disparaître… Toi, Etain, tu deviendras Avacyn. Et toi, Reina, tu seras une Déesse Noire, la Fille du Dieu Noir Tzeentch. Car vous êtes arrivées à la fin de votre cycle. »

Elles refusèrent. Ce n’était pas ce qu’elles voulaient ! Elles voulaient rester ensembles, mais le bâton de Maerlyn s’enclencha alors, et commença à les absorber.

« N’y voyez là nulle malice, mais c’est l’ordre naturel des choses… Tout n’est que changement, destruction et renaissance. Un seul lien vous unira à jamais… Cet amour que vous ressentez l’une pour l’autre, c’est l’amour incommensurable de Shayna, la Fille de la Tour. Cet amour vous unifiera. »

Et Maerlyn les tua. Les deux Déesses s’évaporèrent, car leur culte ne pouvait plus exister. Il n’y avait qu’un seul Dieu unique, et trop de piété pour deux Déesses, trop de variations du Bien et du Mal. Les panthéons s’étaient multipliés, et ce n’était là que l’ordre naturel des choses, légitime… Toutefois, en contemplant les poussières spectrales qui s’évaporaient progressivement, Maerlyn ne put empêcher un sourire sardonique d’étirer brièvement ses lèvres.

Kiriko était à nouveau aux côtés de Sha, peu importe ses blessures, du moment qu'elle et son bébé allaient bien, le reste n'était que détail. Même si le palais semblait affolé par tout ce monde, la sorcière ne pouvait que sourire en retrouvant sa déesse, sa véritable déesse, sa femme. Pas une illusion, un rêve ou une forme enfantine partie bien trop vite. Cette mini-Sha avait été si adorable que Kiriko aurait pu jouer des heures à la dînette avec elle si elle le lui aurait demandé. Aussi soulager fut-elle, elles devaient quand même tenter de continuer leur plan pour mettre fin à cette guerre, elle ne savait pas comment mais Sha le savait et elle la guida vers ce chemin, relatant leurs souvenirs de cette bataille contre Blaine. Où elles ne furent pas ensemble à le combattre, elles ne faisaient qu'une. Évidemment qu'elle s'en souvenait, ce fut un moment intenses, le début de leur nouvelle vie, sans craindre qu'une épée de Damoclès ne vienne mettre fin à leur bonheur. Sha tentait donc de retrouver plus ou moins cet état afin de retrouver des souvenirs plus anciens. Sha se déshabilla facilement, pour la Celkhane, ce fut un peu plus long le temps de retirer sa combinaison et ses accesoires, mais elle se retrouva nue, le corps quelque peu sali par d'anciennes traces de sang ou encore de poussières.

Elle rejoignait Sha dans cette eau, sans se poser la moindre question. L'eau y était agréable et au centre, elle se blottissait contre sa femme, son visage si près du sien, leur ventre collé l'un à l'autre, Arya et Abbigail grandissant doucement à leur rythme. Elle avait envie de l'embrasser, mais Sha la devançait, sauf qu'elle devait maintenir le regard, mais l'envie de fermer les yeux était forte. Plongées dans un souvenir commun, les deux amantes étaient d'autres personnes, face à une grande tour dans un jardin rose immense. Trouvant dedans leur « père », les deux sœurs étaient à la fois uniques et opposées dans leur rôle. Malgré le rituel qui se préparait, elles n'avaient pas peur, malgré la dague, elles n'avaitent pas mal. Une fois plantées en elle, elles furent à nouveau deux, puis leur rôle continua, guidant les êtres vivants sur deux routes différentes sur Terra. Ainsi était les choses, Kiriko ouvrit les yeux, ne se rendant pas compte qu'elle les avaient fermé, mais Sha était toujours là, tout contre elle, alors elle fermait les paupières à nouveau, voyant malgré tout ce qui se passait sous ses yeux.

Car après tant d'années, de siècles, elles devaient mourir pour renaître et là, elles furent contre. Mais Kiriko ne pouvait agir, c'était comme un rêve. Et c'est là que les images prenaient sens, Kiriko allait devenir Avacyn, et Sha, eh bien elle deviendra Sha, quand elle n'était qu'une ombre folle et furieuse, comme à leur rencontre. Le lien qui les unissait était déjà là. Depuis leur création même, elles étaient unie, ensemble et à jamais. Après cette « mort », la Celkhane se réveilla, toujours blottie contre Sha, reprenant son souffle en la contemplant. Leur amour était une des choses les plus anciennes de cet univers, possiblement les premiers être à s'aimer. C'était beau, ça en serait presque romantique si la guerre n'était pas en train de frapper tout autour d'elles.

« Est-ce que ces images ont une utilité pour toi ? »

Bien sûr, Kiriko disait cela concernant la bataille qui faisait rage. Évidemment que ses images étaient importantes, mais pour ce qui était en train de se jouer, ça avait une réelle importance ?

Sha resta silencieuse, tandis que l’eau se stabilisait autour d’elle. La Pensine n’avait pas encore révélé tous ses secrets, mais elle en avait déjà dit beaucoup. Maerlyn… Sha et Kiriko avaient jadis été une seule femme, Shaiya, qui avait été dissociée en deux êtres par Maerlyn, Étain, et Reina. Deux esprits destinés à réunir des troupes pour défendre la Tour contre les Grands Anciens, deux icônes, l’un du « Bien », l’autre du « Mal ». Mais, finalement, ces deux esprits avaient été dépassés par les évènements. Les Dieux s’étaient multipliés, et les esprits avaient finalement été récupérés par Maerlyn, qui les avaient… Tués. Ou, plutôt, qui avait choisi de les sacrifier sous cette forme pour qu’elles se réincarnent ensuite.

C’était sûrement suite à ça que Kiriko était devenue Avacyn, tandis que Sha était devenue un avatar de Tzeentch.

*Il est plutôt probable que Maerlyn ait voulu sacrifié Reina, mais que son essence ait été récupérée par Tzeentch…*

En l’état, c’était une simple hypothèse. Sha se retourna vers Kiriko, et secoua la tête.

« Pas encore, mon aimée… Mais la vision n’est pas finie. Si j’ai dissimulé ces souvenirs en faisant en sorte que seule toi puisse les récupérer, c’est qu’il y a davantage… »

L’eau se mit encore à résonner, et une nouvelle vision vint les saisir.

*« Navrée, Gaïa, mais je ne peux rien y faire…
-  Ton rôle était précisément de le soigner ! N’es-tu pas le Vice ? Ne peux-tu pas absorber ce vice ?
-  Pas ce vice-là… »

Étain et Reina étaient en face de Gaïa, et observaient le corps du surpuissant Ouranos. Personnification du Ciel, Ouranos était une divinité olympienne primordiale. Étain et Reina étaient venus sur Terre pour aider Gaïa. Maerlyn avait senti que les Grands Anciens se rapprochaient, et avaient chargé ses filles de se rendre sur les mondes civilisés pour se rapprocher des divinités qui existaient. Sur cette planète, de nombreuses divinités étaient en train d’émerger. Gaïa était l’une des divinités les plus anciennes, la mère d’Ouranos, mais également son égal. Gaïa et Ouranos avaient fécondé ensemble des créatures surpuissantes, les Titans, ainsi que les terribles Hécantonchires. Toutefois, Ouranos, effrayé par ces derniers, les avait enfermés dans le Tartare, déclenchant l’ire de Gaïa.

Quand Reina avait inspecté Ouranos, elle avait compris qu’il était trop tard. Il avait été corrompu par les Grands Anciens, probablement quand Gaïa lui avait donné pour ordre d’être le Ciel, et de défendre les astres. Si les Grands Anciens n’étaient pas encore là en personne, ils avaient envoyé leurs séides à travers l’espace, des sondes maléfiques, comme une sorte de virus attaché à des météorites. En défendant Gaïa, Ouranos avait été infecté.

« Alors, il nous faut agir… Les agissements d’Ouranos vont déchirer la Terre.
-  La guerre n’est jamais la solution.
-  Nous n’avons aucune autre alternative ! » tempêta Gaïa.

Alors, Gaïa confia à Cronos la mission de mener la charge contre Ouranos, en lui confiant une faucille.*

Sha et Kiriko assistèrent ensuite à la lutte contre Cronos et Ouranos, une bataille qui eut lieu dans les Cieux. Ouranos y disposait d’un palais, flottant dans les airs, au milieu des nuages. La bataille fut terrifiante, à une époque préhistorique. Les Anges n’avaient pas encore rendu visite aux Terriens, et la bataille provoqua des pluies de sang torrentielles qui déversèrent sur le monde. Gaïa avait ordonné à Cronos de castrer Ouranos à l’aide de la faucille. L’arme marcha à merveille…

*Le Palais d’Ouranos allait bientôt se disloquer. Cette construction hors norme n’était maintenue que par la volonté d’Ouranos, une volonté déclinante alors que Cronos était couvert de son sang.

« Ton règne se termine, vieil homme… Désormais, les Titans vont dominer le monde ! »

Et, tandis qu’Ouranos s’effritait, pour ne devenir plus que des courants d’air, Cronos hurla sa joie au monde… Mais ses yeux avaient viré au noir profond.*

« En tuant Ouranos, Cronos a récupéré le mal d’Ouranos… »

Sha commençait à voir les emboîtements se former.

Cronos avait pris la tête des Titans, et, avec sa sœur Rhéa, avait enfanté six enfants : Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon, et Zeus. Cependant, la paranoïa d’Ouranos avait fini par impacter également Cronos. Gaïa, qui était sa mère, avait alors rappelé Étain et Reina, et avait profité d’être seule avec Reina pour lui faire part de son odieux projet.

*« Je ne peux pas soigner Cronos…
-  J’ai entendu parler d’un rituel…
-  Un sacrifice ?
-  Il existe des rites qui permettent de canaliser le vice d’un individu dans d’autres personnes.
-  Cela peut marcher, acquiesça Reina, quand ce vice est d’origine magique. Mais, vu la puissance de Cronos, les humains préhistoriques qui peuplent ce monde seront insuffisants à stocker ce mal, qui risque de retourner en Cronos.
-  Je ne pensais pas à de simples humains… »

Gaïa regarda alors Rhéa, au loin, qui souriait benoîtement devant ses premiers enfants. Hestia et Déméter jouaient ensemble, si heureuses, et Héra était en train de pousser dans le ventre de Rhéa. Reina savait ce que Gaïa avait en tête.*

Sha trembla sur place.

« Par toutes les sorcières… Gaïa a sacrifié les enfants de Rhéa. »

Les six enfants devaient servir de sacrifice. Le mythe disait que Cronos avait, sous la paranoïa, avalé tous les enfants qu’il avait eu avec Rhéa, sauf Zeus. C’était ce qui s’était passé, sauf que le mythe avait légèrement déformé la réalité. Avec l’aide de Gaïa, qui ne supportait pas de voir son fils devenir fou, elle avait réalisé le rituel consistant à utiliser la pureté des six enfants de Cronos pour qu’ils recueillent tout ce vice détenu en lui… Un rituel que Sha, alors qu’elle était Reina, avait elle-même donné à Gaïa !

*Peut-être est-ce pour ça que je me suis arrachée ces souvenirs…*

Peut-être était-ce aussi pour ça que Maerlyn avait fini par la supprimer ? Reina n’avait vu aucune autre option, à ce moment. Tout aurait pu marcher… Mais Rhéa avait dissimulé Zeus. La légende disait que c’était Gaïa elle-même qui l’avait prévenu.

« Gaïa a peut-être eu des remords… »

Rhéa avait remplacé Zeus par un faux bébé, fait d’argile. Cronos avait perpétué le rituel sans succès, et, de son côté, Zeus avait grandi. Il avait ensuite répété le même schéma que Cronos. Il avait mené une guerre contre les Titans , avait trouvé des alliés, et avait vaincu Cronos.

Mais, quand Zeus était arrivé, il était déjà trop tard. Ses frères et ses sœurs avaient reçu le mal de Cronos. Zeus avait alors décidé de les soigner. Il avait utilisé les installations de Cronos pour inverser le processus. Ce faisant, Zeus avait soigné les autres, mais avait récupéré en lui le vice d’Ouranos.

« Je vois… C’est pour ça, alors… La Boîte de Pandore n’a jamais été créée pour permettre d’éradiquer les maux des Grands Anciens, mais pour soigner Zeus ! »

Les pièces commençaient à s’imbriquer. Zeus avait sans doute réussi à stocker en lui ce mal pendant un certain temps… Jusqu’à la bataille de la Tour. Les Grands Anciens s’étaient enfin manifestés, et Zeus avait fait partie des rares personnes n’ayant pas été vaincues par les Grands Anciens. Il avait fait pleuvoir la foudre sur Cthulhu, offrant à Arthur Eld et à Lucifer l’occasion de détruire le Grand Ancien, de le sceller à l’aide de l’Arc-En-Ciel, un artefact magique surpuissant façonné à partir de l’essence de tous les Dieux. En rétribution, Zeus et sa famille avaient été chargés de veiller sur Terra et sur la Terre, mais, en voyant l’Innommable, Zeus avait été bien plus atteint que ce qu’on pensait.

Le vice d’Ouranos s’était réveillé en lui.

« Zeus a refait le rituel de Cronos… Mais, au lieu de sacrifier ses enfants, il a choisi de sacrifier Pandore… »

Et Sha avait été mise au courant de cela…

*« Tu es sûre que cela marchera ?
-  Je n’en sais rien, Héra. Pandore n’est pas une enfant comme les autres, elle a été marquée par la Tour. C’est une Céleste, comme Aphrodite. »

Sha faisait face à Héra dans l’Olympe. Les deux Déesses se déplacèrent ensuite, rejoignant la salle de rituel, située sous le trône de l’Olympe. Zeus était là, nu, au milieu d’une salle concentrique, face à la jeune Pandore. Dans les angles, il y avait cinq autres Olympiens : Héphaïstos, Athéna, Aphrodite, Apollon, et Hermès. Héra se rapprocha du centre de la place.

« Je ne peux accepter cela, Héra… Sacrifier une enfant… J’ai tué Cronos pour ça !
-  C’est ma fonction, Roi Zeus, nuança Pandore. La Tour m’a ramené sur Terre pour ça. C’est ma seule fonction. Si vous ne le faites pas, alors tout sera perdu. Vous sombrerez dans la démence comme Cronos, et comme Ouranos avant vous… Mais on ne peut plus se le permettre. Il n’y a aucune autre génération derrière vous. Si vous succombez, les humains basculeront dans la folie, et les Innommables reviendront.
-  Il y a forcément une autre solution ! »

Mais il n’y en avait pas. Maerlyn le leur avait dit. Pandore était le dernier cadeau de la Tour. Celle-ci avait été bien trop blessée par les Grands Anciens, et ne pourrait en faire plus. Sha perpétua donc le rituel. Les six Olympiens utilisèrent leur essence pour former des Éclats, et l’âme de Pandore fut utilisée pour sceller le mal d’Ouranos en elle, dans une boîte que les Olympiens scellèrent ensuite avec leurs Éclats.

Ainsi fut formée la Boîte de Pandore.*

Sha avait également participé à ces évènements… Mais rien n’avait fonctionné comme prévu.

*« Tu as menti, Sha !
-  Modère tes propos, Héra !
-  Mon mari n’est pas soigné ! Il multiplie les cauchemars. Ta magie noire nous a amenés à condamner la seule femme qui arrivait à l’apaiser ! »*

Tout revenait à Sha. La Boîte de Pandore avait permis d’apaiser Zeus, mais pas de l’apaiser totalement. Soit Pandore avait été moins forte que prévu, soit la rencontre de Zeus avec Cthulhu avait amplifié ses peurs. Il était alors difficile de dire si le mal de Zeus était toujours lié à ce virus hérité d’Ouranos, ou à sa propre personnalité. Il n’existait aucune autre solution que de répéter le rituel de Cronos.

*« Zeus devra enfanter. Les enfants récupéreront le mal qui est en lui, jusqu’à le purger.
-  Je ne sacrifierai pas mes enfants !
-  Alors, ces enfants devront être faits avec d’autres personnes… Des humains suffiront. Il faudra ensuite réaliser le rituel, jusqu’à ce que l’un d’eux arrive à le supporter. Alors, Zeus sera guéri. »*

Et cela avait fini par marcher, lorsque Zeus avait fini par coucher avec Alcmène. Héraclès était venu au monde, et son puissant fils avait réussi à absorber ce maléfice.

La Pensine s’apaisait, maintenant que les souvenirs de Sha étaient revenus. Comme sonnée, l’Ombre se décolla de Kiriko, et alla s’adosser contre le mur.

« La Boîte de Pandore a été rouverte… Héra a été manipulée… Zeus a récupéré le mal qui était en lui, et celui-ci s’est diffusé sur les autres Olympiens qui étaient présents au sein de l’Olympe. Oh, Kiriko, j’ai fait des choses si affreuses… »

Y avait-il eu une autre possibilité ? Elle en doutait, bien sûr, mais cela ne suffisait pas à l’exonérer de ses crimes. Elle avait sacrifié des enfants pour sauver Zeus, elle avait conseillé à Héra de mener des expériences sur eux. Un secret qu’Héra n’avait confié à personne. On avait attribué à sa légendaire jalousie le fait qu’elle se venge des enfants adultérins de Zeus, mais la vérité était encore plus sinistre. Cela n’avait jamais été une question de jalousie, mais de survie. Les Dieux étaient maudits, et ce poison avait lentement corrompu les Olympiens.

L’Olympomachie n’était que la conséquence de tout ça, de ces siècles de mensonge, de cette malédiction ancestrale qui s’était transmise à Cronos, puis à Zeus, et des vains efforts des Dieux pour lutter contre une force qui les dépassait tous…

« C’est cela qu’Héra a voulu cacher aux humains… Que les Dieux sont aussi faillibles qu’eux face aux Grands Anciens. »

Elle déglutit lentement, commençant à remettre de l’ordre dans ses pensées.

« Il faut refaire le rituel, Kiriko… Mais refermer les Maux ne résoudra pas le problème, car cela n’a pas marché la première fois. »

Comment faire, alors ? Sha n’avait aucune réponse en l’état, tandis que les idées lui venaient l’une après l’autre, au fur et à mesure que toutes les pièces du puzzle s’assemblaient et s’emboîtaient.

« Zeus est devenu un vecteur, le mal qui est en lui est comme une ancre qui permet aux Grands Anciens de venir. C’est ça, la finalité de l’Olympomachie, permettre leur retour ! »

Les visions continuaient de plus belle, elles n'avaient pas finie de voir tout ce qui devait être vue. Kiriko restait contre son épouse, visualisant cela comme un rêve, spectatrice et actrice sauf qu'elle ne pouvait changer le passé, elle le vivait, voilà tout. Cela concernait cependant surtout Sha, remontant aux origines de ce mal qui était en train de s'étendre sur les mondes, Terra comme la Terre. Pourquoi la guerre ? Voilà pourquoi. Ce mal était toujours là, étant retourner à Zeus et ce dernier l'avait diffuser autour de lui comme un virus, volontairement ou non. Voilà le résultat. Une fois les visions finies, Sha comme Kiriko se réveillèrent et Sha avait pu voir ce qu'elle avait jadis fait. C'était moche, mais c'était la seule façon de faire. Bien qu'affaiblie par la vision, elle se rapprochait d'elle, se blottissait contre elle, sans arrière-pensée malgré sa nudité, c'est qu'il y avait du pain sur la planche après tout !

« Ce n'est pas ta faute, Sha... Si tu as proposé cela, c'est que tu n'avais pas le choix... Jamais tu ne ferais de mal à un enfant par facilité... Tu es peut-être une déesse sombre, mais tu n'es pas mauvaise... tu ne le seras jamais. »

Était-ce insultant de dire à une déesse noire qu'elle était gentille ? Pas de la bouche de Kiriko, elle ne critiquait pas la déesse, mais la femme, sa femme, la mère de ses enfants, de tout âge. Avec douceur, elle caressait son corps, entre son sein et son épaule, cherchant à rassurer Sha. Elle ne devait pas s'en vouloir, elle n'avait jamais fait de mal à un enfant ou commis un acte similaire, mais quand elle travaillait à Caelestis, Kiriko le savait, parfois, certaines personnes étaient pire que des montres. Pas sa patrie, mais quand elle avait déjà volé des documents secrets à des esclavagistes ou des membres haut placé du conseil de Mijak et certaines choses étaient très moche... Par chance, Sha n'était pas perdue dans ses pensées et était prête à réparer tout cela, elle était déterminé.

« Soit, si je peux t'aider, je le ferais, comme toujours, Sha. »

Kiriko était toujours prête à aider pour assurer un avenir radieux à Arya, Aggibail et les nombreux enfants qui viendront ensuite ! Mais c'est Sha qui savait quoi faire alors c'était à elle de dicter quoi faire pour que sa femme puisse l'aider.

Dehors, le soleil était en train de se coucher. La vision de Sha et de Kiriko avait été particulièrement longue, offrant à Sha des réponses qui ne cessaient de venir. Même quand Kiriko vint se blottir contre elle pour lui assurer qu’elle était une bonne personne, Sha continuait à voir le passé défiler en elle. Jadis, elles avaient été uniques, une seule et même personne que le Magicien avait subdivisé en deux personnes, une personne de lumière, une Déesse de l’harmonie et de l’ordre, et une Déesse du chaos et des passions. Ensemble, elles s’étaient éloignées, avant de se rapprocher, et de devenir Sha et Kiriko. Et Sha avait aidé les Dieux olympiens à lutter contre une antique malédiction, le Fléau de l’Olympe.

« Un mal qui descend d’Ouranos… Comme nous avions tort, Kiriko ! J’ai su ce qu’Héra dissimulait, le secret impensable que les Olympiens ne pouvaient pas communiquer aux humains ! »

La malédiction d’Ouranos avait ensuite atteint son fils, Cronos, qui avait ensuite utilisé un sortilège infernal ancestral pour répandre ce mal chez ses enfants. Zeus s’était sacrifié pour eux, et la Tour avait finalement créé Pandore pour stocker tout ce mal ancestral, cette corruption primaire. Une seule question restait finalement en suspens… Découvrir comment Ouranos avait attrapé ce mal, mais Sha n’en avait pas la réponse.

Toutefois, alors que les différentes pièces de son puzzle mémorial se réassemblaient, elle vit où se trouvait Héra.

« Héra… Aphrodite l’a aidé à s’évader de l’Olympe. La Déesse l’a amené ici, et Héra est partie voir Athéna pour récupérer son Éclat en passant par Yoake. Zeus a suivi sa trace, mais l’a perdu quand elle est revenue à Yoake. Elle… »

Sha secoua la tête, et attrapa alors Kiriko par la main.

« Vite, vite ! »

L’Ombre avait rarement semblé aussi nerveuse. Les deux femmes sortirent du bassin. L’eau s’était toute entière évaporée sous l’effet de cette condensation magique. Sha se dépêcha de marcher, croisant quelques serviteurs qui regardèrent, étonnés, les deux femmes nues. Sha rejoignit sa salle du trône, et ne tarda pas à trouver une étrange statuette dorée en forme de paon, avec un diadème sur la tête. Sha observa la statuette, et demanda à Kiriko de l’attraper.

« Mets-toi au centre de ce pentacle, Héra est là-dedans ! »

Kiriko obtempéra, et Sha fit émerger un pentacle magique au milieu de la pièce. Des sorcières se rapprochaient, intriguées, et Sha commença à prononcer une mélopée en grec antique.

« Nous avons utilisé un puissant sortilège pour sceller l’âme d’Héra dans cette statuette… Et toi, Kiriko, tu as toujours été la clef. Tu as ramené le contenu de la Pensine, et cette Pensine abritait aussi un fragment de l’âme d’Héra. »

Cette statuette était un Horcruxe très particulier. Il avait fallu la magie divine de Sha pour créer cet artefact, et, tandis qu’elle prononçait la mélopée, Kiriko put sentir une forte magie l’envahir. Son corps se parcourut à son tour de runes, et la statuette se mit à s’illuminer, tremblant, vibrant, et se mettant à chauffer fortement. Kiriko dut finalement la lâcher, et la statuette se fissura, libérant une lueur verdâtre très brillante. La fissure s’agrandit ensuite, et d’autres fissures se formèrent rapidement… Puis la statuette explosa finalement.

L’onde poussa Kiriko qui tomba au sol. De la fumée l’entourait, et, tandis que celle-ci se dissipait, elle put voir une paire de jambes magnifiques, avec une courte toge verdâtre. La pointe d’un sceptre doré apparut ensuite, puis, tandis que son regard remontait, elle put finalement la voir…

Héra venait d’apparaître !

Sa puissance terrifiante résonnait dans toute la pièce, et son regard se porta sur Kiriko. Un regard incandescent, témoignant de sa puissance phénoménale.

« Merci, mortelle. »

Après toutes ses visions, Kiriko était un peu dans le doute, pour elle, Sha n'était en rien une mauvaise personne. Ce qu'elle avait jadis fait quand elle était sous l'influence des mauvais dieux n'était pas tout rose, mais ce n'était pas elle lors de genre de moment, maintenant, Sha savait faire la distinction entre amis et ennemis. Elle était une bonne déesse. Ce n'est pas parce que son apparence ou le terme déesse sombre pouvait paraître néfaste que ça l'était, non, c'était une bonne déesse !!! Mais justement, là où Kiriko s'était arrêter, Sha voyait bien des choses, tirant la vérité de ses visions, assemblant les pièces de puzzle pour y voir plus clair. Elle tira Kiriko de là, quittant le bassin, nue comme au premier jour pour rejoindre un autre endroit du palais. Évidemment qu'elle suivait Sha, ignorant ce qu'elle avait découvert comme ça ? Elle prit la statue dorée du paon, se plaçant au centre alors qu'elle entamait une incantation. Kiriko avait une entière confiance en sa femme, même si la magie commençait à la rendre toute chose. Ça jaillissait en elle, si bien qu'elle finissait par lâcher la statuette, étant repoussée par la suite alors que cette dernière se fissurait de plus en plus, pour exploser et laisser en sortir une femme. Elle était puissante, ça se voyait, nul besoin d'un détecteur magique pour ça.

« Mais de rien... »

Dit-elle face à son remerciement. Kiriko avait beau être nue face à elle, un peu perdue dans tout ce qui se passait, elle ne savait pas ce qu'elle pourrait dire ou faire de plus. Elle était importante face à tout ce qui se passait et pourtant, elle n'était pas si à jour que ça. Du coup, la guerre allait prendre fin maintenant Héra de retour ou bien, c'était plutôt temps de donner le coup fatal ? Elle ne savait pas trop ? Elle avait fini par se relever, regagnant les côtés de Sha pour tenter de comprendre un peu mieux tout ce qui se passait là. Sha, elle, y voyait clair, elle était dans son élément, face aux dieux, à leurs manigances, mais pour Kiriko, elle avait beau être mariée à une déesse, ce n'était pas encore si clair que ça pour elle, mais ça viendra, doucement, mais sûrement.

Pour Sha, les différentes pièces du puzzle s’imbriquaient les unes après les autres, le tout dessinant un tableau complexe et tendu. Héra était l’éternelle antagoniste de Sha, une femme qui était responsable de son bannissement. Du moins, c’est ce que Sha avait cru. Mais, sous ses aspérités de Déesse éternellement jalouse, Héra avait surtout cherché à sauver l’Olympe et sa famille contre leurs vices. Elle avait accepté d’endosser le rôle de la méchante, de répondre aux infidélités de Zeus pour aider ce dernier à se purger du vice qui sommeillait en lui, ce vice qu’il avait emmagasiné en lui pour soigner les autres Olympiens lorsque Cronos les avait capturés. Kiriko resta silencieuse en retournant près de Sha, et Héra regarda alors autour d’elle, fronçant brièvement les sourcils.

« Artémis vous assiège, on dirait…
-  Tu comptes y faire quelque chose ?
-  Artémis ne m’a jamais beaucoup aimé. »

Ce n’était pas faux. Artémis était la fille de Zeus et de Léto. Elle était donc le fruit de l’une des infidélités conjugales de Zeus, et avait pour frère jumeau Apollon. Le mythe disait qu’Héra avait maudit Léto en lui interdisant d’accoucher sur la terre ferme. Dans ces conditions, il semblait difficile d’instaurer de bonnes relations, mais Héra n’en restait pas moins la Mère de l’Olympe. C’était elle qui pouvait bénir les enfants de Zeus pour qu’ils rejoignent l’Olympe, ce qui signifiait que, tôt ou tard, Héra avait fini par reconnaître Artémis comme une Olympienne.

Sha se déplaça un peu, tandis qu’Héra reprenait petit à petit ses esprits. Elle espérait avoir fait le bon choix en venant ainsi en aide à Héra. Cela n’avait jamais été son intention initiale, et il avait fallu qu’une figure vienne du futur pour l’amener à changer de position. Quand le fils du Diablotin et de Shad, Namaah, était venu à elle, il lui avait dit que l’Olympomachie signerait la fin de l’humanité et permettrait l’avènement des Grands Anciens. Selon lui, Sha aurait un rôle décisif à jouer, et devait venir en aide à Héra, quand bien même cela la répugnait.

« Il n’y a pas qu’Artémis, Héra, Zeus est…
-  Je sais ce qu’est mon époux, Sha. Si nous avions fait appel à toi, au début, ce n’était pas que pour ta plastique insolente. Je me suis toujours sentie redevable en Zeus, et j’ai tout fait pour le protéger… Mais nous n’avons fait que retarder l’inévitable.
-  Pourquoi voulais-tu que je t’isole ainsi ?
-  Cela nous a offert du temps, un temps indispensable pour réunir les Éclats. J’ai chargé une Amazone de la Terre de collecter les Éclats de Pandore pendant que Zeus s’échinait à me retrouver. Vous m’avez ramené au bon moment, je sens que la fin approche. »

L’Ombre hocha doucement la tête. Cette Amazone devait être cette guerrière très populaire sur Terre, cette Wonder Woman dont elle avait entendu parler.

« Et qu’est-ce qui va se passer ?
-  Nous allons lancer une attaque finale sur l’Olympe. Toutes les personnes qui ont permis de réunir les Éclats vont se regrouper ici, et nous utiliserons le Portail qui a permis à Aphrodite de m’envoyer ici pour rejoindre l’Olympe. Il est temps pour moi d’affronter mon passé… Et mon époux. »

Sa voix s’était légèrement assombrie à cette idée. Sha l’observa encore.

« Et, en ce qui concerne Artémis, sinon ? Car elle est à mes portes, et planifie un ultime assaut sur mon palais.
-  Maintenant que Kiriko est revenue près de toi, tu peux planifier les défenses. Artémis a dû sentir ma présence, elle va déployer toutes ses forces pour attaquer le palais. »

Une moue nerveuse traversa les lèvres de Sha, qui regarda encore Kiriko.

« Je te conseille de t’habiller, ma chérie. Malheureusement, tu ne vas pas encore pouvoir te reposer tout de suite… »

L’attaque finale d’Artémis semblait désormais imminente…

Kiriko était toujours un peu perdu avec tout cela, ces histoires de divinité étaient au-delà de sa compréhension et pourtant, elle allait devoir s'en habitué, elle était mariée à une déesse et elle va mettre au monde beaucoup de semi-divinité. Retournant près de sa femme, elle écoutait ses échanges avec Héra, qui se résumait la situation ainsi que la suite des événements. Ceux et celles qui ont récolté des morceaux de la boite, iront lancer un assaut sur l'Olympe, mais elles, elles devaient aussi défendre le palais, c'était un peu leur maison alors pas question que la guerre détruise leur foyer. Au moins, le bon côté à tout cela, c'est que la fin approchait à grand-pas, bientôt cette histoire sera résolue une bonne fois pour toutes et elles pourront passer à une suite plus joyeuse et paisible. La sorcière acquiesça en récupérant sa tunique au sol. Par chance, sa tenue Celkhane était facile à ôter comme à installer. Bien trop large pour elle, elle l'enfilait facilement, usant d'un code vocale en pressant un petit bouton sur le col, ce dernier épousait les formes de la sorcière, comme sa seconde peau.

« A toi de voir si tu veux que je reste ici à défendre ou si je les rejoins ? »

Elle n'avait pas vraiment de morceaux en sa possession, elle a récupéré une pensine pour Sha, mais on ne sait jamais où elle serait la plus utile. En temps normal, Sha écraserait ses mouches, dehors, sans soucis, mais comme il y avait une autre divinité dans les rangs, forcément, l'équation n'était plus vraiment la même. Encore en forme malgré tout, son arme dans le dos, la sorcière était prête à en découdre avec ceux et celles qui voulaient du mal à sa famille.

Les cors et les trompettes de guerre ne tardèrent pas à résonner, ainsi que des coups de tam-tam. Les Amazones d'Artémis se préparaient à lancer l'ultime attaque, et les forces de Sha se regroupaient. L'Ombre rejoignit la salle de commandement en compagnie de Kiriko. La jeune sorcière avait remis sa tenue de combattante violette, et, maintenant que Sha commençait à y voir plus clair, elle allait se préparer à la défense. Parmi les membres dans la cellule de commandement, il y avait Açoka, ainsi que le chef actuel des Orcs, Makkar. Peu massif pour un Orc, Makkar avait été formé à la magie par les sorcières de Sha, et était quelqu'un que l'Ombre appréciait.

La table de commandement, elle, avait été montée sur les remparts, sur une tour au centre du rempart, surplombant la zone. Des archers se trouvaient le long des remparts, avec des arbalétriers, des balistes... En face, Artémis déployait ses troupes. Elle avait installé à la sortie de la forêt de multiples trébuchets qui commençaient à bombarder la forteresse. S'aidant de ses sorciers, Sha protégeait le Palais, mais Artémis déployait maintenant le reste de ses forces. Des balistes étaient positionnées, tandis que, sortant lentement de la forêt, d'épaisses tours de siège se déployaient, traversant la forêt pour remonter la plaine. Et, bien sûr, des soldats et des monstres s'avançaient.

Au milieu de l'armée, chevauchant un élégant destrier, Artémis venait d'arriver. Belle, fatale, celle qu'on disait chaste et courageuse darda son regard verdâtre et émerveillé vers le Palais de Sha.

« C'est elle...
-  Elle vient chercher sa mère.
-  Son armée est bien plus importante que prévue. »

Sha acquiesça doucement, puis se retourna vers Kiriko.

« Je compte sur toi pour mener nos troupes. Je vais rester ici, afin de coordonner nos troupes.
-  Quelle est la stratégie ?
-  Se battre, et tenir le fort. Il faut empêcher les tours de siège de se poser, principalement. »

Le Palais de Sha était solide, et, si elle aurait pu s'inquiéter à l'idée de déployer Kiriko, Sha se devait de lutter contre ça. Kiriko était sa femme, mais aussi sa meilleure guerrière. Par sa seule présence, elle insufflait le courage dans le cœur des autres. Makkar était également prêt à descendre en compagnie de ses hommes.

« Pour l'instant, Kiriko, il va surtout falloir tenir sur les remparts. Artémis va vouloir nous faire sortir. »

C'était un siège qui allait commencer, mais Sha n'excluait pas de tenter une sortie pour détruire les armes de siège d'Artémis. La Déesse olympienne sortit alors son arc, et, bien qu'elle soit à plusieurs kilomètres, déclencha une flèche magique, qui fila droit vers la tête de Sha... Et s'explosa à quelques centimètres de son visage, sur le bouclier magique que Sha avait généré.

Un message très clair. Les Amazones d'Artémis se déployaient. Kiriko avait déjà eu l'occasion de les affronter à plusieurs reprises lors de son séjour sur Terre.

Les cors donnèrent encore, puis l'armée d'Artémis partit à l'assaut, filant vers le fort de Sha...

C'est la guerre, Kiriko avait tout fait pour empêcher cela avec Sha, espérant que chaque mission mené avec succès mettrait fin à cela mais là, c'était inévitable. Espérons que cette bataille soit la dernière. La sorcière s'était préparée, retrouvant sa tenue de Celkhane, elle devrait faire face à de nombreux adversaires encore. Ce serait impossible, même pour aller, de vaincre toute une armée à elle seule, mais elle ne l'était pas. À ses côtés, il y avait les soldats au service de Sha, de Mijak, mais aussi des rivales qui, aujourd'hui, laissait de côté les querelles d'hier pour un but commun, protéger Sha. Açoka n'était pas si hostile envers Kiriko, qui avait le même ressentiment à son égard, mais bon, elles sont de nature ennemies de par leurs origines et aimaient la même femme, bien que ce détail ai que peu d'importance dans le culte de la sorcière. Le but n'était pas de foncer sur le champ de bataille, mais tenir pour le moment. Pourquoi ? Peut-être Sha avait envoyé quelqu'un pour régler ça entre divinités, Héra ou une autre ou bien, cela se règle ailleurs et leurs rôles étaient de protéger Sha et Héra ? Peu importe à dire vrai, Sha lui a demander de protéger le palais, alors elle le ferait, ni plus, ni moins.

Sur les remparts, elle observait l'adversaire qui arrivait, se plaçant pour leur faire face, chacun se préparant à se lancer dans la bataille. Certes, en voyant leurs armes de siège qui arrivaient en compagnie des soldats adverses, ça en faisait des mauvaises nouvelles d'un coup, mais ce n'était pas ça qui allait les effrayer. Ici, c'était des sorcière, elles avaient de quoi rivaliser avec ça, mais aussi impressionnant soit ses armes, il suffisait d'une personne pour changer la donne, une seule personne sur le champ de bataille adverse pour faire douter la sorcière. Artémis. La déesse. Rien que par sa nature divine, Kiriko savait qu'elle ne pourrait la vaincre, même avec toute la meilleure volonté du monde. Pour vaincre un dieu, il faut en être un. Elle pourra lui tenir tête, la déranger, au mieux, la ralentir, mais jamais la vaincre. Une chance que cette bataille ne se joue pas dessus, il fallait attendre que l'armée adverse se retire, c'est ainsi que la fin sera annoncée. Même si la déesse de la chasse était loin, Kiriko ayant besoin d'une longue-vue pour la voir, un seul tir arriva jusqu'ici malgré la distance et pire encore, ce tir atteignis Sha, bien que cette dernière ai détruit le projectile avant la blessure. Mais viser Sha, c'était la viser elle... Cette bataille devenait personnelle ! Elle aurait visé Héra, elle aurait compris et elle resterait son ennemi, mais visé sa divine femme... Non.

« Dés que l'occasion se présente, je te ferais payer ça... »

Dit-elle pour elle-même. La Celkhane devait défendre le palais et si l'envie de foncer sur le champ de bataille pour lui fourrer ses flèches là où elle le pensait était fort, elle ne devait pas désobéir à Sha, ni même rentrer dans le jeu d'Artémis. Les prochains projectiles, c'est sa lame qui allait les stopper ! Pour le moment, le siège se préparait, inutile d'attaquer, il fallait juste se défendre.

La flèche d'Artémis à destination de Sha exacerba Kjiriko, qui regarda avec fureur le champ de bataille, et jura de lui faire payer. Fort heureusement, Sha était prévenante, mais ce tir avait percé son bouclier. Artémis restait fidèle à elle-même, et se déplaça rapidement. Elle décocha alors de nouvelles flèches, des flèches lumineuses qui explosèrent contre leurs cibles. Artémis était clairement redoutable, une machine de guerre.

« Je dois y aller, ou elle va massacrer nos hommes. »

Kiriko était nerveuse à cette idée. Sha se déplaça alors, et se concentra. Un halo magique l'enveloppa, et elle changea de tenue, optant pour une tenue de combat plus appropriée. C'était son propre justaucorps noir moulant, et des plumes noires faisant office d'ailes jaillirent dans son dos. Grognant doucement, Sha déploya ses ailes, et bondit en l'air. Elle se concentra alors, et ses yeux virèrent au noir, tandis que des cumulus se formèrent en l'air.

Un combat de divinités allait commencer, et des éclairs jaillirent alors du ciel, enflammant plusieurs tours de siège. D'autres éclairs tombèrent également sur les troupes ennemies, les dispersant. Artémis décocha alors une nouvelle flèche vers Sha, qui réagit en envoyant un tentacule noir. Les deux se heurtèrent en l'air, provoquant une nouvelle explosion qui repoussa Sha. Artémis se concentra encore, et tira une nouvelle flèche qui fila en l'air. La flèche surplomba le château, et se transforma en une nuée de flèches dorées qui tombèrent sur une tour, fauchant les gardes et les Orcs présents.

Sha grogna encore, et tomba au sol, repoussant plusieurs des Amazones d'Artémis. Des hoplites s'élancèrent vers elle en hurlant, et elle les observa brièvement, avant de lever la main. Le sol se déforma sous leurs pieds, et plusieurs explosions les repoussèrent. Elle se concentra encore, générant des cristaux de glace qu'elle envoya ensuite, transperçant les soldats ennemis. Un cyclope rugit en se ruant vers elle, et elle se téléporta sur le côté, évitant son attaque, puis fit tournoyer sa lance, et la planta dans le ventre du cyclope. Sa lance s'y enfonça comme du couteau dans du beurre, et la lance s'illumina ensuite, avant de libérer une onde de choc qui implosa dans le cyclope, l'amenant à vomir ses entrailles.

Artémis se rua ensuite vers Sha, et décocha une flèche qui explosa contre elle. L'Ombre grogna sur place, et Artémis déploya une lame dorée, lumineuse, qui tomba sur Sha. Celle-ci se protégea avec sa lance. Le noir et le doré se heurtèrent violemment, déclenchant une onde de choc qui les repoussa toutes les deux.

« Il faut que tu arrêtes cette folie, Artémis...
-  J'accomplis la volonté de l'Olympe, rends-nous Héra, sorcière ! »

De son côté, Kiriko était restée en retrait, tandis que les forces d'Artémis assiégeaient la forteresse. Les tours de siège se rapprochaient, et les Amazones d'Artémis attaquèrent encore. La lame de Kiriko ne tarda pas toutefois à heurter une lame qu'elle connaissait bien. Une femme au visage acéré la regarda fièrement. Penthésilée avait bien changé, sous l'influence nocive des Maux de Pandore.

« Oh, Kiriko, tu vas payer pour ce que tu as fait à mes sœurs sur Terre ! »

La lame de Penthésilée frappa encore, et l'Amazone infernale rugit furieusement s'élançant vers elle...