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Re: Dans le soleil des projecteurs et l'absence d'oxygène [avec Shayne]

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Marishka Auschwitz
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Maman Shayne vient de partir. Et Alma avance lentement, pas après pas, vers le retour dans son lit. Au premier pas, elle s’était dit « non, je ne me couche pas nue. » Au second pas, « et pourquoi pas. Si ça peut faire plaisir à Liliane. » En fait, elle joue à une version dérivée du jeu avec les pétales d’une fleur pour savoir si quelqu’un l’aime ou non. « Je t’aime. Un peu. » Une pétale. « Beaucoup. » Une autre pétale. Etc.

Alma arrive devant son lit. Finalement elle reste dans ses vêtements. Elle préfère rester au chaud dedans. Puis, si ça se trouve, Liliane va sauter du lit avec son énergie sans fond. Et elle veut pouvoir la suivre sans avoir à s’empêtrer dans son pantalon et tomber. Donc elle retourne au chaud et se tourne pour la regarder. Elle est si proche. Et… Liliane se réveille. Waouh ! Ce sourire ! Alma sourit. Alma embrasse sa petite amie. Sa main va à la recherche de celle de Liliane. Elle a envie d’entortiller ses doigts dans les siens.

« Ton pouvoir te permet de lire dans mes pensées ? »

*Non. Bien sur que non, Alma. C’est juste… une coïncidence. Rien de plus. Ça arrive ce genre de choses. Tout ne fait pas partir d’une sorte de Grand Plan Divin. *

(ou semi-divin…)

« Je veux dire, c’est rigolo que tu dises ça. Je me suis levée tout à l’heure, d’ailleurs il y a du café chaud dans la cafetière. Je disais donc, c’est rigolo parce que je me disais tout à l’heure que je voulais faire imprimer en grand ta cartographie pour… disons pour un projet secret. Et je me suis dit après que ce serait cool si tu voulais t’approprier le lieu. »

Non pas qu’Alma n’ait pas envie de voir l’expression de Liliane (bon, peut-être un peu, elle imagine des trucs qui n’existent pas et elle ne veut pas justifier tout ce qu’elle n’a pas dit). Bref, Alma se retourne dans le lit et vient se coller contre Liliane. En position de petite cuillère. Pour un instant câlin.

Elle profite de cet instant. Juste du silence et de la chaleur humaine. C’est… agréable. Un peu comme une bonne douche chaude. Mais en mieux. Parce que partagé avec une vraie personne, surement.

« Tu me dis si ce n’est pas bien, si c’est parce que c’est lié à ce problème de possessivité ou je ne sais pas quoi d’autre mais. Bref, je sais que tu m’as déjà donné ton emploi du temps mais je me disais que ce n’était pas assez. Ce n’est pas que je veuille tout savoir de ta vie et savoir où tu es tout le temps, hein ! Merde, je m’y prends mal. Attends, j’essaie de reformuler. Ce que je veux, c’est modifier mes routines. Mon emploi du temps. Je veux l’adapter pour pouvoir remplir mes objectifs liés à ma mère adoptive mais aussi mes objectifs avec toi. Bon, ce n’est surement pas le bon mot, « objectif » mais je pense que tu me comprends. Ouhlala, je parle trop, hein ? Bref, est-ce que tu veux bien passer une partie de la journée avec moi pour réorganiser ma vie par rapport à la tienne ? Et aussi peut-être faire des magasins pour que tu puisses un bout de ta vie dans une partie poussiéreuse de la mienne ? Enfin, de mon hangar. Ce n’est pas ma vie qui est poussiéreuse, hein. »

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Jeannie
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Oh il y a définitivement un grand plan. Mais quand c’est fait de petites coïncidences? Personne ne suspecte vraiment rien. Les gens se disent que c’est impossible, que ce serait insensé et franchement, le monde étant fait d’accidents, comment pourrait-on penser le contraire? Liliane étant Liliane, c’est exactement le genre de chose qu’elle pourrait vouloir faire. C’est précisément ce qu’on pourrait attendre d’elle. En quelque part, ce serait plus étonnant si elle ne le proposait pas. Oui elle peut être… Excentrique. Mais fondamentalement, c’est une bonne personne. Enfin. En apparence. Tout le monde a sa part d’obscurité. Même Liliane. Mais la blonde fait juste rire, dire que non, elle ne lit pas dans les pensées. Elle va au gré de son inspiration quand elle le peut. Et en quelque part c’est crédible, c’est une artiste, après tout. C’est important l’inspiration.

En tout cas elle est contente qu’Alma accepte de lui prêter un coin de son hangar pour qu’elle puisse créer. Quant à l’emploi du temps, elle ne semble pas avoir d’objection particulière. Pourquoi pas. C’est même… Logique, en quelque part? Si elles veulent se voir, elles ont besoin de moments communs et comme Alma n’a pas l’infortune de devoir suivre un horaire dicté par quelqu’un d’autre, cela lui donne plus de… Flexibilité… Que Liliane en la matière. Évidemment qu’elle allait accepter. Mais comme Alma va s’en rendre compte, Liliane se garde du temps pour ses autres amis. Ce qui fait partie d’une logique saine pour quelqu’un qui n’est pas jalousement possessif. Alma ne veut pas partager, d’accord. Mais cela ne veut pas dire que Liliane va accepter cela, qu’elle va s’y plier. Ce serait bien trop suspect et là Alma pourrait avoir de sérieux, très sérieux doutes…

Donc Liliane doit continuer de se comporter comme un être humain plus ou moins normal. « Tu ne parles pas trop, en général tu ne parles pas assez », qu’elle répond en embrassant gentiment Alma à nouveau et de se lever… En oubliant ou en se moquant qu’elle ne porte pas de vêtements. Ce n’est pas comme si un, il y avait d’autres personnes dans le hangar, deux, que Liliane attendait de la visite ou trois, que c’est mon genre d’apparaitre sans crier gare comme le troll ultime. « Au lieu d’un café, tu n’aurais pas un bon thé bien fruité? », demande la blonde en s’étirant et en offrant une superbe vue sur son physique. Provocation? Aucunement. Liliane est comme ça. Elle vit sa vie simplement quand elle le peut, sans se pourrir la tête de pensées négatives. Et puis bon, si ça gêne Alma, c’est une grande fille, elle n’a qu’à le lui dire. Ou lui amener de quoi se couvrir. C’est tout.

Critiquer est toujours facile. Agir pour de vrai… Beaucoup moins. C’est pour cette raison que les gens gueulent sur leur gouvernement mais ils ne vont pas se lancer en politique pour tenter d’arranger le système, ne participent pas aux référendums et ne vont pas voter. Les humains sont parmi les espèces les plus hypocrites qui soient, après tout. Mais pour le moment, l’humanité m’indiffère. Je suis bien plus intéressée par Liliane et Alma. C’est bien plus captivant que n’importe quelle émission de téléréalité. Alma évolue, change, se transforme. Et je suis fière d’elle. Elle est capable de modifier sa nature fondamentale. Une chose qu’elle peut faire et que moi, malgré tous mes pouvoirs, je suis incapable de faire. Je serai toujours un produit du chaos et d’intenses émotions négatives. JAMAIS je ne serai en mesure de passer outre ma nature. JAMAIS. Ce serait… Complètement fou…
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Marishka Auschwitz
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Donc Liliane va garder du temps pour ses autres amis. Ça embête Alma, évidemment. Mais elle découvre elle-même que c’est un peu plus compliqué qu’elle le pensait. En fait, elle se pose une question (oui, encore) : est-ce que c’est le fait que Liliane va passer du temps avec des inconnues et non qui la dérange ? Ou est-ce le fait qu’Alma n’ait qu’une seule amie ?

*Même pas une, en fait. Vu que Liliane a déjà évolué au rang de petite amie. *

Dans la cuisine, Alma se serre un café bien noir. Bien fort. Elle s’en va et revient également avec une composition de feuilles et de fleurs. Un thé fait maison. Zéro intervention industrielle. Du 100% Alma. La théière chauffe. Alma, adossée contre un mur, réfléchit encore à sa question.

*Je crois que ce serait plus facile à accepter pour moi si j’avais quelqu’un d’autre à voir pendant que Liliane est ailleurs. Avec ses amis. Que je ne connais pas. *

Alma réalise alors une chose. Elle veut passer du temps avec des gens. Elle qui a toujours cru être une solitaire, en est-elle vraiment une ? N’est-ce pas la vie qui l’a privé des opportunités de se lier à des gens ? Et si, dans le fond, Alma souffre d’une profonde solitude. Tellement profonde qu’elle est obligée de surcompenser tout ce qu’elle fait dès que quelque chose commence à bien fonctionner ? Hum… Possible. Pas folichon. C’est même plutôt noir. Et pas franchement facile à changer. On ne se lie pas avec les gens d’un claquement de doigts. Il faut d’abord les trouver. Puis créer le début. Consolider après. Espérer que ça dure alors que même des couples fous amoureux au début se séparent après des années et des années de vie commune. Même faire un ou plusieurs enfants ne suffit plus à consolider les liens entre les gens. Pff…

« Je crois que je vais essayer de parler davantage avec les gens qui viennent me voir. Pour leurs plantes et leurs fleurs. Quand ils ont des problèmes avec leur jardin, par exemple. »

Oups. Elle a lâché ça sans avoir tourné sa langue sept fois dans sa bouche. Maintenant que les mots ont été prononcé à voix haute, il n’y a pas de retour en arrière. C’est comme si elle venait de passer un pacte. Un contrat. Ou quelque chose dans le genre. Alma croise soudain les doigts, espérant que Liliane n’ait rien entendu, plongé dans son monde créatif.

*Faites qu’elle n’ait rien entendu. Faites qu’elle n’ait rien entendu. *

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Jeannie
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« En voilà une excellente idée! Qui sait, tu vas peut-être te rendre compte qu’il y a plus de gens intéressants que tu ne le croyais! Mais attention! Tu peux avoir autant d’amis que tu veux… Mais une seule petite amie et c’est moi! Encore que bon… Je suppose que… Si… Tu… Si tu veux explorer ta sexualité avec autrui tu… Non. Non. C’est bien trop tôt pour parler de notion de couple ouvert de toute façon. »

Oh. Intéressant. De l’hésitation. De l’insécurité. Liliane aurait-elle peur d’être inadéquate pour Alma? Que si elle l’empêche d’aller voir ailleurs, Alma pourrait se lasser d’elle? Il y a quelque chose derrière tout ceci et je me demande bien quoi. Pour tout dire, j’ai quand même laissé ma télépathe fabriquer la plupart des faux souvenirs de Liliane. Quoi? Je ne peux pas TOUT faire non plus! Enfin si, je pourrais mais en même temps, la question est plus : est-ce que j’en avais vraiment envie? J’ai créé le personnage de base, côté physique. L’idée vient de moi. C’est le gros de MON travail. On peut bien laisser certains ajustements aux sous-fifres. De toute façon, ma télépathe n’oserait jamais me décevoir. Elle sait ce qui arrive à ceux qui me déçoivent. Personne n’est irremplaçable… Sauf moi, bien entendu. Donc je suis absolument certaine qu’elle aura fait le nécessaire.

Liliane se dirige vers la chambre, prétextant qu’elle veut enfiler quelque chose. Un pyjama. Mais Alma n’est pas dupe. Elle sait que la possibilité que ma fille adoptive rencontre d’autres personnes, fasse d’autres expériences, pourrait enlever sa position d’astre solaire dans la vie d’Alma. Liliane souffre de… Comment vous appelez ça? Anxiété de performance? Vous savez, quand vous pensez constamment que votre travail n’est pas assez bon, qu’il y a quelqu’un de meilleur que vous, ce genre de chose… Non. Le terme ne me revient pas en tête. Mais Malgré un extérieur radieux et souriant, à l’intérieur, Liliane est comme bien des gens, criblée de doutes. Reste à voir ce que va faire et comment va réagir Alma. Je comprends qu’elle découvre les relations humaines mais… Pas besoin d’être un expert pour comprendre que Liliane a besoin d’être rassurée. Ceci étant dit…

Alma est-elle capable de comprendre le « malaise » de Liliane? Elle a ses propres doutes, oui. Ses propres inquiétudes, certainement. Mais il y a une différence entre être capable d’identifier ce qui nous affecte et ce qui affecte les autres. Mais bon. On verra bien. On verra bien… Si ma fille adoptive a été en mesure de faire certains progrès jusqu’ici, rien n’indique qu’elle n’a pas développé les outils ou une partie des outils nécessaires pour aider Liliane… Ou au moins aborder la question avec elle. Et si elle ne le fait pas… Bien c’est un risque que cela revienne la hanter plus tard. Je suis en train de me dire qu’à moins de quelque chose d’extrême… Nous ne devrions pas manipuler Liliane. Pas parce que je ne veux pas faire de peine à Alma, bien que ce soit une possible raison. Simplement parce que Liliane fonctionne TROP bien. Il n’y a pas besoin d’altérations pour le moment.


« Me revoilà. J’ai bien hâte de goûter ce thé… Est-ce que tu aurais de la stévia, pour sucrer le tout? Depuis que j’ai découvert cette plante et le fait que c’est comme du sucre mais sans les calories, je ne m’en passe plus, j’ai envie de dire. Et ça évite les caries, en plus. J’ai un beau sourire à maintenir, quand même. C’est ta préparation maison? Il y a quoi dedans? D’ordinaire je suis plus fruité dans mes boissons chaudes mais je veux bien essayer ce que tu as préparé! »
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Marishka Auschwitz
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Alma a laissé partir Liliane dans la chambre. Pourtant, quelque chose ne va pas. Mais quoi, bordel ?! Elle n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Qu’est-ce qu’elle a dit qu’il ne fallait pas ? Alma fait un effort de mémoire et ne trouve rien de particulièrement déclencheur. Alors elle se dit que c’est peut-être son comportement ? Mais non, vraiment non. Elle a dit et fait bien pire en compagnie de Liliane. Alors quoi ? C’est quelque chose qui vient d’elle ? La « Sainte » aurait ses fêlures ? L’idée paraît aberrante puis…

*Liliane t’a dit de plus réfléchir et de moins ressentir. Alors réfléchis, Alma. Réfléchis. Trouve le problème. *

Donc Alma a laissé partir Liliane toute seule. Elle ne l’a pas consolé. Elle a laissé sa petite amie seule, complètement seule à ses propres démons qu’elle essaie de dissimuler à sa nouvelle petite amie. Car, d’ailleurs, qui sait combien il y en a eu avant elle ?

Et voilà Liliane qui revient. Avec sa personnalité solaire. Son sourire chaleureux. Alma croit alors rêver. Elle commence à se convaincre qu’elle a encore psychoté toute seule. Elle fait à peine attention à la réponse qu’elle donne à Liliane concernant le sucre ou la formulation exacte de sa décoction. Son cerveau carbure. Son intuition est en alerte. Quelque chose ne va pas. Alma devrait faire ou dire quelque chose mais, et ça l’énerve !, elle ne sait pas encore quoi.

Alma se positionne devant Liliane. Ses mains se posent de chaque côté du haut des bras de sa petite amie.

« Je sais que je ne suis pas futée mais je sais, non je ne sais pas, je Sens que quelque chose ne va pas. »

Alma plonge ses yeux dans ceux de Liliane. Son visage est épouvantablement sérieux.

Impliquée.

« C’est quoi le problème ? C’est ce truc de couple ouvert ? J’imagine que ça veut dire être un couple et aller baiser qui on veut avec plus ou moins l’accord de l’autre ? Si c’est ça, tu n’as pas à t’inquiéter. D’un, question libido, on ne peut pas dire que je sois une chienne en chaleur. Je ne sais pas comment le dire avec des termes plus adéquats. Et je crois qu’on en a rien foutre à ce moment précis parce que le problème est ailleurs. »

Ne cherche même pas à sourire ou à trouver une formulation pour t’abriter derrière ton armure (ta plastique parfaite) Liliane. Alma t’a.

« En plus de ça, il y a un autre problème tout simple : je suis nulle en relation humaine. Combien de merdes importantes tu as laissé passer. Personne ne sera aussi patiente ou tolérante avec moi. Tu es une sorte de miracle, Liliane. »

Alma parle et parle. Mais elle ne comprend toujours pas où est le problème. Pire, elle se dit qu’elle est en train de remuer un chaudron plein de merde et que le seul résultat qu’elle va obtenir ce sont des les larmes de Liliane. Mais encore une fois, pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle pleurerait ? De tristesse ou de colère ?

« Je ne comprends rien, Liliane. Je suis désolé d’être aussi nulle mais je sens vraiment que quelque chose ne va pas. Quelque chose que tu veux me cacher. Alors, je vais pas être plus insistante mais je veux te dire une chose. Si tu me dis de la fermer et de simplement écouter, je la fermerais. S’il faut que je la ferme encore après tout ça, je la fermerais également jusqu’à ce que tu sois prête à en reparler. Je crois… je crois que c’est ce que ferais une bonne petite amie, non ? »

Putain, quelque chose joue avec ses entrailles. Alma ne se sent pas bien. C’est pire que de l’anxiété avant une bataille mortelle. C’est quoi cette sorte de stress qu’elle n’a jamais expérimenté ?

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Jeannie
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« Tu es mignonne quand tu t’inquiètes…C’est juste que comme toi, le sexe… Disons que je n’ai pas besoin de cela comme étant la moteur de ma relation avec quelqu’un. Je n’ai pas envie que ce soit ce qui définit la relation. Mais… J’ai eu des… Partenaires… Par le passé qui… En voulaient plus que ce que j’étais confortable de leur donner. Cela a mené à des relations avec des personnes qui n’étaient pas dans notre couple.

Donc je me dis… Je n’ai pas envie de te perdre, Alma. Si pour que ça fonctionne, je dois te laisser coucher avec qui tu veux pour être satisfaite… Je… Consens à ce que tu le fasses. Si je ne peux pas te donner ce que tu veux… Qui suis-je pour t’en priver, au fond? Ce n’est jamais agréable de regarder les échecs de ses précédentes relations en face. Mais ce n’est pas un mal que de vouloir quelque chose de plus que juste du sexe! »


Hum… Donc Liliane a la fâcheuse manie de se sacrifier pour les autres… Je n’aime pas cela du tout. Oh que non. Elle serait capable de faire quelque chose qui blesserait profondément Alma et je ne le tolèrerai pas. Il va donc falloir tenter de travailler sur ce problème… Quitte à ce que maman Shayne mette son nez dans des affaires qui ne la regarde pas. Alma pourrait ou ne pas apprécier. Mais en même temps, c’est pour son bien. Ah, l’éternelle excuse des parents. On ne saurait faire mieux… En même temps bon. Comme dit, en ce moment, Liliane fonctionne mieux que prévu mais connaissant Alma, elle serait capable de demander une liste des ex de Liliane pour aller leur faire la peau donc… Il va falloir faire preuve de vigilance. Ma fille adoptive n’est pas étrangère aux solutions violentes! C’est bien ce qui m’inquiète d’ailleurs. Subtilité, Alma. Subtilité.

En même temps, elle pourrait aussi se dire : ils ne sont plus dans la vie de Liliane, ce sont des rivaux de moins. On ne sait jamais, après tout. Parfois j’ai du mal à suivre Alma dans ses raisonnements. Liliane boit son thé, commente positivement, fait la conversation. Clairement, elle n’a pas vraiment envie de s’attarder sur ses relations passées. Ce qui est somme toute logique. Et je doute très fortement que Alma va lui en tenir rigueur. Elle-même ne doit pas aimer parler des masses de son passé. « Prends moi dans tes bras », dit Liliane en venant se blottir contre Alma. Eh oui parfois même un soleil a besoin de réconfort. Et je sais que ma fille adoptive ne va pas repousser ce contact. Elle a bien compris que c’est très important pour Liliane, les contacts physiques. Et comme elle fait des efforts pour que leur relation fonctionne, je doute qu’elle va mal réagir.


« Ne t’en fais pas pour moi. Ça va aller. Je suis plus forte que j’en ai l’air, tu sais? Oh c’est sûr, pas autant que toi. Mais… Je suis solide. Pas le choix. Le monde, la vie, ce sont des choses injustes. Mais je préfère les affronter avec le sourire plutôt que de me lamenter sur mon sort. C’est plus… Comment dire… C’est ma façon de faire de la résistance. De ne pas me laisser abattre par les événements. Garder le sourire. Rester forte.

Tu sais, il y en a qui disent que c’est facile de sourire. Oui. Et non. Pas quand tu souffres. Mais pourtant il le faut. Montrer à la vie que même quand elle te met à genoux, tu refuses de céder, d’abandonner. Tu la regardes droit dans les yeux. Et tu lui tires la langue! Tu vas voir Alma. Un jour, tu auras le rire beaucoup plus facile. Il faut bien que je déteigne un peu sur toi. Une vie sans sourire, c’est moche quand on y pense. Très moche… »
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Marishka Auschwitz
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Bien sur qu’Alma a pris Liliane dans ses bras. Il faut qu’elle donne ce contact physique à sa petite amie. Même elle a très bien compris ce point. En plus de ça, elle a besoin de réfléchir. Que doit-elle faire de toutes ces nouvelles informations ? Trouver les gens qui ont blessé Liliane et aller leur faire payer ? Une solution agréable à penser mais… ça ne changera rien pour Liliane, hein ? Et aller violenter des inconnus n’est pas productif pour Alma. Ce n’est pas comme si ça allait être des super-héros ou des gens puissants qui gênaient les plans de Shayne. Donc Alma abandonne cette piste.

« J’adore ton sourire, Liliane. Vraiment. Il est… chaleureux ? Radiant ? Je ne sais pas trop comment le décrire mais à moi, il me fait beaucoup de bien. »

Alma relâche un peu la pression de son câlin. Liliane ne doit pas subir la colère qu’elle éprouve face aux gens qui l’ont blessé. Et elle ne va pas partir. Pas de raison d’être possessive, maintenant. Surtout qu’elle a bien commencé en disant une gentille chose.

« J’adore cette force de résistance en toi. Tous ceux qui abandonnent la lutte et deviennent des espèces de moutons insipides à se faire balader comme des zombies sociaux. J’ai envie de leur casser à la gueule. J’ai envie de leur gueuler de se réveiller et de faire quelque chose de leur pathétique vie. Tss… Bref, ce n’est pas ça que je voulais dire. Arrête de sourire. Non, merde, décidément c’est dur de dire ce que je ressens. J’essaie de reformuler. Si tu souffres, arrête de sourire. Je veux dire, si je suis avec toi et que tu souffres, je ne veux pas que tu fasses semblant. Je veux savoir que tu souffres. Et vu comme je suis nul à comprendre les émotions de l’autre, -l’empathie, c’est ça ?- et bah arrête de sourire, Ok ? »

Alma maintient le câlin encore quelques instants puis elle libère Liliane. Elle vient d’avoir une idée. Est-ce que c’en est une bonne ? La suite le lui dira. Alma va donc récupérer son téléphone portable. Elle cherche dans son répertoire un numéro et le trouve. C’est celui de Maman Shayne. Puis c’est le téléphone de Liliane qui sonne. Elle vient de recevoir un nouveau SMS.

« Si un jour tu as un problème et que je ne peux pas venir. Parce que je ne décroche pas. Parce que je suis trop loin. Ou je ne sais pas pourquoi d’autre. Bref, appelle ma mère adoptive. Tu as vu, elle peut se téléporter au besoin. Et elle t’aidera parce que tu es une personne très importante dans ma vie. »

Alma revient se planter devant Liliane.

« Bon alors, maintenant que j’ai beaucoup parlé. On fait quoi ? Tu veux reprendre ce câlin ? Arrêter de sourire et déballer ton sac ? Comme tu veux, vraiment. »

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Hein? Quoi? Je proteste! Je n’ai jamais donné la permission à Alma de donner mon numéro de téléphone à qui que ce soit! C’est comme avoir le téléphone de dieu! Ça ne se partage pas! Il faudra que je la gronde plus tard, quand Liliane m’aura contacté pour je ne sais quoi. Je me demande si la fessée est appropriée pour lui faire comprendre mon mécontentement. Je n’ai pas exactement envie de l’étrangler comme un sith dans Star Wars en l’empêchant de respirer. Encore que, avec une cape bien badass et une phrase qui l’est tout autant du genre « cette faute envers moi était la dernière »… Non Shayne. Non. C’est de ta fille adoptive dont on parle et je suis convaincue que quelque part, ça doit être contre tous les principes d’être un bon parent. Continue de lire tes livres et regarde ce qui serait la punition la plus adéquate.  C’est beaucoup moins… Risqué.

Oui. Voilà. Ceci étant dit, je suis quand même impressionné par la lucidité d’Alma dans ce qu’elle vient de dire. Je ne sais pas si elle disposait déjà de cette… Sagesse… Ou si c’est quelque chose qu’elle a acquise progressivement dans le très court laps de temps où elle connait Liliane. Difficile à dire. Quoi qu’il en soit, une chose est bien certaine : peu importe d’où vient cette maturité, elle l’a, désormais. Et c’est un gros plus pour elle. Cela va grandement faciliter ses interactions avec les autres, c’est évident. Et c’est important à prendre en considération. Elle évolue, ma fille adoptive. Commence, lentement mais sûrement, à réaliser un certain nombre de choses. Éventuellement, je commencerai à lui montrer comment gérer son propre petit culte. Pour le moment, ce n’est pas grand-chose, ce qu’elle a. Il y a de la place pour l’amélioration. Oui… Même que je dirais que…

Je commence à trouver son idée de parc intéressante. Pourquoi ne pas en faire une sorte d’Eden où ses cultistes pourront vivre à l’abri de ce monde pollué et toxique? En utilisant les bons mots, on peut jouer sur cette notion d’apocalypse… Les gens sont si faciles à manipuler. Vous répandez une fausse information et ils vont y croire. Enfin. Certains vont y croire, il va de soi. Et si un y croit, c’est comme un jeu de dominos. Oui. Il faudra parler à nouveau de son projet de parc. Là elle câline Liliane car Liliane veut prolonger le câlin. MA fille adoptive est prête à faire beaucoup de choses pour Liliane. Je ne devrais pas avoir trop de difficultés à la convaincre de suivre mes plans et mon agenda si cela lui permet de garder sa petite amie saine et sauve. Sinon bien… La malchance risque de s’acharner sur Liliane. Quand je veux, j’obtiens. Sinon de terribles choses ont tendance à se produire.

Toute cette tendresse venant d’Alma. Est-ce que c’était déjà là ou c’est Liliane qui lui a inculqué tout cela en un temps record? Je ne sais pas. C’est possible. Elles ont une très bonne chimie toutes les deux. J’ai envie de dire peu importe. Elles sont bien ensemble et c’est ce qui compte car cela sert mes plans. Les deux prennent ensuite un bon petit déjeuner puis Liliane montre son horaire à Alma, toute excitée à l’idée de planifier un horaire commun avec elle. En même temps, c’est Liliane. S’émerveiller d’un rien, c’est un peu sa spécialité, après tout. Et comme c’est contagieux, cela fait en sorte que la mauvaise humeur n’est jamais la bienvenue. Pour le moment elle continue de sourire. En se fiant sur ce qu’Alma lui a demandé, c’est que tout va bien. Ou… Elle est juste incapable de changer sa façon de faire en un claquement de doigts. Mais je préfère la première option…
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Marishka Auschwitz
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Donc ça a été l’option câlin. Liliane a profité un peu plus longtemps de l’étreinte de sa nouvelle petite amie. Peut-être parce qu’elle a voulu profiter de cette initiative peu commune chez Alma ? Peut-être aussi pour éviter habilement le ou les sujets douloureux…

La suite de la conversation devient plus triviale. Alma se laisse donc porter par les mots et les décisions de Liliane. Manger le petit déjeuner. Ranger. Nettoyer la vaisselle. S’occuper de leur emploi de temps. Rien de bien folichon à décrire. Mais une avancée certaine pour poser des bases solides pour un avenir qui s’annonce désormais bien moins ténébreux que prévu !

« J’avais envie d’appeler mon futur blog : Le Roseau et son Soleil. Tu penses que c’est une bonne idée ? »

Nul besoin de préciser qui représente le Roseau et qui représente le Soleil, n’est-ce pas ?

« Et vu qu’il y a besoin d’images pour illustrer ce genre de site, je me demandais s’il fallait que je te demande vu que tu es une artiste ? Ou s’il fallait que je trouve quelqu’un d’autre ? Parce que j’ai entendu dire qu’il ne fallait pas mélanger vie perso et vie pro. Mais comme je ne me suis jamais retrouvé dans ce genre de situation, je ne sais pas quoi faire. »

Une idée en amenant une autre, Alma tourne la tête vers l’immense télé non loin du canapé. Ce canapé où elle a déjà posé plusieurs fois sa tête sur les cuisses de sa petite amie. C’était si reposant. Mais ce n’est pas du tout à quelque chose comme ça qu’elle pense. Quelque chose de reposant, pour être précis. Tout le contraire même.

Sa main récupère la télécommande de la télé. Un petit boîtier se réveille. Ses diodes clignotent. Une image fait disparaitre l’écran noir et laisse place à une femme entre deux âges dans une tenue de sport. Elle est seule. Il n’y a pas d’autres élèves. Seulement des accessoires, tel un tapis de mousse coloré par exemple.

« C’est ma prof de sport. Spécialisé en étirements, relaxation et ce genre de trucs. Ce n’est pas en live, même si ça m’est déjà arrivé de faire cours avec elle de cette façon. C’est un enregistrement. En fait, j’ai tout un programme enregistré de plusieurs leçons. C’est quelque chose que tu ne trouveras pas dans le commerce. Ça a été créée spécialement pour moi. Et c’est stocké dans une sorte de nuage numérique. »

Alma commence alors à tirer sur son bras en compressant avec son poing. Un premier étirement et la démonstration par l’acte de sa proposition.

« Tu voudrais commencer la journée avec moi avec un peu de sport soft ? »

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« Hum… Un peu… Cliché… Comme nom. On dirait le titre d’une fable nouveau genre de Jean De La Fontaine… Le roseau ayant chanté tout l’été… À retravailler, je dirais. Quoi? Être en couple ne veut pas dire être d’accord avec tout ce que l’autre fait… Quant à ton observation, je vois un moyen facile de ne pas mêler vie personnelle et vie professionnelle. Tu me demandes que je fasse les dessins pour toi…

Professionnellement. Comme on dit en anglais : commission work. Tu me demandes de faire X en échange d’argent, d’un service, etc. Aucun conflit d’intérêt, donc, si c’est fait dans le cadre d’un travail. Enfin. C’est comme ça que je le vois. Et je pense que mes amis qui étudient en droit diraient quelque chose de similaire. Ça se justifie très bien devant une cour de justice, en fait… Donc ça devrait le faire sans trop de problème. »


Hum… C’est le genre de tactique semi déloyale que MOI j’utiliserais pour justifier quelque chose. Je ne peux donc qu’approuver, en fait. J’accepte cette idée. C’est ingénieux, même. Liliane, Liliane, Liliane… Je ne pensais pas que ce serait ton genre… T’ai-je sous-estimé? Peut-être. Mais c’est en effet la solution la plus simple. Si elle fait ce qu’Alma a besoin comme visuel de façon professionnelle, il n’y a pas de conflit d’intérêt. Il n’y a pas de mélange de leurs vies personnelles et professionnelles. Oh c’est sûr, vous me direz. Mais… Liliane va probablement créer à même le hangar d’Alma! Oui. Et? Je ne vois pas trop le problème ni pourquoi il faudrait s’en formaliser outre mesure. Vous voyez des problèmes où il n’y en a pas, vraiment… Mais c’est surtout votre problème, en fait. Liliane ne semble pas s’en formaliser. Alma ne s’en formalisera probablement pas.

Puis ma fille adoptive propose de faire de l’exercice. La blonde ne semble pas s’y opposer mais elle va se changer pour une tenue de sport. Alors je sais que c’est une tenue de sport relativement classique mais… Est-ce que TOUT ce qu’elle porte semble épouser et mettre en valeur ses formes? Dans un gym normal, la moitié des mecs présents seraient plus concentrés sur elle que sur leurs exercices. J’ai peut-être abusé un poil sur le physique avantageux. En même temps… Je suis égo narcissique et prétentieuse… C’était évident que j’allais créer quelque chose de… Enfin, le plus parfait possible! Mais nous nous écartons de l’essentiel. Liliane n’a pas hésité à dire oui à Alma. Ce qui veut dire que ce n’est pas une relation où l’une se force à faire ce que l’autre veut faire mais plus… Comment dire… de trouver une forme de compromis dans le « pourquoi pas ».

Liliane n’est pas une combattante comme Alma, c’est bien certain. Son corps est donc plus gracieux, agile, que musclé. Cela ne l’empêche pas de faire les exercices avec beaucoup de sérieux et de faire un effort sérieux pour prendre part là l’activité. Elle n’est pas étrangère, après tout, à se garder en forme. Et si en bonus ça fait plaisir à Alma? C’est encore mieux. Elle ne va clairement pas dire non. Elle n’a rien à perdre et tout à gagner. Toujours aussi solaire, toujours aussi… Positive? Oui, définitivement, elle sera une influence très positive pour Alma. Alma qui partage. Alma qui propose. Alma qui fait autre chose que des phrases courtes et qui ne dit pas des choses sombres… Si Liliane réussit à allumer la flamme d’une passion chez ma fille adoptive… Alors j’aurai correctement fait mon travail de mère adoptive. Mais je doute qu’Alma me le pardonnera si elle découvre un jour la vérité…
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Marishka Auschwitz
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Cliché. Elle a dit « cliché ». Ça doit être une façon « gentille », « diplomatique » de dire que c’est de la merde. Qu’elle n’a pas d’imagination. En même temps… en même temps, quoi ? Il y a vraiment matière à se monter le bourrichon pour ça ? Alma a envie de dire que ça n’en vaut pas la peine. Le problème ? Bah elle en a voulu un bref instant à Liliane. Parce que ça l’a renvoyé à ses faiblesses. Ainsi que son inexpérience. C’est bien de tenter des trucs. Des nouveaux trucs. Mais ça n’empêche pas Alma de s’énerver contre un état de fait qu’elle ne maîtrise pas cette chose. C’est fou de vouloir à tout prix performer tout le temps et sur tout…

Et voilà qu’elle recommence avec ses amis. Cette fois-ci, ils sont spécialisés en droit ceux-là. Les ABC dans le style. Et combien d’autres dans combien de domaines différents ? Liliane est pourtant jeune. Comment peut-elle avoir rassemblé autant d’expériences dans son cercle ? Ça dépasse complètement Alma. Et une nouvelle fois, malgré l’amour qui lui a explosé au-dedans pour Liliane, il n’y a eu aucun coup de baguette magique pour supprimer tous ses torts et défauts. Ainsi, plus elle parle avec Liliane et plus elle est convaincue d’une chose : quand elle ne sera pas en train de s’entraîner avec ses professeurs ou passer du temps avec Liliane pour savoir ce que font deux personnes sous l’étiquette volante de l’amour : Alma va chercher à agrandit son cercle d’amis. Bon, disons connaissances, au moins.

« Je ne comprends pas pourquoi on devrait se présenter devant une cour de justice juste pour un blog parmi des millions qui va parler du Vert… Mais bon, je te fais confiance de toute façon. On fait donc comme ça. Je te paie pour l’art de mon futur blog. Tu travailles ici dans mon hangar. Ou pas d’ailleurs, tu auras peut-être besoin d’aller voir tes amis spécialisés dans l’art pour avoir des avis. »

Puis Alma continue de parler, acquiesçant à toutes les bonnes idées de Liliane tout en sous-entendant (et, bien entendu, elle ne le fait pas consciemment) que Liliane est très populaire et elle très seule.

Pendant qu’elle parle avec Liliane, Alma réfléchit. Où trouver ces « amis » ? Comment collectionner les « connaissances » ? Parce que, à ce niveau de son développement social, elle se fiche de la qualité des liens. Ce qu’elle veut, c’est une grosse quantité. Donc elle se dit qu’elle devrait forcément aller dans des endroits où il y a du monde. Ce qui veut dire passer du temps en ville. Une idée qui ne l’enchante guère… Elle pense plus spécifiquement à des clubs. Parce que ça lui permettrait d’apprendre des choses a minima, si l’expérience de collection façon « trading card » échoue. En plus de ça, elle avait déjà pensé à aller à l’école. Ça ferait un club. Elle pourrait aussi s’essayer à des dojos. Multiplier les points de vue sur les différents styles d’arts martiaux serait prolifique. Peut-être intégrer une espèce de club de jardinerie ? Elle ne pense pas apprendre grand-chose des grands-pères passant du temps à faire pleuvoir des petits arrosoirs de plastiques colorés mais, ça lui permettrait de changer la nature en ville et de répandre le Vert à sa façon. De façon plus… comment Shayne dirait ? Un truc avec une marionnettiste, des ficelles, des poupées et tout ça dans l’ombre ? Un truc dans le genre.

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« Façon de parler, Alma, façon de parler. Et ce n’est pas facile d’avoir des amis, tu sais? Tu sais quelle est la PIRE erreur à faire. Dans le genre la PIRE des PIRES des erreurs? Viser sur la quantité au lieu de la qualité. Quelle erreur! Non je te le dis, en amitié c’est comme le reste. Rester sélectif. Rester critique. Rester lucide. Le nombre de faux culs qu’il existe en ce monde… Je te le dis, mon roseau, crois moi…

Mieux vaut avoir un ou une amie d’une exquise qualité qu’une centaine de connards. Si tu ne peux pas compter sur un ami, il ne vaut rien. C’est comme ces gens sur Facebook. J’ai trois cent amis! Mais quand il déménage? Trois cent amis et aucun volontaire! Pour un roseau, combien de pétasses? Combien de salauds? Trop. Et le truc c’est que quand tu n’as pas d’amis, et je suis passée par là, je parle par expérience, c’est que tu veux… Bah…

De la compagnie. Peu importe le prix. Tu sais que j’ai failli être le sacrifice d’un rituel satanique parce que j’ai fait confiance aux mauvais amis? Ah c’est sûr, ils sont sympas, en apparence, ils te donnent de l’attention, ils t’invitent à des activités et tout d’un coup, HOP! Attachée à une dalle de pierre, pratiquement à poil pendant que ça parle de la gloire de je ne sais quel démon de littérature. Une chance que les flics sont arrivés sinon… »


Ah oui, ce souvenir-là. Je trouvais ça comique, en fait. En y repensant bien, ce n’est pas SI comique que ça mais… C’est de peu d’importance, je dirais. Est-ce que j’ai rigolé? Oui. Est-ce que je continue de trouver ça rigolo? Oui. Et comme c’est moi la grande patronne… Dans ce cas je suis exempt de tout blâme. Mais oui, je me suis assurée que Liliane dispose d’une certaine… Sagesse. Pour éviter à Alma de tomber dans certains pièges. Quoi, vous pensez que je n’avais pas planifié d’avance? Que je ne suis pas capable d’anticiper ce que ma fille adoptive pourrait vouloir faire? Pourquoi est-ce que vous pensez que je pousse à ce qu’elle ait des fidèles et non des amis? Les fidèles lui sont dévoués. Certains, fanatiques. Ils mourraient pour elle. Si elle veut de l’amour et de l’affection, les fidèles vont lui en donner autant qu’elle peut en vouloir. L’amitié implique la confiance.

C’est pour cette raison que je n’ai pratiquement pas d’amis… Ou ce qui s’en approche. Ainsi, pas de risque de se prendre un coup de couteau dans le dos. Même considérer Alma comme ma fille adoptive était un énorme risque à prendre. Est-ce que je le regrette? Pour le moment mon dos est vierge de couteau et Alma ne s’est pas transformée en Brutus assassinant César… Et César c’est moi, dans l’analogie. Est-ce que je le regretterai éventuellement… Peut-être. Je ne sais pas. L’avenir me le dira. Il n’en demeure pas moins que si c’est moi qui dit à Alma de se méfier, elle ne m’écoutera pas. Fille adoptive veut dire le même syndrome que si c’était ma fille. Elle me voit comme une figure d’autorité et consciemment ou non, quelqu’un qui n’est pas d’accord avec elle ou qui ne la comprend pas sous certains aspects. Chose que même les dieux ne peuvent empêcher.


« Mais bref, c’est du passé tout ça. Rassure-moi d’un doute, tu ne vas pas essayer de me sacrifier à une sorte de plante carnivore géante ou vouloir faire pousser des spores ou je ne sais quelle bizarrerie sur moi…  J’aimerais avoir une petite amie normale et ne pas regretter un énième choix de vie. Je dis normale… Tu vois ce que je veux dire. Qui n’essaie pas de me tuer pour la gloire de X ou Y, si tu préfères! »
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Marishka Auschwitz
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Le laïus sur la qualité et non la quantité, Alma aurait pu chercher à se défendre. Dire que c’est facile à dire quand on est entourée comme Liliane, etc.

Avoir du mal à y croire. S’indigner. Travailler sur son empathie envers sa nouvelle petite amie quand à son passé esseulé : là aussi il y avait des choses à dire.

« Mais, que- ? Mais QUOI ? »

Bien évidemment que ses poings se serrent. Bien sur que la colère afflue dans son sang. C’est Alma !

« Qui sont ces CONNARDS qui ont voulu te sacrifier ?! »

Elle parle fort. Sa respiration a soudainement accéléré. Alma voit rouge comme un taureau. Ses capacités de réflexion sont en chute libre. Elle a un urgent besoin de faire couler le sang. (et pas des confettis. C’est bien trop gentil et coloré pour ces CONNARDS ! Alors pas touche aux proies d’Alma, Shayne)

« Je- mais… Je ne serai jamais normal, Liliane. Mais de là à te demander si je pourrais te sacrifier ?! PUTAIN ! Ça me blesse, ça me rend triste et ça me met en colère. Tout ça en même temps ! Bordel, mon cœur n’est pas prévu pour prendre des coups d’un pareil cocktail émotif ! »

Alma se sent si seule à ce moment-là. La personne qui est devenue si chère à ses yeux entrevoit une possibilité où elle pourrait ruiner sa vie. Que ce soit de, lui faire perdre son temps, à carrément l’exécuter pour faire verser le sang.

« Je ne tue que pour Shayne, moi. Enfin, quand je ne le fais pas pour des raisons persos. Mais pour la gloire de je ne sais pas qui ? Tu as cru que j’étais qui, merde ! »

La colère. La colère la colère la colère : elle seule est son amie fidèle. Elle seule répond dès que la vie recommence à jouer son jeu sadique avec elle. C’est une amie de Damoclès à double tranchant. La rendant si vivante sur le moment. Et si merdique l’éternité qui suit…

« Tu sais quoi ? Peut-être que j’ai envie de me retrouver complètement nue sur une pierre mal taillée entourée d’une bande de guignols qui chante du death metal pour une sorte de gus qui vit sur des nuages ou je ne sais pas trop où quand ils regardent en l’air. Si je dois supporter ces conneries pour avoir l’impression de vivre quelques trucs comme un être humain normal, bah je suis prête à le faire. Ouais, ce sera probablement nul une fois ces trucs vécus. Je m’en voudrais surement de les avoir fait. Mais en ce moment ? Dans le présent ? J’ai un putain de trou vide en moi qui a besoin d’être rempli de ces expériences faites par tout le monde. J’ai beau me sentir supérieur à la majorité. Je me suis aussi enchaînée à cette majorité de moutons qui parviennent à vivre malgré leur vie de merde. »

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« Tout doux, Alma, tout doux. Je ne pense pas sérieusement que tu me ferais du mal, j’ai voulu donner un accent dramatique aux autres. Plutôt con quand on y pense et je m’en excuse. Je ne voulais pas te causer de détresse. Allez. Un câlin d’excuse, un contact chaud et amoureux. Ça va te faire du bien. Après, si tu veux qu’on fasse un roleplay sexy où je fais semblant d’être une vilaine cultiste… Pourquoi pas…

Mais je ne veux pas que tu penses que je te considère négativement. Regarde moi Alma. Dans les yeux. Et dis-moi si je mens. Tu m’es précieuse, Alma. Tu es ma petite amie. Je ne serai jamais une grande combattante comme toi. Mais je veux autant te protéger que tu veux me protéger. Je n’aime pas te voir triste ou en colère. Je veux te voir heureuse. Souriante. Et d’accord. Peut-être que tu ne seras jamais lumineuse. Blanche. Mais…

On peut certainement te donner des nuances de gris et pas que du noir. Et j’ai dit gris, pas Grey comme la série de livres débiles. Des fois que j’aurais manqué de clarté. Et… Ah merde… Non, non, je n’essayais pas consciemment de faire un jeu de mots, je suis très sérieuse. Et c’est bien, en passant, que tu ne deviennes jamais normal. Normal, c’est chiant. Normal, c’est commun. Normal, c’est la voie facile que les gens empruntent. Et…

Pour toi comme pour moi, la voie de la facilité ne sera jamais la voie à prendre. Nos vies n’ont pas été faites pour cela j’ai envie de dire. Mais ce n’est pas grave. À nous deux, on peut être anormales. Et l’un transforme les faiblesses de l’autre en forces. C’est ce qui m’attire chez toi, Alma. Cet énorme potentiel qui est là, il bouillonne sur la surface, il veut se révéler à toi, au monde! Je suis une artiste. Je cherche l’inspiration. Et toi… »


« Tu m’inspires. », murmure Liliane à l’oreille d’Alma. C’est dit de façon… Je serais tentée de dire sensuelle mais ce n’est pas ça. C’est comme… Donner la sensation d’une grande promesse. Comme si pendant une fraction de seconde, vous pouviez saisir l’infini entre vos mains. Alma se sent… Unique. Digne de vénération. La solaire Liliane la trouve inspirante. Elle est sa muse, un être mythique, voire divin. Comment ne pas sentir son égo gonfler voire surgonfler? Toute cette colère qu’Alma ressentait… Il ne doit plus en rester grand-chose. Liliane a quelque chose que peu de gens dans la vie d’Alma ont eu. De la sincérité. De l’honnêteté. Oh à tous les coups, sur le monde d’origine d’Alma, Liliane n’aurait pas survécu. Liliane est trop… Bonne? Optimiste? Sauf qu’elle veut vraiment faire ressortir le meilleur en Alma. Elle veut vraiment… Hum…

Aider? Améliorer? Bonifier? Alma. Prenez le terme que vous voulez mais ses intentions sont claires. Liliane est capable de reconnaitre ses erreurs et de vouloir s’améliorer. Quand elle dit des choses à ma fille adoptive, ce n’est pas pour faire du vent. C’est parce qu’elle le pense, parce qu’elle est sérieuse. Et par ses paroles, elle réaffirme à Alma ses convictions. D’accord, c’était une blague très nulle. Mais elle l’a reconnu et elle a fait amende honorable. Rien que ça… Moi j’aurais dit à Alma de grandir un peut et d’arrêter de se comporter de façon aussi immature. En même temps, je suis une demi-déesse immortelle vieille de plusieurs millénaires. Alma n’a même pas encore la moitié d’un siècle. Évidemment que je la trouve immature. Je trouve pratiquement tout le monde immature de toute façon. Je me demande comment Alma va réagir, digérer cette confession…
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Marishka Auschwitz
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« Mais alors… »

Alma ne comprend rien. Mais alors, elle ne comprend vraiment plus rien à rien.

« Ca veut dire que… »

Et voilà que Liliane vient lui faire un câlin. Forcément que ça lui fait du bien. Mais ça ne chasse en rien les brumes de l’incompréhension dans sa petite tête. Elle s’est vraiment énervée pour rien ? Elle est vraiment partie en cacahuètes pour un mensonge ? Une blague, une mauvaise tournure d’esprit, une intonation mal comprise : peu importe comment cela s’appelle.

« Alors ça veut dire qu’il n’y a jamais eu de démon ? »

Et voilà qu’elle revient encore proche d’elle. Tu m’inspires qu’elle lui dit. Alma est définitivement désarmée. Plus aucune fougue. Zéro hargne. Pas un zeste de colère. Seulement de l’incompréhension. Un sentiment d’être stupide. Et quelque chose d’autre. Quelque chose de bien plus… positif ? Son égo, avec difficulté au début, pompe et pompe. Il finit tout de même par gonfler à force que les mots tournent et tournent dans le rond-point de son petit cerveau. « Tu m’inspires. » « Tu m’inspires. » « Tu m’inspires. »

« Tu n’as jamais été sacrifiée par une bande de nuls aux désirs lubriques et sanglants ? »

Elle s’en veut mais… si ça avait été la vérité, ça aurait été un début d’explication, non ? Et en même temps, il FAUT que ce soit un mensonge. Alma va avoir des difficultés à gérer ça. Comment Liliane peut encaisser autant de merdes dans sa vie et rester souriante et chaleureuse ? Ça dépasse complètement Alma.

*C’est une sorte de super-pouvoir, non ? Quelque chose d’un niveau divin ? Ça ne peut pas être une petite capacité tombée par hasard sur un être humain parmi des milliards ? Je… je suis complètement à la ramasse maintenant… *

« J’aime bien l’idée que tu me protèges. »

Dans un accès de faiblesse (enfin, c’est de la force, mais Alma ne veut pas vraiment se l’avouer) : elle dit une vérité qui la touche.

« Enfin, pas que j’ai besoin d’être protéger. Je me débrouille carrément bien toute seule. Après tout, je suis en vie. Et puis, c’est moi qui ait sauvé ta vie des terroristes. Et… »

*Chut, Alma. Chut. Assume ce que tu as dit à voix haute maintenant. *

Qu’est-ce qu’elle voulait faire déjà avant que le chaos remplisse leur conversation ? il était question d’un plan. Il y avait un planning à respecter, non ? Alma ne sait plus. Câlin, travailler, s’asseoir sur le canapé ? Elle ne sait vraiment plus. Liliane la désoriente tellement. C’est… aveuglant de se diriger dans la vie avec le soleil qui vous regarde de façon éblouissante.

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Oh non j’ai vraiment failli me faire sacrifier à un démon, cette partie est 100% vraie. C’est le fait que j’aurais peur que toi tu me sacrifies qui est la blague maladroite à laquelle je fais référence. Et puis bon, c’est du passé tout ça. Maintenant je peux en rire. Sur le moment, c’était pas mal la panique totale. Je ne mentirais pas que je n’étais pas rayonnante et souriante, oh que non. Très désagréable comme expérience.

Et oui, c’est vrai, jusqu’à présent, tu me protèges plus que je te protège. Mais je ne savais pas que c’était une compétition… Dois-je aller chercher mon spray au poivre, mon taser et ma matraque rétractable? Ce n’est pas aussi impressionnant que tes pouvoirs mais j’ai réussi à rester en vie avec ces trois gadgets. Hum… Avec ton pouvoir sur le Vert… Tu pourrais sans doute produire une sorte de super poivre de Cayenne, non? »


Comptez sur Liliane pour vous dire « fait amusant, j’ai déjà failli me faire sacrifier à un démon » et d’enchainer directement après avec une question loufoque, sans le moindre rapport avec ce qu’elle vient de dire. Enfin. Sans le moindre rapport. Il était question de qui protège qui et comment donc oui, sur ce point, on peut faire un lien direct. Mais bon. Ce qu’il est important de retenir, c’est que parfois, Liliane peut poser des questions pour le moins déroutantes. Est-ce une sorte de tic ou simplement sa nature… Difficile à dire. La blonde prend la main d’Alma et elle décide d’explorer le hangar avec elle pour déterminer où elle ira placer son atelier. Parce qu’elle n’a pas oublié qu’elle va avoir son petit coin à elle chez Alma. Comment l’oublier d’ailleurs? Franchement! Non elle ne va pas l’oublier. Cela ne fera que renforcer sa complicité avec elle, après tout!

Et après s’être émerveillé de l’endroit choisit, sous une sorte de grande fenêtre dans le toit donnant beaucoup de lumière naturelle, elle retourne au divan d’Alma presque en courant avant de se jeter dessus et de faire signe à ma fille adoptive de venir poser sa tête sur les cuisses de la blonde. Attention Liliane, à force, Alma ne pourra plus s’en passer! Mais pour Liliane, tous ces gestes d’affection font partie de qui elle est. Et ça, c’est quelque chose que ma fille adoptive a vite compris. Liliane est Liliane car elle refuse de laisser les événements l’affecter négativement durablement. Son petit cœur est fragile et elle fait parfois d’horribles cauchemars en fonction de choses qu’elle a vécu. Cela ne parait pas ainsi mais comme Alma, c’est une survivante. Sauf que contrairement à Alma, elle a utilisé une version plus positive, plus optimiste de « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».

Et c’est là où Alma vient la compléter. Car ma fille adoptive a tout de la survivante endurcie et bien badass. Elle apporte une protection physique que la blonde n’a pas. Des pouvoirs dont Liliane ne peut que rêver. Alma ne trahira pas Liliane. Elle lui sera loyale. Fidèle. Et en même temps, Liliane illumine le futur d’Alma, réchauffe son cœur, la réconforte, la fait devenir meilleure. Une idée qui a trop bien marché. Des fois je m’impressionne moi-même. C’est fascinant de voir Alma changer, si rapidement, en plus… On part de « jamais je n’irai à la plage en maillot de bain » à « je le considère sérieusement mais je ne suis pas encore mentalement prête ». Le tout en même pas soixante-douze heures. Si ce ne sont pas de spectaculaires résultats, je ne sais pas ce que c’est, ça c’est bien certain. Comment vous voulez appeler cela? Un miracle? N’exagérons rien, quand même… Est-ce exagérer?
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Marishka Auschwitz
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Ce n’est même pas possible de dire à Liliane qu’elle doit arrêter de passer d’un sujet grave à un sujet trivial en deux phrases. Impossible pour Alma de poursuivre la conversation sur le démon et le probable trauma qui s’ajoute aux murs couverts de fêlures qu’est l’âme de sa petite amie. C’est énervant. Et en même temps, Alma doit reconnaître que c’est une sacrée force de rester en mouvement et de ne pas s’enliser dans le passé.

Alors elle suit Liliane dans son hangar. Elle semble redécouvrir le lieu à travers les yeux de l’artiste qui va bientôt s’y installer. C’est presque… satisfaisant. Quelque chose dans le genre. A peine se dit-elle qu’elle pourrait faire pousser des fleurs au-dessus de cette grande fenêtre qui plaît tant à Liliane que cette dernière embraye déjà sur un nouveau plan. En y courant presque, qui plus est !

*Bon. Bah je verrais ça au calme quand elle sera partie. Je pense que ce serait une bonne surprise si elle voyait pleins de couleurs à travers cette grande fenêtre. Oui, il faudra que je communique avec le Vert pour voir comment et quoi faire pousser là-haut. *

La gentille Alma est comme un bon toutou dans ce cas de figure très précis. Quand Liliane s’assoit sur le canapé et tapote ses cuisses, Alma ferait presque wouf ! en agitant la queue avant d’obéir à l’ordre. Voilà, de nouveau sa tête repose sur les cuisses de sa petite amie. Ses cheveux noirs rehaussés de roses s’étalant. Liliane joue avec. Les doigts passant dedans, puis tournant ensuite. C’est comme une sorte de massage, se dit Alma.

Alma voit le plafond de son hangar. Puis le visage rayonnant de sa petite amie. Elle allait penser à quelque chose et puis, pouf !, plus rien. Elle verra ça après. Tout ce qui est plan, programme et emploi du temps. Pour le moment, elle profite de ne rien faire.

« Non mais quand même, en fait, je ne peux pas laisser passer ça. »

Bah oui, elle ne va pas rester toute la journée à végéter l’Alma.

« Tu as beau sourire et changer super rapidement de sujet, en fait, ce que tu rajoutes l’air de rien cache aussi des choses que je n’aime pas. Comment ça tes trois gadgets te permettent de rester en vie ? Bordel, combien de fois tu te fais agresser dans l’année ? Et ne me dis pas que ça va être plus facile de compter par mois tellement ça devient une routine ! »

Mieux vaut pour Liliane que les agressions n’aient pas lieu trop souvent. Parce qu’Alma va s’inquiéter. Ca va lui prendre la tête. Elle va ensuite prendre des mesures drastiques, quitte à étouffer Liliane dans une sur-sécurité.

Re: Dans le soleil des projecteurs et l'absence d'oxygène [avec Shayne]

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« En comptant les terroristes du métro? C’est la quatrième fois cette année. Après bon, le premier incident, c’était un malentendu. Je portais un joli chapeau que le vent a emporté et j’ai été le récupérer sur la propriété de quelqu’un. Le chien de garde a pensé que je venais voler quelque chose et il n’a sauté dessus. Une chance que je lui ai mis la matraque rétractable dans la bouche, il m’aurait fait mal sinon…

Vraiment mal, en fait. C’est un chien employé par les forces armées qui a vu la campagne en Afghanistan avec son maitre, les deux sont à la retraite. La deuxième fois, c’était parce que ce pays ne fait pas assez pour aider les gens avec des problèmes de santé mentale. Pauvre homme… Je suis tombé sur les fesses en glissant sur une flaque d’eau dans la rue. Ce monsieur sans abri a voulu m’aider mais je me suis mordue la lèvre donc il…

Il y avait un peu de sang. Et je ne sais pas pourquoi mais il est devenu agité, anxieux, violent… Je l’ai gardé à distance avec le poivre de Cayenne le temps qu’un garde de sécurité d’un magasin non loin ne l’immobilise. Il n’a pas voulu me faire de mal. Il a vu une jeune femme tomber par terre et il a voulu aider. Mais… Les pires blessures ne sont jamais celles qu’on voit, à ce qu’on dit. Donc je ne peux pas vraiment lui en vouloir.

La troisième fois… C’est l’ex d’une de mes collègues dans un ancien boulot que je faisais qui a décidé de venir lui faire une scène sur son lieu de travail et quand elle lui a dit que s’il ne s’en allait pas elle appellerait la police, il a tenté de la prendre en otage en la menaçant d’un couteau. Il s’est plutôt pris un coup de taser, ce con. Bon je me suis pris un coup de couteau mais c’était une blessure quand même assez superficielle donc…

Et le quatrième incident, ce sont les terroristes du métro. Comme tu peux le voir, deux des trois situations que tu ne connaissais pas n’ont pas pour base le but de me faire mal. Un chien de garde qui fait son travail et un homme tourmenté par une maladie mentale et abandonné par le système, on peut difficilement dire que c’était des actes qu’on pourrait vouloir dénoncer. Le troisième, si, et il a été arrêté, jugé et condamné pour son geste.

Je ne suis pas une princesse en danger comme dans les vieux contes. Je sais me défendre, Alma. Pas aussi bien que toi mais je t’assure que je ne suis pas sans défense. Tu n’as pas à t’en faire pour moi. Sur trois cent soixante cinq jours, seulement quatre incidents… Ce n’est pas ce que j’appelle quelque chose de récurrent. C’est très touchant que tu t’inquiètes pour moi. Je ne diminue ni ne dénigre ta réaction, loin de là, attention… »


Ce n’est pas faux ce qu’elle dit. À froid, ça a l’air grave. Mais véritablement, non, en fait. Quand on remet dans le contexte, quand on analyse les incidents… Il y aurait pu y avoir beaucoup de grabuge, des conséquences plus graves. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. C’est donc une bonne chose. Et si Liliane arrive à vivre avec ces souvenirs sans s’effondrer et au moins en apparence sans en souffrir… Est-ce qu’Alma devrait s’inquiéter plus que sa petite amie? Oui, puisque clairement Liliane refoule énormément de choses en elle. Non parce que Liliane est assez forte pour vivre avec ses choix. C’est sûr qu’Alma pourrait vouloir mettre une règle qui dit, par exemple, que Liliane doit laisser tomber le masque au moins une fois par semaine et juste exprimer ce qu’Elle ressent vraiment. Ça ne pourrait pas lui faire de mal. Toujours sourire, à force…
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Re: Dans le soleil des projecteurs et l'absence d'oxygène [avec Shayne]

Message par Marishka Auschwitz »

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Marishka Auschwitz
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Mais… Pourquoi ? Est-ce que la vie elle-même a décidé qu’Alma ne devait plus se mettre en colère ? C’est quoi ces agressions ? Un ex-chien militaire à la retraite ? Un SDF qui a tout perdu et qui est tout traumatisé ? A la limite, il y a cet ex mais, vu qu’Alma est en train de découvrir l’amour, elle pourrait lui pardonner d’avoir été abandonné et laissé tout seul…

« C’est pas juste. »

Alma boude. Elle voulait vraiment se mettre en colère contre des étrangers. Peut-être dans le but de se mettre en valeur auprès de sa petite amie. Mais là ? Rien. Rien du rien. Zéro raisons. Aucune réponse ne lui vient maintenant.

L’incident est clos. C’est ce qui lui dit la Vie avec son rictus qui l’énerve.

« Bon, je dis ça mais en fait je suis contente. Je veux dire, tu sais te défendre et les gens qui auraient pu te faire du mal ont un sacré passé. »

Attends attends. Ouhla, Alma ! Est-ce de la compassion pour des inconnus ? Est-ce que Liliane est en train de lui faire une intraveineuse d’humanité sans qu’elle le réalise ? Où est la seringue ? Quelles vont être les effets secondaires ? Alma n’a rien signé. Sa « maman » n’ont plus ! Est-ce que ce n’est pas le genre de traitement qui rend mieux dans un premier temps avant d’empirer ce qu’était la situation initiale ?

« Donc on va dire que tu es relativement en sécurité et que les statistiques ne semblent pas être entré en guerre contre toi. Je, j’abdique. Je te laisse tranquille avec ça, ma… Princesse de Cayenne ? »

Elle n’en est pas vraiment fière. Ça manque cruellement de panache, on ne va pas se mentir. Mais Alma tente des trucs. Et pourquoi pas les petits noms entre amoureuses ? Bon, elle ne respire pas la confiance après cet essai et c’est à raison que ses yeux se détournent pour avoir regardé cette tête de vis tout là-bas. Quelle empreinte dans la tête. Depuis combien de temps se trouve-t-elle là cette vis ? Et qu’est-ce qu’elle tient d’ailleurs avec ses petites spires ? Oui oui, Alma se trouve des excuses et sujet de réflexion bien foireux.

« Et, euh, sinon, tu fais quoi comme art ? Parce que je réalise seulement que tu dis que tu travailles sur les êtres humains mais… concrètement, tu fais quoi ? Tu peins ? Sur une toile ? Sur les gens ? Ou alors c’est des trucs complètement abstraits et incompréhensibles ? J’espère que ce n’est pas ce genre de mauvais délire de scotcher une banane sur un mur ? J’ai entendu dire que l’acheteur l’avait mangé sur place. Que les gens avaient été scandalisés. je n’ai rien compris du tout. Tu comprends quelque chose à ce délire, toi ? »

Re: Dans le soleil des projecteurs et l'absence d'oxygène [avec Shayne]

Message par Jeannie »

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Jeannie
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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Je touche à diverses choses. Body painting, j’ai fait. Le corps humain est un canevas, après tout. Je suis moins tatouage, s’il faut être honnête. Pas que je trouve ça laid ou assimilable j’ai… Promets moi de ne pas rire. Je ne suis pas fan des aiguilles. Quand j’étais petite, j’étais souvent malade et j’ai mon lot d’injections, de piqures, tout ça. Et je n’en garde pas un excellent souvenir donc… Voilà quoi…

Le dessin je fais beaucoup. Tu l’as vu avec la carte que j’ai dessinée. Peinturer au sens classique du terme… Moins. Je sais faire, attention, j’ai fait quelques essais. C’est peut-être con mais… J’ai l’impression que le contact est moins personnel qu’avec un crayon. Je peux apprécier des œuvres d’art, là n’est pas la question. Et j’aime écrire, aussi. Il faut des textes pour aller avec mes cartes et autres créations, après tout. C’est pas mal ça je dirais.

Et pour te dire la vérité… Je suis quand même snob face à l’art. Au sens où utiliser sa merde pour peindre, ce n’est pas de l’art, pour moi. C’est dégueulasse et insalubre. Le truc de la banane sur le mur… Même principe de base. L’art pour moi est quelque chose de plus… Noble? Ce genre de truc, c’est souvent purement et simplement commercial.

L’art ne devrait JAMAIS être commercial. Ou au service du politique. L’art, c’est l’expression, l’expression c’est la liberté… Alors enchainer l’art? C’est impensable pour moi. Mais bon en même temps je n’ai jamais prétendu que ma vision était la seule vision ou la meilleure vision. Si je ne comprends pas ce qui est devant moi, j’ai de la misère à le considérer comme de l’art. L’art communique un message. Pas du charabia. »


Comment ça, j’ai mis un peu de moi dans Liliane? Si ce que je regarde, c’est de la merde, ce n’est pas de l’art, c’est de la merde. Se couvrir de beurre et se rouler sur une toile, ce n’est PAS de l’art. c’est du gaspillage de nourriture doublé d’une bonne dose de débilité! Oh vous pouvez ne pas être d’accord. Mais ma réponse sera : je me fous de votre opinion. Je suis une demi-déesse. En quoi l’opinion de simples mortels m’intéresse. « Princesse de Cayenne », répète Liliane, songeuse. Moi je trouve que c’est un surnom d’une nullité catastrophique. Franchement Alma, au lieu de dire des inepties, tu devrais la fermer. Sauf que Liliane n’y semble pas totalement hostile… Voire pas du tout hostile, en fait. « Cayenne est une belle ville, je suis allé, une fois », dit Liliane. La blonde se perd un moment dans ses souvenirs, d’heureux souvenirs, d’ailleurs. Oui…

« Pas le plus original des surnoms, d’accord, mais qui s’en soucie? C’est l’intention derrière qui compte », poursuit la blonde en souriant. Autrement dit, le manque d’esprit créatif d’Alma ne la gêne pas le moins du monde. Alma fait un effort. Et c’est déjà bien plus que ce qu’elle aurait fait en temps normal. Et puis du reste, au fil du temps, je suis certaine qu’elle va devenir meilleure pour trouver des surnoms ou des petits noms. Pour le moment, si ça ne dérange personne, on va garder maman Shayne, d’accord? Je n’ai pas envie de devenir sa « maman de Sibérie » ou je ne sais trop quoi encore. J’aime, sur cet aspect des choses, les choses simples. Tout compliquer inutilement… Non merci pour moi. Là pour l’instinct, je suis juste très contente des progrès d’Alma. Elle devient beaucoup moins… Négative, en fait. Liliane l’aide à s’ouvrir, à positiver, à arrêter d’en vouloir à la terre entière. Une Alma heureuse, qui l’eut cru…
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