Jasper Price était le gouverneur de Lambroisie, un ancien militaire qui avait espéré pouvoir couler des jours heureux à Lambroisie. C’était une petite citadelle, une ville marchande ne comprenant pas beaucoup de soldats. Elle se trouvait à l’orée d’une vallée et d’une forêt, et abritait essentiellement des marchands, des fermiers, et des mineurs. Lambroisie était une ville riche et agréable, avec ses petites rues en pierre, ses ponts, ses jardins, ses fontaines. Le gouverneur Price aurait clairement espéré passer de meilleurs jours, mais devait organiser la défense de la ville. La première attaque d’Olympiens avait ébranlé les défenses de la ville, et, sans l’aide de la Dame Noire, Lambroisie aurait succombé. Celle-ci avait ressuscité les morts, et ceux-ci étaient reconnaissables à leurs yeux verdâtres. La Dame Noire s’était ensuite rendue dans le château-fort, au centre de la ville, où une réunion d’urgence avait lieu, une véritable cellule de crise.
«
C’est une invasion massive ! Les Olympiens s’en sont pris à de nombreuses provinces, et ont attaqué Papua, tout en regroupant leurs forces sur la capitale.
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Il faut leur porter assistance, mais nous ne pouvons pas désorganiser les défenses internes. Lambroisie n’est pas une ville faite pour le siège, il faut nous regrouper dans les forteresses alentour.
-
Non, non, non, s’énerva un noble âgé,
nous ne pouvons pas abandonner Lambroisie. Dois-je vous rappeler que l’hiver approche ? Nos garde-mangers sont centraux pour nourrir les provinces impériales excentrées ! »
Le gouverneur Price acquiesça. Il fallait déjà regrouper les troupes, et défendre la ville, car il était peu probable que les Olympiens se contenteraient de si peu.
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Ailleurs
Avant la première attaque de Lambroisie
«
En temps normal, j’aurai étudié votre proposition d’alliance avec attention, et je l’aurai sans aucun doute accepté, mais… Le monde du dessus est très agité. »
Dans les profondeurs du monde, à
Menzoberranzan, l’Olympomachie n’était pas un fait inconnu, mais relativement éloigné. Pour Streeaka Z’Ress, Matriarche de la maison Z’Ress, l’invasion des Olympiens n’avait que peu d’importance. Les Drows s’étaient coupés de la surface, et ne participaient pas aux conflits, sauf quand ils y avaient intérêt.
Rivoria, la prêtresse de Streeaka, lui avait parlé de cette invasion, d’une terrible magie qui était en train de tomber sur Terra, de s’abattre violemment. Et, au même moment, Streeaka avait reçu la visite d’une étonnante créature, qu’elle envisageait de mettre dans son lit : l’élégante et sauvage
Élise. Celle-ci, qui avait perdu sa forêt natale, était devenue l’alliée de la Déesse
Sha, et Sha l’avait envoyé à Menzoberranzan recueillir l’aide de Streeaka.
Élise lui avait parlé de la personne ayant détruit sa forêt natale ainsi que tout un royaume, le
Roi Cramoisi, et lui avait assuré que l’Outreterre n’était désormais plus sûre non plus.
«
Le Roi Cramoisi recherche à détruire la Grande Tour, Matriarche. S’il y parvient, Menzoberranzan n’existera plus. »
Streeaka était difficile à convaincre, même si elle connaissait la menace du Roi Cramoisi. Et elle était l’une des rares Drows à se préoccuper du Monde-Du-Dessus. Rivoria lui avait expliqué que l’Olympomachie abritait une magie noire très puissante, et que l’Olympe même s’était coupée du reste du monde.
«
Les croyances des humains m’ont toujours laissé de marbre, mais les prêtresses de Lolth ne se sont pas encore prononcés sur ce conflit. »
Toutefois, la Matriarche était préoccupée, ce qui fit qu’elle finit par charger
Ellënia de se rendre à la surface.
«
J’ai senti la présence d’une elfe très étrange du côté d’une cité mijakienne… »
Sylvanas Coursevent avait jadis été une générale elfique très talentueuse, qui avait fini par tomber aux mains de l’ennemi, par devenir la Reine Banshee. Ses relations avec les Drows étaient complexes, mais Streeaka comptait en profiter pour se renseigner. Élise décida également de suivre Ellënia, et les deux femmes rejoignirent Lambroisie.
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Lambroisie
Tandis que Price devisait avec les siens, la Reine Banshee était à proximité. Elle avait été transformée en Liche par Arthas, un ancien Roi qui avait également succombé à l’influence du Roi-Liche. Celle-ci ne semblait guère intéressée par les détails stratégiques de Price, lorsqu’elle se mit à gémir. Elle tomba alors à genoux, et hurla même, surprenant les Mijakiens. Les morts-vivants qui l’accompagnaient se tordirent également de douleur.
«
Par l’Empereur ! Mais qu’est-ce qui se passe ?! »
Le plafond de la salle s’illumina alors, et, subitement, explosa violemment. Malgré la nuit noire, des rayons lumineux jaillirent, et, au milieu des Mijakiens stupéfaits, un être immaculé descendit.
«
Réjouissez-vous, humains ! Réjouissez-vous, hommes et femmes de peu de foi, car les Dieux sont revenus parmi vous ! Dans vos chaumières puantes et crasseuses, la Lumière de l’Olympe daignera enfin vous éclairer ! »
C’était une voix mélodieuse, sensuelle, pleine d’assurance, et l’individu se posa sur la table de commandement. Dieu des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie, et de la lumière, il était le conducteur des
Neuf Muses, qui l’accompagnaient en sifflotant autour de lui. Divinité olympienne majeure, réputé pour ses dons de guérison, il fut l’un des rares Olympiens à qui les Romains ne changèrent pas son nom. Devant les Mijakiens ébahis,
Apollon venait d’apparaître.
Et Sylvanas hurla encore, tandis que ses pupilles changèrent de couleur, passant du rouge sombre à une lueur dorée… Tout comme les autres morts-vivants, qui attaquèrent alors les Mijakiens.
«
Qu’est-ce que cela veut dire ?
-
Les nécromanciens, les Liches, les Banshees… Tous ces êtres laids et difformes se plaisent à jouer avec la Mort, Gouverneur Price. Mais tous ne sont que des enfants qui croient pouvoir maîtriser leur destin. Mais, en définitive, il n’y en a que trois qui tissent la toile du Destin. »
Le gouverneur vit l’une des Neuf Muses,
Clio, se rapprocher.
«
Les Moires, Gouverneur Price ! Tout ce qui est mort leur appartient de droit. Pardonnez mon interruption, mais Lambroisie abrite quelques musées d’importance et des sites archéologiques que je me devais d’examiner. Et je tenais à faire plaisir à mes chères Muses ! »
Les Neuf Muses étaient des femmes de piété, des créatures pures et innocentes, représentant l’art, la beauté… Mais elles étaient, à l’instar d’Apollon, comme
possédées.
«
Accordez-leur la délivrance qu’ils ont mérité, mes chères Muses, ne les faites point trop souffrir, libérez-les du fardeau de cette vie dure et injuste. Car il n’existe plus d’espoir en ce monde depuis que l’Eld s’est effondré.
-
Mais vous êtes fou ! »
Les morts-vivants de Sylvanas étaient en train de massacrer les Mijakiens, transformant la ville en un terrible bain de sang…